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et même sur les nobles des environs. A la fin, ses violences déterminerent plusieurs chevaliers à former contre lui une ligue, à la tête de laquelle se mit son père lui-même. Ils vinrent, en 1104, mettre le siége devant le château de Montaigu. Thomas alla alors implorer l'assistance de Louis le Gros, qui n'était point encore roi, mais qui gouvernait déjà, et en obtint un secours de sept cents cavaliers, qui forcèrent les assiégeants à se retirer.

Forcé, pour cause de parenté, de se séparer de sa femme, Thomas de Marles perdit bientôt après le château de Montaigu; mais il se remaria presque aussitôt avec la fille du seigneur de Crécy et de Nogent, et eut ainsi deux repaires au lieu d'un.

Les assassins de Gaudri, évêque de Laon, poursuivis par Louis le Gros, achetèrent, en 1112, sa protection, et vinrent chercher un asile dans ses terres. L'année suivante, il alla, ainsi que nous l'avons dit, au secours des bourgeois d'Amiens; mais s'étant bientôt après réconcilié avec son père, il se mit à la tête des troupes destinées à les combattre, et, en un seul jour, il leur tua trente hommes de sa propre main. Il fut blessé, en 1114, dans une sortie, par le vidame de l'évêque, et fut forcé d'aller se faire soigner dans ses terres. Le 6 décembre de la même année, les évêques suffragants de Reims, et ceux de deux autres provinces, assemblés à Beauvais, le frappèrent d'anathème, le déclarérent déchu de l'ordre de la chevalerie et de tous les fiefs qu'il possédait; et ils prierent le roi de se charger de l'exécution de leur sentence. En effet, Louis le Gros se rendit maître, dans le carême suivant, des châteaux de Nogent et de Crécy, qu'il tit démanteler.

Thomas devint, en 1116, sire de Boves, de Coucy, et comte d'Amiens. Louis le Gros, dont les troupes formaient toujours le blocus de la citadelle de cette ville, alla en personne en presser le siége, la prit d'assaut, la fit démolir, et transporta à la maison de Vermandois le comté d'Amiens. Thomas alla alors se jeter aux pieds

du roi, acheta son pardon par de grandes sommes, et promit de restituer aux ecclésiastiques les biens qu'il leur avait enlevés. Mais il n'en fit rien, et continua au contraire ses brigandages. Il fit, en 1128, assassiner Henri, comte de Chaumont en Vexin, et commit, peu de temps après, un autre crime, qui fut cause de sa mort.

Trois marchands avaient obtenu de lui, à prix d'argent, un sauf-conduit. Néanmoins, ils ne furent pas plutôt sur son territoire, qu'il s'empara de leurs personnes, les dépouilla de tout ce qu'ils possédaient, et les fit jeter dans un cachot. Louis le Gros, pour les délivrer, vint mettre le siége devant le château de Coucy. Thomas, en s'y tenant enfermé, eût pu s'y défendre longtemps; mais il fit une sortie et y fut blessé mortellement. Transporté à Laon, il y mourut peu_de jours après. Il laissait deux fils, Enguerrand, qui lui succéda, et Robert, qui fut seigneur de Boves.

1130. Enguerrand II, fils aîné de Thomas, lui succéda dans les seigneuries de Coucy, la Fère, Marles, Crécy, Vervins, etc. Il fit la paix avec le roi, dont il épousa la parente, Ade, fille de Raoul de Beaugency, restitua au clergé les biens que son père lui avait enlevés, et suivit Louis le Jeune à la croisade. On croit qu'il mourut dans cette expédition.

1148. Raoul Ier, dit de Marle, s'embarqua, en 1190, pour la terre sainte, avec Philippe - Auguste, et mourut au siége d'Acre, l'année suivante. Il laissait quatre fils: Enguerrand, qui suit; Thomas, qui fut la souche de la branche de COUCYPOLECOURT ou Poilecourt; Raoul, qui embrassa l'état ecclésiastique, et Robert, qui était maréchal de France en 1226.

1191. Enguerrand III, surnommé le Grand, à cause du rôle important qu'il joua dans les affaires de son temps, ou peut-être simplement à cause de ses grandes alliances, prit parti dans toutes les guerres qui eurent lieu de son temps en France, en Flandre et en Angleterre.

Il se ligua, en 1200, avec le comte de Rethel et le seigneur de Rosoi, pour aller ravager les domaines de l'archevêque de Reims. Le prélat implora la protection du roi: Je ne puis faire autre chose pour vous, répondit Philippe-Auguste, que de prier le sire de Coucy de ne point vous inquiéter. Ce prince ayant, quelque temps auparavant, demandé au chapitre de Reims des secours pour faire la guerre aux Anglais, les chanoines lui avaient répondu qu'ils ne pouvaient faire autre chose pour lui que de prier Dieu pour le succès de ses armes.

Enguerrand fit, en 1209, partie de la croisade contre les Albigeois; il se trouva, en 1214, à la bataille de Bouvines, au gain de laquelle il contribua par sa valeur et son habileté. Il se prit ensuite de querelle avec les chanoines de Laon, qu'il dépouilla de tous leurs biens, et dont il fit le doyen prisonnier. Il accompagna, en 1216, le prince Louis, depuis Louis VIII, dans son expédition d'Angleterre, et fut excommunié par le pape Honorius, à cause de ses démêlés avec l'église de Laon. Cette excommunication ne fut levée qu'en 1219. Il accompagna, en 1225, Louis VIII à la croisade contre les Albigeois, et se trouvant, 1226, auprès de ce prince, pendant sa dernière maladie, il lui jura, avec les autres barons qui l'avaient accompagné, de reconnaître, après sa mort, son fils aîné pour roi. Cependant il fit partie, en 1228, de la ligue formée par les seigneurs contre la régente. Mais il rentra bientôt après dans le devoir, et depuis, saint Louis put le compter au nombre de ses barons les plus fi

en

en secondes noces Mathilde, fille de Henri le Lion, duc de Saxe, et sœur de l'empereur Otton IV. Il laissa trois fils: Raoul et Enguerrand, qui lui succédèrent l'un après l'autre ; Jean, seigneur de Chimai, et plusieurs filles, dont l'aînée, Marie, épousa Alexandre II, roi d'Écosse.

La devise d'Enguerrand III était :

Je ne suis Roi ne Duc, Prince ne Comte aussi;
Je suis le Sire de Couci.

1242. Raoul II, fils aîné d'Enguerrand III, fut tué, le 9 février 1250, à la bataille de Mansourah, après avoir fait des prodiges de valeur pour sauver le comte d'Artois, frère de saint Louis, que sa bravoure avait emporté trop loin. Il ne laissait point de postérité.

1250. Enguerrand IV, son frère, lui succéda. Il n'est guère célèbre qué pour avoir donné lieu à l'une des décisions qui ont fait le plus d'honneur à saint Louis. Trois jeunes gentilshommes flamands, qui apprenaient le français à l'abbaye de Saint-Nicolasaux-Bois, ayant été surpris chassant sur ses terres, il les avait fait pendre sans aucune forme de procès. Sur la plainte de l'abbé, le roi le fit arrêter, conduire à la tour du Louvre, et comparaître devant sa cour des pairs. Mais la maison de Coucy était alliée aux plus puissantes familles féodales : toucher à un de ses membres, c'était attaquer la féodalité tout entière. Le duc de Bourgogne, les comtes de Champagne, de Bar, de Soissons, etc., parents et amis de l'accusé, s'empressèrent de venir siéger à la cour du roi. Enguerrand, par leur conseil, déclara qu'il ne voulait pas se soumettre à un jugement, mais qu'il était prêt à acCe fut lui qui fit bâtir le château et cepter le combat contre ses accusala tour de Coucy. La baronnie de teurs. « Au fait des pauvres, des églidisCoucy, quoique formant un pays << ses et des personnes, dont il faut tinct du Vermandois, avait été jusque- « avoir pitié, dit le roi, l'on ne doit là régie par les coutumes de ce comté. « pas aller avant par gage de bataille : Enguerrand fit quelques changements bataille n'est pas voie de droit. » à ces coutumes, sanctionna celles qui Et il força les juges, malgré leur rés'étaient introduites sous ses prédéces- pugnance et leurs prières, à prononseurs, et établit ainsi la coutume de cer la sentence. Coucy fut condamné à Coucy. 12,000 livres d'amende, à la privation Il mourut en 1242. Il avait épousé du droit de justice, et à une expiation

dèles.

«

solennelle. Ce jugement excita de grands murmures parmi les barons. Si j'étais roi, dit le châtelain de << Noyon, je ferais pendre tous les ba<< rons; le premier pas est fait ; il n'en « coûte pas plus. « Je ne fais pas « pendre mes barons, répondit le roi, « mais je les châtie quand ils mé<< font. »

Enguerrand IV mourut en 1311, sans avoir eu d'enfants. Avec lui finit la première race des sires de Coucy.

1311. Enguerrand V, fils d'une de ses sœurs et d'Arnoul III, comte de Guines, lui succéda. Il avait été élevé à la cour de son cousin, Alexandre III, roi d'Écosse, et celui-ci lui avait fait épouser, vers 1285, une de ses parentes, Chrétienne de Balliol, nièce de Jean Balliol, qui lui succéda.

1321. Guillaume, fils aîné d'Enguerrand V, lui succéda, et mourut

en 1335.

1335. Enguerrand VI, son fils aîné, épousa Catherine d'Autriche, fille du duc Léopold, et petite-fille de l'empereur Albert Ir. Il prit part à toutes les guerres qui eurent lieu de son temps. Il se battit dans la Flandre contre Édouard III, roi d'Angleterre, qui échoua dans une attaque contre son château d'Oisi, mais se vengea de cet échec en lui brûlant ceux de Marles, Saint-Gobin, et Crécy-sur-Serre. Enguerrand prit ensuite une part active dans la guerre pour la succession de Bretagne, et combattit dans les rangs de l'armée qui soutenait les droits de Charles de Blois. Il faisait partie de la garnison d'Angoulême, lorsque cette ville fut prise par les Anglais, le 2 février 1346. Il mourut peu de temps après.

Enguerrand VII, son fils, fut 'regardé, sous les règnes de Charles V et de Charles VI, comme le gentilhomme français le plus accompli; c'est, sans contredit, le personnage le plus remarquable de la famille de Coucy.

Envoyé, en 1360, en Angleterre, comme otage du roi Jean, il y gagna l'affection d'Édouard III, qui lui rendit la liberté, et lui donna sa fille en mariage avec le comté de Bedford et

celui de Soissons, que Gui de Blois lui avait cédé pour sa rançon. La guerre ayant de nouveau éclaté peu de temps après, entre la France et l'Angleterre, il se rendit en Italie, pour n'être point forcé de prendre parti entre sa patrie et son beau-père, et y servit utilement les papes Urbain Vet Grégoire XI contre les Visconti. Rappelé, en 1375, par Charles V, qui l'éleva au grade de maréchal de France, il prit la même année, à sa solde, le fameux Arnaud de Cervole, avec sa grande compagnie, et alla en Allemagne, faire valoir, contre les ducs d'Autriche, les droits qu'il tenait du chef de sa mère. II traita avec eux et revint en France, en 1376.

Édouard III étant mort l'année suivante, Enguerrand renvoya sa femme en Angleterre, avec la plus jeune de ses filles, et fit remettre au nouveau roi les insignes de l'ordre de la Jarretière, en lui déclarant que désormais il ne porterait plus les armes que pour le roi de France. En effet, la guerre ayant recommencé peu de temps après, le sire de Coucy alla joindre à Bergerac l'armée victorieuse du duc d'Anjou. Le roi l'envoya ensuite en Normandie, pour y réduire les places qui appartenaient au roi de Navarre. Il prit Bayeux, Carentan, Conches, etc., et Évreux lui ouvrit ses portes. Il refusa, en 1380, l'épée de connétable, que Charles V lui offrait, après la mort de du Guesclin, et engagea le roi à la donner à Olivier de Clisson. Le roi, par une sorte de dédommagement, le nomma gouverneur de Picardie.

Le sire de Coucy avait été chargé, par Charles V, de plusieurs négociations importantes. Il signa, le 15 janvier 1381, au nom de Charles VI, un traité de paix avec le duc de Bretagne. La cour, retirée à Meaux, l'envoyă, la même année, vers les Parisiens, qui s'étaient soulevés et refusaient de payer les impôts. Ses remontrances furent écoutées, et les rebelles promirent de payer au roi 10,000 livres par semaine. Il servit, en 1382 et 1383, contre les Anglais et les Flamands, et fut chargé, en 1384, de conduire un secours de

15,000 hommes au duc d'Anjou, devenu roi de Naples. Mais il avait à peine passé les Alpes, lorsqu'il apprit la mort de ce prince. A son retour, il fut nommé grand boutillier de France, et reçut, conjointement avec le connétable et le maréchal de Sancerre, le commandement de l'armée destinée à l'expédition d'Angleterre.

Il parvint, en 1387, à persuader au duc de Bretagne de donner satisfaction au roi, pour avoir fait prisonnier le connétable de Clisson. Il suivit, en 1389, Charles VI, dans son voyage d'Avignon, et fut chargé, par la veuve du duc d'Anjou, de conduire en Espagne le fils de cette princesse, qui allait épouser une des filles de Jean Ier, roi d'Aragon. L'année suivante, il alla, avec le duc de Bourbon, au secours de la république de Gênes, attaquée par les Maures d'Afrique, et fut chargé, en 1395, des intérêts du duc d'Orléans auprès de la même république, qui avait manifesté l'intention de se donner au roi ou à un prince du sang.

A peine était-il de retour, qu'une autre expédition lui fut proposée. Le comte de Nevers allait partir pour la Hongrie, à la tête d'une armée de croisés. Le duc de Bourgogne, père de ce jeune prince, voulut lui donner pour conseiller le sire de Coucy, et le pria de l'accompagner. Enguerrand s'excusa d'abord, en disant que l'armée, ayant à sa tête le comte d'Eu, connétable de France, et Jacques de Bourbon, comte de la Marche, n'avait pas besoin d'autres chefs. « Adonc, répon« dit le duc, et dit, sire de Coucy, vous འ avez trop plus vu que ces deux n'ont, « et sçavez trop mieux où l'on doit «aller par le pays, que nos cousins « d'Eu et de la Marche ne font. Char« gez-vous donc de ce dont vous êtes requis, et nous vous en prions.» Monseigneur, répondit le sire de « Coucy, vostre prière m'est comman« dement; et je le feray, puisqu'il << vous plaist, à l'ayde et conduite de « messire Guy de la Tremoille et de « messire Jehan de Vienne. » De cette réponse eurent le duc et la duchesse

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grand joye (*). » Enguerrand se distingua en Hongrie dans plusieurs rencontres, et tailla en pièces un corps de 15,000 Turcs. Mais la funeste bataille de Nicopolis fut livrée malgré ses conseils, et il y fut fait prisonnier, le 28 septembre 1396. Conduit de là à Burse, en Bithynie, il y mourut de chagrin, le 18 février 1397. Il n'avait point eu de fils; ainsi finit en lui la grande famille des sires de Coucy..

Deux branches cadettes de cette maison, les COUCY-VERVINS et les COUCY-POILCOURT, se sont perpétuées jusqu'à nos jours. Le seul personnage. célèbre qu'elles aient produit est Jacques de Coucy-Vervins, qui fut condamné à mort, en 1551, avec le maréchal de Biez, son beau-père, pour avoir rendu aux Anglais, en 1544, la place de Boulogne, dont il était gouverneur. [Voyez l'art. BIEZ (maréchal de), p. 560, col. 1, l. 37: 1553 au lieu de 1551.] Leur mémoire fut réhabilitée par lettres de Henri III, le 24 mars 1573.

Raoul ou Renaud, châtelain de Coucy, fils d'Enguerrand II, et frère de Raoul Ier, se distingua par son goût pour la poésie. Le Recueil de ses chansons a été publié par Laborde, à Paris, en 1781, dans les Mémoires historiques de Raoul de Coucy. Renaud est moins connu par ces petites compositions que par l'aventure de la dame de Fayel, châtelaine de Vergy, aventure qui a fourni le sujet de deux tragédies françaises dont la plus connue est celle de de Belloy.

Coucy (Robert de), l'un des grands architectes du treizième siècle fut chargé, après Hugues Libergier, de la construction de l'église Saint-Nicaise de Reims; il éleva la croix, le chœur et les bas côtés de cet admirable édifice, qui fut démoli en 1796. Il fut aussi l'architecte ou maître des œuvres de la cathédrale de Reims. Il mourut en

1311.

COUDER (Louis-Charles-Auguste), peintre d'histoire, né le 1 avril 1790, étudia la peinture à l'école de David,

(*) Froissard.

et se fit connaître avantageusement, en 1817, par son tableau du Lévite d'Éphraim, l'un des plus beaux de ceux qui composent le musée du Luxembourg. Occupé depuis cette époque de sujets purement mythologiques, M. Couder semblait vouloir donner un démenti à son début, lorsqu'en 1836 il exposa la Bataille de Lawfeld (musée de Versailles). Ce tableau ramena sur son auteur l'attention publique ; c'était en effet l'un des meilleurs du salon. La Prise de York-Town, exposée l'année suivante, n'eut pas moins de succès. Il semble que le talent de M. Couder se soit réchauffé à la lecture des annales de notre patrie; et ces belles productions succédant aux pages décolorées que l'étude de la mythologie lui avait inspirées, sont une preuve de l'influence que l'histoire peut exercer sur ceux qui vouent leur talent à sa reproduction artistique. En effet, aux deux tableaux que nous venons d'indiquer, il faut encore ajouter la Prise de Lérida (salon de 1838). Cette composition, supérieure ou tout au moins égale aux plus belles œuvres de Van der Meulen, est admirable de mouvement, de vérité, de couleur, et sans nul doute, elle est digne du beau fait qu'elle représente. M. Couder a exposé en 1840 les états généraux de 1789. Bien que ce tableau ait de grandes qualités, les défauts inhérents à ces grandes machines l'ont rendu moins populaire que le précédent; mais M. Couder n'est pas homme à s'arrêter. Il est un des artistes qui comprennent le mieux notre peinture nationale; et, à ce titre, il a droit à toutes nos sympathies. L'Institut l'a admis parmi ses membres en 1839.

COULANGES (P. E., marquis de), né à Paris vers 1630, mort en 1716, fut d'abord conseiller au parlement, puis quitta la magistrature pour se livrer exclusivement à son goût pour la littérature et les arts. Il était cousin germain et ami intime de madame de Sévigné. Il a publié en 2 vol. in-12, Paris, 1698, un recueil de chansons dont on n'a guère retenu que celle-ci sur l'origine de la noblesse:

D'Adam nous sommes tous enfants,
La preuve en est connue;
Et que tous nos premiers parents
Ont mené la charrue;
Mais, las de cultiver enfin
La terre labourée,
L'un a dételé le matin,
L'autre l'après-dinée.

COULEURS NATIONALES. Dans l'article CHAPE DE SAINT MARTIN, nous avons dit, d'après du Cange (*) et le P. Daniel (**), que cette chape n'était autre chose qu'un petit pavillon portatif, une châsse, où étaient renfermées les reliques du saint évêque de Tours. Il n'en fut pas toujours ainsi; le danger que couraient ces reliques, et ceux qui en étaient chargés, fit qu'on renonça bientôt à les porter dans les combats, et qu'on y substitua une bannière à l'effigie du saint. Cette bannière, qui avait l'avantage de pouvoir être aperçue de toute l'armée, et d'être ainsi un véritable signe de ralliement, continua d'être désignée, comme le reliquaire qu'elle remplacait, sous le nom de chape de saint Martin. Elle devint bientôt le principal étendard du roi, et le bleu, couleur de cet étendard, put être regardé alors comme la couleur nationale. Lorsque d'étoffe de soie rouge uni (voyez l'oriflamme, qui était une bannière ORIFLAMME), eut remplacé, sous la troisième race, la chape de saint Martin, le rouge devint la couleur nationale. Depuis les croisades jusqu'au règne de Charles VI, les enseignes militaires furent décorées d'une croix croix blanche, lorsque Henri V, roi rouge, que Charles VII changea en une d'Angleterre, ayant pris le titre de roi de France, eut adopté les enseignes de Charles VI.

Néanmoins, le blanc ne devint la couleur nationale que lors de l'avènement de la maison de Bourbon, encore les drapeaux et les enseignes des différents corps de troupes qui composèrent l'armée française depuis cette époque, n'étaient-ils pas tous de cette couleur (voyez DRAPEAUX); mais

(*) Glossar. mediæ et infimæ latinitatis, verb. Capa.

(**) Histoire de la milice française.

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