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Celui de Latran (en 1139), Pierre de Levis, anti

pape, et Arnaud de Brescia.

Celui de Latran (en 1179), les Albigeois. Celui de Lyon (en 1274), les Grecs. Celui de Vienne (en 1311), les Templiers. Celui de Pise (en 1409), le schisme d'occident. Celui de Constance (en 1044), les Hussites. Celui de Latran (en 1512), la Pragmatique sanction.

Celui de Trente (en 1545-1563), la Réforme (Luther, Zwingle, Calvin).

Ainsi, chaque Concile, au lieu d'être un élément de force, a été une cause de faiblesse pour Rome. Et celui de 1869 n'a été que le couronnement de cette œuvre de désagrégation, préparant la voie aux schismatiques, au dogme des vieux catholiques, dont l'action va chaque jour grandissant en Europe, grâce à l'appui que les fidèles de ce culte, copié sur les anciennes coutumes de l'Église, trouvent auprès des gouvernements, trop heureux en cette circonstance de susciter une scission utile à leurs intérêts de politique extérieure et intérieure.

Il paraîtrait donc, en raison même de cette décomposition constante de l'union catholique romaine et du nombre restreint des vrais fidèles, que la Rome ecclésiastique serait peu à redouter et pourrait être abandonnée à ses propres forces. Mais, en dehors de l'intérêt que certains États, ai-je dit, ont à

multiplier les divisions, il faut savoir reconnaître que Rome n'en présente pas moins un danger réel au point de vue du gouvernement. En effet, la centralisation absolue survenue à Rome, la transformation du clergé catholique en clergé régulier, la sujétion du clergé séculier au clergé régulier, l'acceptation du dogme de l'infaillibilité dont la conséquence est de réduire à néant toutes les individuali-tés et de mettre entre les mains d'un seul homme et de ses agents un pouvoir d'autant plus considérable qu'il est occulte et persistant, et qu'il n'est plus pondéré par aucun concile national ni par la libre discussion, ont fait redouter aux chefs d'État une crise qui, pour ne pas être imminente, pouvait être dangereuse à un moment donné. L'exemple de ce qui se passait en Belgique et en France, les efforts persévérants de cette vaste association dont le principe est en dehors de toute l'activité des sociétés humaines, quoiqu'il se place au-dessus des intérêts de ces mêmes sociétés, ont été les causes de cette méfiance générale, dont les conséquences se multiplient chaque jour avec une intensité nouvelle.

Dès lors, il en est résulté pour les États un droit de contrôle et de surveillance des actes de cette association, droit d'autant plus absolu que cette dernière affirmait plus catégoriquement par ses décrets et ses agents son droit supérieur à la direction des

choses d'ici-bas en vue des choses d'un monde idéal.

C'est en raison de ces conditions que l'Église romaine s'est trouvée tout à coup si isolée. En réalité, elle représente donc une force véritable et considérable, qui, mise à la disposition d'un État, peut politiquement et matériellement lui procurer de grands avantages momentanés; mais, jusqu'ici, les différents États d'Europe l'ont repoussée. Est-ce une raison pour que nous l'acceptions? C'est cette question dernière que je vais essayer d'élucider et de résoudre.

CHAPITRE XI

LES SOLUTIONS

J'ai dit que, en France, quatre grandes questions dominaient la situation et s'imposaient aux mûres réflexions de nos concitoyens :

1o La question de gouvernement;

2o La question sociale;

3o La question économique; 4o La question religieuse.

La première n'est en réalité qu'une question de fonctionnement exécutif, car elle se résume dans cette formule: le pouvoir sera-t-il héréditaire ou temporaire? Or, comme, pour le premier terme de cette formule, trois partis, en majorité dans l'assemblée nationale française, mais en minorité dans le pays, sont en présence et prétendent également à son acceptation au profit de chacun d'eux, par combinaison illogique avec le suffrage universel dont ils sont issus et dont l'expression même est la négation

du droit héréditaire qu'ils invoquent, la solution en a été successivement reculée et remise, faute de s'entendre. C'est cette sorte de statu quo qui a pris nom République septennale, avec un président, chef du pouvoir exécutif, république, qu'au bout d'une année d'exercice les esprits les plus déliés du doctrinarisme n'ont pu réussir à entourer de garanties réclamées par le pouvoir lui-même.

La deuxième question, dite sociale, consiste à rechercher les moyens par lesquels tout individu puisse, en travaillant, éviter la misère provenant du chômage, de la maladie et de la vieillesse. Des institutions de crédit populaire, des avances, des caisses de retraite, des maisons hospitalières, l'éducation et l'instruction assurée aux enfants, des cours d'adultes, la solidarité de l'association admise comme base de tous ces efforts, telles sont les premières solutions de cette terrible question sociale. Si poignante et si perpétuellement actuelle, elle ne peut toutefois être résolue que successivement, mais avec le concours volontaire de tous, car ce ne sont ni la richesse ni la puissance oisives qu'il s'agit de procurer aux masses, mais un travail rémunérateur et une vie intellectuelle et morale qu'il leur faut assurer.

D'ailleurs, derrière cette vaste question d'humanité, que le Christ avait donnée comme but aux prédications de ses disciples, il en existe une autre

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