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VII. LEÇON.

D. A représentation de ces figures

que vous venez de me mettre devant les yeux, & l'explication que vous en avez faite, me les font parfaitement connoître.

R. Je vous en donnerai une intelligence plus parfaite en vous enfeignant leurs ufages dans le Blafon , parce qu'elles y ont divers attributs, qu'il faut expliquer en termes propres, ce qui n'est pas la moindre partie de l'art du Blafon, puifque c'en eft la grammaire.

D. Pourquoi appellez-vous ces termes la Grammaire du Blafon?

A. Parce que comme la Grammaire enfeigne à lier le fubftantif & l'adjectif, le nominatif & le verbe, le relatif & l'antécédent, le verbe & le cas qu'il régit; cette partie du Blafon enfeigne à expliquer la fituation, la difpofition & la, compofition ou l'affemblage de ces figures dans les ar

moiries.

D. Chaque figure a donc des attributs qui lui font propres ?

R. Ouï; il y a cependant des attributs généraux qui conviennent à la plûpart des figures: mais pour ne pas vous embarraffer, commençons par les attributs des figures naturelles que vous connoiffez.

D. Vous me ferez plaifir, car il eft plus aifé de procéder des chofes que l'on connoît, à celles qu'on ne connoît pas , que d'expliquer des chofes inconnues par d'autres qui ne le font pas moins. Vous m'avez dit que les figures des corps naturels font les aftres, les élémens, les pierres, les plantes, &c. commençons, s'il vous plaît, par les aftres.

R. J'en fuis content : le Soleil figuré avec des yeux, une bouche & des rayons, fe dit fimplement Soleil fans autre attribut, parce que c'eft fa figure naturelle en armoiries; quand il n'a pas ces traits, il fe nomme Ombre de Soleil, que je vous ai représenté.

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D. Je l'ai vû.

R. Quand il meut de l'angle de l'écu d'où il femble fortir, on le nomme Horizonté à dextre, ou à senestre, fuivant fa difpofition; Naiffant quand il meut du chef & qu'il ne paroît qu'à moitié, & Couchant quand il meut de

fa pointe, ce que vous verrez dans les figures; ainfi ne vous inquiétez pas fur ce que vous ne comprendrez pas d'abord, les figures vous le feront connoître.

D. Et la Lune?

R. La Lune peut être horizontée comme le Soleil, elle eft rare en armoiries pleine & entière; le croiffant y eft plus ordinaire.

D. Quels font les attributs du croiffant ?

R. Il peut être montant, verfé, tourné & contourné. Quand fes deux pointes aboutiffent vers le chef ou le haut de l'écu, il eft montant, ce qu'il n'eft pas néceffaire d'exprimer, parce que c'eft fa fituation naturelle dans les armoiries. Quand au contraire les deux pointes regardent le bas ou la pointe de l'écu, il eft verfe: quand elles regardent le flanc dextre de l'écu, il eft tourné, & contourné quand elles regardent le gauche.

D. J'entends cela: mais quand il y a plufieurs croiffans diverfement difpofés, n'y a-t-il point de termes propres pour énoncer fes difpofitions?

R. Oui, fans doute; deux croiffans peuvent être adoffés, accules

appointés, entrelaffés. Quand il y en a quatre appointés, les Efpagnols les

nomment Lunels.

D. J'en ai vu la figure; paffons, s'il vous plaît, aux Etoiles.

R. Je le veux bien. Les Etoiles font rayonnantes, cométées, de cinq, de fix, de huit & de feize rais. Elles fe difent rayonnantes, quand entre leurs grandes pointes il y a des filets de rayons. Cométées, quand elles ont une queue. Ce font leurs pointes qui fe nomment Rais. En France elles en ont ordinairement cinq, & il n'eft pas néceffaire d'en exprimer le nombre, les autres pays leur en donnent ordinairement fix, particulièrement en Italie. Quand elles en ont huit ou feize, il faut en exprimer le nombre. Quand les étoiles ne paroiffent qu'à demi & fortent de quelqu'autre figure, elles font dites éclipfées.

D. N'y a-t-il que ces attributs pour les aftres?

R. Il y a encore des rayons de lumière fortant des angles de l'écu, qui fe nomment fimplement Rais, dont il faut exprimer la difpofition en difant mouvant de l'angle dextre, de l'angle feneftre du chef ou de la pointe. Il y

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a auffi des croix qui font cantonnées de femblables rais.

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D. Pour les Elémens quels en font les attributs ?

R. Le feu peut être flambant, étincelLant, ardent, fumant, &c. ce qui fe dit plutôt des fujets aufquels il eft attaché que du feu même. Ainfi il y a des paux ou pieux flambans, des charbons étinGellans, des fournaifes ardentes, des flambeaux, des vales fumans. D. Et à l'égard de l'Eau ?

R. Il y a des rivières fur lefquelles on voit de petits traits pour en marquer les flots; alors on les dit flotées, comme on dit la mer agitée, quand on y remarque des ondes élevées; & calme quand on n'en remarque point. Les fontaines font jailliffantes ou coulantes par tant de jets ou canaux, dont on doit exprimer le nombre.

D.Pour l'Air n'y a-t-il rien à obferver? R. Il y a des nuages, des vents, des foudres, dont vous connoiffez les figures de la manière dont les Peintres les repréfentent. Il faut feulement obferver que les foudres fe peignent quelquefois ailés,liés, élancés, étincellans, tortillés &c. Ce que vous apprendrez dans la fuite par les figures.

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