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lui qui s'appelait Armand Du Plessis de Richelieu, de celui qui disait :

« Il faut en ce faisant mépriser l'opinion de certains esprits aussi faibles que dévots, et plus prudents que zélés, qui estiment souvent que le salut des âmes et celui de l'État dépendent de ce qui est préjudiciable à tous les deux. »

De ce cardinal qui ajoutait :

<< Les historiens et les plus célèbres auteurs doivent être consultés soigneusement en ces rencontres, auxquelles rien ne peut être si contraire que la faiblesse ou l'ignorance. »>

Et qui concluait :

« Il n'y a personne qui ne sache que les ordres de la haute police, en Église, peuvent et doivent souvent être changés, selon le changement des temps. En la pureté des premiers siècles du Christianisme, tel établissement de ce genre a été bon, qui mairtenant serait très-préjudiciable. »

Appliquons donc les principes de ce grand cardinal qui fut notre maître à tous en politique nationale; efforçons-nous de créer un clergé ayant ses intérêts en France et dépensant son argent en France.

Un seul jour, pensons comme les de Marca, les Le Tellier, les Bossuet, les De Choiseul, les De Lionne, les Colbert; agissons comme les Créqui, les d'Aumont, les de Chaulnes, les Condé, etc., le

mal ne sera pas bien grand. On peut accorder à tous ces gens-là une certaine dose d'intelligence, et penser comme eux n'a rien qui doive effrayer. Se trouver un instant de l'avis de Richelieu, partager la communauté d'une idée avec Bonaparte, comprendre la dignité de son pays et du clergé comme Bossuet, nous semble préférable à suivre l'ornière où grouillent ces quintessenciés, avec leur fiel distillé journellement sur les croyances les plus généreuses de notre nation.

Et pour l'instant du moins, puisque la situation politique du pays ne permet pas de ces grands efforts qui ne sont que la conséquence de principes vrais, mis à l'abri des discussions des partis, puisque la France possède un Concordat, imparfait, il est vrai, pour les besoins actuels, mais en somme élaboré par des jurisconsultes éminents et des prêtres bien intentionnés, sachons en faire exécuter les clauses, si inobservées à présent. Mettons enfin ces hommes honnêtes du clergé de France, qui sont nos frères en réalité, à l'abri de leurs faiblesses mêmes, en plaçant au-dessus d'eux le symbole de la loi, cette sauvegarde des nations. La loi, en effet, n'a ni parti ni couleur. Seule, elle s'impose à notre respect et à nos passions. En la reniant chaque jour, en la subordonnant à la force brutale, aux compromis d'une politique ambiguë, on ne fait qu'en rendre l'application plus difficile, affaiblir le sens moral de

la France, détruire tous les ressorts de ces grandes machines qu'on appelle les sociétés, aboutir fatalement aux révolutions et aux catastrophes, qu'on réprime d'abord, qu'on stigmatise violemment ensuite, sans réfléchir qu'on est en réalité, par suite de cette indifférence fâcheuse, la cause première du mal dont on vient de souffrir.

« La prudence n'oblige pas seulement à empêcher qu'on nuise à l'État, mais aussi qu'on lui puisse nuire, parce que souvent en avoir le pouvoir en fait naître la volonté. » (Cardinal de Richelieu.)

FIN.

APPENDICE

PIÈCES ANNEXES

No I

CHAPITRE II (page 38)

LA COMPOSITION DU CLERGÉ DE FRANCE AVANT LA RÉVOLUTION.

D'après l'abbé de Pradt, le clergé de France, avant la Révolution, présentait un ensemble de 159,936 individus, qu'on pouvait répartir de la manière suivante :

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Comme la population était alors de 25 millions d'individus, la proportion restait donc de 1 sur 155 habitants, voué au service de la religion catholique.

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