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406 COLLECTION DES PROCÈS-VERBAUX DES ASSEMBLÉES POLITIQUES, ETC.

main; icelluy pour ses causes et autres grandes et justes raisonnables considérations à ce nous mouvans, nous avons de l'advis des dessusdits seigneurs et gentilzhommes dud. conseil, admis, ordonné et estably, admectons, ordonnons et establissons par ces présentes gouverneur, notre lieutenant général tant èsd. pais et provinces de Sevenes, Gevauldan, pais de Languedoc, bas et hault Viverois, esquelz nous comandons à pnt pour le service de Sadite Majesté, que en tous. autres lieux proches et voisins desd. provinces, dont il pourra amplifier et extandre les limites de son gouvernement, et luy avons donné et donnons pouvoir de comander selon les ocurences qui s'offriront pour le service de ceste cause, à tous les gens de guerre estans par tous les susd. pais et province, et afin de promptement pourvoir à la sécurité du païs, nous avons aud. sieur Sainct-Romain commis d'adviser en toute diligance avec le sieur de Franqueville, conseiller du roy eu son court de Parlement de Tholoze, et général intendant sur le faict de nos finances en tous les susd. païs, appellés aussy les cappitaines, comandans ez villes dud. gouvernement, et les consulz d'aulcunes des principalles villes dicelluy, en quelle desdz. villes leur semblera que l'on doibt mectre garnisons, le nombre des gens de guerre qui y sont nécessaires, et le solde suffizante et raisonnable pour leur entretenement, ensamble pour la munition des pouldres et fortifications des villes principalles.

Pour icelle somme imposer suyvent la commission que à ceste fin nous en avons faict expédier, voulant que les deniers qu'il conviendra pour les réparations et fortifications, confection de pouldres et tout autres munitions de guerre, soient employés sellon les inandements et ordonnances que à ceste fin en expédiera ledit sieur de Sainct-Romain, luy donnant aussy pouvoir d'establir et dresser tels magasins de vivre qu'il verra estre convenable pour le bien et advantage desdits païs et provinces, et generallement fera tout ce qu'il cognestra et jugera estre requis pour le bien, sureté, conservation et emplification de l'estandue de son gouvernement, dont nous nous fions et remectons entierement à luy, promectons en bonne foy et parolles des princes avoir agréable tout ce que par luy sera faict et exécuté en contenu desd. présentes, par lesquelles nous mandons à tous cappitaines, gentilshommes, soldats, tant de cheval que de pied, estant en susdits païs et provinces et autres circonvoisins, maires, eschevins, consuls, manans et habitans de celluy, que ès

choses qui toucheront et conserveront ceste présente charge et gouvernement, ilz ayent à respecter et à honorer le dit sieur de SainctRomain luy obeyr et entendre, et à lui prester tout le conseil, secours, faveur et adcistance dont il aura besoing, et il les requerra. Donné au port Sainte-Marie le 20 jour du décembre mil v cent soixante-neuf.

HENRY.

HENRY DE BOURBON.

DE CABOCHE.

COMPTES DE LA DUCHESSE DE BAR.

(1601-1602.)

L'ancien Bulletin a publié (t. II, p. 142, 146) de fort belles lettres de Catherine de Bourbon, duchesse de Bar, ainsi que des extraits fort intéressants des registres du consistoire de sa maison (t. VI, p. 149, 160). Les fragments qui suivent, tirés des archives de Nancy, et communiqués par M. le pasteur Ed. Schmidt, fournissent la date du ministère de chacun des pasteurs qui se succédèrent auprès de la pieuse sœur de Henri IV, en 1601 et 1602.

Extrait du compte présenté à Paris, le 28 mars 1605, par M. Darnant, commis à la charge de trésorier général des finances de la maisôn de défuncte Madame, sœur unique du roy, pour l'année mil six cens ung, etc.

Autre despence payée complant par ce presan comptable à diverses personnes par vertu des mandements de feu Madame, pour ceux ayant servy au lieu et place d'un aumosnier (?), qui sont employez sur le dict estat.

M. Yoland, ministre de la Parole de Dieu en l'église de Vitry le Francoys, la somme de cent écus à luy ordonnée par ma dicte dame pour les gages entiers du sieur de Lafaye, ministre de l'église de chez Madame, dautant que le dict sieur Yoland a servy au lieu et place du dict sieur Lafaye durant son cartier, ainsi qu'il est contenu au mandement de ma dicte dame. Donné à Nancy le premier jour de may, année de ce compte.

Au sieur d'Yvoy, ministre de la Parole de Dieu en l'église de Metz, la somme de cent écus à lui ordonnée pour les gages entiers du sieur de La Touche, aussy ministre en l'église de chez Madame, en l'absence duquel le dict sieur d'Yvoy a servy Son Altesse en l'année de ce compte, ainsi qu'il est contenu au mandement de Madame, donné à Paris le vingt-sixième jour de juillet au dict an de ce compte. Signé : CATHERINE, etc.

Au sieur du Moulin, ministre de la Parole de Dieu en l'église de chez Madame, la somme de douze écus à luy ordonnée par ma dicte dame sur le reste des gages du dict s. Couet, à cause qu'il a servy une partye de son cartier, et insy qu'il est contenu au mandement de ma dicte dame, donné à Nancy le dixième jour de janvier 1602. Signé CATHERINE.

Autre dépence payée comptant par le dict Darnant, présent comptable, par les mandements, ordonnances et quittances de feu Madame, tant pour dons, gratifications, récompenses et autres affaires, concernant le service de Son Altesse.

Au sieur Yoland, ministre de la Parole de Dieu en l'église de Vitry le Francoys, la somme de vingt écus, de laquelle Madame luy a faict don pour les frais et despences qu'il a faictes à venir du dit lieu de Vitry à Nancy trouver Son Altesse, que pour son retour au dict lieu, ainsi qu'il est contenu au mandement de ma dicte dame. Donné à Nancy le premier jour de mai, année de ce compte. Signé : CATHERINE.

Au sieur du Moulin, ministre de la Parole de Dieu en l'église de chez Madame, la somme de trente-huit écus de laquelle Madame luy a faict don en considération qu'il a servy presque la moytié du cartier du sieur Couet en l'année de ce compte, ayant Son Altesse disposé de pareille somme de trente-huit écus sur les gaiges du dict sieur Couet pour autre effect. C'est pourquoi ma dicte dame a voulu la dicte somme estre repayée au dict sieur du Moulin sur les.... distincts pour le payement des dons en la dicte année de ce compte, et ainsi qu'il est plus instamment contenu au mandement de Son Altesse; donné à Nancy le huitième jour de febvrier 1602. Signé : CATHERINE.

Autre dépence payée comptant par ce dict sieur comptable, pour pentions ordonnées par Madame pour chacun et aux personnes y après nommées, et suivant les comptes précédents rendus par M. le Lafont, trésorier général de ma dicte dame.

A Abraham Gaucher, fils du feu sieur Gaucher, en son vivant

ministre de la Parole de Dieu en l'église de Pau, la somme de trentetrois écus vingt solds pour sa pention.

A David Hespérien fils du sieur Hespérien, ministre, la somme de trente-trois écus vingt solds pour sa pention de l'année du présent compte, qui lui a été ordonnée par Son Altesse.

David de Feugueray, fils du sieur de Feugueray, ministre en la maison de Madame, la somme de trente-trois écus vingt solds, à luy ordonnée par forme de pention.

UN LIVRE DU REFUGE.

COPIE D'UNE LETTRE ÉCRITE DE BERLIN
LE 3 NOVEMBRE 1752.

Tout est mystère dans cette lettre communiquée à Paul Rabaut par un membre inconnu du Refuge. On sait tout ce qu'a dù la monarchie prussienne à cette émigration française qui lui donna les Beausobre, les Savigny, les Ancillon, et tant de savants distingués qui composèrent l'Académie de Berlin. C'est dans leurs rangs qu'il faudrait chercher l'auteur du très-remarquable ouvrage qui ne vit jamais le jour, et dont on n'a ici que l'esquisse. Le correspondant anonyme de Berlin ne le désigne que par ces mots : L'auteur est un Français réfugié, homme savant à qui la patrie tient à cœur. Il lui donne même plus loin l'épithète de grand homme. Mais ce titre pourrait s'appliquer à plus d'un membre de la savante colonie que les malheurs du temps avaient formée si loin de la France. Toutes conjectures seraient ici téméraires : on ne peut que regretter la perte d'un ouvrage retenu sous le boisseau par d'honorables scrupules, et qui, à n'en juger que par l'analyse, eût occupé une belle place dans la littérature du Refuge. Voir Sayous le Dix-huitième siècle à l'étranger, t. II, ch. vi.

Vous êtes un terrible homme, Monsieur; vous plaisantés sur la lettre que j'eus l'honneur de vous écrire le premier may dernier. Vous dites que je vous ay fait part d'un de mes songes, lorsque je vous ay dit que j'avais vu un ouvrage qu'on allait faire imprimer pour prouver que Louis le Bien-Aimé peut aisément étendre et améliorer le commerce de son royaume, augmenter le nombre de ses sujets et leur richesse, et par cella même augmenter les revenus de sa couronne. Vous me dittes que c'est une belle chimère, et ce qui semble autoriser votre idée, est que je ne vous ay pas tenu la promesse

que je vous fis de vous mander un exemplaire de cet ouvrage. Je vous ay pourtant dit vray, monsieur, en vous disant que j'avais vu cet ouvrage en manuscrit. L'auteur est un Français réfugié, homme savant, à qui la patrie tient à cœur. Je fais l'expérience qu'on ne peut pas l'oublier. Je puis vous assurer que ce grand homme est ici dans une situation gracieuse, et mieux qu'il ne serait en France. Mais nous sommes à l'ordinaire plus sensibles au seul bien qui nous manque qu'à ceux que nous possédons. L'auteur a fait voir son ouvrage à quelques-uns de ses amis. Tous l'ont admiré; mais ils lui ont représenté qu'ayant été reçu dans ce pays-ci avec des marques de distinction, il n'était pas prudent de donner au public un ouvrage qui pouvait être si utile à la France et si préjudiciable aux États protestants, et en particulier à cellui-ci; cette observation l'a déterminé à étouffer son ouvrage avant qu'il eût veu le grand jour. Vous voyez par là que je n'ay pas peu vous mander l'exemplaire que je vous avais promis, et afin de bien réhabiliter ma sincérité, je vais vous donner une idée de cet ouvrage. Il y a huit mois que je le lus; l'auteur n'a pas voulu que j'en aie fait une seconde lecture. Aussi je ne puis vous en donner qu'une idée confuse. Cet ouvrage est un système lié et suivi : la bonne politique est la boussole de l'auteur. Il est divisé en trois articles dont je vais vous donner une courte analise.

Le 1er article concerne le commerce.

Il pose d'abord pour principe que le commerce est la source de la richesse et de l'opulence, et que sans le commerce le royaume tomberait bientôt dans une espèce de faiblesse qui le conduirait au dépérissement.

De ce principe il tire cette conséquence que S. M. ne peut rien faire de plus digne d'un grand roy que d'étendre et améliorer le commerce de ses sujets.

Il analise, s'il faut ainsi parler, toutes les villes maritimes du royaume et le genre de commerce qui est le plus affecté à chacune.

Il pénètre dans l'intérieur du royaume; il considère le génie des habitans, leur industrie, leur opulence, leur misère, leurs ressources, leurs diverses fabriques; il indique des moyens pour les porter à un point de perfection où elles ne sont pas encore. Il parle aussi des teintures et des apprêts de toutes les marchandises.

Il n'oublie pas les réparations qu'il est nécessaire de faire à cer

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