Page images
PDF
EPUB

:

[ocr errors]

dis au monde et à la postérité (par qui tu seras jugé et sans doute condamné, si tu n'en es pas oublié) quelle persécution il t'a fait souffrir celle-ci serait excusable; et, en poursuivant sur un enfant, non le régicide de son père (qui fut aussi assassiné non assassin), mais les infractions faites à notre Charte par les ministres de son aïeul, qui les expient en ce moment, tu autorises à penser que, du haut d'un trône dont tu aurais été légitime et paisible possesseur, tu n'eusses pas épargné le fils du féroce proscripteur de ta famille et de toi-même.

Cependant au lieu de te forcer à aller mourir loin de ton pays, sachant que les crimes sont personnels, Charles t'a réconcilié avec votre roi; devenu roi luimême par la force de nos lois fondamentales, non par l'usurpation, il t'a conféré ou laissé le grade de colonel- général des hussar ds; il a, autant que

homme, son parent et son roi, soit réellement tranquille, et chacun me paraît pouvoir lire en lui-même que loin qu'il faille être prince, il suffit d'avoir de l'humanité pour être ému, révolté du scul projet de commettre, je ne dis pas un assassinat et un régicide, mais une simple injustice.

Ainsi, 1. l'apparente tranquillité du citoyen Égalité était feinte,

comme son exécrable vote et celui de ses scélérats ou faibles complices étaient le noir prologue du drame atroce que leurs dignes continuateurs avouent avoir fait, et que même, en l'appelant comédie, ils se vantent effrontément d'avoir joué.

soit du

2. Cette apparente tranquillité n'eût pas plus été une vérité, quand même, au lieu d'être premier prince du sang, il n'eùt, en effet,eu pour père, comme j'ai ouï dire qu'il s'en est vanté, qu'un.... Acheverai je ce propos? Non, car je ne suis pas bien sûr qu'il l'ait tenu; ensuite quoi qu'il en puisse être, propos même ou de la turpitude qu'il eût révélée, les fautes étant personnelles, Louis-Philippe duc d'Orléans, ne doit pas être plus responsable de l'infidélité de son aïeule paternelle, que Henri duc de Bordeaux des infractions des ministres de son aicul paternel.

possible, resserré les liens qui devraient vous unir, par la conversion du titre d'Altesse sérénissime en celui d'Altesse royale.

[ocr errors]

Ces bienfaits, tu les dois encore à la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette; à cette nièce de madame Elisabeth; à cette sœur de Louis XVII, augustes victimes d'une sanglante révolution dont ton père fut le détestable instrument, sinon le moteur. Tu les lui dois, car, sans abuser de l'ascendant irrésistible donné à la vertu malheureuse, cette princesse, qui, je me le figure, prie encore le Ciel pour ceux qu'elle ne peut plus guère secourir de sa largesse, pouvait dissuader le roi son oncle de te les accorder. Quoi qu'il en soit, lorsque, t'approchant du trône, ces bienfaits t'imposaient de nouveau le devoir et l'obligation d'y veiller, de le servir, transgresseur de notre loi fondamentale, digne émule de ton barbare et régicide père, ne voulais-tu t'approcher de ce trône que pour l'investir, l'escalader, le souiller?

Quelle étrange comédie est-ce-là ! n'est-ce pas plutôt une affreuse tragédie? un long et horrible drame? Quel rôle y as-tu joué? et quelle en a été la catastrophe? Ne doit-on pas dire de ceux qui en amènent de semblables et qui les aiment:

« A quels monstres, grand Dieu ! livrez-vous l'univers! >>

Fils d'Égalité, premier prince du sang, ne seraistu, comme lui, qu'un prince de sang? le dernier des hommes ?

Quelle atroce, quelle infernale ingratitude! quel révoltant oubli des devoirs les plus sacrés! Qui sera juste, humain, reconnaissant, soumis aux lois ; qui s'efforcera d'acquérir des vertus; qui aura le bon

heur d'y réussir et d'y persévérer; que dis-je? qui ne rougira de pratiquer les plus saintes vertus, et que deviendrons-nous, ô ciel! si tu permets qu'un parjure, le plus ingrat des hommes, conserve le plus auguste des sceptres, la plus noble des couronnes?

Tu le vois, ô fils d'Égalité! je ne t'accuse pas; j'exprime des doutes, des soupçons, des terreurs; et puisse la véridique, l'inexorable histoire les dissiper !'

Au lieu de doucereuses faussetés, les journaux des deux oppositions disent de dures mais salutaires vérités. Tuas dû y voir que l'acte des 7 et 9 août, qui n'est guère que la Charte mutilée avec une blâmable précipitation, ne nous convient pas plus par ses dispositions que par les formes dans lesquelles il nous a été imposé, octroyé, bien qu'il dût tout au plus nous être proposé.

Pourtant, je suppose que ce soit tout le contraire (supposition fondée cette fois, car nous devons espérer avoir enfin des actes politiques qui, fidèle et manifeste expression de la volonté générale, devront être appelés lois fondamentales), pouvonsnous compter que, à cet égard, tu seras de meilleure foi que pour la Charte-vérité?

Supposons cette bonne foi à l'instant du serment, pouvons-nous être sûrs que tu y persisteras, quoi que disent ou que fassent des conseillers de ton seul choix? Sommes-nous, pouvons-nous être sûrs que tes successeurs héréditaires seront tous et toujours de bonne foi? qu'ils seront tous et toujours capables? Est-il sage de hasarder, de prodiguer, d'abandonner les plus grands intérêts d'une nation entière et des générations futures à l'entière discrétion d'un soi-disant roi et

[ocr errors]

de quelques hommes peut-être inconnus, sans probité ni capacité, qu'il lui plaira d'interposer, et pour qui nos lois pourront n'être que des toiles d'araignées.?

On dit, ô Philippe, que tu es honnête homme et bon ci toyen. Je le souhaite de tout mon cœur ; et, attribuant ta lâche usurpation à l'erreur où t'ont induit des ambitieux dont il se peut que tu sois le jouet, je suis disposé à le croire *, et à t'accorder, pour mon compte particulier, toute la confiance que ces beaux titres méritent, inspirent, commandent. Ces dispositions particulières s'étendent à madame la duchesse d'Orléans et à M.gr le duc de Chartres. Ah si vous étiez sincères! Mais que dis-je? Quand même vous devriez dorénavant, toi et les tiens, agir sur le trône encore mieux ** que tu ne parles et n'agis aujourd'hui, probablement, afin de le maintenir dans ta famille, la couronne, tu le sais, n'est point élective parmi nous la prévoyance de nos pères et leur sage persévérance l'ont maintenue héréditaire. Lors donc que, après de si grands désastres de la famille royale, il nous reste un héritier légitime de cette couronne, la justice envers lui, notre intérêt particulier et notre devoir envers la postérité, tout

Je le suis moins à présent en pensant au fatal testament, et surtout à sa crainte d'un codicile ( n. p. 20 ). C'est bien le roi des comédiens, des histrions, des escamoteurs : il a en peu de temps soufflé une couronne royale et une des plus opulentes successions connues. Ces tours étonnent, stupéfient, mais ne durent pas on sait que surtout la noble et puissante couronne de France ne saurait long-temps rester cachée dans une gibecière.

** Quand j'écrivais cela il n'avait pas encore choisi pour ministre un homme qui faute de tout le mérite nécessaire en un poste si éminent, a celui de s'ètre élevé le premier contre un vénérable pair de France, son collègue, dont il eût dù tâcher d'imiter la patriotique fermeté.

nous défend de la laisser

un homme qui n'y a, quant à présent, aucun droit, puisqu'il ne peut alléguer qu'une élection précipitée, clandestine et mille fois nulle. (Pag. 47 et suiv.)

Voici donc ce que nous exigeons :

1.° Que la soif de régner, le bonheur imaginaire d'être élu comme roi par une poignée de gens faibles ou méchans, dont nul n'avait plus droit de te donner ce titre que toi de l'accepter, ne t'aveuglent pas sur la probabilité d'un désastre égal à celui dont tu veux profiter;

2.° Que tu sollicites le rappel d'Henri V; 3.° Que tu développes en ce jeune prince les heureuses dispositions dont on le dit doué;

4.° Que, par de sages conseils, surtout par, de bons exemples, tu lui enseignes à garder sa foi, à chérir, vénérer, observer, faire exécuter nos lois.

Alors nul n'aura droit de te parler du forfait de ton père, bien plus prouvant que tu es en effet honnête homme, bon citoyen, digne d'être prince, digne de la confiance de Charles, tu auras de grands, de réels droits à notre reconnaissance et à notre admiration, à l'admiration et à la reconnaissance des nations étrangères et des générations futures.

Tu persistes Contemple donc dans un avenir peut-être prochain, l'un de tes enfans (Antoine-Marie - Philippe - Louis par exemple) emmené hors du Palais-Royal; et, heureux d'avoir la vie sauve, obligé d'aller avec toi et ta famille éplorée, loin de notre patrie chercher un asile! Tu t'émeus! Hé bien, alors même votre misère n'égalerait pas l'infortune de Charles X, de la fille et du neveu de Louis XVI, de la duchesse de Berri, de

[ocr errors]
« PreviousContinue »