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un cartouche placé entre le calendrier proprement dit et la photographie de l'arbre choisi pour le mois, est imprimé soit une phrase d'un auteur connu, soit un dicton populaire concernant la beauté ou l'utilité de la forêt; c'est ainsi que la feuille du mois de juin reproduit le passage de Chateaubriand : « Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent. >>

Riche de sens et d'intentions, le calendrier publié par le Ministère des Terres et Forêts de Québec donne, d'une façon facile à lire, tous les renseignements que doit contenir un calendrier; par les -illustrations, les notices, les maximes, les citations, il a un caractère vraiment forestier; enfin, il est d'un aspect très agréable.

On ne saurait trop en louer l'idée très ingénieuse et l'exécution tout à fait réussie.

Et il constitue un excellent moyen de propagande forestière.
A ce dernier point de vue surtout, l'exemple donné mériterait

certainement d'être suivi.

Les Barres, janvier 1923.

L. PARDE.

NÉCROLOGIE

Le 13 décembre 1922 est décédé, à Antibes, M. Auguste Muterse, inspecteur des Eaux et Forêts, élève de la 48 promotion de l'Ecole Forestière.

.M. Muterse a fait toute sa carrière dans la région provençale qu'il aimait passionnément, dont il connaissait à fond toutes les questions dépendant de notre métier et qu'il a contribué à embellir par la savante organisation de l'Estérel, dont'son nom est devenu inséparable.

Chrétien convaincu et fervent, il a supporté avec une résignation admirable la douloureuse épreuve d'une longue maladie, puis s'est pieusement endormi pour toujours en laissant aux siens l'exemple d'une vie consacrée au travail et au bien.

De nombreux officiers forestiers en retraite ou en activité, des brigadiers, des gardes, ont accompagné ses restes mortels en donnant ainsi un dernier témoignage de respect et d'estime à ce chef, à ce camarade qui a grandement honoré notre corps.

Après une allocution vibrante de M. Valentin, son ami et compa

triote, M. Tourtel, conservateur des Eaux et Forêts en retraite, dans une improvisation, qui a profondément ému l'auditoire, a rappelé les éminentes et solides qualités de M. Muterse comme homme privé, sa finesse d'esprit, l'agrément et la sûreté de ses relations.

M. Lombard, conservateur des Eaux et Forêts à Nice, parlant au nom de ses camarades du service actif, a retracé ensuite en ces termes la carrière administrative de M. Muterse:

Madame, Mesdames, Messieurs,

Au nom du personnel des Eaux et Forêts de la 23° Conservation, je viens vous apporter l'assurance de la grande part que nous prenons tous au malheur qui vous frappe aujourd'hui, et adresser un dernier adieu à celui qui fut à la fois un homme de bien et un forestier éminent.

Si la différence des âges et les hasards de la carrière ne m'ont pas permis de vivre dans l'intimité de M. Muterse, du moins je l'ai assez connu, j'ai causé assez souvent avec lui pour pouvoir apprécier ses qualités de cœur et la finesse de son esprit, tout comme je n'ignorais rien de sa haute valeur professionnelle.

Mais vous venez d'entendre l'éloge mérité de l'homme privé, de sa vie intérieure consacrée à sa famille et au bien, prononcé par des amis en termes si émus et si éloquents que je ne saurais rien y ajouter,

Il me sera permis seulement de retracer en quelques mots la brillante carrière de notre regretté camarade et ainsi, non pas de remplir un devoir officiel, mais de rendre à sa mémoire le juste tribut d'un homme qui connaît bien son œuvre et qui en sait toute la valeur.

M. Muterse a vu le jour en 1851, dans cette, même ville d'Antibes où ses yeux viennent de se fermer à jamais.

Né en Provence, il y a toujours vécu, il y a beaucoup travaillé, il en a enrichi la beauté, il y est mort. Mais de même qu'il y reste présent dans le souvenir des siens, son esprit y survit aussi dans l'organisation, la création pourrais-je, dire, de cet Estérel dont les crêtes dentelées se profilent à l'horizon.

Après de fortes études que décèlent la solidité du fond, l'élégance du style et l'esprit méthodique de ses moindres notes de service, il entre en 1872 à l'Ecole Forestière.

Il en sort dans un très beau rang (le troisième), fait un stage d'un an à Nancy, et, le 6 octobre 1875, il est appelé au cantonnement de Fréjus qu'il ne cessera de diriger, d'abord comme garde général, puis comme sous-inspecteur, pendant près de vingt années.

Nommé inspecteur à Limoux, le 4 octobre 1893, des raisons de sant? l'empêchent d'accepter ce poste pénible; et c'est le 14 mars 1894 sculement qu'il trouve enfin à Digne, avec le grade supérieur, une résidence dont

le climat ne soit pas trop rigoureux et qui le maintienne dans sa chère Provence. Le 30 avril 1895, il est appelé à Draguignan et le 5 septembre 1899 à Nice où il prend prématurément sa retraite à 53 ans en 1904.

Au point de vue professionnel, M. Muterse est l'homme de l'Estérel, et ce titre vaut mieux que bien d'autres.

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Pendant près de vingt ans, il géré ce domaine d'un pittoresque merveilleux et pendant ces vingt années il a consacré à la mise en valeur esthétique et technique de cette forêt un savoir tous les jours enrichi par l'observation, un esprit d'ordre et de méthode impeccable, une intelligence à la fois vive et pondérée, une puissance de travail exceptionnelle qui ont été si justement appréciés par ses chefs.

C'est lui qui, par une action inlassable, souple et tenace en même temps, a réalisé la belle unité de ce massif autrefois déchiqueté et semé d'enclaves.

C'est lui qui, continuant l'oeuvre commencée par M. Bernard, a porté à une perfection admirée de tous les connaisseurs ce réseau de routes et de sentiers dont le développement se compte par centaines de kilomètres. C'est lui qui a singulièrement facilité l'accès de la forêt en construisant le pont d'Agay, naguère encore utilisé par la nouvelle route de la Corniche.

C'est lui qui, à la suite d'études approfondies, avait créé un dispositif complet de protection contre le feu, dont l'efficacité a été maintes fois mise à l'épreuve jusqu'au jour où l'absence du personnel et la suppression de tout entretien pendant quatre années de guerre ont livré la forêt presque sans défense aux formidables assauts de l'incendie de 1918.

N'est-ce pas aussi dans l'Estérel qu'a été installé, et presque parfait dès le début, le premier service de surveillance et de repérage des incendies par l'observatoire du Vinaigre et le réseau téléphonique qui relie toutes les maisons forestières à la résidence du chef de cantonnement.

Certes, il y a cinquante ans, l'Estérel n'était pas ignoré; mais combien de. personnes ferventes de la nature y avaient-elles pénétré? y avaientelles pu pénétrer? et n'est-ce pas à M. Muterse encore que revient en grande partie le mérite d'en avoir aménagé et facilité la circulation pour les milliers de touristes qui le parcourent en ce moment. Aujourd'hui, le malade couché dans sa voiture, aussi bien que le solide excursionniste qui s'en va sac au dos et bâton à la main, peut admirer tous les sites gracieux ou sauvages de ce véritable parc national, son chaos de verdure et de roches flamboyantes, ses vues merveilleuses sur la mer et sur la montagne.

«Non omnis moriar » a pu justement se dire notre regretté camarade. Il ne revit pas seulement dans sa postérité et dans le souvenir de ses qualités d'homme privé, plus heureux que bien d'autres, il laisse l'œuvre durable qu'il a édifiée dans ce coin de la Provence.

La flamme brutale a pu pour un temps couvrir d'ulcères la splendeur de l'Estérel, la tâche à laquelle M. Muterse a consacré sa jeunesse et son âge mûr, celle qui, j'imagine, a dù occuper sa pensée jusqu'au dernier moment, demeure intacte.

La forêt renaît déjà de ses cendres, bientôt la puissante nature aura

recouvert ces ruines passagères d'un manteau d'émeraude. L'Estérel va redevenir ce que M. Muterse l'avait fait et le nom de celui qui fut son principal créateur y restera attaché pour toujours.

La haute valeur technique de notre camarade ne s'est pas appliquée seulement à l'œuvre admirable que je viens d'esquisser; ayant tout étudié et tout approfondi, il faisait autorité dans toutes les questions qui intéressaient les forêts de la Provence. Ici la matière serait infinie, mais je dois me limiter et j'en ai dit assez pour rappeler combien par sa science, sa probité professionnelle et son goût de la nature, M. Muterse a honoré le corps forestier.

Puisse le faible hommage que je viens de lui rendre au nom de tous mes collaborateurs être agréé par ceux qui le pleurent comme le témoignage de notre profonde sympathie.

Et vous, mon cher ancien, dont seule la dépouille mortelle est sous nos yeux, soyez assuré que nous gardons votre mémoire et recevez ici notre dernier adieu.

NOMINATIONS ET MUTATIONS

Par arrêté en date du 3 janvier 1923, M. Pajot (Pierre), inspecteur adjoint des Eaux et Forêts à Châteauroux. est appelé sur sa demande et en la même qualité, à Guéret, et chargé de la chefferie à cette résidence (nouvelle organisation), en remplacement numérique de M. Barrière qui a reçu une autre destination.

Par décret en date du 13 janvier 1923, M. Risacher (Marie-Stanislas), inspecteur principal des Eaux et Forêts à Metz (Moselle), est nommé conservateur des Eaux et Forêts de 3e classe et mis temporairement à la disposition du haut commissariat de la République dans les provinces rhénanes comme chef du service du contrôle forestier.

La présente nomination est faite en remplacement numérique de M. Muller, précédemment admis à faire valoir ses droits à la retraite.

Par décret en date du 31 janvier 1923 :

M. Graber (Abel), conservateur des Eaux et Forêts de 2o classe à Charleville, est nommé en la même qualité à Oran, en remplacement de M. Champsaur, admis à faire valoir ses droits à la retraite.

M. Risacher (Marie-Stanislas), conservateur des eaux et forêts de 3 classe, en mission temporaire auprès du haut commissariat de la République francaise dans les pays rhénans et non encore affecté, est nommé en la même qualité à Charleville, en remplacement de M. Graber, qui reçoit une autre destination.

M. Lambert (Gustave-Hippolyte). conservateur des Eaux et Forêts de 2o classe à Alençon, est nommé en la même qualité à Carcassonne, en remplacement de M. Laporte, admis à faire valoir ses droits à la retraite.

M. Crettiez (Jean-Mathias), inspecteur principal des Eaux et Forêts à Lyon, est nommé conservateur des Eaux et Forêts de 3 classe à Mâcon, en remplacement de M. Muller, admis à faire valoir ses droits à la retraite. M. Thiollier (Jean-Marie-Joseph), inspecteur principal des Eaux et Forêts, chef de section à la direction générale des Eaux et Forêts à Paris, est nommé conservateur des Eaux et Forêts de 3o classe à Alençon, en remplacement de M. Lambert, qui reçoit une autre destination.

M. Diéterlen (Louis-Christophe-Alfred), inspecteur principal des Eaux et Forêts à Strasbourg, est nommé conservateur des Eaux et Forêts de 3 classe à Strasbourg, en remplacement de M. Schlumberger, admis à faire valoir ses droits à la retraite.

M. Moniod (Charles-Frédéric), inspecteur principal des Eaux et Forêts à Alger, est nommé conservateur des Eaux et Forêts de 3 classe à Constantine, en remplacement de M. Demoyen, admis à faire valoir ses droits à la retraite.

Par arrêté du gouverneur général de l'Algérie en date du 23 janvier 1923 :

M. Legrand, garde général des Eaux et Forêts attaché à la direction des Forêts à Alger, est appelé au cantonnement de Khenchela, en remplacement de M. de Metz-Noblat, qui a reçu une autre destination.

M. Pécout, garde général, chef du cantonnement de Souk-Ahras (Sud), est appelé à la direction des Forêts à Alger, en remplacement de M. Legrand qui reçoit une autre destination.

Le Cérant J. COMBE.

IMPRIMERIE BERSER-LEVRAULT, NANCY-PARIS-STRASBOURG

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