Page images
PDF
EPUB

RECHERCHES fur l'origine & le fiége du Scorbut & des Fièvres putrides; Ouvrage traduit de l'anglois de M. MILMAN, par M. VIGAROUS DE MONTAGUT, Docteur en Médecine, & Membre de la Société Royale des Sciences de Montpellier. A Paris, chez P. F. Didot jeune, Imp-Lib., quai des Auguftins.

Si l'obfervation eft la marche la plus sûre pour arriver, en Médecine comme en Phyfique, à des théories judicienfes, quelle Nation eft plus à portée d'inftruire les autres fur les caufes & les remèdes du Scorbut, que celle dont la Marine fait la principale force, & qui a par conféquent le plus d'intérêt à la confervation des hommes qu'elle y emploie? C'est donc nous rendre un fervice effentiel que de faire paffer en notre Langue les bons Ouvrages de ces Médecins.

Accoutumés à regarder la diffolution & la putridité du fang comme la caufe du Scorbut & des fièvres putrides, nous ne pouvons nous défendre d'un mouvement de furprife & d'improbation en voyant M. Milman afligner pour caufe prochaine une foibleffe générale, fuite de la léfion du pouvoir vital; en un mot, en placer le

fiége dans les folides: mais une erreur, pour être ancienne, n'en eft pas moins une erreur; & fi M. Milman prouve, il faut croire; il faut plus, il faut abandonner l'ancienne méthode curative, en général fi peu heureuse, pour adopter la nouvelle qui, fondée fur une théorie plus sûre, promet aufli plus de fuccès.

Nous renvoyons à l'Ouvrage même les gens de l'Art, & les perfonnes curieufes de ces Recherches, perfuadés qu'ils y trouveront des preuves furabondantes & décifives. Nous nous bornerons ici à indiquer les caufes & les remèdes de cette maladie, d'après les idées neuves du Médecin Anglois.

Entre les caufes nombreuses & variées du Scorbut, telles que l'affoibliffement de la fanté par des maladies précédentes, l'indolence, les fatigues exceffives, la plus fréquente eft le froid & l'humidité. Les caufes occafionnelles, ou excitantes, font une nourriture indigefte, des alimens qui contiennent peu de matière nutritive, certaines pallions de l'ame, fur tout le découragement. Le Docteur Lind penfe que le régime des Marins n'eft abfolument préjudiciable, que parce que leur nourriture eft de difficile digeftion; fes mauvais effets ne devant pas être attribués aux fels qu'elle contient, puifque l'efprit de fel marin a même été recommandé comme un préfervatif, & que les Equipages du Capitaine

Cook ont vécu impunément de provifions falées, en fe tenant propres, en évitant les fatigues exceflives, & en buvant de l'eau fraiche.

Il réfulte de la nouvelle Théorie, que les meilleurs moyens pour prévenir ou combattre & le Scorbut & les Fièvres putrides, font un air fec & tempéré, la précaution de ménager les forces des Equipages, combinée avec le foin de les exercer & d'y entretenir la gaîté, des alimens fubftantiels faciles à digérer, & des cordiaux. On peut adininiftrer avec fuccès le quinquina, les amers, les martiaux, & l'elixir de vitriol. Il eft convenable autli de mettre les convalefcens dans une espèce de fronde ou hamac, à la partie inférieure de l'avant, ou entre les ponts; on a obfervé que les mouvemens qu'ils y éprouvoient contribuoient fingulièrement au rétablissement de leurs forces.

M. Milman termine fon Ouvrage par une Hiftoire abrégée de cette Maladie; il prouve qu'elle étoit connue des Anciens fous les différens noms de Splen mágnus, de Convolvulus fanguineus, de Stomacace. La fatigue excellive & la difette ont occafonné, au rapport de Pline, le Stomacace & le Sceletyrbe dans les armées Romaines. Les mêmes circonftances réunies à un air impur, ont enveloppé l'armée de S. Louis dans les mêmes calamités.

BS

LE Préjugé vaincu, ou Lettres de Mme. la Comteffe DE ***, & de Mme. DE *** réfugiée en Angleterre, par M. le Comte D'AY***, Officier au Régiment de Beaujolois; & Mine. FILH*** D'H*** ̧ A Paris, chez Royez, Libraire, quai des Auguftins. II Parties, in-12. Prix, 2. liv. 8 fous.

,

MME. de ***, réfugiée en Angleterre dans le temps de la révocation de l'Edit de Nantes, laiffe, en partant, à la Comteffe de ***, fon amie, qui fait fon féjour à. Paris, une fille unique nommée Théophile, que des circonftances l'empêchent d'expatrier avec elle. La Comteffe s'eft engagée à. élever fa pupille dans la foi de fes pères.. Milord C... arrivé en France avec deux enfans, Sir Charles & Mifs Julie, à la fuite. du Roi Jacques, fe trouve lié avec Mme.. la Comteffe de ***. Cette Dame, par un hafard heureux, rend un fervice effentiel à Milord, en donnant des fecours & des foins à fa fille, trahie & abandonnée, à fon arrivée à Paris, par une Gouvernante infidelle, à qui fon père l'avoit confiće. Mifs Julie & Théophile fe lient de l'amitié: la plus étroite. Sir Charles, en faifant vi fite à fa four, voit fon amie & en devient

éperdument amoureux. Il veut l'époufer. La Comteffe emploie tout fon crédit auprès de Mme. de *** pour l'engager à.

[ocr errors]

donner fon confentement à l'union de ces deux Amans. Quoique tendrement attachée à fa fille, & convaincue de l'avantage d'une telle alliance, Mme. de *** s'y refuse. Eloignée conftamment & par principes de tout ce qui diffère de fa croyance, elle fe feroit reproché de la trahir en foufcrivant à un mariage dont une des conditions ef fentielles étoit que Théophile abjurât le Proteftantifme. Milord C...., contrarié par cet obftacle, engage fon fils à s'éloigner, perfuadé que l'abfence & la réflexion lui feront vaincre fon penchant. Théophile, de fon côté, fe difpofe à rejoindre fa mère en Angleterre, lorfque Miladi Sutterfon écrit à la Comteffe, que fon amie elt tombée dangereufement malade. Théophile en eft vivement affectée : elle fe reproche de caufer la mort de fa mère par les contrariétés que lui fait éprouver fon attachement à Sir Charles. Elle veut partir, rnoncer à fon Amant, & facrifier l'amour à la tendreffe filiale. Avant que ce projet puiffe être exécuté, Miladi Sutterfon, qui devoit fon bonheur à Mme. de ***, apprend à la Comteffe la mort de cette in-fortunée, qui vient enfin de fuccomber à fes chagrins. Elle lui fait en même temps paffer des lettres que fon amie a écrites avant d'expirer. Par ces écrits, Madame

B G

« PreviousContinue »