Page images
PDF
EPUB

Le roi d'Angleterre dfna sur le champ de bataille, et continua ensuite sa marche sans même se donner le temps d'enlever tous ses blessés, qu'il recommanda à la générosité française. La perte fut à peu près égale dans les deux armées, et George II laissa les Français dans leurs positions, qu'ils ne quittèrent que lorsqu'ils se virent menacés d'être coupés par le prince Charles.

«

Six semaines après cette journée, Voltaire vit lord Stairs à la Haye; il lui demanda ce qu'il pensait de cette bataille : « Je pense, lui répondit le général, que les Français ont fait une « grande faute, et nous, deux. La vô« tre a été de ne savoir pas attendre; « les deux nôtres ont été de nous met « tre d'abord dans un danger évident, ⚫ et ensuite de n'avoir pas su profiter « de la victoire. »>

DEUIL. Les indices du deuil public ou privé ont suivi en France, comme dans les autres pays, les phases de la civilisation. Les anciens Gaulois et les Sicambres affectaient une impassibilité stoïque dans le malheur; ils songeaient plus à venger les morts qu'à les pleurer. Seulement, pour témoigner leur deuil, ils laissaient flotter épars les cheveux qu'ils nouaient ordinairement sur le haut du front. -- Jusqu'à l'époque de Philippe-Auguste, nous ne trouvons pas de documents certains sur la livrée de deuil de nos pères. I paraît seulement, par une lettre de Pierre le Vénérable, qu'on regardait comme une singularité qu'en Espagne les habits de deuil fussent noirs. Plus tard, il fut d'usage, après la perte d'un parent, d'avoir le chaperon rabattu sur le dos, sans fourrure, la cornette roulée autour du cou, se projetant par derrière. Sous Charles VI, les grands seuls portaient, dans ce cas, des vêtements noirs. Les classes inférieures n'en avaient que de bruns. Le deuil des rois était violet. Cependant l'étiquette de la cour demandait qu'aussitôt après le service du prince défunt, le nouveau roi se vêtit de pourpre,

[ocr errors]

qui est la coutume de France, dit Monstrelet, pour ce que sitôt que le

roy est mort, son fils plus prochain se nomme roy; car le royaume n'est jamais sans roy.» On trouve la confirmation de ce fait dans les Honneurs de la cour, par la vicomtesse de Furnes (Mémoires publiés par Sainte-Palaye, à la suite de son ouvrage sur l'ancienne chevalerie). Charles VII avait ainsi pris la pourpre à la mort de son père. Cependant l'empressement de Louis XI à en agir de même, trois jours avant les obsèques royales, choqua les assistants, qui ne furent pas moins blessés de voir le nouveau roi partir presque aussitôt pour la chasse.

On sait que, ordinairement, les reines de France, devenues veuves, portaient le deuil en blanc, et qu'on les désignait, pour ce motif, sous le nom de reines blanches. Sous le règne de Henri III, cette dénomination était encore usitée. Ce prince, en arrivant à Paris, dit l'Étoile, alla saluer la reine blanche: c'était Elisabeth d'Autriche, veuve de Charles IX. Une particularité qui trouve aussi son commentaire dans cet usage, c'est qu'une chambre de l'hôtel de Cluny, à Paris, où s'était retirée la jeune veuve de Louis XII, Marie d'Angleterre, n'a pas cessé depuis lors de s'appeler chambre de la reine blanche.

Cependant, à la mort de Charles VIII, Anne de Bretagne enfreignit la première cette loi d'étiquette. « Ce fut chose impossible à dire, selon d'Argentré dans son histoire de Bretagne combien cette bonne princesse print de déplaisir à la mort du roi; car elle se vêtit de noir, combien que les reines portent le deuil en blanc, et fut deux jours sans rien manger, ni dormir une seule heure, ne répondant autre chose à ceux qui parloient à elle, sinon qu'elle avoit résolu de prendre le chemin de son mari. »

Il n'est pas bien certain que ce désespoir théâtral fût très-sincère, pas plus que celui que témoignait en même temps le duc d'Orléans. Mais, au quinzième siècle, les usages des cours avaient donné à tous les sentiments une expression exagérée, et le soin que prennent les écrivains contemporains

[merged small][ocr errors][merged small]

Au seizième siècle, les veuves sortaient voilées pendant un certain temps, avec une robe montante, une camisole au-dessus de la robe, et une collerette renversée sans dentelles; les manches étaient garnies de peau blanche de vair ou de cygne. Les hommes ne portaient le grand deuil que le jour de l'enterrement; le reste du temps, ils étaient habillés de noir, avec le manteau et le chapeau (*).

Des règles assez nombreuses ont continué de compliquer les diverses espèces de deuil, suivant le rang, le degré de parenté.

Les deuils de cour surtout étalent, dans l'ancienne monarchie, réglés avec une minutieuse prolixité. Au roi appartenait le droit d'en déterminer les différents modes. Dans les grands deuils, les seigneurs drapaient leurs carrosses et leurs chaises à porteurs. On prenait la laine les trois premiers mois. L'habillement était le même que pour le deuil de père et de mère. Les plus qualifiés y ajoutaient la cravate ou rabat plissé, les boucles et les pierres noires. Dans les petits deuils, les femmes portaient les diamants, et les hommes l'épée et les boucles d'argent. Le roi faisait le grand deuil en habit violet. Le chancelier n'en faisait aucun, parce qu'il se détachait, pour ainsi dire, de lui-même, pour ne plus représenter que la justice, dont il était le chef. Les commensaux de la maison du roi, de la reine, des enfants de

(*) Relation des ambassadeurs vénitiens, t. II, p. 557.

France et des princes du sang, avaient droit de manteaux ou habits de deuil lors du décès des rois et reines; ce privilége appartenait, au même titre, aux officiers de la chambre des comptes et de la cour des monnaies.

Un autre usage ancien, que quelques familles titrées ont conservé, c'est de tendre en noir ou en gris les meubles et les appartements.

Parmi les deuils publics, dont l'histoire moderne offre plusieurs exemples, nous citerons ceux qui suivirent la mort de Turenne, de Franklin, de Mirabeau, de la Fayette.

DEUILLY, ancienne baronnie du duché de Bar, aujourd'hui comprise dans le département des Vosges.

DEUX CENT VINGT ET UN. Ce nombre est celui des députés qui, en réponse au discours d'ouverture de la session de 1830, le mardi 2 mars, votèrent une adresse, dans laquelle ils combattaient les tendances du ministère Polignac. Charles X avait dit: « Je ne doute pas de votre concours « pour opérer le bien que je veux faire; << vous repousserez les perfides insi«nuations que la malveillance cherche « à propager. Si de coupables manœu

vres suscitaient à mon gouverne«ment des obstacles que je ne veux « pas prévoir, je trouverais la force « de les surmonter dans ma résolu<< tion. » Les Deux cent vingt et un devinèrent facilement les menaces renfermées dans ces orgueilleuses paroles. Ils y répondirent dignement par l'adresse dont nous donnons ici le texte :

[ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]
[ocr errors]

"

[ocr errors]

<< litiques de votre gouvernement avec «<les vœux de votre peuple la condi«tion indispensable de la marche régulière des affaires publiques. Sire, << notre loyauté, notre dévouement, « nous condamnent à vous dire que « ce concours n'existe pas. Une défiance injuste des sentiments et de « la raison de la France est aujour<< d'hui la pensée fondamentale de l'ad« ministration. Votre peuple s'en afflige, parce qu'elle est injurieuse « pour lui; il s'en inquiète, parce qu'elle est menaçante pour ses liber«tés. Cette défiance ne saurait appro« cher de votre noble cœur. Non, sire, « la France ne veut pas plus de l'anarachie que vous ne voulez du despo«tisme; elle est digne que vous ayez « foi dans sa loyauté, comme elle a « foi dans vos promesses. » Cette énergique adresse fut portée à Charles X, qui répliqua par ce peu de mots : « J'ai annoncé mes résolutions <<'dans mon discours d'ouverture de la session; ces résolutions sont im

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

<< muables. » Le lendemain, une ordonnance prorogea la session au 1er septembre; et deux mois après, la chambre fut dissoute par une proclamation du roi qui insultait surtout les Deux cent vingt et un. Les électeurs résistèrent aux menaces et aux offres corruptrices du parti absolutiste. Les deux cent vingt et un députés opposants furent réélus. La nouvelle chambre avait été convoquée pour le 3 août. La cour, irritée du résultat des élections, n'attendit pas le moment de la lutte parlementaire, et le 25 juillet les ordonnances parurent. Ainsi, la résistance légale des Deux cent vingt et un est la cause matérielle de la révolution de juillet; mais il ne serait pas juste d'affirmer que les députés qui faisaient partie de cette opposition avaient la conscience de la révolution qui allait s'accomplir. Beaucoup d'entre eux guerroyaient contre un ministère qui les effrayait, sans penser que dans la lutte la royauté du droit divin allait succomber devant le principe de la souveraineté du peuple; tant il est vrai que l'imprévu entre pour beau

coup dans les événements politiques.

Une seconde fois le chiffre de 221 a été celui d'une partie de la chambre, mais ce fut pour appuyer les volontés du pouvoir. Dans la première session de 1859, deux cent vingt et un députés ont vainement combattu la coalition qui a renversé le ministère Molé.

DEUX - NÈTHES (département des). Réuni à la France par le traité de Lunéville, avec les autres départements formés dans les Pays-Bas autrichiens, ce département comprenait la partie nord du Brabant, le marquisat d'Anvers et la seigneurie de Malines. Il était borné au nord par le département des Bouches-de-la-Meuse, à l'est par ceux des Bouches-du-Rhin et de la Meuse-Inférieure, au sud par celui de la Dyle, et à l'ouest par ceux de l'Escaut et des Bouches-de-l'Escaut. Les deux Nethes, rivières dont le cours est peu étendu, mais qui, à leur embouchure, forment deux golfes considérables, lui donnaient leur nom. Le chef-lieu de ce département était Anvers, dont le port, aujourd'hui l'un des plus importants de l'Europe, fut pour ainsi dire créé avec l'argent de la France, par la volonté de Napoléon et le génie de Carnot. Le département des Deux-Nèthes était divisé en trois arrondissements: Anvers, Turnhoult et Malines; perdu pour la France en 1814, il fait maintenant partie du royaume de Belgique.

DEUX-PONTS (rapports de la France avec la principauté de). La ville de Deux-Ponts, située non loin des Vosges, était jadis le chef-lieu d'une principauté maintenant comprise dans le royaume de Bavière, que gouverne aujourd'hui la maison de Deux-Ponts ou maison Palatine. Le chef de cette famille, issue des ducs de Simmern, fut Louis le Noir (1459), dont le petit-fils, Louis II, servit Charles-Quint contre la France. Wolfgang, fils de Louis II, amena une armée au service des huguenots de France en 1568, traversa la Bourgogne, passa la Loire; pillant et brûlant les villes sur son passage, il s'avança jusqu'à la Vienne. Mais arrivé à Escars, il y mourut pour s'être enivré

[ocr errors]
[ocr errors]

4

de vin d'Avalon, dont il avait emporté deux cents bouteilles après avoir brûlé les faubourgs de cette ville. On lui fit cette épitaphe :

Pons superavit aquas; superarunt pocula Pontem. Frédéric-Casimir, comte palatin de Deux - Ponts - Landsberg, second fils de Jean le Vieux de Deux-Ponts, qui lui-même était le troisième fils de Wolfgang, ajouta à ses Etats la seigneurie de Montfort en Bourgogne, par son mariage avec Amélie d'Orange, et ce fut dans ce domaine qu'il chercha un asile pendant la célébre guerre de Trente ans. Il mourut en 1645. Frédéric-Louis,, son fils et son successeur, se fit naturaliser en France pour conserver la terre de Montfort. Ce fut lui qui hérita des Etats de son cousin Frédéric de Deux-Ponts. Il se trouva engagé dans des discussions pénibles avec la France, au sujet des réunions de territoire entreprises par Louis XIV, et mourut en 1681. En 1731, le duché de Deux-Ponts échut à un rameau collatéral, à celui des ducs de Bischweiler, ainsi appelés d'une petite ville d'Alsace qui leur appartenait, de même que d'autres terres de cette province.. Chrétien II, l'un de ces princes, mort en 1717, s'était attaché à la France et avait reçu du roi le commandement du régiment d'Alsace. Le pere du roi actuel de Baviere, si connu à Strasbourg comme colonel du même régiment, fut aussi duc de Deux-Ponts (du rameau de Birkenfeld), avant de devenir duc, puis roi de Baviere, (voyez BAVIERE). Pendant les guerres de la révolution, la principauté de Deux-Ponts, qui comprenait 70,000 habitants sur une superficie de 36,000 milles carrés, fut oecupée par nos troupes et cédée à la France à la suite de la paix de Lunéville, avec le reste de la rive gauche du Rhin: elle constitua une partie du département du Mont-Tonnerre, et fut rendue par la paix de Paris (1814).

Après la conquête de Deux-Ponts, le siége de la fameuse Société Bipontine fut transféré à Strasbourg, où elle continua ses publications de classi

ques.

[ocr errors]

DEUX-SÈVRES ( département des ). Ce département, qui tire son nom.de deux rivieres qui y prennent leur source, la Sèvre niortaise et la Sèvre nantaise, est formé de parties du Poitou, de l'Aunis, de la Saintonge et des Marches. Il est borné au nord par le dé partement de Maine-et-Loire, à l'est par celui de la Vienne, au sud par ceux de la Charente et de la Charente-Inferieure, à l'ouest par celui de la Vendée. Il est divisé par une chaîne de collines en deux bassins presque égaux, que l'on nomme la Gatine et la Plaine. La Gatine, située au nord, est un pays montueux, hérissé de rochers, coupé de nombreuses vallées et couvert de bocages. Le département ne possède qu'un seul cours d'eau navigable, la Sèvre niortaise; mais un canal maintenant en construction établira bientôt une communication entre Niort et la Rochelle. Il est parcouru par six routes royales et par neuf routes départemen

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

T. vi. 34° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

34

nes, la Rochejacquelin, Redon de
Belleville, qui, sous l'uniforme de
grenadier de la garde nationale, porta
seul au roi de Naples la sommation de
Pamiral Latouche-Tréville, etc.
DEUX - SICILES relations de la
France avec le royaume des). Voyez
NAPLES.

DEVA (combat de la). Les premières opérations de l'armée des Pyrénées occidentales n'avaient pas été très-rapides (1795), quand le général en chef Moncey ordonna de passer la Deva qui couvrait une armée espagnole de dix à douze mille hommes commandés par le général Crespo. Le 23 juin, un corps, conduit par le général Raoul, passa à gué cette rivière, marchant en colon nes serrées, malgré le feu croisé de plusieurs batteries. Arrêtée par un sable mouvant, cette colonne s'avança dans le même ordre vers un autre gue qu'elle traversa avec audace. Aussitôt Pon 'attaqua les positions des Espa gnols à Motries; ils les abandonnèrent précipitamment. Neuf pièces de canon et deux cents prisonniers restèrent au pouvoir des Français, qui n'eurent que quelques hommes de blessés et occupé rent ce poste pendant quelques jours, préparant leurs mouvements sur la gauche à Closna, et sur la droite en avant de Tolosa. Crespo, craignant ces manoeuvres, fit sa retraite sur Villaréal, où il fut båttu le 12 juillet.

DEVERNAY, curé de Néronde en Forez, naquit à Lay, près de Roanne. A l'âge de vingt-cinq ans il abandonna tous ses droits à ses frères et devint curé en 1750.

ramena un ouvrier habile, qui, ayant longtemps dirigé des travaux dans le Levant, apprit aux habitants de Né ronde l'art de filer et d'ouvrer le coton. Chaque semaine Devernay faisait don ner cent livres de pain aux pauvres ; chaque année il leur distribuait des vêtements de toute espèce. Le presby tère était devenu inhabitable; il en fit construire un nouveau à ses frais. En fin, économe et sévère pour lui-même, il regardait comme superflue toute dé pense qui ne faisait pas un heureux. Le premier dimanche de chaque mois, il invitait à sa table douze habitants vertueux qui, formant en quelque sorte un tribunal de paix, éteignaient les inimitiés personnelles et terminaient tous les procès.

[ocr errors]

Ce saint homme avait composé plusieurs ouvrages; mais il ordonna par humilité de brûler ses manuscrits, Devernay, le modèle des bons curés

mourut en 1777.

DEVILLE (Antoine), habile ingénieur français, né à Toulouse en 1596, entra d'abord au service du duc de Savoie; puis de retour en France, il fut employé à l'armée de Picardie, contribua à la reprise de Corbie, en 1636, à l'attaque de plusieurs places en Artois, et, à la paix, fut chargé de fortifier les villes cédées à la France. Il mourut vers 1657. On a de lui, outre quelques ouvrages en latin et imprimés à Venise en 1633: Obsidio corbeiensis, Paris, 1637, in-fol., avec fig.; Siége de Landrecy, en 1637, in-8°; Siége d'Hesdin, Lyon, 1639, in-fol., fig. ; Ďe la charge des gouverneurs des places, Lyon et Paris, 1639, in-fol., 1655 et 1656, in-8°; les Fortifications d'Antoine Deville, Paris, 1629, 1636, Lyon, 1640, in-fol., Paris, 1666, Amsterdam, 1672, in-8°, avec 53 planches dessinées et gravées par l'auteur. Un autre DEVILLE (André-Nicolas), ingénieur, né en 1662, fortifia, sous la direction de Vauban, les places de Mont-Dauphin, d'Embrun et de Cherasco. Fixé ensuite à Lyon, ce fut lui qui ouvrit le chemin de la montagne de Tarare, jusqu'alors impraticable. I mourut en 1741. 50p (.ST.,..179nd Tɔ], Rolbril 12 17 I

Dès les premiers jours de son entrée en fonctions, il abolit tout droit d'offrande, de quêtes, de baptêmes, de messes, d'enterrements. On le vit dans 'les années de disette remplir ses greniers de chanvre, de blé et de toutes les productions usuelles qu'il revendait à un prix modéré après les avoir achetées fort cher. L'hiver, il établissait des feux dans divers ateliers. La toile rie étant devenue moins florissante dans ses montagnes, le pasteur couLyon chercher pour ses ouailles des ressources plus avantageuses. 'It en

[ocr errors]
« PreviousContinue »