Page images
PDF
EPUB

Le Potager eft prefque en face de l'Orangerie,à côté d'une gran. de Piece d'eau, appellée la Piece des Suiffes, qui le fépare du Mail auquel il eft paralelle.

Son étendue eft d'environ cent cinquante-fept toifes de long, fur cent trente-quatre de large. Ce grand efpace eft diftribué ou par. tagé en trente-quatre Jardins féparez par des murs, dans lesquels il y a des portes de communication ; & parmi ce grand nombre de compartimens il y en a un plus grand que les autres qui a environ cent toifes de long fur quatrevingt-quatre toifes de large, au milieu duquel il y a un rondeau de vingt toifes, bordé d'un cordon de gazon.

Chaque Jardin eft exposé au Soleil de la maniere qui convient le mieux à l'efpece d'arbres fruitiers à laquelle il est destiné ; & par une méthode dont on ne s'étoit pas en

core avifé, la Quintinie a rendu, pour ainfi dire, le Soleil docile, & a donné à chaque Jardin le dégré de chaleur qui lui étoit néceffaire. Ils ont chacun un petit baffin pour l'arrofer, & une terraffe fous laquelle il y a des terceaux qui fervent de ferre pendant l'hiver.

La principale porte, c'est.à-dire celle par où le Roi entre quand il y va, eft au milieu d'une allée fort longue qui borde prefque la Piece des Suifles, & qui est aussi paralelle au Mail. En parlant du grand Canal, je crois avoir fait obferver qu'il eft traversé par un Canal qui eft moins long que le premier, & au bout duquel eft d'un côté la Ménagerie; & de l'autre, Trianon.

LA

LA MENAGERIE.

Q

UOIQUE la Ménagerie foit une Maison de campagne qui femble uniquement destinée à nourrir des Animaux, elle ne laiffe pas d'avoir des Appartemens bien entendus & d'une grande magnificence dans lefquels une grande Princeffe alloit fouvent goûter les plaifirs de la campagne & de la folitude.

L'on y arrive par une grande avenue d'arbres, & on entre dans une cour qui conduit dans une autre, où l'on trouve un Dôme de figure octogone, au milieu duquel il y a une rampe de quelques degrez qui est ornée de deux grandes Urnes de marbre fculptées par Jouvenet.

L'on monte par cet efcalier fur un palier qui conduit à deux magnifiques Appartemens, & à Tome II.

I

un beau Salon qui eft au milieu. Ces deux Appartemens étoient pour Madame la Dauphine; l'un pour l'été, & l'autre pour l'hiver. Celui d'été eft à main droite & eft compofé de cinq pieces, toutes peintes avec le dernier foin d'après d'excellens deffeins, fous la conduite d'Audran Peintre habile.

On voit dans ces chambres quantité de petits Tableaux. Dans la premiere il y a fix payïsages, fça. voir un de Spheyman, deux d'Al. legrain, deux de Coffio, & un au tre de Spheyman.

Dans la feconde il y en a dix qui repréfentent tous des jeux d'enfans. Le premier eft de Chriftophle, le fecond de Saint-Paul, le troifiéme de Bertin, le quatriéme de Christophle, le cinquième de Dedieu, le fixiéme de Bertin, le feptiéme de Haley, le huitiéme de Parfon le neuvième de Ha

ley, & le dixiéme de Saint-Paul. Dans la troifiéme Piéce il n'y a point de Tableaux, ce font les ornemens du monde les plus riches, les plus magnifiques, & où il regne le plus de goût. La cinquié me eft auffi peinte de même.

Dans la quatriéme il y a deux Tableaux, dont l'un repréfente Arion jouant de la Lyre, & porté par un Dauphin. Ce Tableau est tout gracieux. On eft fur tout charmé de l'élégance du deffein, & de l'harmonie des couleurs. Il eft de Sylveftre le jeune; il a un pied fix pouces de haut de haut, fur un pied dix pouces & demi de large. Celui qui eft vis-à-vis repréfente Orphée. Il eft de Colombel, & a les mêmes dimenfions que le précédent.

L'Appartement qui eft à main gauche eft compofé de la même quantité de pieces, & peint dans le même goût que le précédent.

« PreviousContinue »