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Saint-Clair fon client, enfuite de l'abfence de Soligny fon fils, pour leur faire foutenir ou pour foutenir en leur nom une mauvaife caufe. Son but étoit d'acquérir, en multipliant les frais, la propriété d'une jolie terre appartenante au Marquis. Son projet, après cette acquifition, étoit de demander en mariage Rofalie, fille de M. Dolmont, Capitaine de Vaiffeau, fon ancien ami, dont il a fait élever les enfans, & dont il a géré les affaires pendant fes courfes maritimes. Une partie de ces deffeins a réuffi. Ha acheté la terre fous le nom de Dolmont, qui s'eft prêté à ce tripotage en vrai marin, fans en prévoir les conféquences. Roller a pris poffeffion, & on lui a promis la main de Rofalie. Mais la fille de Dolmont eft aimée de Soligny, & elle répond à fa tendreife. Celui-ci a quitté fon régiment, & s'eft travefti en payfan fous le nom de Georget. Thibaut, Jardinier de Roller, & ancien ferviteur de la famille Saint-Clair, le fait paffer pour fon neveu; il le fert de tout fon pouvoir contre fon nouveau maître. Rollet, jaloux, a fu que Rofalie avoit un amant; il voudroit favoir quel eft fon rival, & il propose à Thibaut d'engager fon neveu Georger à fuivre par tout Rofalie, afin de le mettre à portée d'éloigner celui qu'on femble lui préférer. Thibaut & Soligny profitent de l'erreur de Rollet. Le vieux fripon devient, fans s'en douter, le protecteur des feux de fon

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rival. En conféquence il lui lit une lettre qu'il a reçue dans l'obfcurité, & qui étoit deftinée à Soligny, & il le charge de s'oppofer à l'exécution des projets dont on y parle. Cette lettre donne un rendez-vous à un Amant; le feul moyen de le troubler, eft de fe rendre fur la terraffe, lieu indiqué par la lettre; on peut monter fur certe terraffe avec une échelle, & Soligny fe rend chez fa Maîtreffe fous les yeux & à l'aide de Rollet, qui tient le pied de l'échelle, de peur que le jeune homme ne fe bleffe. Pendant qu'il attend patiemment au bas de la, terraffe, Dolmont le vient trouver. Tout le village parle de Rollet avec mépris, chacun l'accufe d'avoir trompé le Marquis de Saint-Clair, & d'avoir fpolié fa fuccellion. Ces reproches alarment Dolmont, qui le prévient, que s'il eft un fripon, que s'il l'a auffi trompé, il en fera juftice. Rollet s'inquiète férieufement, & imagine de faire fervir le faux Georges à le tirer d'embarras. Il lui propofe de pren tre le nom de Soligny, & de fe préfenter à Dolmont, en faifant ce qu'il faut pour le convaincre qu'il eft un honnête homme, afin de le réfoudre à conclure fon mariage avec Rofalie; Soligny feint de fe prêter à la rufe. Deux mots mettent Dolmont au fait du déguifement de Soligny, & lorfque Rollet croit avoir trouvé un fantôme de juftification, il fe trouve devant une accufation réelle. Honteux, confondu, it prend le parti de

fair, & il part au milieu des brocards de ceux qu'il a cru un inftant fes vaffaux. Soligny retrouve la terre, & il épouse Rosalie.

On a trouvé dans la Mufique du 1er. Acte de cette Comédie le talent ordinaire de M. Grétry, celui d'embellir les moindres idées par beaucoup d'efprit, de grace, & par l'art de prêter toujours au langage mufical l'expreflion propre à chacun des perfonnages qu'il fait parler dans les différentes fituations où ils fe trouvent. On a applaudi une foule de petits airs du chant le plus agréable & le plus gai; on en a fait répéter quelques uns. L'air de bravoure qui commence le fecond Acte, a paru foible; il paroît que M. Grétry feroit très-bien de le retirer abfolement s'il ne nuit pas beaucoup à l'action, il lui eft parfaitement inutile. Les morceaux de mufique qui fuivent cet air dans le fecond Acte, ont paru moins faillans que ceux du premier; cela peut provenir de la grande gaîté du morceau qui termine celuici. En général, c'eft une compofition encore fort eftimable à bien des égards, & propre à prouver que les reffources dramatiques de M. Grétry font loin d'être épuifées.

Quantà la Pièce, l'intrigue n'en eft pas bien Heuve; mais les incidens en font piquans, la marche en eft raisonnable, & le ftyle en eft foigné. Il y a de la gaîté dans les fituations & dans les mots; & nous prions quelques Auteurs de ce Théatre d'obferver que

ce n'eft point en terminant fes couplets par des idées graveleufes, que M. Forgeot a fu leur communiquer de la gaîté. C'est du fond des chofes & du fein des fituations qu'un Auteur doit tirer fes plaifanteries; & celui qui ne peut parvenir à exciter le rire des Spectateurs qu'en amenant, tant bien que mal, des jeux de mots cu des équivoques dont la décence peut s'effaroucher, ne préfente pas les reffources de fon efprit fous une face bien avantageufe. M. Forgeot eft un des Écrivains qui ont travaillé pour le Théatre Italien, dont la Mufe eft la plus étrangère au ton gravelcux, devenu fi fort à la mode, & fes productions annoncent toujours un homme d'efprit & un homme de goût.

ANNONCES ET NOTICES.

MEMOIRE fur l'amélioration de la Sologne,

par M. d'Autroche, Membre de la Société Royale d'Agriculture d'Orléans. Brochure in-8°. de 82 pages. A Paris, chez la veuve Valade, Imp.-Lib. rue des Noyers.

La Société Royale de Phyfique, d'Hiftoire Naturelle & des Arts d'Orléans, ne pouvoit fignaler plus dignement fon nouvel établiffement, qu'en portant d'abord fes regards patriotiques vers une Province voifine, dont le nom feul réveille l'idée de la pauvreté & de la misère ? Pourrait-elle mé

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riter mieux de fes Concitoyens, qu'en invitant par des Prix, à indiquer par quel genre de culture » ou d'induftric on pourroit améliorer le fol de la Sologne Orléanoife, & augmenter fon produit«<?

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Le Mémoire que nous annonçons eft traité d'une manière intéreffante, quelquefois brillante ; il annonce des vûes fages, & peut être d'une grande utilité. M d'Autroche a traduit prefque tout Horace en beaux vers; & fa manière d'écrire en profe trahit fon long commerce avec les meilleurs Ecrivains,

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Ela ou les Illufions du cœur, traduit de l'anglois; in-12. A Paris, chez Lagrange, Lib. rue S. Honoré, vis-à-vis le Palais-Royal,

BIBLIOTHÈQUE Univerfelle des Dames. A Paris, ruc & Hôtel Serpente.

Il vient de paroître de cette intéreffante Collection le 20e. Volume de l'Hiftoire, & le 1er de la Phyfique générale, pat M. Sigaud de la Fond. La Soufcription pour les 24 Volum, reliés, eft de 72 liv., & de 54 liv. brochés,

COLLECTION Univerfelle des Mémoires relatifs à l'Hifloire de France; Tome XXXIX in-8°. A Londres; & fe trouve à Paris, rue & Hôtel Serpente,

Ce Velume contient la fin des Mémoires de François de Rabutin, & le commencement de ceux de Bertrand de Salignac.

Le prix de la Soufcription de ce précieux Recueil eft de 48 liv. pour 12 Volumes. Les Soufcripteurs de Province payeront de plus 7 liv. 4 f. a caufe des frais de Pofte.

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