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Ces trois divisions du Mémorial nouveau, quoique corrélatives et presqu'inséparables pour l'usage, seront cependant imprimées séparément. Les abonnés actuels pourront ne souscrire que pour une ou pour deux des trois parties, à leur choix. Mais eux seuls jouiront de cette faveur; et l'on ne recevra de souscription d'autres, qu'elle ne soit pour le corps entier du Mémorial.

Chaque livraison sera de 400 à 450 pages; même format, même caractère et même papier que le Mémorial actuel. - Prix, chacune six francs, rendue aux abonnés partout franc de port. On acquittera, en souscrivant, le prix de la souscription.

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(114) FORÊTS DU MONT-TONNERRE. Du terrain et de la roche qui composent le Mont-Tonnerre. (Chap. VI du Mémoire de M. Lintz.)

« L'élévation considérable qui distingue cette montagne suffit pour l'admettre au rang des montagnes primitives, quoique sa formation paraisse plus récente que celle du granit et de ces grandes masses de porphyre qu'on trouve dans les montagnes de la Thuringe.

» La roche dont elle est composée est sans doute celle que Linné appelle saxum metalliferum; c'est une espèce de porphyre nommé graustein par les minéralogistes allemands.

La définition qu'en donne M. de Born, et après lui M. Voigt, dans son intéressant ouvrage intitulé: Praktische Gebirskunde, convient également à celle du Mont-Tonnerre.

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Quantité de petits cristaux de mica noir et de quartz grisâtre paraissent sur la surface des tions de roche que le tems a détachées. Elle n'est ni schisteuse, ni feuilletée, mais composée d'une pâte homogène et uniforme, et se présente toujours en masses énormes et en rochers hérissés de différentes formes.

» Les débris qu'on en trouve sur celle montagne, surtout dans les districts dits Schatzgrube et Geisenritsch, où l'exploitation d'une mine a eu lieu autrefois, ressemblent à un émail ou à une porcelaine blanche. Exposée à un degré de feu violent, cette pierre devient vitreuse et sa couleur verdâtre. Les petits cristaux de mica noir, qui y sont si fréquemment imprimés, offrent toujours à l'œil la forme primitive et prismatique. Voyez le Traité de Minéralogie du célèbre Haüy, volume III, page 311.

» Les taches noirâtres qu'on y rencontre ont la forme d'une boule noire métallique feuilletée de quatre centimètres et plus de diamètre. A en juger par le habitus, ce métal peut être rangé à côté du fer ou du manganèse, et je ne doute pas qu'il ne soit de l'oxyde de manganèse. Sa pesanteur spécifique qui est 4,05, d'après la balance

hydrostatique de Nicholson, paraît l'indiquer. Sa

tache est noiré.

On rencontre au pied du Mont-Tonnerre une pierre d'une formation bien plus récente que la précédente; on peut aisément se convaincre qu'elle doit son existence entière aux débris de la première. En effet, sa masse n'est qu'un assemblage informe de portioncules détachées que les secousses de quelques grandes révolutions ont déposées, et que les eaux et ensuite la main du temps ont reformé à l'aide de l'argile qui les unit. On y distingue_très-facilement la pierre primitive du Mont-Tonnerre; sa cassure, sa surface, tout l'y fait reconnaître; elle est d'ailleurs très-friable, sans grande consistance ni solidité, ce qui lui vient de son hétérogénité. Il faut que l'agent qui a produit cet étonnant résultat soit bien puissant, et ses moyens bien inva riables; car c'est partout le même arrangement, le même ordre et les mêmes effets.

On ne doute guère que cet agent ne soit la mer qui, sans doute, a séjourné là; les débris sans nombre d'animaux marins qu'on y rencontre l'altestent assez, et l'arrangement même des parties de cette pierre l'indique.

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Quant aux roches cornéennes, c'est-à-dire, le trapp et celle amygdaloïde à globules calcaires, qui font effervescence avec l'acide nitrique, et qu'on trouve presque toujours ici dans une position plus basse que le sable et la pierre calcaire, mais qu'on ne voit nulle part au niveau de la roche primitive du Mont-Tonnerre, je crois que ces roches ont été formées bien avant les couches supérieures qui les couvrent, et qui sont sans

contredit d'une création plus récente; mais l'époque depuis laquelle elles font partie de la surface de notre terre, n'est cependant pas aussi reculée que celle de la pierre primitive du MontTonnerre; ce qui ferait alors trois créations différentes.

» Ces roches de trapp et amygdaloïde (le mandelstein des Allemands) sont, je le présume, de la même époque, et ont été formées en même temps que les roches du même nom qu'on trouve près d'Oberstein; car elles se ressemblent parfaitement, et leurs caractères extérieurs ne présentent aucune différence; leur position ne s'oppose point non plus à cette hypothèse.

» En classant la roche du Mont-Tonnerre dans les rangs des porphyres, il ne faut cependant pas la confondre avec celle que M. Færber a trouvée près de Morsfeld. J'ai vu dans sa couche la roche dont parle ce minéralogue, qui, quant aux caractères oryctognastiques, ressemble à celle du Mont-Tonnerre; mais le manque de cristaux de mica, et la position horizontale et schisteuse de ces pierres qui reposent sur le trapp, annoncent déjà un agrégat formé plus récemment par l'eau. Elle ne peut donc être considérée que comme une roche reformée des débris du MontTonnerre; et il en est de même des autres pierres du même ordre qu'on trouve du côté d'Orbis, où on exploitait autrefois du mercure, et sur lesquelles repose une couche calcaire.

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J'ai comparé les pesanteurs spécifiques de la roche primitive du Mont-Tonnerre et de celle secondaire dont je parle, et j'ai trouvé que la

première est à la seconde, comme 1 à 2, ce qui démontre que les parties de la dernière ont obéi aux lois de l'attraction, sans avoir été troublées par quelque mouvement rapide, qui, en opérant l'agrégat par la réunion trop accélérée des parties intégrantes, ne lui aurait sûrement pas permis cette intimité, ce compact qu'on lui

trouve.

>> Le fond du terrain qui sert à la végétation est presque partout bien mêlé de terre végétale à la profondeur de 2, 4 jusqu'à 8 pieds, et on peut dire qu'en général le sol du Mont-Tonnerre est très-favorable à la culture des arbres.... il y a quelques parties peu considérables qui peuvent être envisagées comme mauvaises.

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Quant aux districts de Sandkauth, Heidesheimer Waldchen, Anertswald, et à la petite forêt de pins dite Wolfsæcker, qui sont, comme je l'ai déjà dit, séparés du Mont-Tonnerre par leur position, le terrain y est aussi d'une toute autre nature que celui du Mont-Tonnerre; c'est une couche secondaire de sable mêlé de terre glaise et de peu de terre végétale.

>>

C'est sans doute aussi à ce changement de sol qu'il faut attribuer la cause qui a fait varier non seulement les essences de bois, mais encore leur accroissement; et ce changement subit qu'on éprouve en quittant le Mont - Tonnerre, est très-frappant. C'est sans doute la meilleure preuve qu'on puisse donner de l'influence du sol sur le bois et sa culture.

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