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de Mme Vincens, les recherches de M. de la Ferrière, les documents inédits pour l'Histoire de la Réforme et de la Ligue et les procèsverbaux des assemblées politiques transcrits par M. Loutchitzki, ainsi que trois publications allemandes de M. Pietschker, sur la Réforme luthérienne (?) à Genève, Coethen 1875; de M. de Dalwigk, sur la Vie et les Ouvrages de François de la Noue, Cobourg 1875; de M. Scholz, sur les négociations saxonnes d'Hubert Languet en France (1560-1572), Halle 1875. Il rappelle les recherches du comte J. Delaborde sur Coligny, la thèse de M. Teissier, l'enquête sur Jacqueline d'Entremont, les Mémoires du sieur de Soubise, publiés dans le Bulletin, et la réédition du Tigre par M. Read.

La seconde division, depuis l'Édit de Nantes jusqu'à la Révocation, devait fournir à M. Schott une moisson moins abondante; aussi regrette-t-il qu'on n'ait pas assez songé jusqu'ici à décrire la période pacifique qui précéda la ruine « dans laquelle la bigoterie de Louis XIV devait abîmer ce florissant jardin de Dieu. » Le mouvement littéraire, la théologie réformée dans ses divers représentants, dans sa corrélation avec la philosophie et le jansénisme, n'ont pas encore été appréciés d'une manière assez approfondie. Philippson qui, dans Henri IV et Philippe III (Berlin, 1870-1873), accuse le Béarnais d'indifférence religieuse, lui semble plus près de la vérité que l'abbé Péret, affirmant la parfaite sincérité de l'abjuration, dans l'étude Henri IV et l'Église catholique (Paris, 1875). Il se plaît à rendre hommage au charme de la biographie d'Anne de Rohan, par M. Jules Bonnet, dans ses Derniers récits, et des lettres des dames de Rohan, de Bouillon et de la Trémoille, empruntées par M. Marchegay au chartrier de Thouars.

Dans le troisième chapitre, M. Schott analyse les ouvrages récents qui se rapportent à l'époque de la persécution, de 1685 à 1787. Rappelant d'abord les travaux antérieurs de MM. Weiss, Chavannes, Agnew, Ath. Coquerel fils sur Calas, le Journal et les lettres des galères, il passe successivement en revue l'Antoine Court de M. Edm. Hugues, auquel il accorde de grands éloges; les biographies de Saurin par M. Berthault, de Jacques Roger par M. Benoît, d'Isabeau Menet par M. Lombard, la description de la Tour de Constance de M. Frossard, la notice statistique de M. Schwarzbach sur le refuge dans les États du grand électeur (les Colonisations des Hohenzollern, Leipzig, 1874), le tome VIII des Archives de la Bastille publié par M. Ravais

son, et à propos des Calas, le tome VI de Voltaire, de M. Desnoi

resterres.

Le dernier paragraphe passerapidement en revue quelques travaux sur l'époque moderne. Nous n'avons pas le droit de nous y arrêter, et nous remercions M. le docteur Schott de nous avoir donné dans ce résumé critique un excellent exemple à suivre et un sérieux encouragement.

F. DE S.

VIE DE BÉNÉDICT PICTET, théologien génevois, par E. de Budé.

1 vol. in-12.

Nous avons plus d'une fois attiré l'attention de nos lecteurs sur les intéressants travaux de M. Eugène de Budé. Après nous avoir donné les biographies de Jean Diodati, le traducteur de la Bible en italien, et de Fr. Turrettini, l'éminent théologien génevois, il nous retrace. la vie de Bénédict Pictet, qui joua un rôle important vers la fin du XVII° siècle et au commencement du siècle suivant, et a laissé, comme pasteur et professeur, des traces durables.

On ne lira pas sans plaisir et profit cette biographie puisée aux sources et habilement encadrée dans l'histoire générale. Rare activité, science de bon aloi, piété profonde et communicative, mais surtout penchant extraordinaire à soulager les malheureux, les persécutés du siècle, tous ces tisons retirés du feu, pour parler avec Saurin, qui rappelaient partout l'impitoyable rigueur du grand roi glorifié par Bossuet comme un nouveau Théodose, un nouveau Constantin. Bénédict Pictet est une touchante personnification de la tolérance en ces jours néfastes où Fénelon lui-même faisait cause commune avec les persécuteurs. Qui dira ce que fut Pictet pour les innombrables réfugiés arrivant à Genève dénués de tout, et ne pouvant même s'arrêter dans cet asile que leur enviaient les résidents français, trop fidèles aux instructions qu'ils recevaient de Versailles ! La dure tyrannie qui pesait sur la France s'imposait encore au delå des frontières, et poursuivait sur une terre libre ceux qui avaient. tout quitté pour garder leur foi. L'œuvre de la charité ne fut jamais si belle, dans les ingénieux détours qu'elle devait prendre, et la part de Pictet est glorieuse entre toutes dans les soulagements accordés aux exilés, aux forçats, qui avaient appris à bénir son nom. Nous ne

pouvons que remercier M. de Budé de nous l'avoir si bien rappelé. Le volume que nous annonçons aujourd'hui est le troisième de la galerie des théologiens génevois, qui s'enrichira bientôt d'une nouvelle esquisse biographique sur J. A. Turrettini, dont quelques fragments relatifs à sa correspondance avec Bayle ont été lus à l'Académie des sciences morales, et accueillis avec faveur par la docte compagnie. C'est de bon augure pour le succès d'un livre que de sérieux mérites recommandent, comme ses aînés, au public français. J. B.

NÉCROLOGIE

J.-F.-A. BOVY.

Le Bulletin doit un hommage à la mémoire d'un artiste éminent, décédé au mois de septembre dernier, à l'âge de 82 ans, M. Jean-FrançoisAntoine Bovy, le doyen des graveurs de notre temps, et l'auteur de tant d'œuvres remarquables qui ont leur place marquée dans le cabinet des numismates.

M. Bovy était né à Genève en 1793, et montra, dès sa jeunesse une aptitude toute particulière pour les arts du dessin. Après avoir fait ses premières études dans les écoles et les ateliers de cette ville, il partit pour Paris où il entra dans l'atelier du graveur Pradier, frère aîné de l'illustre sculpteur. Il exposa pour la première fois au Salon de 1831, où sa supériorité fut tout de suite remarquée, et sa réputation depuis lors n'a fait que grandir, attestée par plusieurs médailles et par la décoration de la Légion d'honneur qu'il obtint en 1843.

Il ne tarda pas en effet à prendre place au premier rang parmi les graveurs en médailles de notre époque. Entre ses œuvres les plus connues, nous citerons sa grande médaille du jubilé de la Réformation (1835), le plus beau portrait connu de Calvin, et celle qu'il consacra en 1859 au jubilé tri-séculaire du premier synode des Églises réformées de France. Bovy continuant la tradition de Dassier et des graveurs génevois du XVIIIe siècle, a fait revivre dans un grand nombre de médailles-portraits l'image de nos plus éminents contemporains. Deux médaillons exquis, exposés tout récemment à l'Athénée de Genève, prouvent que dans un âge très-avancé cet éminent artiste n'avait rien perdu de la vivacité de son imagination ni de la sûreté merveilleuse de sa main. (Journal de Genève du 21 septembre 1877.)

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