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férence à l'objet de son animadversion, les vertus dont il fut le plus jaloux.

Camus avait atteint le but qu'il semblait s'être proposé par ses travaux, otium cum dignitate. Sa place fixe lui assurait l'aisance et l'in dépendance; il vivait libre et content au milieu de sa famille. Au retour. d'une de ces promenades aux champs, qu'il se plaisait à faire avec elle marchant sur un chemin uni, la clarté douteuse de la lune le trompe sur l'élévation d'un pli de terrain qu'il fallait franchir; il la crut plus haute qu'elle n'était, et posant le pied, il se cassa la jambe; il était seul en avant avec la plus jeune de ses filles; sa première pensée fut de l'envoyer au devant des autres, pour les détourner du chemin. Il donna, du plus grand sang-froid, les ordres pour être transporté à Paris; régla sa marche et tous les arrangements nécessaires, et le lendemain matin il recevait ses amis, et suivait le travail journalier des archives. A peine fut-il atteint d'une légère émotion fébrile; le salon où son lit était établi ressemblait plutôt à l'ouvroir de jeunes pensionnaires qu'à la chambre d'un malade: tous ses enfants réunis avaient là leurs ateliers d'instruction. Il touchait au terme des quarante jours prescrits, et faisait déja ses projets et ses plans de convalescence; le matin du trentehuitième jour, après uue nuit tranquille, en s'éveillant, il se plaignit de malaise et de défaillance de cœur ; demanda du thé; on eut à peine le temps de l'apporter, il était déjà mal. On courutau médecin logé dans la maison voisine; arrivé, il retourna en hâte chercher de l'émétique; au retour Camus n'était plus; il finit ainsi de la mort que desirait Gésar, la plus prompte et la moins prévue.

CAMUS (ARMAND-GASTON), ci-devant avocat au parlement, conseiller électoral de Trèves et de la maison de Salm-Salm, membre de l'académie des inscriptions et belles-lettres, de l'assemblée constituante, de la convention nationale et de la 2me. législature, garde des archives de la république,. membre de l'institut national, né à Paris, le 2 avril 1740, mort le 2 novembre 1805, ou 11 brumaire an XIIL

PRONONCÉ PAR M. FROCHOT,

PRÉFET DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE,

Lors des funÉRAILLES DE M. CAMUS,

FEMMES, VIEILLARDs, orphelins, vous tous que la piété publique recueille dans les hôpitaux de la capitale, donnez des regrets éternels à l'administrateur, au père que la mort vient de vous enlever!

Ses vertus domestiques seront célébrées par ses fils, par sa famille; son inflexible équité, son inébranlable fidélité, par ceux qui ont traversé avec lui la carrière des assemblées publiques; son courage et sa résolution, par les honorables compagnons de sa longue et méinorable captivité dans une terre alors ennemie; son amour pour les sciençes et pour les lettres, l'étendue et la variété de ses connaissances, par le corps illustre auquel il était attaché; l'austérité de sa morale, la

faite conformité de ses actions avec ses principes, par ses amis, par ses coucitoyens, par ceux-là même qui, tout en croyant avoir à se plaindre de sa sévérité, n'ont pu se défendre d'admirer et d'estimer le caractère de cet homme trop rare, qui ne comprit jamais qu'il pût exister un moyen terme entre le juste et l'injuste, et qui, libre en tout le reste, fut seulement esclave de sa conscience et de ses devoirs.

Mais son ardent amour de l'humanité, son dévouement absolu à la cause du pauvre, cette activité infatiguable qui semblait le multiplier dans les diverses parties de l'administration des secours publics; ce desir ou plutôt cette passion du bien, qui, sans cosse, tenait son esprit à la recherche des améliorations à ntroduire daus le régime

général de nos institutions de bienfaisance; cette généreuse inquié tude qui lui faisait embrasser à-la-fois dans l'hospice de la Maternité, dont il était chargé plus spécialement, et les soins du premier o: dre et les détails les plus minutieux; en un mot, toutes les grandes qualités par lesquelles il était devenu l'un des plus recommandables adminis trateurs des hôpitaux de Paris, qui les louera, si ce n'est vous? vous, qui étiez l'objet particulier de ses pensées et de ses affections! vous, qu'il avait ajoutés à sa famille! vous enfin, qui jouissez chaque jour des amé orations qu'il a suggérées, recueillies on produites!

Se travaux, ses succès seront publiés; l'administration qui s'honore d'avoir compté parmi ses membres ce vertueux citoyen, doit cet hommage à sa mémoire, elle se le doit à elle-même ; mais le jour du deuil et de la douleur n'est pas celui où l'on peut louer par des écrits, et l'affliction qui règne dans cette fatale cérémonie la remplit mieux que ne feraient de plus longs discours. Heureux celui qu'accompagnent au tombeau les regrets et les pleurs du pauvre! Il reçoit dans ce bel éloge le plus digue prix d'une bonne vic.

Femmes, Vieillards, Orphelins, encore un moment, et ces tristes dépouilles de votre ami vont disparaître. Alors, retournant dans vos pieux asiles, dites à ceux parmi lesquels vous avez été choisis pour orner cette pompe funèbre: « Nous avons vu reposer en paix pour » toujours celui qui, vivant, ne se reposa jamais lorsqu'il put » croire que quelque chose lui restait à faire pour nous servir! Nous avons pleuré sur sa tombe! Ses collègues ont mêlé leurs pleurs aux »nôtres; et ces pleurs nous ont dit que le ciel ne nous a pas tout enlevé!»

Tabre.

VII. LETTRE. Sur l'étude des principes de l'é

conomie sociale, et des bases
tant de l'administration inté-

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VIII. LETTRE. De la défense des accusés.

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IX. LETTRE. Sur l'étude du droit commercial, par M. PARDESSUS.

Xc. LETTRE. Des conférences.

XI. LETTRE. De l'admission au tableau..

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135

. 161

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HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ORDRE DES AVOCATS, par
M. Boucher-d'Argis.

CHAP. I. Idée générale de la profession d'a

vocat.

174

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177

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CHAP. II. Origine de la profession d'avocat

chez les anciens.

CHAP. III. État du barreau chez les Grecs.

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183

337

342

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CHAP. IV. État du barreau chez les Romains. 348

CHAP. V. Origine de la fonction d'avocat en

France.

GHAг. VI. État de l'Ordre des avocats depuis l'institution du parlement..

CHAP. VII. Quelles personnes sont admises à faire la fonction d'avocat, et des formalités de la réception.

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CHAP. VIII. De l'habillement des avocats.

CHAP. IX. Du serment que les avocats prêtent à la rentrée du parlement.

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