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cadre de remettre à la voile, & auffi-tôt les vaiffeaux fuivans ont levé l'ancre; favoir, l'Edgard, monté par l'Amiral, le Coloffus, le Culloden, le Magnificent, tous de 74 canons; le Scipio & le Crown de 64; l'Hébé de 36, l'Andromède de 32,& le Trimmer de 16.

On peut ranger vraisemblablement au nombre des plaifanteries médiocres qui rempliffent nos Papiers, l'article fuivant, concernant la première deftination de cette efcadre. Un des principaux ob»jets de fa croifière, étoit de faire l'effai » d'un affortiment de nouveaux pavil»lons, de l'invention de Lord Howe, " & pour l'explication defquels il a écrit » un livre d'inftrutions très-long & très» détaillé. Il a été reconnu que les pa» villons étoient trop compliqués pour » pouvoir en faire ufage fubitement, trop » lourds pour être déployés par un »vent frais ordinaire, & que l'explication » n'étoit pas affez claire pour être enten» due. »

Vendredi dernier, on a lancé à Woolwich le beau vaiffeau le Prince de 90 canons, qui, depuis quatre ans, étoit en conftruction fur ce chantier. Ce spectacle avoit attiré de Londres un grand concours de Spectateurs diftingués. On va placer fur la forme vacante la quille d'un nou

veau vaiffeau qui fera nommé le Médiator. Le Boyne de 98 canons, le Minotaure de 74, & une frégate, font en conftruction fur le même chantier. Dès que le Prince aura pris fes mâts & fes apparaux, il def cendra la rivière, & fe rendra à Plymouth, pour y être mis en ordinaire.

Le Royal George, fuperbe vaiffeau neuf, de 10 canons, actuellement en conftruation à Chatham, qui devoit être lancé ce mois ne le fera qu'en feptem

bre.

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«La frégate la Veftale, de 28 canons, qui a été rencontrée à la hauteur du Cap de BonneEfpérance par la Thetis, de la Compagnie des Indes, arrivée depuis peu, fut envoyée par le Gouvernement dans l'Inde, au mois d'octobre dernier, pour y donner avis de la fituation des affaires avec la France, & pour porter des inftructions aux Gouverneurs de cette partie du monde. Le Chevalier Robert Strachan, qui la commande, étoit chargé de lettres particulières pour le Chevalier Archibald Campbell, à Madraff, & le Gouverneur général au Bengale. LaVeftale eft le feul vaisseau de guerre que l'Angleterre ait dans l'Inde. Le Gouvernement a répandu qu'il y avoit deux ou trois corvettes actuellement employées dans cette ation; mais fi elles exiftent, ni leur nom, ni leur Capitaine, ne fe trouvent portés fur la lifte de la Marine. »

La Chambre Haute a repris, le 2, l'examen du Bill de réglement pour la Traite des Nègres. Après avoir reçu les Pétitions

particulières de quelques Marchands Anglois, Commiffionnaires d'achats de Nègres pour l'Espagne & la France, les Pairs difcutèrent & pafsèrent différens amendemens ou claufes nouvelles de ce Réglement. Lorsque ce travail fut achevé, Milord Hawkesbury prit la parole, & prononça un Difcours qui entraîna une converfation que nous devons rapporter, puifqu'elle annonce clairement les limites où le Gouvernement fe renfermera dans cette grande queftion du fort des Nègres. Lord Hawkesbury dit:

« Dès l'origine, j'ai défiré qu'on réglât le commerce des Efc aves par des réformes néceffaires; mais en même temps j'euffe reculé ce travail jufqu'à l'époque où le Parlement, mieux infiruit, auroit été plus à portée de prononcer avec connoiffance de caufe. Quand j'ai vu le Bill produit & fontenu, je m'en fuis occupé long-temps; & quoique je n'aie pas montré d'inclination à favorifer les mesures qu'on vouloit prendre, Vos Seigneuries fe rappelleront que je ne m'y fuis pas ou vertement oppofé. Deux principes fondamentaux doivent être, ce me femble, toujours préfens à l'efp it des Membres de cette Affemblée; veiller d'abord, & foigneufement, à la confervation du Commerce, ou du moins ne blesser ses intérês que le plus légèrement qu'il eft poffible; en introduifant des réglemens & des réformes, confuer le vœu de l'humanité, & le concilier avec l'existence du Commerce & la convenance des Marchands qui s'en occupent: voilà les deux bafes de mes réflexions. Je n'ai point oublié que l'achat & la revente des Nègres font une branche très

importante de trafic; que la profpérité de nos ines d'Amérique dépend, en grande partie, de fa confervation; que les Nègres font effentiels à la culture de nos Colonies, & le fol de celles-ci à la production d'une foule d'objets fans lefquels nos arts & nos manufactures ne peuvent fe foutenir, & qu'on ne peut tirer ni d'ailleurs ni par d'autres moyens: tels font l'indigo, la cochenille, & beaucoup de drogues néceffaires à la teinture, qui nous viennent de l'Amérique feule; en conféquence, je m'oppoferai toujours à ce qu'on mette fin au comme ce des Neg es par aucun Afte violent, & j'ai à vous offrir quatre propofitions, qui, après un mûrexamen, me paroiffent indifpenfables à l'accord néceffaire qui doit exifter entre le Bill présenté, & le deux principes que je viens d'indiquer à Vos Seigneuries. Les trois premières tendent à affurer le fucdes du Bill dans fon principal objet, la préfervation des Nègres; la quatrième doit rendre ce même Bill agréable aux Négocians, diriger leur intérêt à employer tous les moyens poffibles pour être chargés du tranfport des Nègres en Amérique, même aux conditions de les y amener bien portans."

« On a prouvé jufqu'à l'évidence, que la plupart des inconvéniens dont on fe plaint, & particulièrement la mortalité fur les vaiffeaux employés au tranfport des Nègres, venoient moins des cruels traitemens qu'on leur faifoit éprouver, ou du lieu refferré qu'on leur affignoit fur les vaiffeaux, que de l'ignorance des Capitaines, & de leur peu d'intelligence dans l'adminiftration de ces tranfports. Une des manières d'affurer l'exécution du Bill, eft donc de ne confier ce commerce qu'à des gens qui fachent le faire, de ne le permettre qu'à ceux qui s'y font formés par la pratique & l'expérience dans cette vue, ma première claufe a pour objer

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de donner force de loi au réglement fuivant: Que perfonne ne s'ingère d'entreprendre le voyage d' Arique en qualité de Capitaine de vaiffeau Négrier, fans y avoir déja fait un voyage en qualité de Maître d'équipage, ou deux voyages comme Contre-Maître, ou trois comme fecond Contre-Maître. Une des intentions du Bill étant de faire, autant qu'il fera poffible, ce commerce par de petits navires, j'ajoute pour feconde claufe, qu'il era défendu à tout vaiffeau, de quelque grandeur qu'il puiffe être, de mettre à la voile fans avoir un Chirurgien à fon bord; ma troisième clause eft de défenare aux Marchands de faire affurer la ve des Nègres. Qu'ils faffent affurer les vaiffeaux & la cargaifon contre les nau-. frages, le feu, ou tout autre des dangers ordinai res de la navigation, mais le meilleur moyen de les forcer de veiller à la confervation de leurs efclaves, c'eft de leur interdire abfolument l'affurance. Par ma quatrième claufe, j'affignerois une gratification de cent livres. fterf. à chaque Marchand qui, fur deux cents Efclaves, n'en auroit perdu que deux dans le trajet d'Afrique en Amérique, & dans le même cas une de cinquante livres sterl. au Chirurgien. >>

« Lord Hawkesbury, motivant ces trois clauses, obferva, entr'autres, qu'on avoit prouvé évidemment que le bénéfice du Marchand étoit de deux ou trois livres fterl. fur chaque Nègre rendu en fanté dans nos ifles. Qu'on porte ce profit à cinq livres par tête, comme on a également établi que la valeur d'un Nègre étoit de 33 liv. ft. jufqu'à 50, prenons le plus bas prix moyen de 35 liv. ft. Suivant ce calcul, la valeur d'un Nègre amené bien portant, fe trouvoit équivalente au bénéfice fait fur fept Negres. Cette confidération, jointe à la gratification ftipulée, aiguillonnera puiflamment les intéreffés à ce commerce, & leur fera

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