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reuse : « Que jamais il ne me soit per« mis de chasser, que jamais je ne « puisse porter d'épervier sur le poing, « si depuis l'instant où vous m'avez « donné votre cœur, j'ai songé à en « aimer une autre que vous.» Quand un seigneur mourait dans ses terres, on plaçait un chien sous les pieds, ou un oiseau sur le poing de son image, sculptée sur sa pierre funéraire.

Nous avons dit que la chasse avait été interdite aux ecclésiastiques. En effet, un concile d'Agde, en 506, un concile de Mâcon, en 585, les capitulaires de Charlemagne, un concile de Paris, en 1212, un de Montpellier, en 1214, un de Pont-Audemer, en 1276, un synode provincial d'Auch, en 1303, etc., leur défendirent de se livrer à cet exercice et d'avoir chez eux des chiens et des oiseaux dressés pour la chasse. Mais, comme nous l'avons dit aussi, les abbés et les évêques étant devenus des seigneurs temporels, se montrèrent jaloux des priviléges attachés à ce titre, et ne tinrent aucun compte des prohibitions royales on canoniques : ils eurent des meutes, des oiseaux, des veneurs, et parurent dans les campagnes une arbalète à la main ou un faucon sur le poing. Dans le roman du Petit Jehan de Saintré, on voit Damp, abbé, suivre la dame des Belles-Cousines à la chasse de la reine, et s'y montrer aussi bon chasseur que hardi cavalier. Jusqu'aux temps modernes, les gens d'église se sont livrés à un amusement qui leur était défendu et constituait un des priviléges de la noblesse. Pour ne citer qu'un seul exemple, le fameux Jean de Vatteville, qui livra la Franche-Comté à Louis XIV, avait dans son abbaye de Baume, où il termina sa vie aventureuse, un des plus beaux équipages de chasse de la province, et il s'en servait souvent.

Ce n'était pas toujours cependant en violation des règlements que les ecclésiastiques se livraient au plaisir mondain de la chasse, car les rois le leur permettaient quelquefois. En 774, Charlemagne accorda au monastère de Saint-Denis le droit de chasser le cerf, le chevreuil et les animaux carnassiers,

dont les peaux, avaient dit les moines, leur étaient nécessaires pour couvrir leurs livres. En 778, il accorda le même privilége à l'abbaye de SaintBertin, qui avait besoin, non-seulement de couvertures pour ses livres, mais aussi d'aliments pour ses malades, ainsi que de ceintures et de mou fles pour ses moines.

Jusqu'à saint Louis, le droit de chasse avait appartenu exclusivement à la noblesse. Ce prince fut le premier qui l'accorda aux bourgeois dans quelques provinces. Charles VI maintint ce privilége aux bourgeois qui vivaient noblement, mais interdit absolument la chasse aux roturiers, laboureurs et autres, à qui il fut enjoint de n'avoir chez eux ni chiens, ni furets, ni lacets.

Louis XI, qui ne chassait presque jamais et voyait avec regret la noblesse se ruiner en équipages de chasse, lui défendit avec une telle sévérité cet amusement coûteux, qu'alors, dit Seissel, auteur contemporain, « c'était << un cas plus graciable de tuer un « homme que de tuer un cerf ou un « sanglier. Cette défense fit pousser les hauts cris, et, à son sujet, les nobles firent entendre aux états de Tours, tenus en 1483, des plaintes vives, que Charles VIII la révoqua peu après son avénement à la couronne.

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A toutes les époques, les rois de France ont eu des officiers et des équipages de chassé, mais, jusqu'à Francois Ier, aucun d'eux n'avait, pour cet objet, porté aussi loin le luxe et la dépense. La partie de sa maison qui concernait les chasses coûtait des sommes immenses. Partout où il allait, il se faisait suivre par ses veneurs, ses chiens et ses oiseaux. Aussi Dufouilloux, auteur d'un Traité de la chasse, dédié à Charles IX, l'appelle-t-il lé père de la vénerie, ce qui certes ne vaut pas le titre de père des lettres.

Quant à Charles IX, il fut le chasseur le plus habile, le plus instruit de son époque, et il nous reste de lui un Traité sur la chasse, dans lequel il fait preuve d'une érudition qui convient beaucoup mieux à un forestier qu'à un roi. Il fut néanmoins surpassé

dans le goût de cet amusement par Louis XIII, qui excellait à tirer de l'arquebuse, et, au dire de madame de Motteville, s'amusait à prendre des oiseaux pendant que ses armées prenaient des villes et gagnaient des batailles. Outre ses équipages différents pour le cerf, le chevreuil, le loup, le lièvre et le sanglier, ce prince avait cent cinquante chiens qui le suivaient partout dans ses voyages, de sorte que sur la route il n'y avait pas un buisson qui ne fût battu.

Louis XIV eut aussi de brillants équipages de chasse; il se faisait accompagner dans ses courses par les princesses de sa famille, les dames les plus qualifiées, et les seigneurs les plus éminents, qui se regardaient comme infiniment honorés par le choix que le grand roi daignait faire d'eux pour lui servir d'escorte. Louis XV chassa beaucoup moins; mais comme les exercices violents étaient nécessaires à Louis XVI, il se livra fréquemment à celui de la chasse. Il était en forêt, entouré de ses veneurs et de ses chiens, le 5 octobre 1789, lorsque les femmes de Paris vinrent à Versailles lui demander du pain. Napoléon chassait peu et chassait mal. Les infirmités de Louis XVIII ne lui permettaient pas de prendre cet amusement; mais Charles X, mieux portant, s'y livra jusque dans sa vieillesse avec une prédilection qui lui fut reprochée plus d'une fois.

Nous avons dit que les Gaulois se faisaient aider dans leurs chasses par des chiens nés dans leur pays ou importés de l'île de Bretagne, dont ils savaient très-bien apprécier les qualités. Les plus renommés chez eux étaient les vertagi et les argutarii, pour leur vitesse, les segurii ou seguriani, pour leur intelligence. Dans la suite, à force d'amener en France des chiens étrangers et d'en croiser les races, on obtint toutes les espèces que nous avons aujourd'hui; on en eut pour le menu gibier, la grosse bête, la chasse à courre. Dans la chasse au vol même, on se faisait accompagner de levriers pour prendre et saisir certains oiseaux que

le faucon parvenait bien à abattre, mais qui étaient trop forts pour que celuici pût les lier et les saisir lui-même.

Pour exciter et guider les chiens, pour les remettre sur la voie quand ils l'avaient perdue, et les rallier avant la fin de la journée, on se servait de cors. Au surplus, les chiens et les oiseaux n'étaient pas les seuls animaux que l'on employât pour la chasse : on y dressa aussi des bêtes féroces, à l'imitation de ce qui se pratique encore en Orient. Dans l'une des chasses que Louis XII donna, en 1510, à l'ambassadeur de l'empereur Maximilien, il n'y eut, suivant un auteur du temps, prinse que d'un lièvre que print un léopard; et dans une autre, deux chevreux furent prins par un léopard.

Avec le temps, la chasse fut trouvée trop fatigante à cause des grands espaces qu'il fallait parcourir. Alors on imagina d'enfermer dans des portions de forêts, que l'on entoura de murailles et que l'on appela des parcs, des milliers d'animaux qu'on y nourrit, et qu'en grand appareil et avec grand bruit on allait, de temps en temps, massacrer sans peine et sans danger. Toutefois, la chasse qui exigeait de grands mouvements et nécessitait de longues courses, fut toujours réputée la plus digne d'un véritable gentilhomme.

A toutes les époques de notre histoire et jusqu'à la révolution, la chasse fut une cause perpétuelle de ruine et de vexation pour le peuple, et même pour les hommes des classes élevées, qui prétendaient n'en point faire partie. Les veneurs du roi s'étaient arrogé, entre autres droits, celui de séjourner, quand ils étaient en chasse, trois jours dans les monastères, et de s'y faire nourrir eux, leurs valets, leurs chevaux et leurs chiens. Cet abus subsista jusqu'à Charles V, qui l'abolit. Les ravages que commettaient les bêtes fauves dans les terres voisines des forêts étaient si déplorables et excitaient tant de réclamations, que Philippe le Bel et Charles le Bel, au lit de la mort, pour apaiser les cris de leurs consciences, léguèrent, par testament, une certaine somme aux laboureurs

voisins des forêts royales, en dédommagement du tort que leur avaient causé les bétes rousses et noires.

Il s'en faut de beaucoup que tous nos rois aient été aussi consciencieux : la chasse a donné lieu à une quantité presque innombrable de règlements, d'arrêts, d'ordonnances, toujours attentatoires à la propriété du pauvre, comme s'il eût fallu absolument, pour qu'un noble s'amusât, que l'homme de travail fût dans la misère et dans les larmes. Il y eut un temps où le laboureur ne pouvait, sous peine de galères, chasser de son champ, autrement que par des cris, l'animal sauvage qui dévorait sa récolte. Henri IV, dont on vante encore aujourd'hui l'amour pour le peuple, décerna, en 1601, la peine de mort contre le braconnier qui serait surpris chassant plusieurs fois la grande bête dans les forêts royales, punition que maintint son fils, mais dont fut révolté Louis XIV. Aujourd'hui la chasse est libre moyennant quelques conditions imposées par la loi, et qui sont basées sur le respect dû à la propriété et à la tranquillité publique. Les abus auxquels elle peut donner lieu, et la violation des formalités légales, sont punis d'une amende, de la confiscation des armes, et quelquefois de peines correctionnelles, suivant la gravité des cas.

CHASSELOUP-LAUBAT (le comte), né à Saint-Sernin en 1754, entra au service comme volontaire au commencement de la révolution, et se distingua dans les premières campagnes sur le Rhin, ainsi qu'à l'affaire d'Arlon, en 1794. Il était parvenu à cette époque au grade de chef de bataillon dans le corps du génie. Pendant la campagne d'Italie de 1796, il fut chargé de diriger les siéges de Milan et de Mantoue, et de réparer les fortifications de Peschiera, de Legnano et de Pizzighitone, et il déploya dans l'exécution de ces travaux de tels talents, que Napoléon le nomma général de brigade, et peu de temps après général de division. En 1801, le général Chasseloup dirigea, sous les ordres de Brune, le siége de Peschiera; en 1805, il eut, sous Mas

séna, une grande part au succès du passage de l'Adige. En 1806, il dirigea les travaux du siége de Dantzick. De retour en Italie (1810), il fit d'Alexandrie une des places les plus importantes de l'Europe. Il se rendit encore fort utile pendant la campagne de Russie. Napoléon récompensa tous ces services en le nommant (1811) conseiller d'État (section de la guerre), (1813) grand-croix de l'ordre de la Réunion, sénateur et comte d'empire. Sous la première restauration, il fut créé pair de France et grand cordon de la Légion d'honneur. Après la deuxième, il vota contre la condamnation du maréchal Ney, et jusqu'à sa mort il fit partie de la minorité libérale de la chambre des pairs. Napoléon à Sainte-Hélène a rendu un éclatant témoignage à sa probité et à ses talents. Il est mort à Paris le 6 octobre 1833.

CHASSENEUX (Barthélemi de), né à Issy-l'Évêque, près d'Autun, en 1480, étudia le droit aux universités de Dôle et de Poitiers, et alla perfectionner ses études aux universités de Turin et de Pavie. Pendant le séjour qu'il fit dans ces deux villes, il fut chargé de diverses missions en Italie. Revenu en France en 1502, il fut d'abord avocat du roi à Autun, et se fit, dans l'exercice de ces fonctions, une réputation de science et de talent qui ne tarda pas à attirer l'attention sur lui. Il fut nommé conseiller du parlement de Paris en 1531, et l'année suivante, président du parlement de Provence. Accusé de malversation par l'avocat général Laugier, il fut complétement justifié de cette accusation en 1535, par une commission composée de quatre présidents tirés de quatre différents parlements. François Ier l'appela cette même année à son conseil pour y travailler à l'ordonnance d'Is-sur-Tille, relative à la réformation de la justice. Il occupait encore, en 1540, la place de président au parlement d'Aix, lorsque fut rendu le fameux arrêt du 18 novembre, qui condamnait à mort par contumace, comme suspects d'hérésie vaudoise, quelques-uns des habitants

T. v. 2 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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des villages de Cabrières, de Mérindol et lieux circonvoisins, bannissait les autres, et ordonnait la destruction de leurs maisons. Il paraît que Chasseneux arrêta l'exécution de cet arrêt; il est du moins certain qu'il demanda et obtint de François Ier que les habitants de Mérindol fussent entendus, et que, tant qu'il vécut, l'arrêt ne fut point exécuté. C'était à son successeur, le baron d'Oppède, de sinistre mémoire, qu'était réservée cette triste exécution. Suivant de Thou, Chasseneux aurait été amené à tenir cette conduite, qui lui ferait encore plus d'honneur, s'il n'avait suivi d'autres inspirations que celles de la justice et de l'humanité, par les remontrances d'un gentilhomme d'Arles, Renaud d'Alleins, qui invoqua en faveur des malheureux Vaudois un argument sans réplique, et appuyé sur une autorité que Chasseneux ne pouvait récuser. Renaud d'Alleins lui rappela qu'étant avocat à Autun, il avait été d'avis qu'on ne pouvait excommunier les rats avant de les avoir cités en justice et de les avoir entendus au moins par procureur. Or les habitants de Mérindol, bien qu'hérétiques, pouvaient-ils être traités plus rigoureusement que ces animalcules? Le fait a été révoqué en doute par Niceron. On trouve cependant quelque chose d'analogue dans un ouvrage de Chasseneux, intitulé Consilia, et imprimé à Lyon en 1531. Au premier de ces conseils, il rapporte que les habitants de Beaune, voyant leurs vignes dévastées par une espece de hanneton, étaient venus à Autun présenter requête à l'official, pour qu'il sommât les hannetons d'évacuer le territoire, sous peine d'excommunication. Chasseneux examine d'abord si les habitants de Beaune ont ce droit, et ensuite comment il faut proceder. La première formalité qu'il exige à peine de nullité, c'est qu'on fasse citer les hannetons au moins par procureur. L'embarras était de savoir comment se ferait la procuration; mais l'auteur prouve par un grand nombre d'autorités, que, quand un procureur se présente pour défendre

quelqu'un qui ne le désavoue pas, il est censé revêtu de pouvoirs légitimes. Il trace ensuite au long la forme de la requête, de la citation et de la sentence, et il rappelle à cette occasion plusieurs procédures de ce genre qu'il a vu faire à Autun, à Lyon, à Mâcon, contre des animaux nuisibles tels que les rats et les limaçons.

Parmi les ouvrages de Chasseneux, il faut citer, outre ses Consilia dont nous avons parlé, un commentaire sur la coutume de Bourgogne, en latin. C'est un des premiers ouvrages dans lesquels on ait essayé d'une manière systématique à éclairer le droit coutumier à l'aide du droit romain. Ce commentaire a été imprimé plusieurs fois; il a même eu l'honneur d'être annoté par Dumoulin, qui, cependant, ne faisait grand cas ni de l'ouvrage ni de l'auteur.

CHASSES DES SAINTS.-Les châsses où étaient enfermées les reliques des saints étaient autrefois fort nombreuses en France. Jusqu'au milieu du seizième siècle, il n'y avait presque pas d'église qui n'en possédât une, et quelquefois plusieurs. Mais, à partir de cette époque, le nombre de ces monuments a diminué. Les protestants en détruisirent beaucoup pendant les guerres de religion; et ce qui en restait éprouva le même sort lors de la révolution de 1789. Sous les deux premières races, on portait, à la tête des armees, avec les reliques qu'elles contenaient, les châsses, que l'on désignait alors par l'expression de capa ou capella; et la garde de ces pieux monuments était confiée à des prêtres nommés capellani (chapelains), à qui Charlemagne avait accordé la permission de porter les armes, et de combattre, s'il le fallait, pour les défendre (voyez CHAPE DE SAINT MARTIN et CHAPELAINS). Dans les causes où le serment était déféré, les châsses des saints étaient placées au milieu de l'eglise, et l'accusateur ou l'accusé venait y prêter le serment que l'on exigeait d'eux. C'était ce que l'on appelait jurare per sanctos.

La châsse la plus celebre en France, après la châsse ou chape de saint Mar

tin, et la seule dont nous donnerons la description, contenait les reliques de sainte Geneviève, patronne de Paris, morte, à ce que l'on croit, en 512. Cette châsse était l'œuvre de saint Eloi, trésorier du roi Dagobert, et évêque de Noyon. Nous ne savons si elle était recommandable par le travail; mais l'anecdote qui suit prouve qu'elle subsista longtemps, et qu'elle était fort riche. En 1145, le pape Eugène III, réfugié en France, ayant résolu, de concert avec Suger, d'introduire une réforme dans l'abbaye de Sainte-Geneviève, dont la discipline était fort relâchée, les religieux, qui ne voulaient point qu'on rétablit les anciennes règles, détachèrent de la châsse de la sainte des ornements en or pesant quatorze mares, dans le dessein de former une somme assez forte pour l'offrir au pape, et l'engager à renoncer à son projet. Leur présent ne fut point accueilli; alors ils se révoltèrent; mais force leur fut de se soumettre et de subir la réforme. On ignore ce que devint ensuite cette châsse; mais on sait qu'en 1242, un orfévre, nommé Bonard, reçut l'ordre d'en faire une nouvelle, à laquelle il employa 193 marcs d'argent et 7 marcs et demi d'or. Celle-ci, plus riche que belle, offrait, suivant Dulaure, des formes barbares, une infinité de détails et beaucoup d'or et de pierreries, qui sans doute y avaient été, de siècle en siècle, ajoutés après coup. Elle était supportée par quatre statues de vierges plus grandes que nature. Au-dessus brillaient un bouquet et une couronne de diamants, présents de Marie de Médicis et de Marie-Élisabeth d'Orléans, reine douairière d'Espagne.

Cette châsse de sainte Geneviève était en grande vénération auprès des Parisiens, et c'était vers elle qu'ils tournaient les yeux dans toutes leurs adversités. Elle était, lors des calamités publiques, exposée aux hommages des fideles, et promenée processionnellement dans les rues de la capitale. Ce précieux monument a été fondu pendant la révolution.

La châsse ou fierte de saint Romain,

archevêque de Rouen, figurait autrefois dans une cérémonie fort remarquable qui avait lieu annuellement en cette ville. Le roi Dagobert, en reconnaissance de ce que ce saint prélat avait délivré la cité épiscopale d'un affreux dragon qui en ravageait les campagnes, avait accordé à son église métropolitaine le droit de délivrer tous les ans un prisonnier le jour de l'Ascension; ce prisonnier levait la châsse de saint Romain, qu'il portait avec un ecclésiastique jusqu'à la cathédrale, après quoi on le mettait en liberté (*).

CHASSET (le comte Charles-Antoine) naquit à Villefranche le 25 mai 1745. Avocat et maire à l'époque de la révolution, il fut nommé membre de l'Assemblée constituante, fit décréter la suppression des dimes, et fut envoyé avec le général Custine et Regnier en mission dans les départements du Haut et du Bas-Rhin et des Vosges. En 1792, il devint membre de la Convention nationale, vota, dans le procès de Louis XVI, la détention pendant la guerre et le bannissement après la paix, et ensuite se prononça contre le sursis. Après le 31 mai 1793, il sortit de France, devint aide-chirurgien sur un vaisseau anglais, et aide-chirurgien à Toulon pendant l'occupation anglaise. En 1795, il rentra en France, où il venait, quoique absent, d'être nommé membre du Conseil des Cinq-Cents. Il fit ensuite partie du Conseil des Anciens; et, à l'époque du 18 brumaire an VII (1799), il s'attacha au parti du général Bonaparte, ce qui lui valut son admission au sénat conservateur, le titre de commandant de la Légion d'honneur, la dignité de comte de l'empire, et celle de comte titulaire de la sénatorerie de Metz. Après la seconde restauration, il fut compris, dans la loi du 12 janvier 1816, au nombre des conventionnels dits votants; mais il obtint peu après l'autorisation de rentrer en France.

(*) Voyez l'Histoire du privilége de Saintmembre Romain, publiée par M. Floquet, correspondant de l'Institut.

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