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au pouvoir ni des loix, ni du Gouvernement Anglois, de trouver une réparation capable de compenfer l'horreur & l'injuf tice de la longue oppreffion dont cet Innocent aura été l'objet.

Une lettre écrite par un Marchand établi à Liverpool à fon ami à Dublin, porte que le Swallow, beau vaiffeau de 400 tonneaux, commandé par le Capitaine Doran, & montant un équipage de 70 hommes, a été malheureusement furpris par un pombre confidérable de naturels qui l'ont abordé dans la nuit du 16 mars dernier, comme il étoit à l'ancre dans la rivière Bonny, fur la côte au vent d'Afrique. L'équipage, compofé d'Anglois, d'Ecoffois & d'Irlandois, a fait une réfiftance opiniâtre; & ayant monté quelques pierriers fur le pont, il les a fi bien pointés contre les affaillans, que le plus grand nombre d'entre eux a été renversé, & le refte voyant l'équipage auffi déterminé, s'eft jeté à la nage comme des barbets dans la rivière, ne fe donnant pas le temps de regagner les chaloupes. Le vaiffeau le trouvant pour lors à l'abri du plus grand des dangers, continua de faire feu de fes pierriers & de fes menues armes fur les malheu reux fuyards pendant près d'une demi-heure, & on préfume qu'il y en a eu beaucoup d'eftropiés & de noyés, la distance pour regagner le rivage étant d'environ un mille. Le Swallow a en 7 hommes bleffés par des couteaux de fer, des piques & de petites pierres avec lesquelles étoient chargés les fufils des Nègres. Le capitaine a reçu plufieurs balles dans fes habits, mais qui ne lui ont fait aucun mal. Le vaiffeau a acheté un grand nombre d'efclaves fur différentes parties de la côte, & on fup pose qu'il aura fait voile pour les illes au commencement de mai.

N°. 28. 12 Juillet 1798.

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FRANCE.

De Verfailles, le 2 Juillet.

Le Roi a nommé à l'Abbaye de SaintVincent, Ordre de S. Benoît, Diocèse du Mans, l'Evêque de Tarbes, fur la nomination & présentation de Monfieur, en vertu de fon apanage; & à l'Abbaye régulière de Moncel, Ordre de Prémontré, Diocèse de Châlons-fur-Marne, le fieur Deflandes, Religieux du même Ordre.

L'Evêque d'Orléans a prêté, le 28 du mois dernier, pendant la Messe, ferment de fidélité entre les mains du Roi.

Le 29 du même mois, la Baronne de Montmorency a eu l'honneur d'être préfentée au Roi, à la Reine & à la Famille Royale, par la Ducheffe de Montmorency, & de prendre le tabouret chez la

Reine.

Le même jour, la Princeffe de Léon, préfentée par la Ducheffe de Rohan, a auffi eu l'honneur de prendre le tabouret chez la Reine.

Ce jour, le Roi,, la Reine & la Famille Royale ont figné le contrat de mariage du Comte de Botderu, Capitaine au régiment d'Artois, Cavalerie, avee,demoiselle Sophie du Cambout de Coiflin. Elles avoient figné, le 22, celui du Comte de

Vanffay, Ecuyer de main de la Reine, & Capitaine au régiment de la Reine, Dragons, avec demoiselle de Grandpré. De Paris, le 8 Juillet.

Arrêt du Confeil d'Etat du Roi, du 28 juin 1788, portant fuppreffion des Délibérations & Proteftations des Cours & autres Corps & Communautés, faites depuis la publication des Loix portées au Lit de Juftice du 8 mai dernier; extrait des regiftres du Confeil d'Etat du Roi.

Le Roi s'étant fait repréfenter plufieurs écrits clandeftinement publiés, Sa Majesté a reconnu qu'Elle n'avoit confulté jufqu'à ce moment que fon indulgence, en les livrant à l'oubli dont ils font dignes.

La publication affectée qu'on leur a donnée; les fignatures multipliées par lefquelles on a cherché à les accréditer, déterminent fa fageffe à les profcrire, après en avoir fait fentir à fes Peuples l'illufion & le danger.

Ces écrits, répandus fous le nom d'Arrêtés ou de Proteftations de plufieurs Cours, Corps ou Communautés, ne portent avec eux qu'un caractère de défobéiffance & de révolte, contraire au devoir de tous fes Sujets, & fur-tout des Officiers qui compofent ces Corps, dont l'exercice n'a pas toujours été continuel, que le Roi avoit le droit de faire vaquer fuivant fa volonté, même d'interdire de leurs fonctions, & auxquels il vient de défendre de former aucune affemblée, de prendre aucune délibération fans de nouveaux ordres de Sa Majefté, de laquelle feule ils tiennent leurs pouvoirs & la faculté de les

exercer,

Dans la forme, ces écrits font donc illicites; dans l'effet que l'on cherche à leur faire produire, ils font illufoires.

Dans leur contenu ils ne font pas moins condamnables. Les Officiers & autres Sujets qui y parlent, s'élèvent au-deffus de l'Autorité Royale, ofent juger & profcrire les Actes émanés du Roi, les déclarer abfurdes dans leurs combinaisons, defpotiques dans leurs principes, tyranniques dans leurs effets, dftrugtifs de la Monarchie, des droits & des capitulations des Provinces; comme fi le Roi n'avoit pas déclaré par fes Loix enregistrées au Lit de Juftice du huit Mai dernier, qu'il n'entendoit porter aucune atteinte aux droits & priviléges des Provinces ;

Comme s'il pouvoit jamais appartenir à des Sujets d'élever des Actes d'une autorité particulière, contre les Antes de l'autorité légitime;

Comme fi la Nation pouvoit jamais croire que le Monarque voulût détruire la Monarchie; que le Roi qui eft venu au fecours de fes Peuples, qui leur a confié la répartition des Impôts pour en alléger le poids, veut changer la Monarchie en Defpotifme;

Comme fi la Nation pouvoit jamais croire qu'il existe entre les mains de quelques Officiers du Roi, un pouvoir national, & un droit de contrarier l'autorité dont ils émanent, & d'en déterminer le caractère.

Les uns ofent paffer de l'examen des Actes, à celui du pouvoir qui les a ordonnés. Ils voudroient perfuader que le Roi a ignoré & ignore ce qui s'eft paffé par fes ordres dans toutes les Cours du Royaume. Delà ils annoncent aux Peuples que le Roi a été furpris, & eft trompé; que toutes les avenues du Trône font fermées à la vérité;

Comme s'il étoit poffible que le Roi ignorât cequi s'eft paffé fous fes yeux & en fon Lit de Juftices

Comme fi tout ce qui s'eft fait dans les Provinces, n'étoit pas une fuite de ce premier enregiftrement;

Comme files Edits portés au Lit de Justice du 8 mai, ne prouvoient pas à la Nation entière, que les vérités les plus intéreffantes pour le Peuple, ont environné le Trône.

Que le Roi a entendu la vérité, lorfqu'il a ftatué fur les plaintes de tous les Jufticiables, ruinés par le déplacement & par les frais de la Juftice;

Lorfqu'il a écouté les cris des Accufés, renfermés dans les prifons, fouvent fans fecours, fans moyens de fe juftifier, & expofés à des peines contre lef quelles ils ne pouvoient réclamer l'indulgence du Roi ou fa juftice;

Lorfqu'il a été fenfible aux plaintes du Peuple gémiflant de l'oppreffion qu'il éprouvoit, par la multitude des priviléges qu'a occafionnés la multitude des Charges & des Tribunaux;

Lorfqu'il a mis un frein à la réfistance des Cours contre toutes les opérations du Gouvernement pour empêcher les charges publiques de pefer d'une manière plus forte fur le pauvre que fur les autres Sujets du Roi: réfiftance fondée fur des motifs qui s'éloignent de l'intérêt général, & dont l'effet re connu eft une inégalité de répartition au préjudice du Peuple.

D'autres ont prétendu que les nouveaux Edits changeoient la Monarchie en Ariftocratie;

Comme fi une Cour unique, compofée d'Officiers du Roi, foumise à fon autorité & circonfcrite dans fes facultés, n'étoit pas analogue à la Monarchie & au pouvoir du Monarque.

D'antres ont confidéré cette Cour comme le moyea le plus für du defpotifme.

La vérité fur ces grands objets est encore parvenue au Trône.

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