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EN VOI DE ROSES

A Madame la Comteffe DE V***,

CONSOLEZ-VOU

ONSOLEZ-VOUS de n'exifter qu'un jour, Rofes, ce jour vaut la plus longue vie. Vivre & mourir fur le fein de Lesbie,

C'eft l'éternité

pour l'amour.

(Par M. des Robardieres.)

Explication de la Charade, de l'Enigme & du Logogriphe du Mercure précédent. LE mot de la Charade eft Buisson; celui de l'Enigme eft la Critique; celui du Logcgriphe et Sangle, où l'on trouve Angle, Ane.

CHARADE.

C'EST un des élémens qui produit mon premier; Dans un fecond s'étend & fe perd mon dernier ;

Dans un troisième eft mon entier.

( Par M. Allard Hurel de Verneuil.)

ÉNIGM E.

LORSQUE du chaos ténébreux

L'Éternel eut tiré le Monde,
Je pris ma place dans les Cieux;
Et bientôt, d'une main féconde
Qui régit encor l'Univers,

J'embrafíai la Nature entière ;

J'éclairai les mortels des traits de ma lumière;
J'enchaînai tous les cœurs par mes charmes divers.
Tu vois donc quel eft ma puissance?

Connois auffi tous les biens que je fais.
Je protège les Arts, je fixe l'abondance;
Et j'offre en tous les temps le bonheur & la paix.
Veux-tu d'autres allégories ?
Mère de deux filles chéries,
J'exoite les plus doux tranfports;
Et par de fublimes accords,
Je parle aux ames attendries :
Enfin, par moi la porte des Enfers

S'ouvrit au Chantre de la Thrace;

Autrefois je dictai les vers

Du Taffe, de Milton, de Virgile & d'Horace; J'aaimai les rochers, fous les doigts d'Amphion; J'enflammai le divin Homère ;

Je prêtai mes chants à Voltaire,

Et je montai le luth d'Anacréon.

(Par M. L... D. M. C. M. des Dragons de la Rochefoucauld.)

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LOGOGRIPHE.

JE fuis un jeu cruel, affreux & sanguinaire,

Et je ne fuis qu'un jeu d'enfant.

Que cela te fuffife, Elvire, en ce moment;
Du jaloux Logogryphe, à l'Enigme contraire
Ainfi le veut l'impérieuse Loi.

Si tu veux bien chercher, tu trouveras en moi

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Ce qu'un Cenfeur sévère, un fâcheux Journaliste,
Souvent par un feul mot excitent sans raison ;
Ce qu'on fait ennuyé d'une morale triste ;
Le foin du Jardinier émondant le bouton ;
Ce qui dans une Belle a le droit de séduire,
Et qu'Elvire fur-tout a fouple & fait autour ;
Deux chofes qu'à regret l'on quitte chaque jour;
Ce qu'à plus d'un Auteur fait porter la fatire t
Enfin.... mais ces détails font plus que fuffifans ;
Le babil eft permis, mais ce n'eft qu'aux Amans.
(Par M. des Robardieres. }

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

LE VERGER, Poëme, par M. DE FONTANES. A Paris, chez Prault, Imprimeur du Roi, quai des Auguftins, à l'Immortalité.

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ET Ouvrage mérite particulièrement l'attention des Amateurs de la haute Poéfie. Il eft la Production d'un talent qui, dès fa niiffance, a été regardé par les Juges de l'Arr comme leur plu belle espérance, & qui alors brillant de fes promeffes, fe montre aujourd'hui riche de fa maturité. Le fujet eft un de ceux où la Poélie trouve encore l'occafion trop rare ou trop négligée de reffaifir fon caractère antique.

Ce double intérêt que préfente ce nouveau Poëme, peut être le motif de quelques réflexions qui ne lui font point étrangères. Le talent a fes époques; l'Amateur des Arts fe plait à les obferver. C'eft une chofe remarquable que les premiers vers de M. de Finnes offrirent le caractère d'un goût perfectionné, heureux préfage fur lequel les Conniffer ont raifon de compter toujours. L'art de la compofition s'acquiert.

C'est donc fur leur manière qu'il faut juger les jeunes Ecrivains: une manière franche, forte & neuve, a paru celle de M. de Fontanes. L'expérience, un goût naturel éclairent à la fin fur l'ordre & le plan des Ouvrages c'est l'époque où M. de Fontanes cft parvenu.

Quels fujets plus dignes d'exercer un talent tel que celui dont je viens d'indiquer le caractère, que ces fujets toujours vierges, où l'imagination du Poëte devient néceffairement plus véridique & plus augufte, parce qu'elle n'eft plus que la repréfentation de la Nature? Les Anciens plus près que nous de ce modèle éternel des Beaux Arts, y reviennent toujours dans leurs Ouvrages; & pour ne parler ici que du fujer qui nous occupe, voyez la Mufe Guerrière enrichir d'un Verger 1 heureux Alcinois; voyez la Mufe Géorgique fe plaire dans le Verger du vieillard du Galèfe. Aufli on peut appliquer à ce fujet le vers d'un grand Poëte de nos jours:

Il infpiroit Virgile, il féduifoit Homère.

Une dernière obfervation que je me permettrai avant d'examiner le Poeme de M. de Fontanes, eft encore à fon avantage." Deuis quelques années, quelques jeunes Poëtes, M. de Fontanes à leur tête, reviennent aux principes qui ont dirigé les Maîtres; ils ont abandonné les déclama

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