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ses écoles primaires à quelques membres de la cidevant Doctrine chrétienne, connus sous le nom de Frères ignorantins.

« Tous les enfans du peuple reçoivent par leurs soins les élémens de l'Ecriture, des leçons de Calcul, l'Enseignement religieux et moral.

« Les membres de la Doctrine chrétienne ne peuvent être considérés comme formant une corporation; ils sont simplement associés pour l'instruction gratuite de la jeunesse.

Quelques-uns de leurs confrères sont également chargés individuellement, et comme simples citoyens, des Ecoles gratuites de Reims, de Chartres et autres villes de France.

« On m'assure qu'ils font partout le même bien, que partout il s'opère un changement remarquable dans la subordination des enfans.

<< Mais les membres de la Doctrine chrétienne sont disséminés dans toute l'étendue de la France.

« Pour rendre leur institution utile et leurs services durables, il importe qu'ils aient un point central de réunion.

«Les Frères de la Doctrine chrétienne, rétablis sous le Gouvernement actuel, inspireraient à la génération naissante l'amour du Gouvernement et de son Chef. Les finances y gagneraient en ce que ces instituteurs se contentent du plus strict nécessaire, et que leur enseignement est gratuit. L'instruction des enfans ne pourrait qu'y gagner aussi, étant con

fiée à des maîtres entièrement consacrés à cette instruction et qui n'en sont point distraits par des soins de famille.

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D'après ces considérations, j'ai l'honneur de vous proposer, Citoyen premier Consul, de per'mettre aux Frères de la Doctrine chrétienne de fixer leur établissement dans la ville de Lyon où ils ont déjà des postulans.

«Son Eminence le Cardinal Archevêque de Lyon sollicite pour eux cette faveur, qu'ils regarderont comme un nouveau bienfait du Gouvernement et pour lequel ils conserveront la plus vive reconnais

sance.

<< Ils avaient leur Supérieur à Rome : j'ai fait observer que des hommes consacrés à l'éducation publique ne pourraient être dirigés par un Supérieur étranger, et qu'ils devaient avoir un Supérieur Général en France. Monsieur le Cardinal a senti la vérité de cette observation; en conséquence, il a rapporté la renonciation du Supérieur Général de Rome à toute inspection sur les Frères de la Doctrine chrétienne en France, et il a été convenu que ces Frères auraient un Supérieur Général qui résiderait à Lyon.

« Si vous approuvez le plan de l'institution, j'aurai l'honneur, Citoyen premier Consul, de vous présenter un projet de rapport. »>

Signé : PORTALIS.

Approuvé le 11 frimaire an XII (3 décembre 1803).

Le Premier Consul,

Signé BONAPARTE.

Par le premier Consul,

Le Secrétaire d'Etat,

Signé HUGUES B. MARET (1).

(1) Archives du département du Rhône.

primaire. Série T.

-

Fonds de l'instruction

Le « projet de rapport » annoncé par Portalis, avait sans doute pour but de faire approuver les statuts de l'Association des Frères des

Ecoles chrétiennes, après son rétablissement par la Décision du premier Consul.

CHAPITRE VI

--

DIFFICULTÉS SOULEVÉES PAR LE DÉCRET DU 3 MESSIDOR AN XII. ORGANISATION COMPLÈTE DES ÉCOLES MUNICIPALES DE LYON AVEC LE CONCOURS DES FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENnes et celui des SOEURS DE SAINT-CHARLES. ENVOI DES STATUTS DES FRÈRES MESURES PRISES PAR LA MUNICIPA

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AU MINISTRE DES CULTES.
LITE LYONNAISE POUR L'INSTALLATION DES FRÈRES.
TION OFFICIELLE DE LA DÉCISION CONSULAIRE.
FRERE FRUMENCE.

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La décision qu'on vient de lire fut transmise immédiatement au Cardinal Fesch à Rome. Mais sa notification officielle au Préfet du Rhône et au Corps Municipal de Lyon fut ajournée pendant plus de onze mois, et il importe d'expliquer les causes de ce retard, pour apprécier exactement la portée de l'acte souverain qui rendait aux Frères des Ecoles Chrétiennes le droit de former une « association pour « l'instruction gratuite de la jeunese. »>

Remarquons d'abord le soin avec lequel Portalis constate que « les membres de la Doctrine chré«tienne (1) ne peuvent être considérés comme for

(1) On a souvent substitué à la désignation des Ecoles chrétiennes, qui appartient aux disciples du Vénérable de la Salle, celle de la Doctrine chrétienne, propre aux doctrinaires ou religieux de César de Bus, dont les premiers supérieurs, ainsi que le remarque le savant Theiner, prirent par humilité le nom d'Ignorantins.

«mant une corporation. » Connaissant, mieux que personne, l'esprit ombrageux du Maître qu'il servait, le Conseiller d'Etat, chargé des Cultes, ne voulait pas qu'il pût confondre les Frères des Ecoles Chrétiennes avec les Pères de la Foi et autres << Associations religieuses illicites » qui allaient bientôt attirer sur elles les foudres impériales du trop fameux Décret du 3 messidor an XII. On sait avec quelle rigueur despotique le nouvel Empereur s'opposa aux tentatives de résurrection des Corporations ecclésiastiques, qu'il considérait comme « nuisibles à l'autorités des Evêques et au recrutement du Clergé séculier rétabli par le Concordat. » Il refusait d'ailleurs, en principe, à toute corporation, de quelque nature qu'elle fût, le droit de s'établir et d'exister sans l'autorisation préalable du Chef de l'Etat. « Le droit public de la France, disait Portalis, a toujours exigé, pour l'établissement des Ordres religieux, l'intervention et l'autorisation du magistrat politique. Cette intervention et cette autorisation se manifestaient autrefois par des Lettres patentes. Elles peuvent se manifester aujourd'hui sous une autre forme. Mais le principe sur la nécessité du consentement du Prince est toujours le même; et ce principe est commun à tous les Etats catholiques. »

L'éminent homme d'Etat se garda bien de laisser envelopper, dans cette mesure de proscription des Ordres religieux, les Associations charitables qu'il avait tant contribué à faire revivre.

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