Page images
PDF
EPUB

grand Maître de l'Artillerie, du Colonel de l'Infanterie Françoife, du Général de la Cavalerie Ecuyer, &c.

[ocr errors]

R. Sur tout cela je n'ai que

du grand

des exem

ples à vous donner, c'est-à-dire, des figures où ces ornemens foient répréfen tés avec la manière de les déchiffrer. D. C'eft cela même que j'attends de vous avec la pratique des armoiries des perfonnes nobles du fexe.

[ocr errors]

R. C'est-à-dire, des Dames: celles des Impératrices, des Reines, des Princeffes, des Ducheffes, des Marquifes, des Comteffes & des Baronnes, ont les -mêmes ornemens que leurs maris. Je veux dire quant aux couronnes, manteaux, &c. car il y a des ornemens qui ne leur conviennent pas, comme font les cafques, les colliers des Ordres de Chevalerie, &c. Cependant les fem mes des Maréchaux de France, quand elles portent leurs armoiries accolées à celles de leurs maris, mettent les bâtons en fautoir derrière les deux écus accolés, & les Chancelières font la même chofe des maffes.

D. Et les filles comment doivent-el les porter les leurs ?

M

R. Elles ont pris la coûtume en France de les mettre en lozanges. Cet ufage eft venu des Pays-bas.

D. Les Abbeffes, les Prieures & les Religieufes,comment les portent-elles? -R. Indifféremment ou en lozanges, ou dans un écuffon. Les Abbeffes les accollent d'une croffe, d'un chapelet, d'une couronne d'épines, d'une guirlande de fleurs.

D. Les veuves n'ont-elles point de marques particulières ?

-R. Elles y mettent affez fouvent des cordelières,

D. Et les femmes mariées ?

R. Des palmes qui font le fymbole de l'amour conjugal.

D. Venons maintenant aux exemples, fi vous le voulez bien ?

हैं

ob R. Je le ferois très-volontiers, mais pour vous délivrer de la peine d'apprendre ce grand nombre d'exemples, & pour ne pas groffir ce livre, vous n'avez qu'à prendre le jeu de cartes du Blafon, où vous trouverez des exemples de toutes ces pratiques différentes pour la France, l'Italie, l'Efpagne & l'Allemagne, &c. Je n'aurai à vous donner ici que des exemples de

la pratique & de l'ufage des perfonnes du fexe. Auffi-bien l'une des manières d'apprendre aifément le Blafon, & de connoître les armoiries de plufieurs maisons, eft de vous divertir en jouant à ces divers jeux faits pour l'instruction de la jeuneffe.

XXXIV. LEÇON.

D. Ous m'avez parlé des armoiries des Communautés, dont vous avez fait, ce me femble, une espéce différente de celles des Maifons,; je ¿je voudrois bien en fçavoir l'usage?

R. Vous avez raifon de vous en informer,puifqu'elles font une partie confidérable du Blafon : elles ne font pas néanmoins des marques de nobleffe comme celles des familles, mais feulement des marques de diftinction qui fervent à les faire connoître.

D. Quelles font ces Communautés ? R. Je les diftingue en deux efpéces, de Communautés eccléfiaftiques, & de Communautés féculières & laïques parce que toute Communauté eft un corps compofé de plufieurs membres.

Ainfi l'Eglife univerfelle, qui eft la Congrégation de tous les fidéles, eft un Corps & une Communauté : les Etats, les Provinces, les Villes font des Communautés.

D. Quelles font les Communautés Eccléfiaftiques.

R. Les Chapitres, les Paroiffes, les Diocèfes, les Monaftères, les Ordres religieux, les Congrégations, les Séminaires, les Confréries, &c.

D. Tout cela a-t-il des armoiries ?

R. Ouï, ou plutôt des devises & des fignes pour se diftinguer: car ce n'est qu'improprement qu'on leur donne le nom d'armoiries, qui ne leur convient pas, puifque ces Communautés ne font pas profeffion des armes.

D. Quelles font les Communautés laïques ?

R. Les Royaumes, les Républiques, les Provinces, les Villes, les quartiers de Villes, les Univerfités, les Académies, les Colléges, les Arts & Métiers, les Compagnies & Sociétés de Commerce, les Corps des Marchands, &c. D. L'ufage de ces devifes eft - il ancien ?

1

R. I l'eft beaucoup plus que le

Blafon, parce qu'il y a eu des marques de distinction avant qu'il y eût des armoiries qui marquaffent la Nobleffe. D. Comment fe diftinguoient done les Maisons avant l'ufage du Blason?

R. Par leurs noms, leurs furnoms, & leurs pronoms, qui diftinguoient les perfonnes, les maifons & leurs diverfes branches.

D. Donnez-m'en des exemples?

R.Je le veux bien; & je choifis parmi les Romains la famille des Emilies, l'une des plus célébres. Le nom commun à toute cette illuftre race étoit celui d'Emilie, Emilii. Les diverfes branches étoient les Mamertins, les Barbules, les Pauls, les Lepides, les Regilles, les Scaures, &c. parmi lefquels il y a eu des Lucius,des Marcs,des Caies,&c. comme il y a dans nos familles des Pierres, des Jeans, des Antoines, &c.Et quand ils vouloient fe diftinguer encore plus par leurs pères & leurs ancêtres ils fe nommoient LUCIUS EMILIUS MARCI FILIUS; LUCII NEPOS; MARCI PRONEPOS, PAULUS. Après quoi ils marquoient leurs offices, leurs dignités. Ainfi le grand Pompée en une infcription fe défignoit par ces mots

« PreviousContinue »