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23 avril 1679.

«M. de Moulceaux aura de Gignac l'abjuration de la femme d'Anthoine Robert, qui est maintenant relapse à Pignan. >> En marge : « On a retiré l'abjuration. »

1er mai 1679. « M. Dumas sollicitera M. le procureur du roi de faire publier au plutôt, en audience, la nouvelle déclaration qui ajoute l'amende honorable à la peine du bannissement contre les relaps. » En marge : « Fait. »

22 septembre 1679.

<«< M. Loys a fait une procédure contre.........., à Pignan, qui a été remise à M. Redon pour la bailler à M. Fermaud et la faire exécuter. — M. Fermaud travaille pour la faire exécuter. »

6 octobre 1679.« MM. Agret et Sabatier continueront de prendre soin de la jardinière du S. Fesquet, qui est relapse et qui demande d'être poursuivie pour avoir prétexté de retourner à l'Église. »

30 janvier 1680. « Favas, relaps, a été fait prisonnier, et depuis qu'il est dans la Conciergerie du présidial, il a déclaré vouloir être catholique, et même répondre dans son audition devant M. le juge criminel comme étant catholique, la main mise sur les saints Évangiles: sur quoi M. de Montp. a trouvé à propos de le laisser quelque temps en prison; après quoi, il le recevra catholique, s'il lui paraît de bonnes intentions. »

27 février 1680. « A été délibéré qu'on consentira que Favas soit élargi à la charge qu'il fasse nouvelle abjuration et paye tous les frais contumaciaux, »

12 mars 1680. « M. Ranchin a été chargé de parler à M. de Montp. pour faire conduire à Toulouse, Bollarelle, relapse, qui vient d'être condamnée à l'amende honorable et au bannissement par sentence du sénéchal. »

23 avril 1680. — «M. de la Vegne a parlé de la relapse de Pignan. M. le V. G. a dit que M. Jausserand s'est chargé de la voiturer à Toulouse. » En marge : « Jugée et exécutée à Montp. et à Pignan le 11 et le 12 de ce mois. »

Ces messieurs avaient donc honte, puisqu'ils ne donnent pas le nom de cette malheureuse!

25 juin 1680.— « M. de Ranchin, vicaire général, a été prié d'écrire à M. le vicaire général du diocèse de Rhodez pour l'informer que Suzanne Cézeille, du lieu de Milhau, qui était venue en cette ville après avoir fait abjuration de l'hérésie de Calvin, suivant le certificat tiré des registres des nouveaux convertis de Pézénas, est retournée XXVI. 11

au prêche, et que sur ce qu'on l'avait voulu arrêter, elle s'était évadée, et qu'il serait bon de faire signifier son acte d'abjuration aux consistoires du diocèse de Rodez et particulièrement au consistoire de Milhau. »

25 juin 1680. —« (L'évêque président.) Ayant été porté sur le bureau les copies qui ont été faites des registres des nouveaux convertis de ce diocèse, depuis la première déclaration du roi contre les relaps du mois d'avril 1663, pour être signifiées aux consistoires et aux ministres de Montp. de Ganges et Lunel en exécution de la déclaration du 10 octobre dernier, il a été relevé que la déclaration ne parle que des abjurations qui seront faites dorénavant, de manière qu'à moins qu'elle n'ait un effet rétroactif, il serait superflu de signifier que les abjurations faites depuis la déclaration du 10 octobre dernier (c'est-à-dire de signifier autres que les abjurations).

» Sur quoi a été délibéré que M. Boudon, qui va trouver M. l'intendant, sera prié de le consulter sur la conduite qu'on a à tenir pour les significations d'abjurations, et cependant de surseoir à les faire faire. >>

Et la pauvre Molèse et les autres que l'on a fait poursuivre contre tout droit! La compagnie abusait de l'ignorance de ses ennemis trop faibles pour résister.

25 juin 1680.- « Il a été expédié mandement à M. Certe pour les trois copies des abjurations faites dans le diocèse depuis la première déclaration contre les relaps du mois d'avril 1663 la somme de 38 livres. >>

9 juillet 1680.« M. le G. Vic. a porté la déclaration du mois de juin dernier 1680 qui fait défense aux catholiques de changer de religion pour professer la religion protestante, à peine d'amende honorable, de confiscation des biens et de bannissement hors du royaume, et contre les ministres qui les recevront, d'interdiction de leur fonction dans tout le royaume, et contre les anciens du consistoire qui les souffriront dans leurs assemblées, de suppression d'exercice de consistoire. Cette déclaration souhaitée depuis si longues années, et qui donne sujet de rendre des actions de grâces à Dieu, d'avoir donné les mouvements au roi de ne plus souffrir cette fatale liberté aux catholiques, a été reçue avec la dernière joie dans l'Église, et particulièrement dans cette assemblée qui a délibéré de la faire imprimer et de la rendre publique dans toute la ville. » Dans

l'exagération de son zèle, l'assemblée avait raison; car la déclaration demeurant secrète les intéressés ne pouvaient se tenir sur leurs gardes. Cependant la cour agissait de dessein prémédité; ces concessions successives tendaient à faire prendre patience au clergé catholique le pouvoir civil apportait des atermoiements, tout en paraissant maître, il s'avouait serviteur docile.

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3 septembre 1680.- « Mademoiselle Créantier, de Lunel, ayant été mariée à l'église et fréquenté les sacrements, est retournée au prêche y mène ses enfants. Il a été dit que je m'informerai si son mari était catholique, auquel cas il faudra faire acte au ministre et consistoire de Lunel que leur père étant catholique, les enfants doivent être élevés à la religion catholique, suivant les arrêts du conseil, et lui faire défense de les recevoir à peine d'encourir les peines contenues dans la déclaration du roi... et depuis quel temps elle est relapse. »

30 novembre, 1680.« Cinq mois auparavant, Chenal avait été signalé.

» Il a été dit que Isaac Chenal et Marie Cabanisse, dont les actes d'abjuration ont été dûment signifiés aux ministres et consistoire de cette ville, ne laissent pas d'aller publiquement à leurs temples. Présenter requête pour qu'il soit administré des témoins pour en être informé et ensuite intenter action contre les ministres et consistoire. »

6 février 1681.—«M. Berlier a dit que la veuve de M. Moulet, tisserand de couvertes, qui a toujours été catholique, est relapse; que de quatre enfants qu'elle a, les deux aînés sont catholiques; mais que les deux autres, qui ont huit à dix ans, sont élevés dans la religion protestante réformée; ce qui est une contravention aux déclarations du roi de 1666 et 1669, qui ne doit pas être tolérée. Sur quoi il a été prié d'avoir des témoins pour prouver que la mère est relapse et que les femmes aillent aux temples de ceux de la religion protestante réformée.

>> Il a été aussi prié d'en avoir pour preuves que la femme de Jacques Salas, travailleur, qui est aussi logé à la rue de la Blanquerie, est aussi relapse.

» Du mardi de la semaine sainte 1681, de Saint-Michel vicaire général, présid. M. de Saint-Michel a dit qu'il s'est entretenu avec M. l'intendant des moyens pour faciliter les preuves contre les relaps, et qu'il est convenu que lorsqu'on aura avis que quelqu'un qui aura fait abju

ration de la religion protestante réformée retournera au prêche, qu'il faudra prendre des témoins qui les y verront entrer ou sortir quelquefois; sur quoi on poursuivra d'écrit, et si dans l'audition le prévenu avoue aller au prêche comme voulant faire profession de la religion protestante réformée, alors il sera dans le cas de crime de relaps; que s'il dit que c'est par curiosité, lui faire faire défense d'autorité de justice, après lesquelles s'il y retourne il encourra les peines que les déclarations ordonnent contre les relaps. »

Mêmes jour et an 1681. « M. Dumas ayant été chargé de faire ouïr de témoins comme Isaac Chenal était relaps, a rendu compte à l'assemblée que lui ayant fait donner avis de la poursuite qu'il avait ordre de faire contre lui, il a fait nouvelle abjuration. »

19 mars 1681.« Il a été représenté qu'on voit tous les jours beaucoup de scandales de relaps et que le roi ayant fait diverses déclarations pour les peines, il semble néanmoins qu'il y ait de la négli- gence de si fort les tolérer; mais comme la difficulté des preuves est la principale cause qu'on ne les poursuit pas en justice, M. le vicaire général a été prié de se donner la peine de conférer avec M. l'intendant, s'il ne serait pas à propos, pour avoir moyen de prouver leur rechute, qu'il donnât une ordonnance sur la réquisition du synode du clergé ou du promoteur, disant qu'il est venu à sa connaissance que tels ou telles qui ont fait abjuration de la religion protestante réformée sont relaps retournant aux temples; auquel effet, il a recours à son autorité pour leur faire défense d'y retourner sous peine d'excommunication, et qu'il plût à M. l'intendant d'en donner une sur pareille exposition, et fît défense à peine de les déclarer relaps et de l'application des peines contenues dans les déclarations notamment celles qui sont portées par celle du mois de juin de l'année 1680, parce que si, après ces défenses, ils retournent aux temples, les preuves de leurs récidives seront aussi relevantes que celles de ceux qui les auraient surpris à faire la cène. »

23 juillet 1681. « M. Dumas a dit qu'il y a une fille du diocèse de Nismes, nommée... dont M. de Ratte a connaissance, qui a servi de nourrice chez le sieur Bordieu, qui va au prêche quoiqu'elle ait fait abjuration de la religion protestante réformée à Nismes, sur quoi M. le vicaire général a été prié d'entretenir M. l'évêque de Nismes avec qui il ira au premier jour à Narbonne pour prendre des mesures pour la faire punir comme relapse. »

3 septembre 1681.« M. Rey, apoth.., a dit que mademoiselle Francon Chauchère est relapse, laquelle demeure chez le sieur Prade, à la rue de la Blanquerie, et va au temple, au scandale de tous ceux qui savent qu'elle a fait abjuration; il a été prié d'en avoir des témoins. »

3 septembre 1681.« M. le vicaire général a dit que la nommée Soujole ayant eu connaissance qu'on l'a surprise qu'elle va au temple quoiqu'elle ait fait abjuration de la religion protestante réformée, a si fort la peur d'être poursuivie comme relapse qu'elle implore la clémence de l'assemblée, se soumettant à telle pénitence que l'on voudra lui imposer. Sur quoi il a été dit qu'elle a un enfant naturel qui est élevé dans la religion protestante réformée, et que si elle ne s'engage à l'élever à être catholique, il faut lui faire craindre qu'on la poussera, et M. de Saint-Michel a été chargé de le lui dire de la part de l'assemblée. »

C'est la dernière délibération transcrite, et l'on peut dire que le cœur de l'assemblée ne va pas s'amollissant. Quel zèle, quelle dureté! M. le vicaire général est sans pitié et c'est toujours contre de pauvres gens sans défense que l'on procède aussi rigoureusement. Le feu, ou la corde, ou les galères! Mais patience, cela viendra bientôt.

LE PROTESTANTISME BÉARNAIS.

INTERROGATOIRE DE D. CHÉRUQUES A PAU, 17 AVRIL 1759.

L'an mil sept cent-cinquante-neuf, le 17 avril, en la chambre des auditions du palais, par nous, Jean Anthoine de Bayard, conseiller du Roy en la cour, commissaire député pour prendre l'interrogatoire du bas nommé, a été procédé comme suit:

Mandé venir des prisons de la conciergerie de la cour, le personnage lequel, après serment, interpellé sur ses noms, surnoms, âge, qualité et demeure, a répondu s'appeler Dominique Chéruques, natif du lieu de Mirapeix, tisserand, âgé de trente-trois ans environ.

Interrogé dans quel lieu il a été arrêté, en quel temps et par qui il l'a été, puis traduit aux prisons de la conciergerie de la cour?

Répond que le 7 de ce mois, sur les trois heures de l'après-midi, étant à Viellenave, dans la rue, un homme, à lui inconnu, le saisit

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