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forêts domaniales de hêtre, mélangé souvent d'une assez forte proportion de vieux chènes. Ces forêts croissent, en général, sur un terrain appartenant au grès bigarré; traitées avec soin et ménagement, elles sont riches en matériel.

Il n'existe pour ainsi dire pas de sapinières dans le Palatinat, sauf une toute petite étendue, de qualité médiocre, dans les cantonnements de Bergzabern et de Schweigen.

G. HUFFEL.

LA 'SOLOGNE FORESTIÈRE

La Sologne est une région naturelle, bornée au nord par la Loire qui forme autour d'elle un immense arc de cercle passant par Gien, Orléans et Blois, au sud par le Cher, à l'est par le Sancerrois ci le Berry, à l'ouest par la Touraine.

Son étendue est de 500.000 hectares environ.

Malgré son unité physique, elle ne semble pas avoir jamais formé, dans l'ancienne France, une province à part. Lors de la division du pays en départements, elle a été répartie entre le Loir-etCher, le Loiret et le Cher (la moitié environ dans le Loir-et-Cher, un quart dans le Loiret et un quart dans le Cher).

La Sologne est traversée par trois principaux cours d'eau le Cosson, le Beuvron et la Sauldre qui coulent de l'est à l'ouest.

Le pays est plat. On trouve cependant quelques élévations sur les lignes de séparation des bassins des rivières. L'altitude varie entre 100 et 200 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Au point de vue de la nature du sol, la Sologne a, dans toute son étendue, le même caractère du sable reposant sur un sous-sol absolument imperméable.

Ce sable de Sologne renferme plus ou moins d'argile et de siiex, mais il est dépourvu de calcaire. Au contraire, sur les confins de la Sologne, le calcaire abonde, ce qui a fait définir cette région par un de nos grands anciens, M. de Saint-Venant : « Un îlot de sable et d'argile au milieu d'une mer calcaire ».

Le sable de Sologne se retrouve, d'ailleurs, au nord de la Loire entre Orléans et Gien. C'est sur ce terrain qu'est située la grande forêt domaniale d'Orléans.

Le sous-sol se rencontre à une profondeur variable, depuis 30 centimètres jusqu'à 3 et 4 mètres. Cette couche imperméable ne permet point aux eaux pluviales de s'infiltrer. Il se forme donc ça e là des étangs et des mares.

Cette question de la profondeur plus ou moins grande de la couche de sable est importante au point de vue des plantations. Cest souvent la cause de la réussite ou de l'échec, en particulier de la résistance plus ou moins grande, à la sécheresse.

Le sol de la Sologne n'est pas non plus partout homogène. Tantot le sable est blanc et plus ou moins lavé, tantôt il est ferrugineux, tantôt il est argileux, jaune, brun ou rouge. On trouve parfois des cailloux de silex mélangés au sable ou à l'argile. Parfois aussi, ce sont des blocs de poudingues siliceux. Dans certaines vallées on rencontre un fond tourbeux, dans la plaine cà et là quelques taches de terre de bruyère.

C'est de cette diversité dans la nature du sol et de ces variations de Profondeur que résulte la grande variété de la Sologne, sous le rapport de l'aspect et de la fertilité.

Abandonnée à elle-même, cette région, par suite de l'imperméabilité de son sous-sol, doit tout naturellement se couvrir de marécages, devenir malsaine et stérile. Au contraire, si elle est bien soignée, avec intelligence et ténacité, si elle est assainie par un réseau de fossés bien entretenus, si elle est plantée avec des essences appropriées, la Sologne doit devenir un pays sain et prospère. Son histoire est, à ce point de vue, très instructive.

Autrefois, la Sologne était un pays prospère. De nombreux docu; ments le prouvent d'une manière incontestable. Des chartes du x siècle montrent qu'à cette époque la propriété était très morcelée, donc la population nombreuse, et que les cultures étaient très variées. On cultivait alors le chanvre qui exige un bon sol. Les prairies étaient bien soignées, la vigne existait presque partou!. Dans son Histoire des antiquités du duché d'Orléans, François Le Maire, conseiller au Présidial de cette ville, dit en 1546:

«La Sologne est abondante en prés, pâtis, bois de haute futaie, buissons, étangs et rivières, terres labourables portant blé, méteil et seigle. Elle abonde aussi en bestial et gibier et en toute sorte de chasse. >>

Mais au XVIIe siècle, la Sologne entre dans une longue période d'engourdissement et de décadence. Les documents de cette époque parlent de maisons en mauvais étal, de vignes en friches, il n'est

plus question de prés, mais de pâtures, des hameaux disparaissent et ne sont plus représentés que par une ferme.

En 1701, M. Roujault, intendant en Berry, dans sa réponse au mémoire du conseil du commerce sur la disette des bois, dit : «Dans la Sologne, autrefois couverte de bois, la dixième partie des terrains à peine est en valeur. Tout le reste n'est plus que communaux servant au pâturage. »

Cet état lamentable se prolonge, en s'accentuant, tout le long du XVIIIe siècle.

Les causes de cette décadence sont multiples.

Ce sont les guerres de religion, au cours desquelles les protestants se réfugièrent en grand nombre en Sologne, incendiant des églises et pillant des châteaux. Ce sont surtout les guerres de Louis XIV, l'éloignement des châtelains qui vivaient de plus en plus à la Cour, l'exagération des impôts. Les terres n'étaient plus cultivées. Le pays n'étant plus assaini par l'entretien des fossés et des étangs, les fièvres en furent la conséquence et amenèrent l'abâtardissement et la diminution de la population.

La Sologne, pendant cette période de décadence, ne produit même plus le grain nécessaire à sa nourriture. Les vignes sont délaissées. On ne les renouvelle pas. Les taillis sont abandonnés au bétail que les terres incultes ne peuvent plus nourrir. Les souches meurent. Les bois sont transformés ainsi, peu à peù, en pâtures improductives. Le bétail devient malingre et sans valeur. La population décroît. Les maisons abandonnées tombent en ruine.

Beaucoup de communes portaient autrefois dans leur nom même l'attestation de cette misère Bonneville-sans-Pain, Ivoy-le-Galleux, Presly-le-Chétif, Villeny-le-Pouilleux. Ces communes ont obtenu, dans la dernière moitié du XIXe siècle, l'autorisation de faire disparaître de leur nom ces qualificatifs qui rappelaient une époque misérable.

Tel était l'état de la Sologne, lorsqu'en 1786, à la veille de la Révolution, la Société Royale de Physique, Histoire naturelle et Arts d'Orléans, proposa pour sujet de prix d'« indiquer les moyens de vivifier ce pays malheureux et languissant ».

L'année suivante, en 1787, Lavoisier présentait un rapport à l'assemblée provinciale de l'Orléanais.

« La

cause de l'insalubrité, disait-il, est connue. Elle tient à l'impénétrabilité du sol et à la stagnation des eaux qui forment dans cette province un marais pendant l'hiver. Le remède n'est ni inconnu, ni difficile. Un canal, qui traverserait cette province, rassemblerait les eaux et leur procurerait un écoulement, donnerait aux denrées un débouché qui leur manque. En augmentant la valeur des bois, il favoriserait les plantations auxquelles la Sologne est propre, surtout celle des pins. »

Depuis cette époque, jusqu'en 1850, les études et les mémoires concernant la Sologne abondent. Des efforts isolés sont faits çà et là pour mettre en pratique les conseils donnés par les hommes compétents. C'est vers 1755 qu'avaient eu lieu les premiers semis de pin maritime en Sologne. C'est des toutes dernières années du xvII° siècle que datent les premiers semis de pin sylvestre, sur la terre de La Source, dans le Loiret.

Mais aucune direction d'ensemble ne s'imposait. On peut dire que l'état de la Sologne, malgré les nombreux médecins qui se pressaient à son chevet, restait stationnaire.

Ce n'est qu'en 1858 que les Comices Agricoles des trois départements du Cher, du Loiret et du Loir-et-Cher se réunirent à LamotteBeuvron et adressèrent un placet au chef de l'Etat. La voix de ces délégués allait enfin être entendue.

Le 25 juin 1859, un décret du ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, instituait un Comité central agricole de la Sologne, composé de tous les présidents et vice-présidents des Comices Agricoles, de tous les agriculteurs et savants que le ministre jugerait utile d'y appeler.

Le siège du Comité fut établi à Lamotte-Beuvron. Plus de soixante ans après, il y est encore. Ce n'est plus un comité officiel, mais, sans changer de nom, il est devenu une association reconnue d'utilité publique et comprenant plus de 400 propriétaires de Sologne. Le premier président fut M. Vicaire, administrateur général des Eaux et Forêts. Depuis lors, le Comité à toujours entretenu les meilleures relations avec notre Administration. Pendant de longues années, il eut comme président M. Boucard, ancien inspecteur général des Forêts, dont nous verrons tout à l'heure l'action bienfaisante après le terrible hiver de 1879-1880. Après lui, M. Duchalais, conservateur des Forêts en retraite, puis M. Max Boucard, fils de l'ancien inspecteur général, dirigèrent successivement les tra vaux du comité.

Revue des Eaux et Forêts Février 1923.

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