Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

les blafonner au hazard comme l'on veut, mais s'informer des perfonnes intelligentes pour fçavoir ce que c'est. On peut auffi confulter les noms des perfonnes qui les portent; car fort fouvent ces armoiries qui ont des figures inconnues, font des armoiries équivo ques aux noms.

D. Pourquoi vous fervez-vous de ce terme brochant?

9

R. Parce qu'en faisant les ouvrages de broderie fur les cottes d'armes, ces ouvrages fe faifoient avec des broches comme on tricote les bas de foie & de laine, & cela fe nommoit brocher : ainfi toutes les fois qu'une pièce eft pofée fur une autre, fût-elle une fafce, un chevron, une croix ou un fautoir elle fe nomme toujours après celles fur lefquelles elle est mise.

[ocr errors]

D. D où vient que les bordures & les cantons ne fe nomment qu'après les autres piéces ?

R. C'est que le plus fouvent ces bordures & ces cantons ne font que des brifures & des additions aux armoiries. Comme aux armoiries du Duc d'Anjou, qui font d'azur à trois fleurs de lys d'or, à la bordure de gueules, cette bordure eft brifure,

1

D. D'où vient que cette bordure d'Anjou eft de gueules fur azur ? ne fait-elle pas des armes fauffes?

R. C'eft qu'anciennement les armoiries de France étoient des fleurs-de-lys fans nombre, qui faifoient un femé & un champ indifférent à recevoir métal ou couleur.

XXIV. LEÇON.

[ocr errors]

D. plus nobles?
Q

Uelles font les armoiries les

R. Celles qui marquent les Maifons les plus anciennes & les plus illuftres de quelque manière que ces armes foient difpofées.

D. Y a-t-il des marques aufquelles on puiffe connoître cette antiquité?

R. Non pas dans les armoiries qui font arbitraires en leur première conceffion ou en leur premier ufage; mais on peut le connoître par les fceaux, & par les anciens monumens où se trouvent ces armoiries.

D. Quelle antiquité donnez-vous aux armoiries?

R. Six cens ans tout au plus, parce que ce ne fut qu'à l'onzième fiécle

que les armoiries commencèrent à fe fixer.

D. Ne portoit - on pas auparavant des figures fur les cottes d'armes & fur les boucliers ?

R. Ouï; mais ce n'étoient que des devifes perfonnelles & de fantaisies, que chacun prenoit & quittoit comme il vouloit.

D. Elles n'étoient donc pas des marques de nobleffe comme à présent ?

R. Non, tous les foldats en portoient indifféremment auffi-bien que les Princes & les Chevaliers : les Princes les changeoient fouvent, & d'ailleurs nous ne voyons pas qu'elles fuffent de cou leurs réglées & déterminées; effes ne paffoient pas toujours des pères aux en fans, & les frères en portoient de différentes.

D. A quelle occafion fe fixèrent les armoiries?

R. A l'occafion des Tournois & des combats à la barrière, où la Nobleffe s'exerçoit.

D. Falloit-il être gentilhomme pour faire ces exercices ?

R. Oui, & c'eft de-là qu'eft venu l'ufage de faire les preuves de nobleffe,

D. Comment fe font ces preuves? R. Par témoins, par titres, & par enquêtes ou informations. C'eft pour cela que ceux qui alloient aux Tournois, portoient des lettres de leurs Souverains & de leurs Seigneurs, qui faifoient foi de leur nobleffe; menoient avec eux des hérauts qui tenoient les registres des Maisons nobles,& de vieux Chevaliers, qui leur fervoient de parrains, & qui rendoient les mêmes témoignages.

D. Vous avez dit que c'étoit des étoffes & des habits qui fe faifoient anciennement à bandes, à fafces, à burelles & échiquetés ou lozangés, qu'étoit venu l'ufage de la plupart des armoiries.

R. Ouï, parce que c'étoit principalement aux Tournois que fe portoient ces fortes d'habits: c'eft pour cela même qu'il y a tant de merlettes en armoiries.

D. Pourquoi cela ?

R. Parce que les merlettes étant des oifeaux de paffage, qui changent de pays comme les hirondelles, & qui vont fur mer & fur terre, elles étoient le fymbole de ces aventuriers voyageurs, qui alloient courre divers pays.

D. Pourquoi n'ont- elles ni bec ni pied en blafon?

R. Parce qu'on les représentoit le plus fouvent fur des étoffes rayées ou burelées, dont les galons ou bureles couvroient les extrémités de ces oiseaux. D. C'est donc pour cela qu'il y a tant d'armoiries fafcées, ou burelées avec des merlettes diverfement difpofées, ou en orle, ou quatre, trois, deux, une ou quatre, &c.

R. C'eft

pour

cela même.

XXV. LEÇON.

D. Tuonnoître

Out l'art du Blafon confifte-t-il à connoître ces figures de diverfes espèces, naturelles, artificielles héraldiques, chimériques, & à expliquer en termes propres leurs émaux ou couleurs, leurs fituations ou pofitions, leurs difpofitions & leur nombre.

R. Ce n'est qu'une partie de l'art & les premiers élémens.

D. Que faut-il donc apprendre après cela?

R. La méthode qu'il faut te nir pour blafonner une armoirie.

« PreviousContinue »