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accorder, «< autant qu'il le pouvoit faire par son » respect pour l'Eglise universelle représentée »par un concile général, et en considération de » ce que ledit appel regardoit les droits du roi, » les libertés de l'Eglise gallicane et le repos » du royaume ».

Le roi ne voulut pas même que cet acte fût rendu public, avant de l'avoir fait communiquer aux évêques qui se trouvoient alors à Paris. Ils se réunirent à l'archevêché par son ordre le 30 septembre (1688), au nombre de vingt-six; l'archevêque de Paris (de Harlay) se borna dans cette assemblée à leur faire donner lecture de la lettre du roi au cardinal d'Estrées, en date du 6 septembre (1688), à l'occasion des affaires présentes et de l'acte d'appel du procureur-général au futur concile. Il leur dit en même-temps, « que le » roi étoit persuadé que connoissant parfaitement » eux-mêmes la différence qu'il y a entre un dé» mélé de religion et une guerre temporelle, ils » sauroient lever les alarmes des personnes les » plus scrupuleuses, et dissiper les effets de la malignité de ceux qui seroient les plus mal inten» tionnés contre son service et le repos de l'Etat ». Les évêques assemblés se bornèrent de leur côté à prier l'archevêque de Paris de remercier très-humblement Sa Majesté de l'honneur qu'elle

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leur avoit fait en leur donnant communication

de ces actes, et à exprimer «< qu'ils ne pouvoient » mieux répondre à cette faveur qu'en formant des » vœux, pour qu'il plût à Dieu d'inspirer au pape » dans cette occasion des sentimens de paix, et » qu'en offrant au roi leurs actions de grâce et » les applaudissemens les plus respectueux à la »sage conduite de Sa Majesté ».

Nous avons été étonnés de n'avoir point trouvé le nom de Bossuet parmi les membres de cette assemblée. Il est vraisemblable qu'il étoit alors dans son diocèse, et que l'objet de la réunion des évêques devant se borner à entendre la lecture de deux actes destinés à devenir publics, on crut inutile de détourner Bossuet des soins qui l'occupoient.

Mais ce qui nous a encore plus frappés, c'est de n'avoir trouvé, ni dans les ouvrages imprimés de Bossuet, ni dans ses manuscrits, ni même dans les papiers de l'abbé Ledieu qui nous a conservé tant de détails sur tout ce qui le concerne, aucune indication de quelque nature que ce soit, qui ait pu nous faire connoître, si Bossuet fut consulté sur le systême qu'on adopta en France, pour le gouvernement des diocèses pendant cette longue suspension des institutions canoniques (1).

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(1) Au moment où cet ouvrage venoit d'être livré à l'impres

XIX.

Suites de ce refus.

On seroit porté à présumer que cette mesure fut indiquée dans le premier moment par M. de Harlay, lorsqu'INNOCENT XI refusa pour la première fois des bulles, et qu'on l'étendit successivement aux autres diocèses, qui se trouvèrent dans le même cas.

On doit dire en même-temps qu'il ne paroît point que la Cour de Rome ait jamais élevé de réclamation sur la forme qui avoit été suivie en France pour le gouvernement des diocèses, quoiqu'INNOCENT XI et même ALEXANDRE VIII fussent portés à censurer avec amertume tout ce qui se passoit alors en France (1). On ne voit pas même que

sion, on a vu paroître un mémoire de M. le cardinal Maury, en date du 12 mai 1814. On y lit page 12:

«< Des que le refus des Bulles fut articulé à Rome, Bossuet, tou» jours aussi mesuré que lumineux dans les combinaisons de son » génie, Bossuet consulté par Louis XIV, lui conseilla de nom» mér, comme de coutume, à tous les siéges vacans, de recevoir » le serment de fidélité des nouveaux prélats, de les mettre en » possession de leur temporel, de les faire installer administra»teurs spirituels par les chapitres respectifs, et de les investir » ainsi de tous les pouvoirs jurisdictionnels de l'épiscopat dans >> chaque diocèse ».

Il seroit à désirer que M. le cardinal Maury voulût bien faire connoître la source où il a puisé cette décision, ou ce conseil de Bossuet, que personne ne connoissoit encore.

(1) On trouve dans le recueil des lettres d'Arnauld, tome VI, un mémoire très-curieux sur cette forme de pourvoir au gouvernement des diocèses.

dans le cours des négociations qui eurent lieu SOUS ALEXANDRE VIII et sous INNOCENT XII, ces deux pontifes aient adressé aucun reproche aux ecclésiastiques nommés aux évêchés, qui gouvernoient leurs diocèses en vertu des pouvoirs qui leur avoient été conférés par les chapitres.

On ne voit plus reparoître Bossuet comme conseil et comme autorité dans les discussions entre Rome et la France pendant le reste du pontificat d'Innocent XI et le court pontificat d'Alexandre VIII.

Ce ne fut qu'à l'époque où toutes ces malheureuses discussions alloient cesser, qu'on eut recours à Bossuet pour mettre le dernier sceau à une convention qui avoit été arrêtée entre les deux Cours.

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. XX. Négociation entre la Cour de Ro

de France.

On sait qu'en 1693 Innocent XII demanda et obtint que les députés de l'assemblée de 1682, récemment nommés à des archevêchés ou évêchés, lui écriroient individuellement une lettre me et celle de satisfaction et de regret sur les événemens qui avoient eu lieu. Rien n'étoit plus difficile et plus délicat, que de concilier dans un tel acte les prétentions du pape avec ce que les nouveaux évêques devoient au roi, à l'Eglise gallicane, et se devoient à eux-mêmes. Ce qui rendoit cette démarche encore plus embarrassante, c'est qu'il

* OEuvres du chancelier

seau, tome XIII, p. 418.

paroît que des considérations politiques du plus grand intérêt portoient alors Louis XIV à vaincre ses premières répugnances, et à consentir à des sacrifices pour rétablir une entière harmonie entre les deux Cours.

Le chancelier d'Aguesseau nous a conservé dans ses mémoires les détails de la longue et difficile négociation qui prépara cette réconciliation, et nous nous bornerons à rapporter ses paroles.

Tant qu'Innocent XI vécut, il fut impossible de rien espérer, ni de rien obtenir. On crut trouver des dispositions plus favorables dans son

successeur.

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*Mais ce fut sans succès que l'on négocia d'Agues- pendant le cours du pontificat d'Alexandre VIII, pour faire cesser le refus des bulles. Ce pontife » voulut, à l'exemple de son prédécesseur, que » ceux des évêques nommés qui avoient assisté à » l'assemblée de 1682, fissent une rétractation authentique du décret qu'il supposoit qu'elle » avoit fait sur la puissance ecclésiastique.

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» Le roi se croyoit bien fondé à refuser cette » rétractation, et ses ministres représentèrent plusieurs fois par ses Brdres au pape Alexan» dre VIII, que l'assemblée de 1682 n'avoit point >> fait un décret, mais seulement une simple dé» claration de la doctrine du clergé du royaume ;

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