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placé leur auteur au premier rang des architectes de son temps. Aussi, lorsque Catherine de Médicis voulut se faire construire un palais au faubourg Saint-Honoré, ce fut à Delorme que l'on confia la direction des travaux. Bullant lui fut adjoint, mais il y travailla fort peu, et ne fut chargé sans doute que de détails d'ornement.

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Les changements survenus au palais des Tuileries, dit M. Quatremère de Quincy (*), ont fait perdre les traces de ce qui pouvait appartenir à Bullant dans cette communauté de travaux ; au contraire, l'ouvrage et le génie de Delorme ont survécu à toutes les révolutions que le monument a éprouvées.>>

Ce palais, tel que nous le font connaître les dessins qu'en a donnés Ducerceau, devait avoir une étendue bien supérieure à celle que nous présente actuellement la ligne de bâtiments à laquelle il s'est trouvé réduit. Catherine de Médicis n'en acheva que le grand pavillon du milieu, les deux corps formant aujourd'hui galerie, qui lui sont contigus de chaque côté, et encore les deux pavillons qui, sur la même ligne, viennent après chacune de ces galeries.

Dégoûtée de cette entreprise, la reine chargea bientôt Bullant de lui élever l'hôtel de Soissons; le palais des Tuileries resta inachevé (**); et depuis, les diverses restaurations que ce monument a subies, ont changé l'ordonnance du plan dressé par Delorme.

(*) Histoire de la vie des plus célèbres architectes, t. II, p. 32. Notice de Ph. Delorme nous nous sommes servis surtout de cet excellent travail pour rédiger cet article.

(**) Henri IV fit continuer la construction du palais en même temps qu'il faisait commencer la grande galerie du Louvre : Ducerceau, sous Louis XIII, exécuta les deux corps de bâtiments et les deux pavillons qui terminent le monument; sous Louis XIV, le Vau et d'Orbay mirent d'accord toutes ces parties hétérogènes; le Nôtre planta le jardin; au 10 août, le palais fut en partie brûlé et après restauré; sous l'empire, il fut encore remanié et augmenté de la cour du Carrousel; enfin de nos jours M. Fontaine a achevé de dénaturer l'œuvre de Delorma.

« Le pavillon du milieu n'a conservé de cet architecte que l'ordre inférieur des colonnes ioniques, ornées de bandes sculptées en marbre du côté de la cour, et en pierre du côté du jardin. Il y avait, à la place du vestibule actuel, un fort bel escalier circulaire à vis, sans noyau, dont la rampe était suspendue. C'était un chef-d'œuvre de l'art du trait; mais cette construction masquait, sous le vestibule, la vue du jardin; elle fut détruite en 1664. Les deux grandes galeries en arcades qui accompagnent le pavillon du milieu sont restées telles (*) que Delorme les avait construites. Mais la partie peutêtre la plus estimable de sa composition, et qui a subi le moins de changement lors de la restauration de le Vau, est celle des deux masses ou pavillons contigus de chaque côté, et qui sont décorés de deux ordres l'un au-dessus de l'autre, savoir l'ionique et le corinthien. Il n'y eut d'innovation que dans leur attique, qui, lors de la refaçon générale, fut rabaissé. >>

Outre ces nombreux édifices, Delorme a encore laissé deux ouvrages, l'un sur l'architecture, l'autre sur la construction des toitures. Le premier a pour titre Traité complet de l'art de bâtir; le second, Nouvelles inventions pour bien bâtir et à petits frais. Celui-ci, de beaucoup plus important, contient la description de charpentes extrêmement ingénieuses et encore en usage de nos jours. Delorme en fit l'essai au château de la Muette, et ce fut sur l'ordre de Henri II qu'il écrivit son livre.

Philibert Delorme, dont Catherine de Médicis avait récompensé les travaux par le don des abbayes de St-Éloi de Noyon et de St-Serge d'Angers, et par les titres de conseiller et d'aumônier ordinaire du roi, mourut en 1570.

DELORME, lieutenant à la 29o demibrigade, se fit hacher sur les pièces

(*) Depuis, nous venons de le dire, on a supprimé l'une de ces deux galeries et détruit par cette modification inqualifiable toute la symétrie de l'édifice.

qu'il était chargé de défendre, à la bataille de Courtray, le 22 floréal an II (11 mai 1794). Quoique mourant, il excitait encore ses soldats à combattre; il refusa constamment de se laisser enlever du champ de bataille. Après l'action, les Autrichiens le recueillirent; il respirait encore, couché au milieu des ennemis à qui il avait fait mordre la poussière.

DELORT (Jacques-Antoine-Adrien), baron, lieutenant général, né à Arbois, en 1773, s'enrôla en 1791, dans le 4o bataillon des volontaires nationaux du Jura, et fit toutes les campagnes de la révolution. A l'armée d'Italie, devant Mantoue, à la bataille d'Austerlitz, où il reçut plusieurs blessures, Delort donna des preuves d'un rare courage; il fut nommé colonel du 24° dragons en 1805, chevalier de l'empire avec dotation, en 1808. Cette même année il passa à l'armée d'Espagne, se trouva à plusieurs siéges et batailles, se distingua particulièrement à celle du Pont-du-Roi, où il enleva vingt-cinq pièces de canon et tous les bagages de l'ennemi dans une charge des plus brillantes et des plus hardies. Le 23 mars 1810, il mit complétement en déroute, à Vendrell, l'avant-garde espagnole; le 9 avril, à Villa-Franca, il battit une colonne ennemie et fit prisonnier le colonel qui la commandait. Une autre fois, une division italienne fut sauvée par Delort, qui arrêta sept escadrons espagnols avec un escadron de son régiment. Grièvement blessé dans cette charge, il faillit rester sur le champ de bataille. Le jour de l'assaut de Tarragone, il poursuivit des fuyards jusqu'à la mer et les sabra sous le feu des croisières anglaises. Son régiment de dragons, conjointement avec une brigade italienne, ramena ensuite une colonne de neuf mille sept cents prisonniers, où se trouvaient le gouverneur de Tarragone et plusieurs généraux. Ces services furent récompensés en 1811, par le grade de général de brigade.

A la bataille de Sagonte, Delort culbuta l'ennemi, et mérita d'être cité avec de grands éloges dans le rapport

du général Soult. A la tête de l'avantgarde de l'armée d'Aragon, il seconda avec habileté le général en chef lors de l'envahissement de Valence. Le 21 juillet 1812, O'Donnel attaqua, avec douze mille hommes, le général Delort, détaché à Castalla avec quinze cents hommes. Mais le mouvement de retraite fut exécuté si habilement, et suivi d'une charge si heureuse, que toute la ligne ennemie fut mise dans le plus grand désordre, et que le général anglais Roche fut forcé d'abandonner l'attaque du château d'Ibi. Cette affaire fut une des plus brillantes de la guerre d'Espagne. En juillet 1813, le général Delort, chargé de couvrir la retraite de l'armée de Suchet, se distingua surtout par la précision et la vigueur de ses manoeuvres. A son retour en France, il fut employé dans l'armée qui devait s'opposer à la marche des alliés sur París, se trouva à la bataille de Montereau, et força, sur la route de Melun, quatre régiments à se rendre prisonniers, après avoir sabré lui-même leur général. Napoléon le récompensa de cette action d'éclat en le nommant général de division. En 1815, il contribua, par les belles charges des cuirassiers qu'il commandait', au gain de la bataille de Ligny. Deux jours après, il fit, à Waterloo, des efforts inouïs, et reçut un coup de feu et huit balles dans ses habits. Après la seconde restauration, il se retira dans sa ville natale, et fut admis à la retraite quelques années après.

DELORT (Marie-Joseph-Raimond), né à Vic-Fezenzac, en 1769, après avoir servi à l'armée des PyrénéesOccidentales, en Hollande, en Italie, en Dalmatie, en Illyrie, puis comme général de brigade à la grande armée, et en Champagne en 1814, devint général de division après la bataille de Waterloo; récompense malheureusement trop tardive. Après la seconde restauration, le général Delort, mis à la retraite, se livra à des travaux qui lui feront prendre un rang distingué parmi les écrivains militaires et politiques.

T. VI. 29° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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DELPHIDIUS (Attius Tiro), rhéteur du Ive siècle, ne nous est connu que par l'éloge qu'Ausone et Ammien Marcellin s'accordent à faire de son talent pour la poésie et l'art oratoire. Aucun de ses ouvrages ne nous est parvenu. On sait seulement qu'il professait à Bordeaux et qu'il plaida, l'an 358, devant Julien, contre Numé rien, gouverneur de la Gaule Narbonnaise, qu'il accusait de péculat.

DELVINCOURT (Claude-Étienne), né à Reims, en 1762, était déjà, avant la révolution, professeur agrégé à l'école de droit de Paris. Il fut ensuite employé dans les bureaux du ministère de la marine, et nommé, en 1805, professeur de Code civil à l'école de droit de Paris, dont il fut doyen depuis 1810 jusqu'à sa mort, arrivée en 1831. Son rôle politique s'est borné aux fonctions de censeur, qu'il exerça en 1814, et à celles de membre du Conseil royal de l'instruction publique, dont il fut revêtu en 1824. Il jouit de la réputation d'un jurisconsulte distingué. Ses ouvrages sont Institutes du droit français, 1807, 3 vol. in-8°, livre qui prit, en 1825, à la seconde édition, le titre de Cours de Code civil, 3 vol. in-4°; Juris romani elementa, 1825, in-8°; Institutes de droit commercial, 1823, 2 vol. in-8°.

DELZONS (Alexandre-Joseph, baron), général de division, fils d'un magistrat d'Aurillac, est né dans cette ville, en 1775. Son père lui fit donner une bonne éducation. Il s'engagea en 1791, dans l'un des bataillons de volontaires du Cantal, et fut nommé lieutenant de grenadiers; il fit en cette qualité les campagnes de 1792 et 1793, à l'armée des Pyrénées-Orientales. L'activité et les talents qu'il montra lui valurent, en 1793, le brevet de capitaine. Sa brillante conduite au combat de la Jonquière, où il fut blessé d'un coup de feu à la cuisse, le 21 septembre 1794, lui mérita les éloges du général Pérignon. A peine rétabli de cette blessure, il rejoignit son corps et vint se signaler au siége de Roses.

Le 1er bataillon du Cantal ayant été ensuite incorporé dans le 8° régiment

de chasseurs à pied, dit des Vosges Delzons suivit ce régiment à l'armée d'Italie. Le 12 avril 1796, il monta avec intrépidité à l'assaut de la redoute de Montenotte, et s'empara, le 14, d'une batterie ennemie sur le plateau de Dégo. Le 10 mai suivant, il se fit remarquer au célèbre passage du pont de Lodi; et, le 30, on le vit partager les périls des braves qui traversèrent audacieusement le Mincio, sous le feu meurtrier de l'ennemi, et lui enlevèrent les pontons parqués sur la rive opposée. Après s'être particulièrement distingué pendant toute la durée de cette campagne, Delzons fut fait prisonnier à la tête d'un détachement qu'il commandait, dans un engagement qui eut lieu près de Mantoue. Échangé huit jours après, il prit une part active à l'affaire du 17 novembre, près de Rivoli, où il fut blessé. Pendant la bataille de ce nom, le 14 janvier 1797, on vit le capitaine Delzons résister seul, avec sa compagnie, au régiment autrichien de Derback, qui lui était opposé. Cette action lui valut le grade de chef de bataillon, qu'il reçut sur le champ de bataille.

Envoyé dans le Tyrol sous les ordres du général Joubert, Delzons y resta très-peu de temps, et passa en Corse après le traité de Campo-Formio, avec la 4° demi-brigade d'infanterie légère. Désigné pour faire partie de l'expédition d'Égypte, ce corps s'embarqua et rejoignit en mer l'escadre de l'amiral Brueys. Le 2 juillet 1798, le brave Delzons pénétra l'un des premiers dans Alexandrie, enleva, le 21, les retranchements d'Embabeh, et reçut, pour prix de son courage, le brevet de chef de sa demi-brigade. Il avait alors vingt-trois ans. Delzons se prononça fortement contre la capitulation d'Alexandrie, et rentra en France avec les débris de l'armée expéditionnaire. Bonaparte récompensa ces services, en 1801, en conférant à Delzons le grade de général de brigade.

Il commandait le département du Cantal, où il s'était concilié l'affection et l'estime de ses concitoyens, lorsque la guerre de la troisième coalition vint

à éclater. Désigné, sur sa demande, pour faire partie de l'armée de Hollande, en 1804, il se hâta d'y organiser sa brigade, passa à la grande armée, sous les ordres de Marmont, et prit une part active aux campagnes de 1805 et 1806.

Quelque temps après la paix de Presbourg, il reçut l'ordre de se rendre en Dalmatie, et contribua, sous le commandement du général Molitor, à la levée du siége de Raguse, où s'était renfermé le général Lauriston avec sa division.

Employé ensuite dans les provinces de Dalmatie, de Raguse et d'Albanie, il parvint à déjouer les tentatives des Russes, qui, possédant alors les îles Ioniennes et Cattaro, avaient une trèsgrande influence dans ces contrées, et cherchaient à y exciter des soulève

ments.

En 1809, il commandait la brigade de droite du corps de Marmont, qui devait évacuer la Dalmatie pour rejoindre la grande armée. Le duc de Raguse était séparé de cette armée par une distance assez considérable; sa position se trouva assez embarrassante pour qu'il crût devoir prendre l'avis des généraux sous ses ordres. Delzons parla dans le conseil avec franchise et surtout avec la conviction d'un homme de cœur, et son opinion décida en partie à opérer, sans délai, le mouvement de retraite, à marcher sur la Croatie, et à combattre les dix-neuf bataillons autrichiens qui, soutenus par la population, en défendaient les frontières. Le général Delzons déploya une grande valeur et beaucoup d'habileté pendant ces mouvements; il enleva l'ennemi au combat du mont Kitta; et le 21 mai, il décida la victoire de Bilay.

Le 5 juillet, Delzons se fit de nouveau remarquer par sa valeur et son intrépidité. Dans la journée du 5, il eut deux chevaux tués sous lui; le 12, il enleva à l'ennemi une de ses positions les plus formidables, et décida, par son élan, le succès du combat de Znaim.

Après la signature du traité de Vienne, en 1809, Delzons fut chargé

de l'organisation de la province illyrienne de Karlstadt; cette importante mission, dont il s'acquitta avec un zèle et un talent remarquables, lui valut, deux ans après, le grade de général de division, et le 15 février 1811, il reçut des lettres de service qui lui donnaient le commandement en chef, par intérim, de l'armée d'Illyrie. Le 29 mai suivant, il remit ses pouvoirs au comte Bertrand, qui fut nommé gouverneur général.

Appelé, en 1812, à l'armée d'Italie, il fit, sous les ordres du prince viceroi, à la tête de la 1re division du quatrième corps, la campagne de Russie, et se distingua surtout aux journées d'Ostrowno et de la Moskowa. Le 24 octobre, pendant la retraite de l'armée française, il fut chargé de s'emparer du passage de la Louja, qui devait faciliter l'occupation du point important de Maloïaroslawitz. Les ponts ayant été détruits, Delzons les fit immédiatement rétablir, et parvint à y faire passer sa division. Arrivé sur la rive gauche, il donne aussitôt l'ordre d'attaquer les hauteurs de la ville, et s'en rend maître après une vive résistance. Cependant une grande partie de l'armée russe s'étant dirigée sur ce point, les régiments qui l'occupaient en furent bientôt chassés. A cet instant, le prince Eugène donne l'ordre à la division Delzons de reprendre la ville, qui venait d'être abandonnée; le géné ral, voulant augmenter le courage de ses troupes et les enlever, s'élance à la tête du 84° régiment, et reçoit le coup mortel. Voici comment M. de Ségur raconte cette mort (*) : « Après << avoir franchi la Louja sur un pont «< étroit, la grande route de Kalouga << entre dans Maloïaroslawitz, en sui« vant le fond d'un ravin qui monte « dans la ville: les Russes remplis« saient en masse ce chemin creux. « Delzons et ses Français s'y enfon«< cent tête baissée; les Russes, rom« pus, sont renversés; ils cèdent, et • bientôt nos baïonnettes brillent sur « les hauteurs. Delzons, se croyant

(*) Napoléon et la grande armée en 1812.

« certain de la victoire, l'annonça. Il « n'avait plus qu'une enceinte de bâti«ments à envahir; mais ses soldats « hésitent lui s'avance; il les encou« rage du geste, de la voix et de son « exemple, lorsqu'une balle le frappe << au front et l'étend par terre. On vit « alors son frère (*) se jeter sur lui, le « couvrir de son corps, le serrer dans << ses bras, et vouloir l'arracher du feu « de la mêlée; mais une seconde balle « l'atteignit lui-même, et tous deux « expirèrent ensemble. » Le général Delzons fut enterré le lendemain, 25 octobre, sur le champ de bataille où il avait glorieusement combattu, et emporta dans la tombe les regrets de toute l'armée.

DEMARÇAY (Marc-Jean), né en Poitou, le 11 août 1772, entra fort jeune dans la carrière des armes, et fut nommé capitaine d'artillerie le 30 septembre 1793. Il fit les principales campagnes de la révolution, servit en Italie, en Allemagne, en Hollande et en Égypte, et donna partout des preuves de courage et de capacité. Devenu colonel, il se distingua à la bataille d'Austerlitz, où il fut nommé commandant de la Légion d'honneur. Au retour de cette glorieuse campagne, Napoléon lui confia la direction de l'école d'artillerie et du génie de Metz; il l'envoya, en 1807, dans la Hollande, où Demarçay obtint le grade de major général, premier inspecteur des corps de l'artillerie et du génie. Envoyé en Espagne en 1808, il y servit pendant deux ans, et fut forcé, en 1810, par les nombreuses blessures qu'il avait recues, demander sa retraite. Il rentra alors dans ses foyers, s'y occupa exclusivement de travaux agricoles, et ne reparut sur la scène politique qu'à l'époque des cent jours, en 1815, comme colonel de la garde nationale de Poitiers. En 1819, les électeurs du département de la Vienne l'envoyèrent à la chambre, où il siégea à l'extrême gauche; et il fut un des députés qui s'opposèrent avec le plus d'énergie à l'exclusion prononcée le 6 décembre

(*) L'un de ses aides de camp.

le

contre l'abbé Grégoire. Il refusa,
24 du même mois, de voter les dou-
zièmes provisoires demandés par le
ministère, et demanda, en janvier 1820,
que le gouvernement fût invité à con-
voquer, aux termes de la loi, les col-
léges électoraux des départements dont
les députations étaient incomplètes.

L'assassinat du duc de Berri vint bientôt servir de prétexte aux partisans de l'ancien régime pour suspendre la Charte dans ses dispositions les plus essentielles. C'est alors que M. Decazes, croyant désarmer le parti qui l'accusait, vint présenter à la chambre d'oindividuelle et contre la liberté de la dieux projets de loi contre la liberté presse. Le général Demarcay ne put obtenir la parole dans la discussion générale, mais il prit une part active à la discussion des articles. « Je ne suis

«

ע

point venu ici, dit-il, dans la séance « du 7 mars, pour défendre les inté<< rêts du trône, mais ceux du peuple. Cette déclaration ayant excité les murmures du côté droit, l'orateur répéta sa phrase avec plus de force, et continua en ces termes : « Le trône << trouve dans la Charte des moyens de « défense et de conservation directs, << et je ne dois m'en occuper qu'autant << qu'ils se trouvent liés aux droits des « citoyens. Dans la circonstance ac

tuelle, je ferai cependant abstraction « de ceux-ci, et je ne parlerai que des « intérêts de la couronne. La mesure « qu'on nous propose, et dont le but « est de violer la Charte, est bien plu<< tôt un attentat contre le roi que con«tre la Charte elle-même. Les gou« vernements ont plus besoin de la << force morale que de la force physi« que cette dernière est une consé<quence de l'autre. Un gouvernement << aura la force morale quand il mar<< chera avec l'opinion. Je ne suis point inquiet, au reste, sur le résultat de «la lutte que vous engagez aujour

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d'hui; je n'ai aucune crainte sur le « sort de la liberté; mais le choc qui << en résultera m'épouvante. » Le général Demarçay ne se prononça pas avec moins d'énergie en faveur des pétitions relatives au maintien de la

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