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ENIGM E.

vous voulez croire la Fable

Je fuis, ami Lecteur, une Divinité.

Je vis un objet bien aimable,

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Je l'aimai; par l'ingrat mon cœur fut rejeté.

Quelle fut alors ma détreffe!

Dans le fond des forêts, dans l'antre le plus noir, J'allai cacher mon désespoir.

(N'eft-ce pas-là le fort de plus d'une Maîtreffe?..) Quoi qu'il en foit de ce trait fabuleux,

N'en doutez pas, je fais dans bien des lieux. Des châteaux, des vergers, le creux d'une montagne, C'est là que je me plais ; fi de rafe campagne. Je fus peut-être autrefois féminin; N'importe, maintenant je fuis au mafculin,

Et fans ame & fans corps, je ne faurois paroître ; Ma voix feule me fait connoître.

Jé ne parle pas le premier;

Mais, à mon tour, je me tais le dernier. Qu'on éclate de rire, ou bien qu'on fe lamente, Je me fais tout à tous, je réponds comme on chante. (Par le C. de C., près Breteuil.)

LOGO GRIPHE.

SI dans la faifon des frimas,

Lecteur, une affaire preffée

Te forçoit à partir pour de lointains climats,
Prends garde, & la tête baissée

Ne vas pas affronter les terribles Autans.
Sans doute on eft tenté d'un trajet plus rapide;
Mais choifis, fi tu peux, dans les deux élémens;
L'un eft paifible, sûr, & l'autre eft un perfide;
Et fi jamais le Sort déployoit fa fureur

Sur ce dernier, à tes vœux trop contraire,
Au milieu des éclairs, des vents & du tonnerre,
Bientôt tu me verrois dans toute mon horreur.
Inutile, je crois, d'en dire davantage,
Car tu dois me connoître; il me faut cependant,
Pour me conformer à l'ufage, s

De ma poftérité te parler un instant.

Vois d'abord de l'Espagne une foible monnoie ;
Puis un baffin, où certain animal

Sur un repas groffier fe jetant avec joie,
Contente avidement fon appétit brutal ;
Un paffage public; enfin cette furie,
Ce fléau trifte, affreux, cruel,
Qui, fous le nom de maladie,

Afflige également la brute & le mortel.

(Par M. du ***. )

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

ESSA18 hiftoriques fur l'origine & lés progrès de l'Art Dramatique en France, Tomes I, II & III. A Paris, au Bureau de la Petite Bibliothèque des Theaires, rûe Neuve des Petits-Champs, près la Compagnie des Indes ; & chez Belin, Libraire, rue St. Jacques; Brunet, rue de Mariyaux.

ON remonte dans cet Effai jufqu'aux

Romains, & des Romains jufqu'aux Grecs, parce que cet Art n'eft chez nous qu'une imitation de ce qu'il fut chez ces deux Nations, modèles en tout de tous les Peuples du Monde. On convient affez géné ralement aujourd'hui que nous avons égalé Athènes & Rome en plufieurs chofes, mais que nous les avons infiniment furpaffées dans l'Art Dramatique; & que dans ce genre nous fommes enfin parvenus à notre tour au point de perfection qui peut être déformais regardé comme le modèle de toutes les Nations. L'Auteur dé cette Collection hiftorique parcourt les différen

tes époques de l'Art, jufqu'à celle des chef d'œuvres qui forment la Petite Bibliothèque des Théatres. On y voit que chez nous, comme chez les Romains & les Grecs, la Religion contribua beaucoup à Ja nailfance de P'Art Dramatique, & qu'il eut une enfance très-longue, quoiqu'il eût pu fe fortifier de la maturité qu'il avoit acquife chez eux. On devroit s'étonner qu'il ne fe foit pas trouvé en France, dès le 14e fiècle, quelqu'un capable de faire paller dans notre Langue les beautés de Sophocle & d'Euripide, de Plaute & d'Ariftophane, fi Pon ne favoit que ceux qui étoient propres à fentir leur génie, dédaignoient alors d'écrire en Langue vulgaire ; de forte que l'Art des Efchyles étoit abandonné à des Bateleurs ignorans, qui ne connoiffoient que la Bible & la Légende, & qui repréfentoient fur les treteaux de Thelpis les myftères facrés de la Religion. Le nouvel Auteur a profité du travail de MM. Parfait. Jufqu'à eux, l'Hiftoire du Theatre François avoit été entièrement négligée. Sous ce titre, ils donnèrent fucceffivement is Volumes. Ces Ecrivains méritent fans doute des éloges, pour avoir les 'premiers défriché ce champ prefque inculte avant eux, & hériffé d'épines. On voit qu'ils poffèdent la matière à fond, & qu'ils n'ont rien négligé pour faire des recherches curieufes & exactes: mais ils fe font trop étendus; un grand nombre de Lec

teurs feroit dégoûté des détails faftidieux, où leur plan les a fouvent entraînés. Ce nouvel Effai eft plus agréable par le choix que le Rédacteur a fu faire dans leur Livre, dans celui du Duc de la Valliere, & particulièrement dans l'Hiftoire Univertelle des Théatres. Les deux premiers Tomes ont paru fucceffivement à un an de diftance l'un de l'autre. Le IIIe., qui vient. d'être publié, nous fait connoître spécialement Hardi, Auteur de Soo Pièces. Fontenelle l'a très bien apprécié dans fon Hif toire de notre Poéfie Dramatique, l'un des plus agréables Ouvrages de cet ingénieux Ecrivain. Voici comme il s'exprime.

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» Dès qu'on lit Hardi, fa fécondité ceffe d'être merveilleufe. Les vers ne lui ont » pas beaucoup couté, ni la difpofition "de fes Pièces non plus. Tous fujets lui font bons. La mort d'Achille, & celle » d'une Bourgeoife, que fon mari fur"prend en flagrant délit, tout cela eft également Tragédie chez Hardi. Nul fcrupule fur les mœurs ni fur les bienséances. Tantôt on trouve une Courtifane au lit, qui, par fes difcours, foutient affez bien "fon caractère. Tantôt l'Héroïne de la Pièce » eft violée. Tantôt une femme mariée "donne des rendez-vous à fon Galant. Les premières careffes fe font fur le Théatre; » & de ce qui fe paffe entre les deux Amans, on en fait perdre aux Specta»teurs que le moins qu'il se peur.

دو

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