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volumes in-12, faisant ensemble 757 pages; celle-ci forme deux forts volumes in-8°., qui s'élèvent à plus de 1200 pages.

Le premier renferme différentes pièces sur la Profession d'avocat.

Le second est consacré tout entier à la Bibliographie des livres de droit.

Je vais rendre compte successivement,

1o. Des pièces contenues dans le premier volume; 2o. Des additions faites au second.

TOME Iér.

Ire. LETTRE.-On y traite de la profession d'avo cat. Les qualités qu'elle exige, les devoirs qu'elle impose, l'honneur dont son exercice est accompagné : tels sont les objets par lesquels l'auteur entre en matière.

2o. LETTRE. -Sur les études en général qui sont nécessaires à la profession d'avocat : Humanités, littérature, histoire, droit, pratique, aucun genre d'étude et de science ne doit être étranger à l'avocat; il faut qu'il ait ce que Cicéron appelle omnium rerum magnarum atque artium scientiam.

Mais ces études générales ne suffiraient pas; il faut encore étudier à fond les diverses parties du droit.

3. LETTRE.-Étude du droit naturel et public, et du droit romain. Le droit naturel est la source de tous les autres. Il faut donc commencer par celui-là. Cicéron, dans son Traité des offices; Platon, dans sa République; tels sont les ouvrages dont un avocat

doit d'abord se pénétrer. Sur, le droit public, il lira Grotius, Puffendorf, Cumberland et Montesquieu. En approchant du droit romain, le cercle de ses études s'agrandira; les in-folio ne lui manqueront pas; la Glose, Cujas, Pothier, Voët, Heineccius, Godefroy, lui révéleront les principes de ce droit que tous les peuples civilisés ont salué du titre de raison écrite.

4. LETTRE.-M. Camus trace ensuite un plan pour l'étude du droit français. Il s'agissait de l'ancien droit, de ce droit incohérent et versatile, qui, au dire de M. D'Aguesseau, «< consistait plus en usages et déci» sions particulières que dans des principes immua» bles, ou dans des conséquences directement tirées >> des règles de la justice naturelle. » ( Tom. Ier., pag. 395). Aussi M. Camus renvoye son jeune confrère à l'étude des arrêts, des ordonnances et des coutumes; sur quoi il est bon de rappeler qu'il y avait en France deux cent quarante coutumes générales, non compris les coutumes locales.

Aujourd'hui, l'étude du droit français est plus simple. Les cinq Codes renferment sur chaque matière un corps de principes qui ne dispensent pas sans doute de recourir aux sources, mais à des sources claires, telles que le droit romain; et non à des ouvrages demi-barbares, enfantés au milieu des ténèbres de la féodalité, et où l'on rencontre à chaque page la prééminence des terres, la servitude des personnes et l'inégalité des conditions.

5. LETTRE. Droit ecclésiastique.

Ce droit semblait tout-à-fait hors d'usage à l'époque où fut publiée la 3e. édition (1805); mais M. Camus avait été avocat du clergé; il était savant canoniste ; il n'avait garde d'omettre un pareil sujet ; et il ne faut pas lui savoir mauvais gré d'avoir tracé le plan d'une science qu'il possédait avec tant de supériorité.

D'ailleurs les temps sont changés; et maintenant que les prétentions ultra-montaines semblent se réveiller, il est de la plus haute importance de se remettre sur la voie des maximes à l'aide desquelles nos pères ont préservé la France des invasions de la cour -de Rome. Ainsi, ce qu'aucun avocat ne doit ignorer, ce qu'il ne lui suffirait pas de savoir imparfaitement, ce sont les principes sur la nature, l'autorité, le gouvernement et la juridiction de l'Eglise ; les points fondamentaux de la discipline ecclésiastique; les principes qui déterminent l'autorité du prince relativement aux choses ecclésiastiques. Il faut qu'il connaisse ce que le prince ne saurait entreprendre sans franchir les bornes qui séparent le sacerdoce de l'empire, et ce qu'il ne saurait négliger ou souffrir, sans oublier la protection qu'il a promise à l'Eglise, et celle qu'il doit à ses sujets, quel que soit le culte qu'ils professent.

Camus recommande l'étude de l'immortelle Déclaration de 1682, de la Défense de cette même déclaration par Bossuet, et du Traité de l'autorité ecclésiastique et de la puissance temporelle, par Louis - Élie Dupin à quoi j'ajoute, la lecture de l'excellent ouvrage de M. Grégoire, ancien évêque de Blois, intitulé: Essai historique sur les libertés de l'église galli

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cane, et des autres églises de la catholicité pendant les deux derniers siècles.

Dans la même lettre, M. Camus parle de l'étude du droit étranger. Les sciences gagnent par les rapprochements. L'anatomie comparée a conduit à d'importantes découvertes pour l'anatomie de l'homme. Il en est de même du parallèle entre les diverses législations. L'étude du droit étranger agrandit les idées sur la législation de son propre pays. Et puis, à la suite d'une révolution où tous les peuples se sont trouvés mêlés, confondus, et ont changé si souvent de maîtres, par don ou legs, vente, échange ou conquête ; les intérêts particuliers, souvent froissés au milieu de ces commotions politiques, donnent sans cesse lieu à des questions mixtes, où il ne suffit plus d'interroger la loi d'un seul pays. Deux belges auront contracté en France, sous l'empire des lois françaises, et l'on doit aujourd'hui les juger en Hollande, d'après ces mêmes lois ; des français se seront mariés au-delà du Rhin, en Espagne, en Italie, sur les bords du Nil ou de la Vistule; le débiteur anglais passe la Manche pour fuir son créancier qui vient le réclamer sur le continent: il faut connaître les lois de tous les pays, ou du moins savoir consulter à propos les livres qui les renferment. J'avoue qu'il n'est pas facile de faire venir des livres de l'étran ger. Le gouvernement impérial avait pris soin de les frapper d'une taxe énorme à la frontière: mais si c'est une raison pour que les livres soient plus rares et plus chers, ce n'en est pas une pour négliger de les connaître et de les étudier.

6. LETTRE.

L'avocat qui a parcouru ce cercle d'études, peut désormais se livrer à sa profession. La sixième lettre traite de la manière de l'exercer. Plaidoieries, mémoires, consultations, arbitrages, tout ce qui compose le labeur d'un avocat a ses règles propres; elles sont indiquées par M. Camus.

7. LETTRE. Cette lettre a été ajoutée par M. Camus lors de sa troisième édition. Les changements opérés par la révolution, les idées que la tribune avait fait éclore, lui avaient révélé qu'il ne suffisait plus à un avocat de se renfermer dans le droit privé, et qu'il devait encore étudier les principes de l'économie sociale, et les bases tant de l'administration intérieure que des relations extérieures. M. Camus avait suivi la révolution de près; il en avait l'expérience; il avait vu l'ancienne monarchie, la monarchie constitutionnelle, l'anarchie révolutionnaire, le despotisme impérial. Écoutons ses leçons sur l'art de gouverner les hommes. « Songez, dit-il, que les hommes >> dont vous demanderez le concours,ont leurs volontés >> aussi; qu'ils ne se réuniront avec vous qu'autant que >> leurs volontés seront conformes à la vôtre; et qu'ils >> ont leurs motifs de détermination, comme vous avez » les vôtres. J'ai bien des fois entendu l'amour-propre >> donner d'autres leçons, dire qu'on maîtrisait les » volontés, qu'un homme habile conduisait les autres » où bon lui semblait. J'ai vu, en effet, qu'avec de » l'adresse on se formait un parti; qu'avec des crimes » on étouffait les plaintes; qu'avec de l'effronterie on obtenait des acclamations; mais j'ai vu aussi qu'à la

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