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se convaincre qu'à circonstances égales du terrain, de la situation et du climat, tout taillis exploité pendant la sève produira du plus beau bois que s'il était coupé avant ou après.

» Feu M. Keppler, Maître des forêts à Ostheim en Saxe, a le premier fixé l'attention des forestiers allemands sur cette déviation de la coutume ordinaire d'exploiter les taillis.

J'ai vu, dit l'auteur des Dissertations, les forêts administrées par M. Keppler, et j'ai eu la satisfaction de me convaincre qu'elles sout non seulement parfaitement entretenues, mais aussi que l'état excellent qui fait distinguer les taillis, doit être en partie attribué aux coupes faites pendant la grande ascension de la sève (1).

» Une des raisons par lesquelles ces coupes prospèrent mieux que les autres, c'est que les souches des bois coupés avant celte époque élant exposées à la rigueur de la saison, leur superficie s'endurcit et rend plus difficile le passage de la sève qui doit ramollir l'écorce et la rendre propre à la reproduction des pousses; au lieu que si les bois sont coupés pendant la sève, elle n'est point empêchée de seconder les fonctions. reproductives d'une végétation vigoureuse.

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Que la coupe, continue M. Lintz, se fasse même quelque temps plus tard, et lorsque les premières feuilles sont écloses, l'observation nous prouve que ce retard, pourvu qu'il ne se pro

(1) Tout ce qui vient d'être dit sur les coupes faites pendant la sève, ne doit être rapporté qu'aux pays froids, comme sont ceux que j'ai cités; quant à l'application qu'on en peut faire dans les forêts d'un climat plus chaud, il faut se guider d'après les expériences faites sur les lieux mêmes. (Note de M. Lintz.)

longe pas au-delà de la seconde sève (qui s'opère vers la fin du mois de juillet), ne fait aucun mal aux bois d'essarts; car il ne s'agit que de faire sortir les boutons de la jeune pousse de cette année; les jets mêmes en sont détruits, comme on verra plus bas, et ne peuvent pas être conservés. >>

Cette question nous conduit à rapporter l'opinion de Duhamel sur la saison à laquelle il convient d'abattre les arbres par rapport à la qualité du bois. Il a fait de nombreuses expériences pour s'assurer si l'usage où l'on est de les abattre en hiver était fondé sur les principes de la saine physique. Les résultats de ses expériences sont: 1o qu'il y a au moins autant de sève dans les arbres en hiver qu'en été.

2o Qu'il n'est pas sûr que pour conserver au bois sa bonne qualité, il soit plus avantageux de le dessécher le plus promptement qu'il est possible.

30 Que c'est dans le printemps et en été que . les arbres se dessèchent le plus promptement.

4o Que les arbres abattus pendant l'hiver se sont trouvés un peu plus pesans après qu'ils ont été secs, que ceux qui avaient été abattus en élé; mais que cette différence est peu considérable.

5o Que l'aubier des bois abattus en été s'est mieux conservé que celui des arbres qui avaient été abattus en hiver.

60 Que tous ces bois, après avoir été exami nés dans leur rupture, ont paru avoir à peu près une force pareille.

70 Que la pourriture a affecté à peu près également les bois abattus dans toutes les saisons de l'année.

8° Que les bois qui avaient été abattus au printemps et en été, n'étaient guères plus gercés que les autres.

Il suit de ces résultats qu'il n'y a, quant à la qualité du bois, aucun inconvénient à abattre en été. Mais, ajoute Duhamel, nous mettons à l'écart l'inconvénient des fentes, et le dommage qu'on pourrait faire à la souche. « L'usage, dit-il ensuite, d'abattre les arbres pendant l'hiver, n'est pas généralement suivi. Je sais que les Hollandais font des coupes considérables en été préférablement à l'hiver: ils disent que la sève des arbres coupés en été se dissipe plus promptement, et que leurs bois se trouvent plutôt en état d'être employés, ou qu'ils sont du moinsen état d'être assemblés en trains pour pouvoir les voiturer à flot. »

Puis il rapporte que, dans le royaume de Naples et en plusieurs lieux d'Italie, on coupe les arbres des forêts en juillet et en août, préférablement à tous les autres mois, et qu'on l'a assuré que ces bois étaient d'une longue durée, et que des vaisseaux construils en celle saison étaient encore, après vingt-cinq ans de construction, très-sains et sans apparence de pourriture. Il cite enfin la Catalogne et le Roussillon où les paysans coupaient leurs chênes en juillet et août, dans la persuasion que leur bois en était meilleur.

Comme on le voit, le célèbre auteur des plus belles expériences faites sur les bois, ne pensait pas qu'on dût exploiter les arbres en hiver plutôt qu'en été. Mais comme il n'a parlé que des futaies dont les souches ne donnent point de recru, et que ses expériences n'ont eu pour objet que de comparer les qualités des bois abattus en diverses saisons, et destinés aux constructions, on ne peut pas en conclure qu'il soit indifférent de couper les taillis en élé ou en hiver. Cette dernière époque, qui est celle prescrite par l'ordonnance, est sans contre.

dit la seule convenable, non seulement sous le rapport de la reproduction, mais encore sous celui de la qualité du bois pour le chauffage. M. Hartig a prouvé, par ses expériences sur la combustibilité des bois, que le bois coupé en sève produit à la combustion un effet d'un huitième moindre que le bois coupé hors sève. Ainsi, sous tous les rapports, il paraîtrait qu'on ne doit pas s'écarier de la règle ordinaire établie pour la coupe des taillis.

M. Lintz attribue encore la prompte croissance des essarts à une autre cause que celle de leur coupe en pleine sève. Il place cette cause dans la manière dont on les écorce, et voici comme il s'explique :

« Une seconde raison, dit-il, à laquelle il faut attribuer la belle venue des bois d'essaris, c'est sans doute qu'en détachant l'écorce jusqu'au collet de la racine, il en résulte que les jeunes pousses sortent du corps même de la racine, et non pas de l'estoc.

» Cette manière d'écorcer les taillis ne peut être que très-avantageuse à leur conservation, et donne la démonstration pratique des coupes faites à fleur de terre.

» En effet, la reproduction par les racines n'est pas seulement plus puissante, mais encore les souches mères se conservent bien plus long-temps que dans les taillis où les coupes se font trop haut (1).

כן

Lorsque les arbres ne sont pas abattus à tire et aire, le dépérissement des estocs qui se manifeste

(1) Lorsqu'on examine les jets d'un vieux estoc chêne, on voit souvent que quelqu'un d'eux sortent du corps de l'estoc et les autres de la racine, mais on remarquera que ceux produits par la racine sont les plus vigoureux. (Note de M. Lintz.)

incessamment, se communique aux racines, et leur prépare une prochaine destruction.

» On rencontre souvent dans les taillis de vieilles souches qui ont produit de beaux jets, mais qu'on peut détacher et déraciner avec le moindre effort; la seule raison qu'on puisse en donner, c'est l'abattage fait trop haut.

:

»De là viennent ces grands vides qu'on ne rencontre malheureusement que trop souvent dans nos taillis, au lieu que le même accident n'a pas lieu dans ceux provenant des racines ici là jeune pousse se forme un nouveau centre d'attraction végétale qui produit de nouvelles racines capillaires. Il arrive de cette manière que dans une centaine d'années tous les estocs mères ont changé de place, semblables aux plantes rampantes, qui marquent chaque pas qu'elles font par une nouvelle preuve de leur fécondité.

>>En se tenant sévèrement aux instructions qui ordonnent de couper les taillis à rez de terre ; en y ajoutant celle de ne commencer l'abattage que pendant le printemps, à l'ascension de la sève, on parviendra le plus sûrement à faire disparaître les places vides, à améliorer l'état des taillis, et à assurer leur conservation.

>> Ce moyen est plus conforme à la nature que celui de recourir à un grand nombre d'arbres de réserve, qui nuisent autant aux coupes des taillis, qu'ils sont nécessaires dans les coupes serrées des futaies.

>>

Quelques laboureurs négligens, attachés aux anciennes habitudes, coupent les bois à un pied et plus de hauteur de la terre.

» Cet usage, fort mauvais en lui-même, ne peut cependant pas avoir des suites aussi pernicieuses pour

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