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A. VA- appris neuf dans la converfation,

RILLAS,

La profeffion de fincerité, qu'il fait en plufieurs endroits de fes Ouvrages, avoit prévenu bien des perfonnes en fa faveur, Il paffoit pour un homme qui avoit découvert une infinité de fecrets hiftoriques, & pénetré quantité d'intrigues du cabinet. On étoit porté à le croire, à caufe des grands & nombreux recueils de manufcrits dont il parloit dans fes Préfaces, & dont il prétendoit avoir eu communication.

Tout cela lui a d'abord fait une grande reputation. On le lifoit avec empreffement; on fe l'arrachoit des mains, lorfque fes Hiftoires n'étoient encore qu'en manufcrits, Le Libraire eut un affez prompt débit de fes Hiftoires de France, quoiqu'il en eut fait prefque en même temps deux éditions en des formes differentes, Mais les Critiques qui parurent defabuferent le public, & l'on reconput que les Hiftoires anecdotes qu'il donnoit pour certaines, n'avoient d'autre fondement que fon imagi

nation,

On lût depuis fes Hiftoires avec

d'autres yeux; & on vit aifément A. VAqu'il mêle adroitement le vrai avec RILLAS. le faux, & qu'il les appuye de beaucoup de menfonges, par des citations affectées de titres, d'inftructions, de lettres, de memoires & de relations imaginaires.

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Il fe condamne lui-même en voulant fe juftifier de ce qu'il raconte differemment les mêmes faits dans differens ouvrages. Il avoue que dans les uns il s'eft fervi des Memoires de la Bibliotheque du Roy, qu'il regarde comme les plus fûrs, & que dans les autres il a fuivi des Memoires qui lui ont été communiquez d'ailleurs, qu'il n'ofe préferer aux précedens. Il rapporte neanmoins ce que difent les uns & les autres quelque oppofez qu'ils foient dans leur recit, pour fatisfaire, dit-il, la curiofité de fes Lecteurs. Comme fi de deux manieres de raconter le même fait, il n'y en avoit pas une préferable à l'autre, lorfqu'elle eft appuyée fur des actes plus autentiques.

Il est tombé dans un nombre infini de fautes de Chronologie; ce qui n'eft qu'une fuite de la methode

A. VA- qu'il a fuivie en compofant fes Hif RILLAS. toires. Elle a quelque chofe de fi fingulier, qu'elle merite d'être rapportée. On y verra fon peu d'exactitude.

Il avoit lû dans fa jeuneffe un fi grand nombre de livres manufcrits, dont l'écriture étoit difficile à déchiffrer, qu'il en avoit perdu la vûe. On la retablit à force de remedes; mais elle demeura fi foible, qu'il ne pou voit lire qu'au grand jour, ainfi dès que le Soleil baiffoit, il fermoit fes livres & s'abandonnoit à la compofition de fes ouvrages. Il ne travailloit alors que de memoire, & quelque fûre que fût la fienne, il étoit impoffible, qu'elle lui reprefentât fidelement les divers évenemens dont il pouvoit avoir befoin, avec toutes leurs circonftances, & encore moins les dates des temps où ils étoient arrivez. Cependant dès le lendemain, fans aucune confrontation, il dictoit à celui qui vouloit bien écrire fous lui ce qu'il avoit ainfi digeré en lui-même. Quelle exactitude peuton efperer d'un Auteur, qui fe met i peu en peine de verifier ce qu'il

avance,

Comme il avoit deffein de plaire A. VAà fes Lecteurs plutôt que de les inf- RILLAS. truire, il leur met devant les yeux des portraits affez travaillez, où il caracterife fes perfonnages comme s'il avoit vêcu familierement avec eux, & rend raifon de leurs démarches, comme s'il avoit été de leurs confeils. Il avance & fuppofe avec affurance en bien des endroits des choles qui n'ont tout au plus que de la vrai-femblance. La politique qui regne dans tous fes ouvrages eft outrée; tout eft chez lui un deffein premedité, tous les évenemens viennent de caufes confiderables; ce qui eft contraire à la verité & à l'experience.

V. Le Long Bibliotheque Hiftorique de la France.

OTTAVIO FERRARI.

TTAVIO Ferrari nâquit à OTTAVI Milan le 20. Mai 1607, d'une FERRAR famille noble. Son pere étant mort, lorfqu'il n'avoit encore que qua tre ans, son oncle paternel Fran

OT. FER- çois Bernardin Ferrari, que fes écrits ont rendu celebre, le prit chez fui, & eut foin de fon éducation.

RARI.

Il fit fes études dans le College Ambroisien. Après fon cours de Philofophie & de Theologie, il fe livra tout entier aux belles lettres, dans lefquelles il fit des progrez fi confiderables, que le Cardinal Frederic Borromée en conçut de l'eftime & de l'affection pour lui, & lui procura une chaire de Rhetorique dans ce College, quoiqu'il n'eut encore que vingt-un ans.

Six ans après, c'eft-à-dire en 1634la Republique de Venife l'attira à Padoue, pour enfeigner dans l'Univerfité de cette Ville, l'Eloquence, la Politique, & la langue Grecque, Cette Univerfité étoit fort déchue de ce qu'elle avoit été autrefois, mais il luí rendit par fes foins fon premier luftre; la Republique l'en recompenfa en augmentant tous les fix ans

fes

gages, qui n'étoit d'abord que de cinq cens ducats, mais qui monterent à la fin par cesaugmentations jusqu'à deux mille.

Après la mort de Jofeph Ripa

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