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Discours adressé à l'Empereur Joseph II, par le Comte de Wassenaar, envoyé à Vienne par les États-Généraux de la Hollande ainsi que le Baron de Leyden, pour excuser l'offense faite au pavillon impérial sur Escaut.

Sire, nous avons l'honneur d'offrir à V. M. I. et R. les sentimens de haute considération et d'attachement dont L. H. P. n'ont jamais cessé d'être pénétrées pour votre auguste maison, et particulièrement pour la personne sacrée de V. M. Chargés d'en porter de nouvelles assurances à V. M., nous nous acquittons aujourd'hui de ce devoir, en déclarant à V. M. de la manière la plus formelle:

Que L. H. P. n'ont pu voir sans le plus vif chagrin le commencement d'un réfroidissement de cette précieuse amitié et de cet heureux accord, qui subsistent de tout tems entre V. M. et la république. Que L. H. P. n'ont jamais eu l'intention la plus éloignée d'offenser V. M. I. et R., ni d'insulter à son pavillon, mais que dans toute la conduite que les événemens les ont obligé de tenir, elles se sont fait une loi constante, de concilier les mesures que leur sûreté, leur droits et leur dignité leur imposaient à suivre, avec les égards et la considération dûs à V. M. Que L. H. P. désirent vivement voir rétablir au plutôt cette bonne harmonie si malheureusement interrompue, et de la voir assurée sur des bases immuables. Que L. H. P. n'ont jamais pû songer à agir envers les sujets de V. M. différement qu'elles en usent envers les sujets de la république.

Que d'après les assurances si claires et si positives de ces sentimens, L. H. P. se flattent de rendre évidente l'impossibilité de vues offensantes qu'on aurait pu leur prêter injustement, mais dont leurs égards pour V. M. ne leur permettraient jamais d'admettre la possibilité.

C'est conformément à ces sentimens, Sire, que tous les voeux de L. H. P se réunissent pour le retour de l'union la plus parfaite entre V. M. I. et R. et la république, qu'elles espèrent ardemment de voir rétablie par les bons offices et la médiation d'un monarque, qui, par les liens les plus chers, est l'ami et l'allié de V. M. I. et R. Epoque heureuse, qui ne pourra jamais arriver assez tôt au gré de L. H. P., qui n'ont cessé, et ne cesseront jamais d'attacher le plus grand prix à l'amitié et à la bienveillance de V. M. I. pour la république.

Discours prononcé par l'ambassadeur d'Angletterre, envoyé aux E. G. des P. U. des P. B. pour demander l'exécution des derniers traités faits avec la république. (†)

Le roi mon maître, H. et P. S., étroitement uni, comme il l'est avec votre république, par les liens les plus forts de l'amitié et de l'intérêt mutuel, cherche dans cette circonstance délicate, à vous donner les marques les plus convaincantes de sa parfaite amitié et de son entière confiance; c'est à cette fin que S. M. m'envoie auprès de vous en qualité de son ambassadeur extraordinaire avec plein - pouvoir de concerter et de prendre avec V. H. P. les mesures convenables pour maintenir l'indépendance de ses royaumes et des états de V. H. P. Toute l'Europe est instruite des généreux efforts qu'ont faits vos ancêtres, pour recouvrer leur liberté et pour défendre leur religion. Toute l'Europe encore est témoin des grandes actions que votre république a faites de nos jours, pour le maintien de la liberté de l'Europe. Ces actions éclatantes ne permettent point au roi de douter un moment de la magnanimité et de la sagesse de votre république. Dans cette entière persuasion le roi s'adresse à V. H. P. en les assurant de son amitié et de sa confiance parfaite. S. M. me charge encore de leur offrir un secours puissant, pour seconder les mesures qu'elles seraient disposées à prendre conjointement avec lui.

(†) voyez le mercure hist. T. 112, p. 477.

Discours prononcé à l'ouverture du congrès de Soissons, le 14 de Juin, 1728 par le Comte de Zinzendorff plénipotentiaire de l'Empereur Charles VI.(†)

Messieurs, parmi les preuves que l'empereur mon maître, a données de son désir sincère pour la continuation de la tranquillité commune de l'Europe, une des principales est la facilité avec laquelle S. M. I. a consenti à la tenue de ce congrès. S. M. I. a été très satisfaite des soins M. le cardinal de Fleuri s'est donné pour avancer que une oeuvre aussi salutaire que celle d'une pacification générale; et elle espère que sa majesté très chrétienne concourra, de son côté, à ce grand but: sur quoi, nous attendons un plus grand éclaircissement de M. le cardinal. Nous ne saurions mieux faire que de nous conformer aux avis d'un médiateur, dont l'intégrité est si généralement reconnue. Il y avait eu quelques considérations qui auraient pu faire balancer l'empereur, à donner les mains à la tenue d'un congrès; mais son désir pour une pacification générale, l'a emporté sur toute autre vue; et S. M. I. ayant remarqué de si favorables dispositions dans toutes les autres parties intéressées, elle a voulu y répondre de son côté, pour faire voir qu'il ne tiendrait jamais à elle, que l'Europe ne jouit d'une profonde paix.

(†) La plupart des puissances de l'Europe envoyèrent des plénipotentiaires à ce congrès, qui semblait destiné à établir l'harmonie publique sur des bases immuables, et depuis les congrès de Münster et d'Osnabrück, l'Europe n'avait pas vu une assemblée politique, ni aussi nombreuse, ni aussi auguste. Les plénipotentiaires de France étaient, le cardinal de Fleuri, le Comte de Brancas-Cereste et le Marquis de Fénélon; ceux de l'Angleterre le colonel Stanhope (depuis lord Harrington) MM. Horace Walpole et Etienne de Pointz; ceux de l'Espagne le duc de Bournonville, le Marquis de Santa-Crux et Mr. de Barnachea; ceux de l'Autriche les Comtes de Zinzendorff, de Windisgraetz et de Penterieder; (remplacé plus tard par Mr. de Fonseca.) DE FLASSAN histoire de la diplomat. française T. 5, p. 54.

Discours prononcé par le cardinal de Fleuri en réponse au précédent.

Messieurs, je commence par témoigner à v. excellences, combien je suis sensible à la condescendence qui les a portées à se rendre à Soissons, pour y tenir le congrès. Le but qu'on s'y propose, est d'applanir tous les intérêts qui sont en contestation, et d'écarter tout ce qui pourrait tendre à une rupture. Il ne s'agit pas maintenant de réduire dans de justes bornes, les dominations trop étendues de quelques puissances, mais seulement d'apaiser les troubles causés par la jalousie et les soupçons qui se sont emparés presqu'en même tems, de toutes les cours de l'Europe. Il ne sera pas difficile d'y parvenir, pourvu qu'on y travaille de concert, avec des sentimens d'équité et de droiture, sans s'attacher au faux point d'honneur de ne vouloir rien céder, et sans préférer ce faux point d'honneur à une utilité réelle.

Je dois rendre ce témoignage à tous les ambassadeurs plénipotentiaires, avec qui j'ai conféré, qu'ils ont fait paraître tant de modération, et des dispositions si favorables pour l'oeuvre salutaire qui nous rassemble, qu'on a tout lieu d'espérer une heureuse issue du congrès. Ils ont déja donné d'avance, des preuves de leur sagesse et de leur complaisance mutuelle, en réglant tous les différends touchant le rang et le cérémonial, de même que de leur éloignement pour le vain appareil d'une magnificence superflue, qui, quoique noble en apparence, peut néanmoins avoir quelquefois de très facheuses suites.

C'est, dans ce même esprit de modération, que chacun doit représenter les griefs qui doivent être traités et aplanis au congrès, et qu'on est convenu de communiquer les demandes réciproques qu'on aura à faire de part et d'autre, afin que chacun puisse y répondre et y opposer les raisons que les parties auront à alléguer; et que si l'on ne peut convenir des moyens d'ajuster ces prétentions dans des négociations amiables, les ministres des puissances qui n'y ont point d'intérêt direct, emploîront leurs bons offices et ceux de leurs alliés, pour dissiper tout sujet d'aigreur et porter les parties à un accommodement; et qu'enfin, les réponses faites, de part et d'autre, sur chaque matière, seront rapportées, au nom de tous les alliés.

VII.

EXPOSÉS DES MOTIFS DE CONDUITE etc.

Exposé des motifs de la conduite du Roi de France relativement à l'Angleterre, en 1779.

LORSQUE la providence appella le roi au trône, la France jouissait de la paix la plus profonde. Le premier soin de S. M. fut de manifester toutes les Puissances son désir d'en perpétuer la durée; toutes applaudirent à des dipositions aussi heureuses: le roi d'Angleterre en particulier en témoigna sa satisfaction et donna à S. M. les assurances les plus expressives d'une sincère amitié.

Cette réciprocité de sentimens autorisait le roi à croire, que la cour de Londres était enfin disposée à suivre une marche plus juste et plus amicale que celle qu'elle avait tenue depuis la paix conclue en 1763, et qu'elle mettrait un terme aux procédés arbitraires, que les sujets du roi avaient éprouvés de sa part depuis cette époque dans les quatre parties du monde. S. M. se persuadait qu'elle pouvait d'autant plus compter sur la vérité des protestations du roi d'Angleterre, que le germe de la révolution, que l'Améri que vient d'éprouver, commençait à se développer de la manière la plus alarmante pour la Grande-Bretagne.

Mais la cour de Londres, prenant pour crainte ou pour faiblesse ce qui n'était que l'effet des dispositions pacifiques du roi, demeura fidèle à son ancien systême: elle continua ses vexations et ses actes de violence contre le commerce et la navigation des sujets de S. M.

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