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hommes; & le Général Fabris, qui commande en Tranfylvanie, fe tiendra près du pas de Tertzbourg avec une armée de 25,450 hommes, dès que l'on fera certain que le Grand-Vifir eft fur le Danube. Ainfi, depuis les frontières de Tranfylvanie jufqu'en Efclavonie, il y aura un cordon d'environ 130 mille hommes. Ce nouveau plan indique que le refte de la campagne reifemblera à fes commencemens, fi ce n'eft peut-être que la petite guerre fera plus vive, plus continue, plus meurtrière.

De Francfort fur-le-Mein, le 12 Juillet.

man.

Il règne une telle diverfité de rapports fur les mouvemens préfumés, plutôt que certains, de la grande armée Ottomane qu'il eft difficile de débrouiller ce galimatias des Gazettes, qui, tous les 3 jours, font changer de plan au Miniftre OttoQuant aux Ruffes, à chaque ordinaire on les fait joindre les Autrichiens, ou s'en éloigner, aller & revenir, avancer & reculer, paffer les fleuves & les repaffer, préparer des fiéges fans les faire, arriver un jour à Bender, un autre à Oczakof, un 3e. à Choczim. Jamais troupe de voltigeurs n'a été plus fatiguée que ne le font ces pauvres troupes par les Nouvelliftes. On ne peut fe former aucune idée nette des opérations, au milieu de ces variations perpétuelles. Chaque courrier nous apporte un nouveau plan de campagne. Voici le dernier qu'on fait circuler à Vienne.

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Les dernières lettres de la grande armée de l'Empereur,difent que les mouvemens concertés » entre les deux Cours Impériales rendent aujour» d'hui à empêcher le Grand-Vifir de paffer le »Danube. Les troupes dans le Bannat couvrent " les côtés occidental & méridional de la Va» lachie; celles dans la Transylvanie, au nord de » cette province; l'avant-garde de l'armée du » Prince de Cobourg touche, d'un côté, aux Corps » du Général de Ralt, & de l'autre côté à l'armée » du Maréchal de Romanzof, qui s'étend le long » du Danube jufqu'à Gallas.--Les troupes dans » la Tranfylvanie, aux ordres du Général de » Fabris, occupent un camp près de Mira, eptre

la Valachie & la Moldavie; l'aile droite eft » poftée en deça de la rivière de Milkow, l'aile! » gauche entre Afchud & Fockfan'; l'avant-garde

touche les frontières de la Valachie. Les » troupes légères fe répandent jufqu'à Ribaik. »

Voilà fans doute un ordre mathématique; mais depuis qu'il eft dreffé, il a déja fubi des dérangemens: par exemple, l'aile gauche du Général Fabris, en Transylvanie, a quitté Fockfan & Afchud, pour retrograder vers le Corps d'armée.

«On prétend avoir des avis du côté de Cherfon, qui font mention de l'arrivée de la flotte fous les ordres du Capitan-Pacha devant Oczakof, compofée de plus de 200 voiles, parmi lesquelles 30 vaiffeaux de ligne. L'intention du Capitan Pacha paroiffoit être de détruire Cherfon, où il y a une affez forte garnifon. Ces lettres parlent d'une action courageufe d'un Officier

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Ruffe, le Capitaine Saken, qui commandoit un petit bâtiment armé en guerre. Il fe vit attaqué, le 31 du mois dernier, par 12 chaloupes, que les Turcs appellent Irlanguisches: il fe battit en défespéré;mais arrivé à l'embouchure du Bog, & ne voyant plus de moyens d'éviter le fort qui l'attendoit, les ennemis fe préparant à l'aborder en grand nombre, il'obligea fes gens à fe jeter dans la chaloupe, pour entrer dans la rivière à force de rames, & ayant enfuite, mis le feu à la Sainte-Barbe, il fe fit fauter, préférant ce genre de mort à celle que les Turcs auroient pu lui faire fubir.»

On écrit de Vienne, que l'Empereury a envoyé l'ordre de fabriquer 18 millions de billets de banque, & de frapper pour 10 millions de creuzers.

Le favant & judicieux Profeffeur Schloëzer a publié, dans le dernier n°. de fa Correfpondance politique, quelques réflexions bien frappantes fur les Finances de la Pruffe,

"Graces au bon ordre, la Pruffe a de tels revenus, que, nonobftant l'entretien d'une armée très-nombreufe, dont les troupes font fagement réparties, elle peut épargner annuellement un certain nombre de millions. Les paiemens ordinaires relatifs à l'Etat, étant faits, il refte encore quel ques millions à la difpofition du Souverain ; & qu'on n'imagine pas que ces épargnes caufent aucun vide d'argent comptant,ou en arrêtent la circulation; au contraire, il eft en fi grande abondance, que le prix de tous les immeubles monte extraordinairement

haut, tandis que les intérêts tombent de 5 jusqu'à 4 ou 3 & demi pour cent. A mon avis, cela est dû à l'avantage de la barance du commerce étranger dont jouit la Priffe. »

"Quant au projet de créer autant de billets qu'il y a d'argent comptant annuellement mis en épargne dans le tréfor public, il s'exécute à certans égards, en ce qu'actuellement prefque toutes les Provinces, comme la Silefie, la Marche, la Pomeranie & les deux Pruffes, ont chacune un fyfteme de crédit porté de 20 à 30 millions en papier-monnaie; ce moyen a confidérablement augmenté la repréfentation du numéraire, & affermi le crédit des Propriétaires de fonds de terre. Nous ne diffimulerons pas que ceux qui se plaisent à voir les chofes en noir, craignent qu'à l'époque d'une guerre, & dans le cas où les intérêts ne pourroient être payés, il n'en réfulte une banqueroute confidérable, & peut être même totale. Cet inconvénient éloigné fe trouve compenfé d'avance par l'avantage actuel qui réfute du fyftême adopté. Il paroît fingulier que le papier gagne ici 5 & jufqu'à 6 pour cent dans les opérations d'Agio, & qu'on nous envoie une quantité d'efpèces étrangères, apparemment pour en tirer intérêt. »

« Les aperçus inférés dans les Mémoires de l'Académie, par M. le Comte de Hertzberg, & qui ont furpris tant d'étrangers, ont tous été rédigés d'après les tables officielles, & ces tables d'après les déclarations des Marchands : déclarations qu'on fait n'être jamais au-delà, mais plutôt en deçà des exportations & importations réelles. »

GRANDE-BRETAGNE.

De Londres, le 15 Juillet.

Le 11 de ce mois, à 3 heures après midi, le Roi s'eft rendu à la Chambre des Pairs, où il a prorogé le Parlement prononcé le Difcours de clôture fuivant:

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"Milords & Meffieurs,

&

» Le période avancé de la saison, & l'application laborieufe qu'ont exigé de » vous les affaires publiques, me font. » juger néceffaire de terminer la préfente » Seffion du Parlement. Je ne le ferai point fans vous exprimer la fatisfa&ion avec laquelle j'ai vu l'affiduité & la diligence de vos délibérations, fur les » différens objets de l'intérêt national. » Meeurs de la Chambre des Communes. L'empreffement & la libéralité que » vous avez montrés dans l'octroi des s fubfides de l'année, exigent mes rc» mércîmens particuliers. Vous devez » éprouver la plus grande fatisfa&tion d'a» voir fu pourvoir aux befoins extraor »dinaires de l'année paffée, indépendam» ment des besoins habituels, fans aug» menter le fardeau de la Nation, & fans » toucher à la fomme annuelle, appro

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