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dix-huitième siècle, il n'y ait eu une foule de bons et une foule de mauvais livres : mais néanmoins, si l'on reproche à notre époque actuelle une grande tendance à la corruption, nous pensons que le Génie du Christianisme, les Méditations et Harmonies religieuses, les Conférences de l'abbé Frayssinous, sont des œuvres plus morales encore que la Pucelle d'Orléans, Faublas et le Compère Mathieu. Si donc, dans le style de nos auteurs modernes, on trouve, quoique à regret, du scandale et de l'irréligion, il faut bien en prendre son parti, car Voltaire, Rousseau, Diderot, d'Alembert, Helvétius, et une foule d'autres classiques, nous y ont accoutumés.

Nous ne parlerons pas ici de la haine et du mépris que le faubourg Saint-Germain a voué à tout ce qui appartient au commerce; il est unanime sur ce point, et le dédain de son langage se déploie complaisamment sur ce sujet, chaque fois qu'il en trouve l'occasion. Quant aux artistes, aux gens de lettres, ils sont généralement peu estimés; si des artistes célèbres sont parfois invités à dîner chez de grands seigneurs, c'est dans l'espoir que, pendant la soirée, leur talent en musique ou en dessin payera l'ennui causé par leur présence, et fera les charmes de la société qui leur a fait l'honneur de les recevoir mais, en général, ils sont plutôt tolérés qu'admis dans l'intérieur des cercles.

Ne vous faites donc plus illusion, pauvres enfants

d'Apollon! on vous admet, on vous caresse; une bouche gracieuse balbutie un compliment flatteur; de beaux yeux, pour vous encourager, se tournent vers vous avec langueur; les titres semblent nivelés devant la hauteur de votre talent colossal; et, en vérité, comment résister aux piéges tendus avec tant d'adresse et avec une apparence de si bonne foi? Mais on vous trompe; ces caresses, ces attentions ne sont octroyées qu'à regret, et si on les prodigue, c'est parce que l'on en a besoin.

Ne voyons-nous pas souvent, au milieu d'un bal ou dans une grande réunion, une jeune femme, une jolie femme, enfin, une femme titrée, donner le bras à un artiste ou à un littérateur célèbre, et parcourir la foule étonnée? Certes, le cas est piquant, et pourtant, apprenez-le, gens à talent, cette beauté ne fait aucun cas de vous; mais elle s'attèle à votre char, parce qu'elle s'imagine en cela passer aux yeux du monde pour un des flambeaux de la poésie et des arts.

Oh!.... la mouche du coche!...

....

Il en est de même des littérateurs; si, au faubourg Saint-Germain, il se trouve quelque femme bel-esprit, quelque dame demi-auteur, qui s'imagine avoir le talent d'écrire parce qu'elle fréquente des écrivains, elle reçoit fort bien ces derniers; mais il n'en est pas moins vrai que l'on regarde sa société comme mêlée, c'est-à-dire qu'elle est visiblement composée de gens

nobles et de gens instruits, ce qui forme souvent disparate dès ce moment elle ne doit pas compter sur l'indulgence de son prochain, on la traite comme une véritable bas-bleu, et l'on se fait toujours un malin plaisir, quand elle est quelque part, d'amener la conversation sur les Femmes savantes et les Précieuses ridicules de Molière.

Quoiqu'un insolent dédain soit déversé à pleines mains par les dames du faubourg Saint-Germain, sur tout ce qui ne fait pas partie de leur société, on ne les voit pas moins faire des courbettes et presque des bassesses, pour être invitées aux brillants bals de MM. Schi...., Delm..., Hop..., Rotsch... et autres personnes chez lesquelles il y a des appartements magnifiques, où l'on trouve tout ce que le luxe et le bon goût peuvent désirer. Ah! si ces maîtres de maison entendaient quelquefois ce que ces invités d'outreSeine disent à voix basse sur leur banquette, dans un petit coin, nous croyons bien qu'ils ne les inviteraient pas une autre fois. N'est-ce pas déplorable, disait dernièrement une de ces jeunes comtesses passablement laide, n'est-ce pas désolant de voir de si beaux salons entre les mains de pareils gens!... Connaissez-vous cette femme? lui demandait une de ses voisines, en désignant une dame fort jolie qui venait d'entrer. Non, ma chère, répondit celle-ci, en faisant un signe de pitié, je ne la connais pas; mais c'est sans doute de la

finance, car elle est couverte de diamants. En prononçant lentement ces paroles sentencieuses, le juge femelle donnait à sa physionomie une singulière expression d'ironie, et cependant la pauvrette était hors d'état d'acheter et de porter un seul petit diamant. Maîtres de maison des quartiers qui ne sont pas nobles, voilà le langage et la reconnaissance qui vous sont destinés!....

CHAPITRE V.

Noblesse. Manie des Titres.

devant certains noms.

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Les Nobles, jour

Les Nobles, descen

dants des Barbares.

DEPUIS 1789, une foule d'écrivains vulgaires ont attaqué la noblesse, et une foule de gens maladroits se sont crus obligés de la défendre. Une institution sem. blable, quand elle n'a pas de prérogatives, ainsi que cela existe maintenant, ressemble à un fantôme que l'on ne peut ni poursuivre ni soutenir. Néanmoins, nous ne voyons pas de raison pour rougir d'en faire partie, car nous aussi nous sommes noble, et nous avons fait nos preuves sur le champ de bataille; nous avons des titres imprescriptibles, gravés dans les pages de l'histoire, et nous serions prêt à nous faire connaître, si un sentiment de délicatesse ne nous portait à taire notre nom dans cet écrit. Nous sommes trop fier pour ne pas tenir à honneur de compter dans les rangs

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