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FRANCE.

1736, en faveur d'Alexis - MadeleineRosalie, comte de Châtillon. (Voyez CHATILLON [famille de].) Ces lettres portaient : « Que le nom de la terre de Mauléon, ainsi érigée en duché-pai«rie de France, serait commué, tant « pour ledit duché que pour la ville de « Mauléon, en celui de Châtillon. »

"

Pendant la guerre de la Vendée, Châtillon fut le quartier général et le siége du gouvernement des insurgés. Elle fut prise et brûlée plusieurs fois, et il n'y resta debout que quelques maisons. Elle a été depuis entièrement reconstruite. C'était, avant la révolution, le chef-lieu d'une élection. On y compte 935 hab.

CHATILLON-SUR-SÈVRE (combat et prise de). - Westermann avait amené en 1793, dans Parthenay, sa brave et terrible légion germanique, formée de 3,000 volontaires ou déserteurs étrangers. Impatient de se signaler, il la mena, le 3 juillet, contre Larochejaquelin et Lescure, qu'il trouva en position sur le moulin aux Chèvres, et couvrant la ville de Châtillon. Sans consulter le nombre, Westermann ordonne l'attaque. Après deux heures d'une lutte sanglante, il s'empare de ces hauteurs et des canons. La déroute est complète. Il tue, met en fuite et poursuit tout ce qui s'oppose à son passage, et entre vainqueur dans Châtillon, quartier général des Vendéens. Il y trouve des magasins considérables, et délivre un grand nombre de prisonniers républicains.

Après avoir fait incendier le château de Larochejaquelin, comme celui de Lescure, Westermann, renforcé par 2,000 gardes nationaux, prit position sur les mêmes hauteurs, où trois jours auparavant il avait été vainqueur. Mais il ne devait pas s'y maintenir longtemps. Lescure, Bonchamp et Larochejaquelin avaient rallié leurs forces. Les Vendéens se glissent en silence sur les hauteurs. Surpris au milieu des ténèbres, le bataillon formant l'avant-garde de l'armée républicaine prend la fuite. En un instant la déroute est complète. Les canonniers sont tués, les canons sont précipités

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dans la descente qui mène à Châtillon,
et les renforts envoyés de la ville sont
entraînés par les fuyards. Vainement
Westermann conserve son audace, et
fait les plus grands efforts pour rallier
sa troupe. Abandonné de ses soldats,
n'ayant plus d'artillerie, il tourne avec
fureur la bride de son cheval, et s'en-
fuit, accompagné de 300 cavaliers. Les
résultats de cette journée furent im-
menses pour les royalistes. Ils firent
plus de 2,000 prisonniers. Les canons,
les armes, les munitions, les bagages,
restèrent en leur pouvoir. Ce qui
échappa à cette défaite se rallia péni-
blement à Parthenay.

Dans les premiers jours d'octobre
de la même année, le général Chalbos
ayant fait sa jonction avec l'armée de
Saumur, marcha droit à Châtillon à
la tête de 11,000 hommes. Lescure et
Beaurepaire couvraient cette ville, et
étaient campés sur les hauteurs du
bois des Chèvres. Chalbos fit halte
pour un moment, et plaça son artille-
rie sur les hauteurs. Le bouillant Wes-
termann, qui connaissait et le théâtre
de la guerre, et les ennemis qu'il fal-
lait combattre, reçut ordre de s'avan-
cer avec sa brigade. Mais il ne put sou-
tenir la charge d'un corps d'élite
commandé par Lescure en personne;
les colonnes formant la droite et la
gauche des républicains plièrent de
leur côté sous le feu des Vendéens, qui
cherchaient à tourner les canons. At-
teint d'un coup mortel, le général
Chambon tomba en criant: Vive la
république! Depuis trois heures, la
lutte continuait opiniâtre et incertaine,
quand Westermann, soutenu par les
grenadiers de la Convention, qui mar-
chaient à son secours, fait un mouve-
ment sur sa droite, culbute l'aile gau-
che des Vendéens, et la met en
déroute. En même temps, Chalbos ré-
tablit le combat sur sa gauche, et bat
l'aile droite des Vendéens. Blessé griè-
vement, Beaurepaire dut à quelques
braves qui se dévouèrent, de ne pas
demeurer au nombre des morts. Wes-
termann poursuivit les ennemis avec
deux mille hommes, et entra le même
soir à Châtillon.

L'armée entière le suivit, et il sortit aussitôt avec 500 hommes pour éclairer la route de Mortagne, par laquelle les généraux vaincus s'étaient retirés. Mais ceux-ci, renforcés inopinément par Delbée et Bonchamp, revinrent à la charge. Westermann, accablé, se rep.ia en désordre sur le gros de l'armée, qui, atteinte elle-même par la peur, abandonna Châtillon dans une extrême confusion. Westermann sortit le dernier de la ville, et abattit d'un coup de sabre un Vendéen qui s'attachait à la queue de son cheval.

Il protégeait la retraite à la tête des grenadiers de la Convention, quand, averti que les royalistes, pour célébrer leur victoire, s'étaient gorgés de vin et d'eau-de-vie, il revient sur ses pas, et arrive à minuit à leurs avant-postes. Au qui vive des sentinelles, il répond royalistes. Les postes sont égorgés. On trouve dans la ville les Vendéens épars, étendus ivres morts. Plus de dix mille sont massacrés, et à peine leurs chefs ont-ils le temps de monter à cheval. Westermann les poursuit, rentre à Châtillon, et se résout à détruire cette ville, si souvent funeste aux républicains. Sacavalerie met aussi tôt pied à terre, pille, incendie les maisons, et retourne à Bressuire à la lueur de cet horrible embrasement. Le lendemain, les Vendéens revinrent en force pour livrer de nouveaux combats; mais, au lieu d'ennemis à vain

cre,

ils ne trouvèrent qu'une ville en feu et des milliers de cadavres à demibrûlés, ou écrasés sous les décombres. Ils se retirèrent alors en désordre à Chollet, où le rendez-vous général était assigné.

CHATRE (la), Castra, jolie petite ville du Berry, aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement du département de l'Indre, construite, dit-on, sur l'emplacement d'un camp romain. - La seigneurie de la Châtre faisait autrefois partie de la principauté de Déols; elle fut acquise en 1614 par Henri II de Bourbon, prince de Condé. C'était autrefois le siége d'une élection; elle possède aujourd'hui un tribunal de première instance, et sa population

s'élève à quatre mille trois cent quarante-trois habitants.

CHATRES, ancienne seigneurie de l'île de France, aujourd'hui département de Seine-et-Oise, érigée en marquisat en 1692, en faveur de J. B. du Deffand, beau-père de la célèbre marquise de ce nom. La seigneurie de Châtres passa depuis dans la famille d'Arpajon, et fut de nouveau, en 1720, érigée en marquisat sous ce nom, qu'elle a toujours porté depuis (voyez ARPAJON (*)).

CHATRES (monnaie de). — La petite ville de Châtres, sous les Carlovingiens, était chef-lieu d'un canton nommé Pagus Carliensis, et possédait un atelier monétaire, dont on connaît un magnifique denier qui porte pour légende CASTRA MONETA, avec les monogrammes et toutes les marques qui distinguent les espèces de Charles le Chauve.

CHAUCHÉ (combat de). Les chefs Sapinaud, de la Verie et Goqué étaient parvenus à réunir quelques débris des Vendéens dispersés en décembre 1793 sur la rive gauche de la Loire. Charette désirait les adjoindre à sa petite armée. Il s'avança, le 15 janvier 1794, jusqu'à Chauché, pour recevoir ce renfort, qu'il supposait avec raison devoir être inquiété dans sa marche par les colonnes républicaines qui, au nombre de douze, parcouraient la Vendée. En effet, il rencontra bientôt le détachement qui fuyait, presqu'à la débandade, devant des forces supérieures, et ces forces qui elles-mêmes se dirigeaient sur Chauché pour le reprendre aux Vendéens. Charette, après avoir rallié les fuyards, sut profiter d'un mouvement mal combiné de trois des colonnes républicaines, et se porta successivement sur chacune d'elles, sans qu'elles pussent se porter un mutuel secours; il les battit séparément et leur tua plus de quinze cents hommes.

(*) Il s'est glissé dans l'article ARPAJON une faute typographique, qui n'a pas été indiquée dans l'errata du premier volume: au lieu de Hastres, lisez: Châtres.

CHAUDES-AIGUES, Aquæ calidæ, jolie petite ville de l'ancienne Auvergne, aujourd'hui chef-lieu de canton du département du Cantal, appartint longtemps à la maison de Sévérac, sur laquelle elle fut confisquée, vers le milieu du quinzième siècle, par Jean II, duc de Bourbon. Les eaux thermales, dont Chaudes-Aigues a tiré son nom, étaient déjà fameuses au cinquième siècle, sous le nom de Calentes Baiæ. La population de cette ville est aujourd'hui de 2,350 habitants.

CHAUDET (Antoine - Denys), statuaire, né à Paris le 31 mars 1763, manifesta, dès ses plus jeunes années, un goût passionné pour la sculpture. Mais il étudia son art pendant un moment de décadence, et puisa à l'Académie et dans l'école de Stouf les principes détestables qui régnaient alors dans les arts. Le bas-relief représentant Joseph vendu par ses frères, et qui lui valut, en 1784, le grand prix de sculpture, était du plus mauvais goût. Obéissant au système admis alors à l'Académie, et qui voulait que pour se montrer habile à travailler le marbre, on usurpât, pour le ciseau, les attributions du pinceau, Chaudet avait représenté, dans son bas-relief, un paysage avec tous ses accessoires : des troupeaux, des ruisseaux, des arbres, un pont, des bergères. « J'y au« rais mis disait-il en plaisantant, de « la pluie, si le programme l'eût or« donné. » Cependant il y avait de si grandes qualités dans ce bas-relief, que les camarades de Chaudet le portèrent en triomphe. Lorsque Chaudet arriva à Rome, la vue des grands modèles de l'antiquité et des maitres de la renaissance opéra une révolution dans ses idées. Il étudia avec ardeur Raphaël, et c'est par l'étude assidue des chefs-d'œuvre de ce peintre et des statues antiques que le sentiment de la beauté et de la pureté se développa en lui. Chaudet renouvelait ses études en commun avec Drouais. A son retour à Paris, en 1789, il fut reçu agréé à l'Académie son talent trop pur ne fut pas d'abord très-goûté; mais, l'école de David ayant triomphé de celle

de Boucher, Chaudet finit par être apprécié à sa juste valeur. Il exposa, en 1789, une statue représentant la Sensibilité; en 1793, le modèle d'un basrelief, exécuté au péristyle du Panthéon, et représentant le Dévouement à la patrie; en l'an vi, sa belle statue de Cyparisse pleurant son jeune cerf, exécutée en marbre et exposée en 1810; en l'an IX, OEdipe enfant, rappelé à la vie par Phorbas, son chef-d'œeuvre; l'Amour, le groupe charmant de Paul et Virginie; en l'an XII, Cincinnatus au moment où il vient d'apprendre qu'il est nommé dictateur; en 1808, Orphée et Amphion, pour le conservatoire de musique. Outre ces ouvrages, il exécuta encore la Statue de l'empereur, pour le palais du Corps législatif, un bas-relief pour la cour du Louvre, la Paix, magnifique morceau d'orfévrerie, exécuté en argent, de grandeur naturelle, et placé aux Tuileries; le bas-relief qui décore le plafond de la première salle du Musée; Bélisaire, ciselé en bronze par Chaudet lui-même; l'ancien bas-relief du fronton du palais du Corps législatif, et la statue de Napoléon pour la colonne de la place Vendôme; une statue de Dugommier qui se trouve aujourd'hui à Versailles, et plusieurs bustes. Chaudet s'était également exercé dans la peinture. Il a peint, en 1793, un Archimède résolvant un problème pendant la prise de Syracuse; plus tard, Enée et Anchise au milieu de l'incendie de Troie, etc.; mais il lui manquait entre autres qualités, pour réussir dans cet art, le sentiment de la couleur, qui est tout autre chose que celui de la forme. Il possédait complétement ce dernier; mais malgré la correction de son dessin, malgré la grâce de sa composition, il manquait de profondeur dans la pensée. Du reste, Chaudet est l'un des plus grands sculpteurs de l'empire; il est cependant plus élégant qu'élevé, et s'il réussit dans les sujets gracieux, il échoue dans les grands sujets qu'il traite. La composition du fronton du Corps législatif était au-dessous de son talent; sa statue de l'empereur,

vêtu d'un costume idéal, lorsque tous les ornements de la colonne étaient conçus dans un système national et réel, était un contre-sens, et que l'on a su éviter dans ces dernières années. Au reste, il ne faut pas accuser Chaudet seul de cette faute, ou plutôt de cette erreur : il obéissait au goût de l'époque et peut-être aussi à une volonté supérieure. Cet artiste fut membre de l'Institut, et il venait d'être nommé professeur à l'école des beauxarts, lorsqu'il mourut le 19 avril 1810. CHAUDRONNiers. · Les maîtres chaudronniers de Paris formaient une communauté très-ancienne; on en comptait dix-huit dans cette ville sous le règne de Philippe le Bel, et ils sont désignés dans le rôle de la taille imposée sur les habitants, en 1292, sous le nom de chauderonniers et de maignens ou maingnens (*). Leurs statuts, qui étaient antérieurs au règne de Charles VI, furent confirmés et augmentés par lettres patentes de Louis XII, au mois d'août 1514. Ils avaient deux courtiers par eux élus à la pluralité des voix, et qui étaient tenus de les avertir de l'arrivée des marchands forains. Les fonctions de ces courtiers étaient incompatibles avec la profession de marchands; ils ne pouvaient acheter pour leur compte aucun des objets dont ils faisaient le courtage. Enfin il était défendu à tous les forains de vendre dans Paris aucune marchandise de chaudronnerie, autrement qu'en gros et pour une somme au-dessous de quarante livres. Quoique ne formant qu'une seule et même corporation, les chaudronniers étaient et sont encore divisés en trois classes. Les uns sont appelés chaudronniersgrossiers, qui ébauchent et finissent toutes sortes d'ouvrages; les seconds sont nommés chaudronniers-planeurs, et ne font que planer les ouvrages qui sortent des mains des grôssiers; enfin les troisièmes sont les chaudronniers

(*) L'ancien mot maignen est encore en usage dans le midi de la France: voyez Paris sous Philippe le Bel, par M. Géraud, P. 521.

faiseurs d'instruments, qui ne font que les cors, les trompettes, les cymbales et autres instruments de musique en cuivre. On donnait le nom de chaudronniers au sifflet à des ouvriers auvergnats qui couraient la province, et annonçaient leur passage dans les villes et les campagnes au moyen d'un instrument composé de neuf tuyaux inégaux, appelé communément flute de Pan. Ces artisans nomades portaient ordinairement leur bagage sur leur dos, dans une drouine ou besace de peau. Ils allaient achetant et revendant le vieux cuivre, employant peu le neuf et raccommodant les ustensiles de cuisine; quelques-uns, qui ne vendaient que du neuf et composaient l'aristocratie du métier, avaient des chevaux chargés de grands paniers d'osier, dans lesquels ils mettaient leurs marchandises et leurs outils. Il était défendu à ces chaudronniers ambulants de siffler et d'exercer leur métier à Paris et dans les autres villes du royaume où les hommes de leur profession étaient réunis en corps de jurande. A l'époque de l'abolition des jurandes, il fallait, pour être reçu maître chaudronnier, avoir fait six ans d'apprentissage et payer six cents livres; le brevet coûtait en outre cent dix livres. On compte aujourd'hui cent soixante et treize chaudronniers à Paris.

CHAUFFEURS. A dix lieues de Chartres se trouve une vaste forêt appelée la forêt d'Orgères; dans la partie la plus reculée et la plus fourrée, se trouvent les vastes carrières d'où ont été extraites les pierres qui ont servi à bâtir la cathédrale de Chartres. Des voleurs s'étaient réfugiés, en 1797, dans ces carrières, et y avaient fondé une sorte de société qui s'était donné une organisation et des règlements conformes à la profession de ceux qui en faisaient partie. Ces brigands avaient de tous côtés des émissaires qui parcouraient le pays et signalaient à leurs complices les maisons qu'il était facile de surprendre; les habitants des carrières d'Orgères sortaient alors de leurs repaires, s'introduisaient, le vi

sage couvert de masques, dans ces maisons, garrottaient les hommes, épouvantaient les femmes par des menaces lorsqu'elles résistaient, leur exposaient au feu la plante des pieds, jusqu'à ce que la douleur forçât les malheureuses à indiquer le lieu où étaient cachées leurs richesses. Ces horribles tortures avaient fait donner à ces brigands le nom de Chauffeurs; ils jetaient partout l'effroi; on avait bien saisi des individus coupables de vols avec effraction, mais aucun n'a vait pu être convaincu de chauffage. Les chauffeurs continuèrent longtemps leurs brigandages, et ils défiaient la vigilance de la police qui avait fini par les poursuivre avec moins d'activité, lorsqu'une circonstance fortuite les fit découvrir.

Deux gendarmes à cheval côtoyaient la forêt d'Orgères; l'un d'eux, mettant pied à terre, pénétra un peu dans l'intérieur du taillis, et aperçut un enfant d'une dizaine d'années singulièrement accoutré; il l'appela; l'enfant obéit et demanda du pain. Le gendarme le fait monter en croupe et l'emmène dans une auberge où il lui donna à manger. Après avoir apaisé sa faim, l'enfant prend un couvert d'argent, un couteau et divers autres objets qu'il ramasse sans essayer de se cacher. Interrogé sur le motif de ces larcins, il répond ingénument que ces objets lui plaisent et que son père en rapporte souvent de semblables à sa mère; les gendarmes continuent à interroger l'enfant, apprennent ainsi que ses parents habitent un vaste souterrain où il y a beaucoup de monde. Soupçonnant qu'ils sont sur la trace d'une bande de malfaiteurs, ils gardent l'enfant, le font décrasser, et, après l'avoir habillé proprement et rendu ainsi méconnaissable, ils le conduisent à un marché qui se tient dans une ville voisine; là, placé près d'une femme qui semble être sa bonne, il indique du doigt ceux qu'il a vus dans le souterrain; on les arrête sur-le-champ. Ce genre de dénonciation est aussitôt répété dans les villes voisines, et il amène la capture d'un grand nombre de bri

gands. La justice informe et fait faire par les journaux la description des objets saisis sur les voleurs; de toutes parts des témoins arrivent, les accusés font des aveux, et l'on acquiert la certitude que ces voleurs forment la bande des chauffeurs. Ils comparurent devant le jury, à Chartres, au nombre de cent dix; une église avait été disposée pour ce curieux procès. La plupart des accusés furent condamnés à mort et l'entrée des carrières de la forêt d'Orgères fut murée.

CHAULIEU (Gui de), célèbre médecin du quatorzième siècle, fut ainsi nommé du lieu de sa naissance, village du Gévaudan, sur les frontières d'Auvergne. Il étudia la médecine à Montpellier, où il suivit principalement les leçons de Raymond de Molières, puis il se rendit à Bologne, où il s'attacha surtout au professeur Bertruccio, que, dans son ouvrage, il appelle souvent son maître. Il revint ensuite exercer la médecine à Lyon, puis, après avoir fait dans cette ville un assez long séjour, il se rendit à Avignon, où il fut successivement médecin des trois papes Clément VI, Innocent VI et Úrbain V. C'est dans cette ville qu'il composa son traité de chirurgie, sous le titre de Inventarium, sive collectorium partis chirurgicalis medicinæ, imprimé pour la première fois, suivant Haller, à Bergame, en 1498, ou, suivant Merkleim, à Venise, en 1490. Ce traité est un bon ouvrage pour l'époque où il a paru, et l'on peut affirmer qu'il a plus contribué qu'aucun autre à faire de la chirurgie un art régulier et méthodique. Cette justice a été rendue à Chauliac, même par les savants étrangers. L'époque précise de la mort de ce médecin n'est pas plus connue que celle de sa naissance.

CHAULIEU (Guillaume Amfrye de), nommé par Voltaire le premier des poëtes négligés, naquit à Fontenay, dans le Vexin normand, en 1639. Son père, maître de la chambre des comptes de Rouen, et précédemment conseiller d'État à brevet, avait été employé par le cardinal Mazarin dans

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