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Tout ce que Bossuet faisoit par lui-même pour la religion et les sciences, ne suffisoit pas à son zèle. Il dirigeoit encore par ses conseils et ses lumières un des plus beaux monumens que la science et la piété aient élevé en l'honneur de la religion et de l'Eglise.

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<< Il paroît constant, dit une note manuscrite » que nous avons sous les yeux, que Bossuet a >> eu une très-grande part aux ouvrages de l'abbé Fleury, et particulièrement à ses deux pre» miers discours sur l'histoire ecclésiastique. L'ab» bé Fleury et lui avoient leurs rendez-vous or» dinaires dans le Bosquet des fables d'Esope, qui » étoit alors le seul des jardins de Versailles qui » fût fermé au public, et dont on leur avoit donné » une clef. L'abbé Fleury apportoit toujours avec >> lui dans ces promenades une écritoire et du papier, pour prendre note de tout ce que lui di» soit Bossuet sur le travail qui l'occupoit. >>

>>

Bossuet étoit encore précepteur de M. le Dauphin, lorsqu'il eut avec le ministre Claude cette célèbre conférence qui fit tant d'éclat en France et dans les pays étrangers, et qui contribua à décider un grand nombre de protestans à se réuconséquence les recherches jusqu'à Rome et jusqu'à Bologne, dans la bibliothèque des Pères de l'Oratoire de cette dernière ville, à qui Benoît XIV avoit légué tous ses manuscrits et tous ses livres. Mais tant de recherches ont été infructueuses.

BOSSUET. Tome 11.

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Monsieur,

frère de

Louis XIV.

nir à l'Eglise romaine; elle peut encore aujourd'hui mériter l'attention par l'idée qu'elle donne de l'intérêt général qu'on attachoit alors aux affaires de la religion.

Mademoiselle de Duras, dame d'atours de MA

*

*Seconde DAME et sœur de la comtesse de Roye et des femme de maréchaux de Duras et de Lorges, avoit été élevée dans la religion protestante par sa mère, sœur de M. de Turenne. La conversion de ce grand homme, à qui elle appartenoit de si près, l'avoit déjà disposée à écouter avec moins de prévention les témoignages, les raisons, et les explications des défenseurs de l'Eglise romaine. Mais la crainte d'affliger une mère qu'elle chérissoit avec tendresse, combattoit le penchant qui la ramenoit à une religion que ses ancêtres avoient professée pendant tant de siècles. Cependant une lecture attentive et continuelle de l'Exposition de Bossuet acheva de la désabuser des préjugés de son éducation; et sans en convenir encore, elle étoit déjà dans le secret de son ame disciple de Bossuet. Enfin, elle exprima le désir d'éclaircir quelques difficultés qui agitoient encore son esprit. Le choix du moyen qu'elle adopta pour arriver à la vérité qu'elle cherchoit, montroit sa bonne foi et cette rectitude de jugement qui veut tout accorder à la conviction, et rien à des préjugés anciens ou nou

veaux. Elle voulut entendre elle-même dans une discussion paisible et réglée les deux hommes de son temps que l'Eglise romaine et la communion protestante présentoient comme les plus habiles interprètes de leur doctrine.

Jean Claude, né à la Sauvetat dans le Rouer

IV.

Conférence

avec le minis

tre Claude.

gue, étoit digne de se montrer en présence de Bos- de Bossuet suet. Il étoit regardé comme l'oracle du parti protestant, et se trouvoit depuis plusieurs années à la tête du consistoire de Charenton. Des talens distingués, des connoissances très-étendues, une dialectique forte et pressante étoient relevés en lui par des qualités plus estimables, encore l'intégrité de ses mœurs, la facilité de son commerce : et ces vertus douces et aimables qu'on se plaît toujours à chercher et à trouver dans les hommes d'un mérite supérieur, lui avoient acquis parmi tous les protestans en France et dans les pays étrangers la plus flatteuse de toutes les dominations, celle de l'estime, du respect et de la confiance générale.

Mademoiselle de Duras avoit fait demander à Bossuet, s'il voudroit bien consentir à conférer en sa présence avec le ministre Claude sur quelques points de doctrine qui lui laissoient encore. des doutes, et il n'avoit pas hésité à en prendre l'engagement; s'étant également assurée du con

de la conférence de

le ministre

Claude.

sentement du ministre Claude, elle chargea le duc de Richelieu d'inviter Bossuet à se rendre chez elle, le mardi 28 février 1678. Il la trouva seule, et elle lui annonça que le ministre Claude étoit convenu de se réunir avec lui le lendemain mercredi 1er mars pour la conférence qu'elle leur * Relation avoit demandée. Elle lui dit en même temps « * que » le point sur lequel elle désiroit d'être éclaircie, Bossuet avec » étoit l'autorité de l'Eglise; Bossuet lui répon» dit que ce n'étoit pas sans raison qu'elle s'at>> tachoit principalement et même uniquement à >> ce point qui renfermoit la décision de tout le » reste ». Il lui donna en même temps quelques instructions préliminaires pour fixer le véritable état de la question qui alloit les occuper. * M.me de Roye vint le lendemain matin annoncer « que » Claude, qui avoit promis de venir le même jour, >> avoit reçu défense de le faire, et qu'il ne le pou» voit plus. Mademoiselle de Duras parut mé» contente de ce procédé ». Mais peu de temps après, on apprit que M. Claude consentoit à se trouver avec Bossuet; et on convint de se réunir le même jour 1.er mars (1678), à trois heures après midi, chez la comtesse de Roye.

* Ibid.

Cette conférence dura cinq heures; et comme on désiroit également des deux côtés de discuter sans aigreur, sans éclat et sans ostentation, on n'y

admit qu'un très-petit nombre de personnes; presque toutes étoient de la religion protestante, excepté la maréchale de Lorges.

Toute la conférence roula principalement, comme on en étoit convenu, sur la matière de l'Eglise.

Bossuet déclare lui-même dans la relation qu'il a donnée de cette conférence, « que le ministre » Claude défendit sa cause avec toute l'habileté possible et si subtilement, qu'il craignit pour » ceux qui l'écoutoient. »

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Il y eut surtout deux articles sur lesquels le ministre Claude déploya avec beaucoup d'art et de force tous les moyens que lui fournirent la subtilité de son esprit et une longue habitude de la

controverse.

*

Bossuet avoit établi en principe contre le schisme des protestans, «< que jamais des particu» liers n'ont droit de se séparer de l'Eglise ». Claude lui objecta aussitôt «* le jugement de la » synagogue, lorsqu'elle condamna Jésus-Christ, » et déclara par conséquent qu'il n'étoit pas le » Messie promis par les prophètes. Dites-moi, » Monsieur, reprenoit Claude, en s'adressant à » Bossuet, un particulier qui eût cru alors que >> JÉSUS étoit le vrai CHRIST, n'eut-il pas mieux jugé que tout le reste de la synagogue? »

* Ibid.

* Ibid.

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