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5o A faire fouiller la terre quand le feu a pris dans des bruyères, et à la jeter sur la bruyère enflammée, et même sans attendre qu'elle le soit. Si la bruyère brûle, cette terre étouffe le feu; et si le feu n'a pas encore atteint l'endroit qu'on fouille, la tranchée que l'on forme en arrête la commu

nication (1);

6o On peut aussi dans ce dernier cas, c'est-à-dire quand le feu est dans un canton qui n'est couvert que de bruyères ou de petits arbustes, et quand on ne peut pas se procurer de l'eau, éteindre le feu en frappant dessus avec des poignées de houssines, et en enlevant les herbes avec le râteau. On a vu employer avec un succès très-prompt ce moyen, dans un incendie violent qui avait éclaté dans la forêt de Bruhl près Cologne, il y a une douzaine d'années. Quelques femmes et les enfans

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(1) Ces divers moyens, qui tendent à arrêter la communication du feu, prouvent l'excellence d'un avis donné par Duhamel. Il conseille, lorsqu'on plante un bois, de le couper par des routes de quatre à cinq toises de largeur. Indépendamment de la commodité dont elles se»raient pour l'exploitation des bois, ce serait, dit-il, for» mer d'avance des tranchées qui serviraient efficacement » á arrêter les progrès des incendies; outre qu'on se mé>>nage des cheinins pour tirer les bois, des allées pour la promenade, et des routes pour la chasse. »

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On objectera peut-être au conseil de cet auteur, que ce serait diminuer l'étendue des plantations, et par conséquent la masse des produits à venir. Il est facile de détruire cette objection, en faisant remarquer que les forêts convenablement percées par des chemins et des allées, sont mieux aérées, qu'elles produisent du bois meilleur, et en plus grande quantité sur les bords des chemins que dans le fond des massifs; et qu'en dernier résultat, même sans avoir égard aux vues de Duhamel, l'avantage serait toujours pour les forêts divisées par des routes.

de deux ou trois petits villages suffirent pour éteindre ce feu, qui s'étendait déjà sur une surface de plusieurs hectares. C'est encore le moyen qu'on a employé très-avantageusement dans le dernier incendie de la forêt de Fontainebleau.

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7° M. d'Ourches, qui a publié un ouvrage sur les forêts, fait mention d'un moyen singulier que l'on emploie dans le département de la Gironde, où il y a de grandes forêts de pins, lorsque le feu y prend. « Les habitans, dit-il, portent le feu exprès dans un canton voisin de l'incendie, et » l'allument le plus près possible; ce qui est fort » aisé, vu que le bois résineux est très-combus»tible. Alors il s'établit entre les deux foyers une >> attraction qui ramène toutes les flammes au » centre, et dès le moment que la communication » est établie, l'incendie cesse dans la circonfé>>rence. » Ce moyen paraît trop dangereux pour le recommander. La plus légère circonstance pourrait en faire manquer l'effet, el occasionner un double incendie.

Quand on est parvenu, n'importe par quel moyen, à éteindre un incendie, on doit faire veiller sur les lieux, pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, surtout si, comme cela arrive assez souvent, on aperçoit encore du feu par-ci par-là, et recommander aux gens préposés à cette garde, de parcourir non seulement les endroits incendiés, mais encore ceux des environs qui se trouveraient sous le vent, afin d'étouffer, avec de la terre ou autrement, le feu qui se rallumerait, ou les flammèches qui auraient été emportées dans les cantons voisins.

Les gardes ou les agens forestiers doivent, aussitôt après l'événement, faire connaître par un

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procès-verbal, le moment où le feu a commencé; les moyens employés pour l'éteindre; les communes ou les particuliers qui se sont présentés pour porter des secours, et ceux qui, en étant requis, s'en sont dispensés; l'étendue des endroits incendiés; les dommages occasionnés par le feu; les causes probables ou connues de l'incendie; les noms bien exacts des incendiaires, si on les a découverts, pour les poursuivre suivant la rigueur des lois (1); enfin toutes les circonstances particulières de cet événement, et les mesures à prendre tant pour en éviter le retour, que pour remettre promptement en bois les parties où les flammes ont passé.

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Lorsqu'on est parvenu à éteindre le feu dans » une forêt, dit Duhamel, il faut abattre tous les » troncs rôtis qui n'ont point été consumés par le feu, et couper les souches à fleur de terre: très» souvent ces bois repoussent mieux que s'ils » avaient été abattus à l'ordinaire et en bonne » saison (2).

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Je crois, ajoute-t-il, qu'on ferait bien, dans » l'hiver suivant, de répandre des semences d'ar

(1) Il faut observer que l'incendie dans les forêts et bois taillis, lorsqu'il est commis par malice ou vengeance, et à dessein de nuire à autrui, est puni de mort suivant l'article 32 de la 2 section du titre 1er du Code pénal des 25 septembre 6 octobre 1791. Si les officiers forestiers acquièrent la connaissance d'un tel crime, ils sont tenus d'en faire la dénonciation officielle au substitut du procureur général impérial, conformément à l'article 83 du Code des délits et des peines. (Extrait du Traité des délits et des peines en matière d'Eaux et Forêts, par M. Dralet.) (2) Ceci ne serait point exact pour les bois résineux qui ne repoussent point de souche; il faut absolument les extirper, et procéder à un ensemencement général.

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bres dans les clairières: elles y réussiraient d'au» tant mieux, que les mauvaises herbes auraient » été détruites par le feu, et que la terre serait » amendée les cendres qu'elles auraient produites; ce qui revient à l'esprit de l'ordonnance qui veut que les charbonniers soient tenus de repeupler les places qu'occupaient les four

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»neaux. »

par

Le conseil que donne ici le premier de nos auteurs forestiers, a été suivi dans les brûlis de la forêt d'Orléans, où les semis ont eu un succès digieux.

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Les incendies considérables arrivés pendant l'an 11 dans l'étendue de la forêt d'Orléans avaient jeté l'effroi, et fait croire à ceux qui ne connaissaient pas les lieux, que le gouvernement en avait éprouvé une perte réelle. Mais il paraît qué cet accident a tourné au profit de la chose, et qu'il en est résulté en définitif qu'on est parvenu à planter des terrains peu garnis, et, ce qui est extrêmement intéressant, à acquérir une expérience qui peut procurer à peu de frais le repeuplement d'une grande partie de cette forêt, dont la bruyère seule est restée la maîtresse.

Entre autres parties incendiées où les gardes ont fait des semis de bouleau, et qui présentent une quantité considérable de beaux plants, il y a quelques cantons d'une contenance totale d'environ soixante-treize hectares dont le terrain est de mauvaise qualité, et où cependant les semis ont

obtenu un succès étonnant.

Les semences de bouleau qui y ont été jetées. avec profusion, ont produit des millions de plants dont on peut disposer pour planter les endroits vagues de la forêt, outre les quantités considéra

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bles qu'on en a déjà tirées pour le même usage. Pour donner une idée de la force de la végétation de ces semis, il suffira de dire qu'on a trouvé des plants qui, quoique n'ayant que deux ans, avaient depuis 2 mètres jusqu'à 2 mètres et demi de hauteur, et de 13 à 14 centimètres au pied; on en a même vu qui étaient déjà trop forts pour être d'une transplantation facile.

En l'an 14, l'administration a, pour utiliser une partie de ces semis, ordonné la plantation de cent cinquante hectares de terrains de la forêt d'Orléans, qui ne sont garnis que de bruyères, de genêts, d'épines et de génévriers. Deux modes ont été arrêtés pour l'exécution de cette plantation : il ne sera pas inutile de les faire connaître ici, parce qu'ils peuvent être avantageusement suivis dans plusieurs localités, et qu'ils sont simples et économiques.

PREMIER MODE.-PLANTATION A LA PIOCHE.

Conditions arrétées pour cette plantation.

Les plants seront extraits des brûlis de la forêt, et pourront être employés depuis le commencement de l'époque des plantations jusqu'au 1er avril; ils auront au moins 3 centimètres de tour, et seront placés par alignement à la distance d'un mètre 33 centimètres les uns des autres.

La plantation se fera en levant un gazon, ou la croûte qui recouvre la terre, de la largeur et longueur d'une pioche. Dans cet endroit découvert, L'ouvrier enfoncera la pioche, le plus perpendiculairement possible, jusqu'au manche devant cette pioche, pesera sur le manche, et placera le plant

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