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difpendieux que ceux dont nous avons été témoins depuis fix mois, la marche de deux cents mille hommes, la préfence du Souverain, l'ardeur des travaux & la multiplicité des attaques entreprises de divers côtés nous avoient perfuadés qu'on alloit, fans délai, entreprendre une guerre offenfive vigoureufe- Si donc les difpofitions ont fubitement changé, il n'eft pas furprenant qu'on en ait cherché la caufe dans des négociations pacifiques. Cependant il eft fort douteux qu'on ait rencontré jufte. La défenfive à laquelle l'armée fe réduit, peut être le fruit de l'incertitude où l'on eft encore. fur le vrai deffein du Grand-Vifir. De Sophia, de Niffa, de Widin, où fon armée doit s'être progreffivement avancée, il eft maître de marcher vers Belgrade, ou de tenter une diverfion, en pénétrant dans le Bannat de Temefwar, province dont les défrichemens ont coûté des fommes immenfes à la maifon d'Autriche. D'autres attribuent ce changement de plan à des mystères de cabinet, dont la profondeur eft telle, qu'on n'entreprend pas de les expliquer.

L'Empereur a ordonné que le Corps du Général Comte de Wartenfleben fût renforcé inceffamment, fur la connoiffance que ce Commandant a eue des mou

vemens des Turcs. Pour cet effet, 8 bataillons d'Infanterie & autant d'efcadrons de Cavalerie fe font détachés de la grande armée, pour , pour paffer dans le Bannat de Temefwar. On affure qu'un Corps de 6 mille hommes a été deftiné à garder le pofte de Vipalanka, & un autre, prefque de la même force, pour occuper celui de Méhadia, l'un & l'autre étant de la plus grande importance pour empêcher les ennemis de pénétrer dans le Bannat, où la grande armée même paffera, auffi tôt le Grand-Vifir fera mine de pénétrer de ce côté-là. On voit par-là que les provinces limitrophes font menacées d'une devaftation, fi le Maréchal de Romanof ne force les ennemis à féparer leurs forces. »

que

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« Les avis de la Buckowine portent que quelques bataillons Ruffes, avec du canon, ont paru, pour ainfi dire, inopinément fur les bords du Niefter, & se sont approchés du Prince de Cobourg, pour foutenir les opérations de ce Général contre la fortereffe de Choczim,qui réfifte toujours à ce Commandant, étant défendue par une garnison nombreuse. >>

L'Archiduc François a quitté, au commencement de ce mois,le quartier général, pour aller vifitér le cordon de l'armée le long de la Save. On croit que S. A. R.

ira auffi à Triefte, d'où Elle viendra paffer ici quelques femaines.

On apprend de la Croatie, qu'un Corps Ottoman s'avance vers la Dalmatie, pour faire de ce côté une irruption dans les poffeffions de l'Empereur.

Le Prince de Cobourg mande du camp de Rukzin, que, le 29 mai, le Lieutenant-Colonel Kopzolany, pofté à Vaffuli, a été attaqué par 400 Spahis commandés par Fanbag; mais il repoussa l'ennemi qui perdit 17 hommes qui furent tués: il a eu 30 bleffés; nous avons eu 4 morts & 2 bleffés. Le Lieutenant-Colonel Kopzolany s'eft retiré enfuite, avec fa troupe, à Jaffy.

Le Prince Ypsilanti, fait prifonnier à Jaffy, eft arrivé à Lemberg le 26 mai; il fe rendra, dit-on, à Brinn, pour y faire fon féjour.

De Francfort-fur-le-Mein, le 21 Juin.

Des Déferteurs de Choczim affurent que le nombre des malades dans cette fortereffe eft confidérable, & que la difette des vivres de toute efpèce y augmente de jour en jour.

S'il faut en croire des lettres de Pancfova, un Corps confidérable de la grande armée de l'Empereur va s'y rendre, les troupes du Bannat n'étant pas affez nom

breuses pour s'oppofer aux irruptions des Turcs.

Dix mille hommes de la grande armée ont paffé le Danube pour fe porter. à Weiskirchen & à Méhadia; un autre Corps de 40,000' hommes fe tient prêt à

marcher.

er

Le 1. juin, le Prince de Cobourg étoit encore dans fon camp près de Rukzin.

Les Cuiraffiers de Waldek font arrivés au camp du Prince de Eichtenftein, dont l'armée est actuellement de 10,000 hommes; elle pourroit être portée à près de 50,000, s'il ne falloit pas tant de troupes pour la formation du cordon.

Un Corps de 3,000 Spahis eft entré à Belgrade le 31 mai.

On croit que l'Empereur abandonnera le projet d'affaillir cette place, & qu'il préfère d'attendre l'ennemi pour lui livrer bataille. On eft attentif aux opérations du Grand-Vifir, dont le plan général ne pourra fe développer entièrement que vers la fin de ce mois. On affure que jufqu'à cette époque l'Empereur a fufpendu toutes les opérations militaires.

L'armée Suédoife, qui s'affemble dans la Finlande, fera forte d'environ 40,000 hommes.

« Il feroit imprudent, dit une lettre de Vienne,

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du 9, d'entrer dans le détail des diverfes raifons qu'on allègue, & des conjectures qu'on fait fur les opérations de notre armée; mais ce qui n'eft fujet à aucun doute, c'eft la douleur du peuple à la vue de préparatifs fi coûteux, qui, jusqu'àce jour, n'ont produit d'autre avantage que d'avoir repouffé, non fans perte, l'ennemi dans prefque toutes fes attaques. On ne fauroit concevoir par quelle fatalité une guerre, qui, dans les mois de février & mars, avoit éclaté par tout d'une manière offenfive, avoit pu fe changer tout-à-coup, en avril & en mai, en une guerre purement défenfive; on comprend encore moins comment la plus belle armée qu'on ait jamais vue au confluent du Danube & de la Save, a pun'entreprendre autre chofe, depuis 6 femaines qu'elle eft en état d'agir, que le fiège d'une bicoque qui ne pouvoit rélifter au feu de l'Artillerie que 3 ou 4 heures au plus. Il eft prouvé, par le fait, que le fiége de Belgrade, quand on ne l'auroit même entamé que vers les premiers jours de mai, auroit pu être continué jufqu'à préfent fans que le Grand-Vifir eût pu le troubler en aucune manière, la marche de ce Général étant plus lente qu'on ne l'avoit cru jufqu'ici, puifqu'on avoit des avis certains au camp de Semlin, que l'armée Ot omane pourra être à peine rendue à Niffa dans le courant du mois de juin. Quelle que puiffe être d'ailleurs la force de la garnifon de Belgrade, cette place n'auroit pu tenir que 3 femaines contre une armée formidable, contre l'artillerie Autrichienne, pour l'éloge de laquelle il fuffira de dire, que Frédéric-le-Grand en a toujours fait le plus grand cas. Cela étant ainsi, il n'eft point étonnant qu'à l'armée même, on foit dans l'opinion que d'heureufes né gociations vont terminer fecrètement les différends des Puiffances belligérantes refpectives; mais cer

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