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et s'inquiétant bien plus de ce qu'ils nommaient la licence de sa cour que du développement littéraire apporté par Constance, développement dont, du reste, le temps n'était pas encore venu. Constance amenait avec elle de Provence des poëtes et des troubadours, et c'est d'eux, aussi bien que des courtisans qui composaient sa suite, que l'historien Glaber a dit : « On vit la France inondée d'une nouvelle « espèce de gens, les plus vains et les plus légers de tous les hommes. Leur façon de vivre, leur habillement, leur « armure, les harnais de leurs che« vaux étaient également bizarres; << vrais histrions, dont le menton rasé, « les hauts-de-chausses, les bottines ◄ ridicules et tout l'extérieur mal composé annonçaient le déréglement de « l'âme.» Est-il besoin de chercher bien loin la cause de la haine des historiens pour Constance? Cette cause n'est-elle pas suffisamment expliquée par l'antique et éternelle haine de la barbarie pour la civilisation, du Nord pour le Midi? et ne faut-il pas en rabattre beaucoup sur les vices généralement attribués à Constance? Altière et dédaigneuse, elle domina son faible époux, qui eût fait sans doute un bon moine, mais qui était un pitoyable monarque. Il avait peur d'elle; il la haïssait de tout l'amour qu'il avait pour Berthe, qu'on l'avait forcé de répudier, et dont il essaya même de faire réhabiliter le mariage. Constance voyait tout cela; elle avait pour ennemi Hugues de Beauvoir, favori de Robert; elle eut l'audace de le faire assassiner sous les yeux mêmes de son mari, et nulle raison ne peut l'absoudre du reproche de cruauté, si le fait est exact, aussi bien que celui des persécutions qu'elle exerça contre d'obscurs hérétiques descendants des anciens manichéens. On raconte que son confesseur s'étant trouvé par hasard parmi les condamnés, elle lui creva les yeux de ses propres mains; acte que rend à peine croyable la plus fanatique dévotion et l'emportement d'une nature méridionale. Constance fut, dit-on encore, mauvaise mère; et,

de ses quatre fils, elle n'en aima qu'un seul, auquel elle voulut assurer la couronne, au détriment de ses deux frères aînés. Il n'y avait peut-être, au fond de toute cette haine, qu'une ambition qu'elle comptait pouvoir contenter avec ce jeune prince, doué d'un caractère plus faible que ses frères. Elle souleva en sa faveur une partie du royaume après la mort de Robert, qui arriva en 1031; mais, vaincue et obligée de rendre plusieurs places dont elle s'était emparée, elle mourut de chagrin en 1032.

CONSTANCE (bataille et prise de). L'armée du Danube ayant vaincu les Russes dans la longue bataille de Zurich, la division Gazan, renforcée de deux régiments de cavalerie, reçut ordre d'attaquer, le 7 octobre 1799, un corps considérable de Russes et d'émigrés campés en avant de Constance. Le prince de Condé commandait en personne; l'affaire fut trèsvive. L'aile gauche, aux ordres du duc d'Enghien, eut d'abord quelque avantage; mais elle fut repoussée dans la ville par des forces supérieures. Le général Bauer, commandant la droite, se trouva coupé avec une partie de sa cavalerie; il se fit jour, rentra dans la ville, s'empara du pont du Rhin, et couvrit ainsi la retraite. Trois fois dans cette même journée, la ville de Constance fut prise et reprise ; de part et d'autre on combattit avec une égale valeur. Cependant, à la dernière attaque, les troupes du général Gazan poussèrent leurs ennemis avec tant de vigueur, qu'ils entrèrent dans la ville pêle-mêle avec les vaincus. Il était dix heures du soir; on se battit avec acharnement dans les rues, et les républicains arrivèrent au pont du Rhin avant leurs ennemis : tous les émigrés qui se trouvèrent alors dans la ville furent prisonniers. Le prince de Condé et le duc d'Enghien ne se sauvèrent qu'à la faveur de la nuit; le général français Vauborel, émigré, fut tué.

Les Autrichiens, vaincus par Moreau, au printemps de 1800, avaient encore sur le lac de Constance une flottille de chaloupes canonnières,

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CONSTANT DE REBECQUE (HenriBenjamin), le plus spirituel, le plus ingénieux et le plus fécond, sinon le plus grand des orateurs de la restauration, et, sans contredit, le publiciste le plus distingué de notre siècle. Comme romancier, sa place est marquée à côté des meilleurs observateurs du cœur humain; comme érudit, il a enrichi notre littérature d'un livre solide et profond; enfin il a laissé dans la critique des œuvres de l'esprit une trace lumineuse que n'ont encore effacée ni le temps, ni les travaux plus ambitieux que durables de ceux qui ont prétendu fonder chez nous une nouvelle esthétique. A tant de titres, cet homme mériterait de remplir de longues pages dans le tableau des gloires de la France; mais le cadre étroit où nous sommes enfermés ne nous permet de reproduire ici que quelques-uns des traits de son existence si utile et si laborieuse.

Benjamin Constant naquit à Lausanne, le 25 octobre 1767, de parents d'origine française. Il appartenait à l'une de ces familles qui avaient fui devant les persécutions religieuses du règne de Louis XIV. Son père était colonel d'un régiment suisse au service de la Hollande. Homme de goût et de savoir, il prit un grand soin de l'éducation de son fils. Après les premières études, faites sous les yeux mêmes de son père, Benjamin fut placé d'abord à l'université d'Oxford, où ses succès furent médiocres à cause de son extrême jeunesse, puis à Erlang, où il commença à prendre le goût du travail; enfin, à Édimbourg, où il se distingua parmi les jeunes gens les plus renommés pour leur zèle et pour les talents dont le germe se développait

déjà en eux, Mackintosh, Laïng, Wilde, Graham, Erskine.

Ses études achevées, il vint à Paris, où il se lia avec quelques-uns des beaux esprits du temps. Il logeait chez Sicard, et Sicard recevait chez lui Morellet, la Harpe, Marmontel, presque tous les académiciens philosophes. Une place que son père avait obtenue pour lui à Brunswick lui fit quitter la France avant que la révolution eût éclaté; il n'y revint qu'en 1797. Ce fut alors qu'il réclama et obtint, en qualité de fils de religionnaire, le titre de citoyen français, et que commença pour lui la vie littéraire et politique. Sa brochure De la force du gouvernement actuel de la France, et de la nécessité de s'y rallier, le mit en rapport avec Chénier, Daunou, Louvet, et les plus sincères amis de la liberté. Il montra ensuite, dans deux autres ouvrages, les Réactions politiques, et les Effets de la terreur, que les persécutions ne font jamais qu'envenimer et éterniser les haines, et qu'elles vont inévitablement contre le but qu'elles se proposent d'atteindre. La modération de son caractère devait naturellement le placer entre les partis extrêmes; il fut un des membres les plus influents du club de Salm, qui, placé entre le club contrerévolutionnaire de Clichy et le parti démocratique, luttait à la fois et contre les royalistes et contre ce qui restait des anciens montagnards.

Après le 18 brumaire, Benjamin Constant fut appelé au tribunat par le premier consul. Mais loin que cette faveur lui eût ôté son indépendance, il ne profita de sa position que pour faire entendre au pouvoir les vérités qu'il croyait utiles, et il mérita l'insigne honneur d'être évincé du tribunat, avec les Chénier, les Cabanis, les Daunou, les Ginguené, les Andrieux, toute l'indépendance et toute la gloire de ce conseil législatif. Plus tard, il reçut, comme son illustre amie, madame de Staël, l'ordre de quitter ¡la France. Il se retira en Allemagne, et habita successivement Weimar, puis Gottingue.

Ce fut durant cet exil qu'il écrivit Adolphe, Cécile, créations impérissables, parce qu'elles sont vraies, et que l'auteur les a tirées, non pas de son imagination, mais de sa vie et de son cœur, et où le charme des détails et la magie du style compensent amplement le défaut de ce qu'on appelle l'action; ce fut alors aussi qu'il termina l'ouvrage qui avait été la pensée de toute sa vie, puisqu'il dit lui-même que dès l'âge de dix-neuf ans il avait conçu quelque chose d'analogue: De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Quelques autres productions plus légères, et des études dans toutes les branches de la philosophie et de la littérature, occupèrent le reste de ses loisirs.

A la première restauration, il fut séduit comme tant d'autres par l'espoir de voir enfin renaître la liberté; mais bientôt ses illusions disparurent, et quand Napoléon, se disant guéri du despotisme, revint s'asseoir sur le trône, Benjamin Constant ne crut pas trahir la cause sacrée à laquelle il avait dévoué sa vie, en acceptant une place dans le conseil d'État. Il se réfugia en Angleterre pendant la réaction sanglante qu'on a appelée la terreur blanche. A son retour, publia son traité De la doctrine politique, et remplit de ses articles les journaux libéraux du temps. Pendant quinze ans, on vit ce noble athlète de la liberté, à la tête de l'opposition de la presse, toujours intrépide, toujours sur la brèche, ferme dans sa foi à l'avenir, braver les invectives, les calomnies, les amertumes dont on l'abreuvait sans cesse, et consumer sa vie dans une lutte qui ne finira peut-être jamais la lutte du droit imprescriptible contre le fait brutal et écrasant.

Élu député, il se montra à la tribune ce qu'il était dans la presse, le plus infatigable adversaire des abus de tout genre. En butte à mille tracasseries de la part du pouvoir, il se concilia du moins dans la nation les plus vives sympathies; et plus d'une fois ses efforts en faveur de la justice, et ses

attaques contre l'arbitraire, furent couronnés d'un plein succès : il eut la gloire et le bonheur d'arracher à la mort un innocent, Wilfrid Régnault, Mais les forces de son corps s'usaient dans un métier si rude, et bientôt il ne resta plus de lui qu'une sorte de cadavre qu'animait seule sa belle et vaste intelligence. Il sortait à peine des mains du chirurgien, quand il reçut la lettre de la Fayette qui l'invitait à apporter sa tête à l'enjeu de la révolution de 1830. On sait la part qu'il prit à ces événements glorieux; mais il ne survécut pas longtemps à ce qu'il croyait le triomphe définitif de la liberté. Il mourut trop tard encore, car il mourut désenchanté de ce rêve, rejeté dans l'opposition par les fautes du pouvoir, et désespérant à sa dernière heure d'une cause dont il n'avait jamais désespéré, même durant les plus sombres jours de sa noble vie. Il expira le 8 décembre 1830.

CONSTANTIN II (Claudius Flavius Julius Constantinus), fils aîné du grand Constantin et de Fausta, né à Arles, en 316, fut nommé césar en 317, et proclamé auguste en 337, ayant reçu pour sa part de l'héritage paternel les Gaules, l'Espagne, et la Grande-Bretagne. Mécontent de son lot, il passa les Alpes à la tête d'une armée, alla attaquer son frère Constant, fut défait et périt dans une embuscade près d'Aquilée, à l'âge de vingt-quatre ans.

CONSTANTIN III, usurpateur qui régna quatre ans en Gaule, n'était que simple soldat avant d'être proclamé empereur; les légions romaines cantonnées dans la Grande-Bretagne, estimant sa bravoure et plus encore son nom, qui leur rappelait des souvenirs de gloire, le revêtirent de la pourpre vers l'an 407. Il passa ensuite sur le continent, battit les généraux qui vinrent à sa rencontre, et s'établit à Arles. D'abord reconnu ou toléré par Honorius, il ne demeura cependant pas longtemps paisible possesseur de sa nouvelle dignité, malgré les brillants succès qui couronnèrent ses premières expéditions et quoiqu'il

fût vaillamment secondé par Constant, l'aîné de ses fils, qu'il avait nommé césar, et qui se rendit maître de l'Espagne. En 411, il se vit assiégé dans Arles par Gérontius, général révolté contre lui, puis par Constance, qu'Honorius envoyait pour reconquérir la Gaule sur les deux usurpateurs qui se la disputaient. En vain son maître des milices, Edowig, accourut des bords du Rhin avec un secours de Francs et d'Alemans, il fut contraint de se rendre après un siége de quatre mois, et décapité à douze lieues de Ravennes, avec Julien, seul fils qui lui restât, quoiqu'on leur eût promis la vie sauve et que Constantin se fût fait ordonner prêtre avant la capitulation.

CONSTANTIN (Abraham), l'un de nos peintres sur porcelaine les plus distingués, est né à Genève en 1785. Il a exécuté sur porcelaine, l'Entrée de Henri IV à Paris, d'après Gérard; la Fornarina, d'après Raphaël : il a commencé la reproduction des fresques du Vatican, et il continue maintenant ce beau travail. Il a peint aussi sur émail le Bélisaire et la Psyché de Gérard, les portraits de la reine de Westphalie, du prince et de la princesse Eugène, des rois de Rome, d'Espagne et de Sicile, de mademoiselle Mars, de Louis XVIII et d'Alexandre 1, d'après Gérard. On peut voir au musée de Sèvres les œuvres de cet artiste.

CONSTANTIN (Robert), né à Caen dans le seizième siècle, fut l'élève de Jules César Scaliger, qui, en mourant,

le chargea de publier quelques ouvrages qu'il laissait imparfaits. Constantin passa ensuite en Allemagne, où il fréquenta les écoles les plus célèbres. De retour à Caen, il se fit recevoir docteur en médecine en 1564, et donna des leçons publiques et particulières de langue grecque. On l'accusa de laisser percer dans ses explications du Nouveau Testament des opinions favorables au protestantisme; il en résulta pour lui quelques désagréments, et il fut forcé de se retirer à Montauban. Il y exerça quelque temps la médecine; mais bientôt ne s'y croyant plus en sûreté, il se réfugia en Allemagne, où il vécut dans la misère jusqu'à sa mort, arrivée le 27 décembre 1605. Ses principaux ouvrages sont: 1° Lexicon græco-latinum, Genève, Crispin, 1562, 2 vol. in-folio; 2° Supplementum latinæ linguæ seu Dictionarium abstrusorum vocabulorum, Genève, 1573, in-4°; 3° A. Corn. Celsi de re medica libri; Sereni poema medicinale et Remnii poema de ponderibus et mensuris, cum annotat., Lyon, 1549, 1664, in-16; 4° Theophrasti de historia plantarum cum annotat. J. C. Scaligeri, Lyon, 1584, in-4°; 5° des notes sur Dioscoride; 6° Nomenclator insignium scriptorum quorum libri extant vel manuscripti, vel impressi ex bibliothecis Angliæ et Galliæ; indexque totius biblioth. atque Pandec tarum, Conrad. Gesneri, Paris, 1555, in-8°.

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