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noient au même état et que leur timidité auroit pu en éloigner.

Il y a quelque diversité dans ce que l'on rapporte de sa manière habituelle de parler. L'évêque Burnet dit: « G. Penn étoit un homme vain et causeur. Il avoit une telle opinion de son éloquence, qu'il croyoit impossible d'y résister; mais il étoit seul de son opinion; car il avoit une manière de parler ennuyeuse et doucereuse, plus propre à lasser la patience, qu'à subjuguer la raison. >> D'un autre côté, on cite des autorités qui le représentoient comme étant du plus aimable commerce, et entr'autres Swift, qui assure que « Penn parloit fort agréablement et avec beaucoup de feu.»

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Il avoit de la sensibilité, et étoit si connu par sa bienfaisance, qu'à Ruhscomb, sa dernière demeure, les pauvres, l'envisageant comme leur père, donnoient son uom à leurs enfans pour en perpétuer le souvenir. Il paroît qu'il aimoit aussi à encourager les entreprises utiles. On rapporte que lorsque l'on publia en 1690 une Histoire de la Bible, à l'imitation de celle de Royaumont, il voulut faire les frais de l'une des gravures dont elle devoit être enrichie; qu'il choisit pour sujet la parabole des talens; et qu'il en donna le dessein.

Bon mari, bon père, bon chrétien, bon patriote, sage législateur, administrateur éclairé, ami des pauvres, tuteur des sauvages sans défense, il fonda sa vertu sur la piété et sur le commerce intime avec Dieu, que, dans les principes de sa secte, il envisageoit comme une sorte de révélatiou du cœur.

VOYAGES.

TRACTS HISTORICAL, etc. C'est-à-dire, Traités historiques et statistiques sur l'Inde; Journaux de plusieurs voyages en différentes parties de cette péninsule; et Lettres sur l'isle de Sumatra; par Benj. HEYNE, D. M., de la Société asiatique de Calcutta; ornés de cartes et de gravures, Londres 1814, un vol. in-4.o de 450 pages. Quatrième et dernier extrait. Voy. p. 300 du vol. précéd.)

UN des vices dont les Malais sont accusés est la paresse et l'indolence. A cet égard encore, je crois qu'on aggrave leurs torts.

Dans les climats froids, c'est tout ce qu'un homme peut faire, que de gagner par son travail de quoi se nourrir, lui et sa famille. Il en est tout autrement dans cet heureux pays, où les besoins sont en moindre nombre, et où la nature est prodigue des moyens d'y satisfaire. La femme d'un Malais, qui est la personne la plus active de la famille, peut seule, en se livrant à la pêche ou à quelque autre travail facile, procurer du riz à tous les individus qui la composent. Les légumes et les épiceries les plus exquises croissent spontanément autour de leurs habitations; ils ont de la volaille pour les jours de fête, et le gibier est à leur portée; en sorte que le maître de la maison peut jouir du repos, et hasarder au jeu sa plantation de poivre, sans que sa famille soit fort en souffrance. Si une femme n'entend pas le ménage, le mari en prend une seconde ou une troisième, qui font le travail de la maison et qui lui don

nent des fils et des filles; celles-ci sont pour leur père une source de richesse, et par cette raison fort bien traitées.

Ceux qui ont séjourné chez les Malais, conviennent qu'ils s'attachent quelquefois aux étrangers et sont capables d'amitié; ce que l'on n'oseroit pas affirmer des Indiens de l'ouest.

Les Malais sont polis envers les étrangers; mais ils aiment l'indépendance, et ne supportent pas une domination hautaine. Ils sont d'ailleurs très-superstitieux. Vindicatifs au dernier point pour les outrages faits en face, ils consentent, à ce qu'on assure, à fermer les yeux sur certains commerces secrets dont il leur revient du profit, et font taire leur jalousie. En d'autres circonstances, ils n'hésitent point à employer, sous le voile de l'amitié, le poignard ou le poison. Les offenses que l'on a reçues ne se pardonnent jamais, et la vengeance se transmet de père en fils, comme un legs sacré. J'ai vu toutefois qu'à Bencoolen, les habitans de tout rang, à l'exception du résident, paroissent vivre entr'eux sans défiance. Plusieurs, dans le reste du pays, sont au milieu des Malais sans éprouver la moindre crainte; et je ne crois pas qu'il y aît un seul exemple d'assassinat, sans qu'il aît été provoqué par des torts trop réels.

Les Malais sont représentés par les uns comme un peuple guerrier, par d'autres comme des lâches. A en juger par leur penchant à faire usage de l'assassinat et du poison, ainsi que par le besoin qu'ils ont de s'exciter au combat en s'enivrant d'opium, on est porté à croire qu'ils manquent naturellement de courage. Cependant les Hollandais, dans leur premier établissement en orient, concurent pour leur bravoure beaucoup d'estime.

Il y a certainement, dans le caractère malais, beaucoup de choses qui semblent se contredire; mais il y en a bien davantage dans l'idée que les étrangers s'en sont faite.

(Indépendamment des remarques de l'auteur sur les Malais, on trouve, dans ses lettres sur Sumatra, plusieurs observations intéressantes. Quelques-unes appar tiennent à l'histoire naturelle et ne peuvent trouver place dans cette section de notre recueil. Nous allons extraire rapidement celles d'un autre genre).

Sumatra est appelée Andelo par les habitans. C'est une isle en général fertile et populeuse, quoiqu'il s'y trouve des parties marécageuses et désertes.

Une chaîne de montagnes la traverse et la divise en deux parties presque égales, dont chacune n'a pas plus de soixante milles de largeur.

Vue de la mer, cette isle est d'une richesse et d'une beauté difficile à décrire. De hautes montagnes, s'élèvent à distances inégales, les unes à la suite des autres; leurs sommets nuageux et leurs flancs verdoyans présentent un imposant spectacle. Au pied des montagnes une plaine ondoyante, interrompue çà et là par de petites hauteurs, et revêtue d'une forêt de palmiers dans toute son étendue et jusques sur le sable battu des flots, ajoutent à la magnificence du tableau. Le comparer au plus riche tapis, à un paysage d'imagination brillant des plus vives couleurs, seroit en quelque sorte le dégrader.

Les chaînes de montagnes commencent, du côté où je les vois (1), à environ vingt milles du rivage, et s'élèvent brusquement à une grande hauteur. En d'autres endroits, elles sont moins éloignées de la mer.

Quelques-unes portent leurs têtes isolées, coiffées de nuages, au-dessus du reste de la chaîne ; telle est le fameux Pain de sucre, qui surpasse la plupart des sommets rivaux qui l'entourent. C'est la plus haute pointe du district de Bencoolen; j'estime qu'elle n'a pas moins de 4000 pieds. Un de mes amis, le capitaine Daldorf, le gravit il y a quelques années, sans se soucier des

(1) Cette lettre est écrite en mer le 30 mars 1812.

dangers dont on le menaçoit. J'espère que sa mort prématurée ne privera pas le public de la relation de cette intéressante entreprise.

A seize milles un peu plus à l'est du fort Marlborough, est un volcan, d'où sortent fréquemment des flammes, et presque toujours de la fumée. Pendant mon court séjour, je fus témoin d'une éruption, mais assez peu considérable. Le temps, avant et après, fut variable et orageux. Le tonnerre, la pluie et la tempête sur venoient au moment où on les attendoit le moins; il y eut même quelques secousses assez vives de tremblement de terre. Les habitans de Bencoolen ne les redoutent nullement, parce qu'elles sont très-fréquentes et qu'ils n'ont jamais vu qu'elles eussent des suites funestes. Outre ce volcan, qui n'est pas considérable, il y en a trois autres dans l'isle, qui jettent du soufre et de la lave en abondance.

La partie basse de l'isle va en s'élevant graduellement, et avec des ondulations, du rivage aux montagnes. En l'examinant de plus près, nous vimes que les hauteurs étoient entrecoupées d'étroites vallées, formées par des torrens, qui tombent des montagnes pendant les longues et abondantes pluies de la mousson. Ce sont alors de véritables fleuves, qui balayent tout ce qu'ils trouvent sur leur passage. J'ai vu, sur la côte d'Orissa, des tigres et des troupeaux entiers de gros bétail emportés de la sorte, avec des arbres d'une énorme grosseur.

Dans presque toutes ces vallées il y a abondance d'eau, que l'on pourroit rendre utile, si le pays étoit mieux cultivé. Dans l'état actuel de leur industrie à cet égard, les habitans comptent sur la pluie, qui en toute saison manque rarement dans des orages de nuit.

Le climat paroît doux et salubre. Les changemens de température n'y sont pas si grands et si soudains qu'en certaines parties de l'Inde. La brise de mer tempère la chaleur du jour; elle se lève vers les neuf heu

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