Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Au moment où les empereurs prirent souci de la religion nouvelle, ils étaient bien éloignés de comprendre le principe de l'intolérance religieuse. Le paganisme, qui n'était plus pour les esprits cultivés que le symbolisme, était devenu, surtout à Rome, essentiellement compréhensif. Il admettait tout et n'excluait rien. Imbus de ces idées, les proconsuls ne demandaient pas aux chrétiens de renoncer à leur Dieu, mais de sacrifier aux dieux de l'empire. Les chrétiens répondaient qu'il n'y avait qu'un Dieu, et que tous les autres étaient de vaines idoles. C'en fut assez pour que les prêtres païens en fissent des athées, et les politiques, des rebelles; car, au nombre de ces dieux qu'ils rejetaient, était l'empereur lui-même. Les tolérer, c'était abaisser devant eux le principe de la religion d'État, et l'abaisser au profit d'une doctrine qui ne menaçait pas moins la puissante oligarchie de Rome que la religion de César. On crut donc faire un coup de politique et ne pas excéder les bornes de la justice, en décrétant que les chrétiens seraient interrogés par les proconsuls, et sommés de sacrifier aux dieux de l'empire.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

On les appela: ils comparurent. Ils proclamèrent hautement leur foi, et récitèrent le court et simple symbole qui en contenait tous les articles. Les juges firent apporter l'encens et les aigles; mais, pour un chrétien, sacrifier aux idoles, c'était apostasier. Ils le savaient, eux, les ignorants et les simples; mais les

alen lutte

du men

fens us

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small]
[graphic][merged small][merged small]

ceci, messieurs: à ce moment de ce religieuse et l'intolérance civile s cette lutte la liberté de conscience que l'intolérance religieuse. Les eur droit en refusant d'adorer les omains abusent de leur force en hrétiens à faire profession extée leur conscience repousse. Cette ne telle importance que, faute de La plupart des controverses abouller les questions et à raviver les

[graphic]
[blocks in formation]

querelles. Une Eglise est dans son droit lorsqu'elle impose à ses fidèles l'obligation de croire tout ce qu'elle enseigne, c'est-à-dire, lorsqu'elle pratique sur elle-même l'intolérance religieuse; elle ne fait alors qu'obéir à son principe, qui est le principe d'autorité. C'est pour elle une question de vie ou de mort; elle ne peut introduire en elle-même le droit absolu de libre examen, sans cesser d'être une religion pour devenir une philosophie. Mais lorsqu'elle ne se borne pas à retrancher les dissidents de sa communion, lorsqu'elle emploie contre eux d'autres armes que les armes spirituelles, ou lorsque, s'adressant aux incrédules, elle veut les contraindre, par la ruse ou par la force, à mentir à Dieu et aux hommes, elle se rend coupable du plus grand de tous les crimes, car elle viole la liberté dans la conscience qui en est le sanctuaire, et elle emploie la violence pour commander l'hypocrisie et le parjure.

[blocks in formation]

Les apôtres disaient à leurs disciples: «< Croyez ce que nous vous enseignons au nom de Dieu, si vous voulez gagner la vie éternelle; mais si vous n'avez pas une foi d'enfants, quittez-nous, et allez en

[merged small][ocr errors]

Tentot un

Et les proconsuls disaient à ceux qu'on traînait devant leur tribunal: « Désobéissez à votre conscience et à votre Dieu, et adorez les dieux de notre empereur, sous peine de la vie. »

Que devaient faire les chrétiens?

ees. Les

tions;

fait frem

atorens & de vie e

les je

grace

Sind Mar

Saint Ma Les ca art d'au

qui est à Dieu1. » béir à César, pour tout ce qui livine. Si César demandait l'ima le payer; s'il demandait leur s à le répandre. Mais quand il ils ne savaient plus que résister e résistaient pas les armes à la vait dit : « Si quelqu'un vous tendez l'autre. » Ils venaient x qu'on mène à la boucherie, résignés. Ils répondaient avec Si le proconsul, par pitié, escontre eux, ils ne le compreaient presque tous sans lettres; mbole, et tendaient la gorge. Ce cle terrible que ces populations = subissaient la triste loi des ventaient des supplices dont le ès tant de siècles. N'étaient-ils Rome, dont les patriciens avaient ort sur des troupeaux d'esclaves, nt de voir mourir des gladiateurs nt trois siècles, les bourreaux ne

[graphic]

I, V. 17.

P. v, v. 30.

[graphic]

rque avaient endurci le peuple à regarder différence. Dans les entr'actes des spec

se lassèrent pas de frapper, ni les victimes de souffrir. Le christianisme recevait le baptême du sang. Il rendait témoignage à la liberté de conscience. C'était son âge héroïque.

es dieux de l me au nom

ion n'étonna

&,oa du moi

te dans la se

us affreux.

sanin par

re sur Max personne n

mais, dès voir dans

de lui, il

Vous le savez, messieurs, l'intolérance civile perdit sa première bataille. Après trois siècles de persécutions et de rapines, il fut évident que le christianisme ne faisait que grandir, et qu'il remplissait déjà le monde. Il vint un moment où l'empereur, en regardant autour de lui, reconnut avec effroi que le christianisme s'était glissé dans sa cour et jusque dans sa plus proche famille. Ceux même qui n'osaient pas avouer leur foi étaient chrétiens au fond du cœur. On dit qu'à la veille d'une bataille, pendant sa lutte contre Maxence, Constantin aperçut dans les airs la croix avec cette légende : « Tu vaincras par ce signe. » C'est qu'en effet, à partir de ce moment, le christianisme n'avait plus seulement la force que donne l'idée, il avait en outre la force que donne le nombre. Constantin le comprit; il résolut de se faire instruire; et, changeant en une nuit de parti et de religion, lui qui la veille invoquait contre les chré

agent au modes et

immenses

malquen de l'E

tacles, on faisait mourir un gladiateur << pour passer le temps, ne nihil agatur. » La toute-puissance des empereursi nventait de si atroces supplices que la mort, dépouillée de cet appareil, perdait son horreur. Chaque jour on racontait un nouveau suicide ou un supplice, et personne n'osait frémir. Quand Néron empoisonna Britannicus dans un festin, les convives expérimentés continuèrent de sourire. » Jules Simon, Sénèque, deuxième partie, ad fin.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]
« PreviousContinue »