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DEVILLE (J. B. L.) fut nommé, en, 1792, député à la Convention nationale par le département de la Marne. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour. la mort, et rejeta l'appel au peuple et le sursis. Après le 9 thermidor, il parla en faveur des anciens membres des comités de salut public et de sûreté générale, prononça à la tribune plusieurs discours contre la réaction, et s'opposa à la réintégration des députés décrétés d'arrestation pour avoir protesté contre le coup d'Etat du 31 mai 1793. Il passa ensuite, avec les deux tiers des conventionnels, au conseil des Anciens, où il demanda que tous les fonctionnaires publics et même les électeurs qui refuseraient de prêter le serment de haine à la royauté, fussent déportés. Sous le gouvernement impérial, Deville fut nommé inspecteur des forêts dans le département de la Marne; il perdit cette place, en 1814, et la recouvra pendant les cent jours; mais atteint par la loi dite d'amnistie, il fut, en 1816, forcé de s'expatrier. DEVINS. Voyez DIVINATION. DEVISE. La devise proprement dite se compose d'une figure ou emblème et de paroles. La figure s'appelle le corps, et la légende l'âme. L'usage des devises remonte à une haute antiquité, puisqu'il en est ques, tion dans les Sept chefs devant Thebes, d'Eschyle, et dans les Phéniciennes, d'Euripide. On ne sait pas au juste à quelle époque leur introduction eut lieu parmi nous : elle dut suivre de bien près celle des armoiries et du blason; peut-être remonte-t-elle à l'usage des cris d'armes. (Voy. ce mot.) Voici quelques devises historiques :

La famille de Bourbon: une épée avec ce mot: Penetrabit; « Elle en trera. >>>

Louis XI (du moins on la lui attribue) un fagot d'épines; « Qui s'y frotte s'y pique. »

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Louis XII: 1. un porc-épic: Cominus et eminus; « De pres et de loin; » 2o un roi des abeilles entouré de son essaim: Non utitur aculeo rex cui paremus; « Le roi auquel nous obéissons ne se sert pas d'aiguillon,

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'Henri II, en l'honneur de Diane de Poitiers : un croissant: Donec totum impleat orbem; « Jusqu'à ce qu'il remplisse le disque. » Viendra ung temps, dit un chroniqueur contemporain, que la pronostique sera accomplie, et plus Henry n'aura à sa devise rempli et ne dira plus: Donec totum un croysant, car tout le croysant sera impleat orbem; les astres lui promettent toute l'Italie de brief. » Charles IX : deux colonnes: Pietate et justitia.

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Henri III: deux couronnes à terre, une troisième en l'air : Manet ultima cœlo; « La dernière m'attend au ciel. »

Henri IV: un Hercule domptant un monstre: Invia virtuti nulla est via ; Louis XIV: un soleil : Nec pluri « Pour la valeur point d'obstacles.» bus impar, mots un peu énigmatiques qu'on peut rendre ainsi : « Je suffirais à plusieurs mondes. »

Un grand nombre de nobles famildres militaires avaient leurs devises. les, les villes, les corporations, les or Durant les querelles sanglantes des duc d'Orléans avait mis dans ses ar Armagnacs et des Bourguignons, le mes un bâton noueux, avec cette lé gende: Je l'envie; Jean sans Peur, dans les siennes, un rabot, avec cette légende Ich houd; «Je tiens. >> Son fils, Philippe le Bon, avait pris celle-ci, riées : J'ai hâte! ou Moult me tarde! dont les applications sont belles et va

Charles - Quint avait pris pour des vise les colonnes d'Hercule, accompa→ gnées des mots Plus ultra. Mais, après la levée honteuse du siége de Metz, les une écrevisse, avec ces mots Plus ciFrançais changèrent ces colonnes en tra; puis jouant sur le mot Metas, qui i signifie à la fois bornes et Metz, ils i représentèrent une aigle enchaînée aux colonnes, avec ces mots : Non ultra metas.

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Jeanne d'Albret avait adopté cette devise: Paix assurée, victoire entière, ou mort honnéte.

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Valentine de Milan, après la mort de son mari : un arrosoir penché, versant de l'eau en forme de larnies: Plus ne m'est rien, rien ne m'est plus. Jacques Coeur A cœurs vaillants rien d'impossible. Les de Brimeu : Quand sera ce? Les la Trémoille : Ne m'oubliez. Les Montmorency: 'Avш; « Sans écart. Un de Vergy, qui possédait les terres de Valu, Vaux et Vaudray: Jai valu, vaux et vaudrai. Les Guises: des A dans des O (chacun A son tour.)' Les Rohan Roi je ne suis, prince ne daigne, Rohan je suis. La ville de Nancy un chardon et ces mots : Non impune premor; « Qui s'y frotte, s'y pique. » La ville de Morlaix un lion entouré de deux léopards, avec cet exergue: S'ils te mordent, mors-les. Le Puy en Velay, célèbre par sa cathédrale de Notre-Dame Vierge je suis, je fus, et toujours je serai. Les épiciers-apothicaires de Paris: une main portant une balance, avec ces mots: Lances et pondera servant, etc.

Le P. Bouhours, dans ses Entretiens d' Ariste et d'Eugene, a consacré son sixième dialogué aux devises; nous y renvoyous nos lecteurs, qui consulteront aussi avec intérêt le traité du P. Ménétrier sur le même sujet.

DEVISMES ( Jacques-François-Laurent), né à Laon, le 10 août 1749, mort dans cette ville en 1830, était, avant la révolution, avocat et procu-, reur syndic de l'assemblée d'élection de Laon. Nommé député du tiers état

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du bailliage de Vermandois aux états généraux, en 1789, il y siegea au côté gauche, parut peu à la tribune, mais travailla beaucoup dans les comités. On lui doit la première instruction sur les fonctions des assemblées administratives, et parmi les nombreux rapports dont il fut chargé, on peut citer celui qui fit abolir, en 1790, les taxes honteuses auxquelles les juifs étaient personnellement soumis dans quel- ́ ques-unes de nos provinces. Il fut élu, en 1791, sécrétaire de l'assemblée. Après la session, il rentra dans la vie' privée, et ne reparut sur la scène politique qu'en 1800, époque où il entra au Corps legislatif, dont il fut nommé président en 1802. Il exerça ensuite' successivement les fonctions de procureur général à la cour de justice criminelle du département de l'Aisne, et de substitut du procureur général à la cour royale d'Amiens. Il prit sa retraite peu de temps après la deuxième' rentrée des Bourbons. Il avait été, en 1815, membre de la chambre des représentants. On a de lui plusieurs ouvrages, entre autres une Histoire de la ville de Laon, 1822, 2 vol. in-8°. DÉVOLUTION. On appelait ainsi, dans notre ancienne jurisprudence, la transmission d'un propre aux héritiers de la ligne à laquelle ce propre n'était pas affecté, lorsqu'il n'existait pas de parents de l'autre ligne, ou lorsque ces parents avaient renoncé.

DEVOLUTION DE FIEFS. Voyez FIEFS.

'DÉVOLUTION (guerre de).- C'est la guerre que Louis XIV déclara à l'Espagne, a l'occasion des prétentions qu'il faisait valoir sur les Pays-Bas, au nom de son épouse, fille de Philippe IV. Le traité d'Aix-la-Chapelle mit fin à cette guerre en 1668. (Voyez ANNALES, t. II, ESPAGNE et FRANCE [rivalité de la et de la maison d'Autriche],)

DEVOLUY, ancien pays du Gapençais, auquel correspond le canton de SaintÉtienne-en-Devoluy, département des Hautes-Alpes.

La

DEWELTOVO (combat de ). campagne de Russie venait de s'ouvrir en juin 1812. La grande armee, forte"

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de 355,000 fantassins de 59,500.ca-valiers et d'environ 1,200 pièces de canon, avait franchi le Niémen dans la journée du 23. et celle du 24. Le plan -de Napoléon était dès lors de marcher sur Wilna, capitale de la Lithuanie. Mais, pour atteindre cette ville, il s'agissait de franchir un second cours d'eau, la Wilia. Dans la soirée même du 24, l'empereur fit jeter un pont sur cette rivière, vis-à-vis Kowno, et le lendemain 25 le duc de Reggio passa - avec le deuxième corps. Il était le 26 à Jaswoyny, le 27 à Stary. Ce mouveiment rapide obligea le général Witt genstein, qui.commandait le premier corps de l'armée russe, à évacuer toute la Samogitie et toute la contrée. qui s'étend entre Kowno et la mer, pour se replier sur Wilkomir. Le duc de Reggio le suivit dans cette direction, et, le 28, retrouva les fuyards, au secours desquels étaient accourus deux régiments de la garde russe, forts d'environ 4,000 hommes, rangés en bataille vis-à-vis de Deweltovo. Il engagea sur-le-champ une vive canonnade, et l'ennemi, successivement chassé de toutes ses positions, ne tarda guère à s'enfuir en désordre par la route de Swentriany, sans avoir pu incendier le pont de Wilkomir. L'arrière-garde russe, avant de quitter la ville, mit le feu à de grands magasins de vivres, de fourrages et d'habillements, qu'elle renfermait, et les abandonna au pilJage. Mais le duc de Reggio arrêta les progrès de l'incendie, fit restituer aux pillards une partie de ce qu'ils avaient volé dans le premier désordre, et recueillit ainsi quelque fruit de sa victoire.

Ce mouvement révolutionnaire ayant été comprimé, Dewinter se réfugia en France, où il prit du service dans l'armée de terre, et où il fit, comme officier supérieur, les campagnes de 1792 et de 1793, sous les ordres de Dumouriez et de Pichegru. Son courage, son zèle et son activité le firent nommer général de brigade. En 1795, Dewinter, toujours au service de la France, rentra dans son pays avec l'armée de Pichegru : il y fut accueilli avec empressement par les patriotes hollandais, et les États-Généraux ne tardèrent pas à lui décerner le grade de vice-amiral, avec le commandement de la flotte réunie au Texel. Ce ne fut qu'après deux années de patience et d'attente que Dewinter parvint à se frayer un passage à travers la ligne de blocus formée par les forces supérieures des Anglais. Sorti le 7 octobre 1797, avec 29 bâtiments de guerre, dont 16 vaisseaux de haut bord, il se trouva, le. 11. au matin, en présence de l'armée navale commandée par l'amiral Duncan. Quoique celle-ci se composât de 20. vaisseaux, de 15 frégates et de plusieurs bâtiments légers, il n'hésita pas à l'attaquer; mais la fortune ne seconda point son courage, et cette journée, comme il l'écrivit luimême aux États-Généraux, fut la plus malheureuse de sa vie. Après un combat sanglant, acharné, de trois heures, dans lequel les Hollandais déployèrent le courage le plus intrépide, la victoire se déclara pour l'amiral Duncan, Monté sur le vaisseau la Liberté, de 74.canons, Dewinter lutta héroïquement contre les efforts combinés de 3 vaisseaux anglais, jusqu'au moment où, ayant perdu tous ses mâts et plus de la moitié de son équipage, il se vit forcé de se rendre à l'ennemi. La marine hollandaise avait eu, dans ce combat, 9 bâtiments de haut bord pris ou coulés, et 1,400 hommes tués ou blessés. Les pertes des Anglais, qui eurent plusieurs vaisseaux coulés et 600 hommes tués ou blessés, témoignèrent assez de l'ardeur de l'attaque et de l'obstination de la défense.

.: DEWINTER (Jean-Guillaume), né au Texel, en 1750, montra de bonne heure une vive inclination pour la vie de marin. En 1787, il comptait déjà vingt-cinq ans de service, et avait mérité le grade de lieutenant de vaisseau dans la marine militaire de la Hollande. Il embrassa alors avec ardeur la cause du parti qui fit de si nobles efforts pour opérer une révolution dans les provinces néerlandaises et pour y renverser l'autorité du stathouder...

Un conseil de guerre, chargé, quel

ques mois plus tard, d'examiner la › conduite de Dewinter dans cette bataille, lorsqu'il fut échangé et rendu à sa patrie, déclara à l'unanimité qu'il avait noblement et glorieusement soutenu l'honneur de son pavillon. Les Anglais, bons juges en pareille matière, avaient eux-mêmes témoigné la plus vive admiration pour les tadents et le courage de l'amiral hollandais, pendant le court séjour qu'il avait ait au milieu d'eux, comme prisonnier de guerre.

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Au mois de juillet 1798, Dewinter fut nommé ministre plénipotentiaire de la république batave près du gouvernement français. En 1802, il quitta cette haute position pour prendre le commandement de l'escadre hollandaise, qui fut chargée de réprimer les actes de piraterie de la régence de Tripoli, et qui imposa un traité de paix à cette puissance, après avoir pris ou coulé bas tous ses corsaires sur la côte d'Afrique. Louis Bonaparte, devenu roi de Hollande, créa l'amiral Dewinter maréchal, comte de Huessen et commandant en chef de ses armées de terre et de mer. Enfin, Napoléon le nomma successivement grand officier de la Légion d'honneur, inspecteur général des côtes de la mer du Nord, et commandant en chef des forces navales réunies au Texel. Jaloux de répondre à la confiance de l'empereur, il déploya dans ce poste élevé un zèle et une activité qui étaient au-dessus de ses forces, et qui le firent succomber à une maladie grave, le 2 juin 1812. Ce fut à Paris, où il s'était rendu, que se termina une carrière qu'il avait si bien remplie. Comme il était mort sans fortune, Napoléon ordonna que ses obsèques fussent faites aux dépens du trésor, et que son corps fût déposé au Panthéon avec la pompe et les honneurs dont on entourait alors les restes des grands dignitaires de l'empire.

DEYNSE (Combat de). Le 20 juin 1793, Pichegru, après avoir mis en état de défense la place d'Ypres, qui venait de capituler, se dirigea sur la Mandel. L'intention du général fran

çais était d'obliquer à droite, d'aller franchir l'Escaut à Audenaerde, d'isoler ainsi le corps du général autrichien Clairfait de celui du duc d'York, et, quand il l'aurait battu, de se réunir à l'armée de Sambre-et- Meuse; mais, en présence de ces manœuvres, Clairfait, qui ne s'était guère ému du siége d'Ypres, jugea prudent de quitter au plus vite sa position de Thielt, et de se replier sur Gand. Il venait de faire occuper Deynse, petite ville à trois lieues de Thielt, lorsqu'il fut attaqué par la division du général Souham, et chassé de ce poste. Poursuivi jusqu'aux portes de Gand, il laissa au pouvoir des nôtres dix pièces de canon et trois cents prisonniers. Dans ce nombre était une centaine d'Hanovriens, que leur qualité de sujets du roi d'Angleterre rendait passibles d'un nouveau décret de la Convention, qui ordonnait de ne plus faire de prisonniers anglais. Lorsque les Hanovriens arrivèrent au quartier général de Souham, un officier d'état-major objecta au sergent qui commandait l'escorte, que mieux aurait valu rendre la liberté à ces malheureux. Bah! répliqua « le sergent, c'est pour nous autant de « balles à recevoir de moins.» - -« Mais << la loi de la Convention!... Nous al«<lons donc fusiller de sang-froid tous << ces pauvres diables ?» »-« Au fait, « reprit le sergent, ce n'est pas à des « soldats français de faire le métier « de bourreau. Voici nos prisonniers : << envoyez-les aux représentants du peuple, et s'ils le veulent, qu'ils les «tuent et les mangent, ensuite. Cela «ne nous regarde plus. Hie

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DEZÈDE, compositeur du dix-huitième siècle, né à Lyon, fit représenter aux Italiens, en 1772, son premier opéra, Julie. Ses œuvres principales sont l'Erreur d'un moment, le Stratagème découvert (1773), les Trois fermiers (1777), Zulime, de Porteur de chaises (1778) Artrom peur trompeur et demi, Cécile (1780), Blaise et Babet (1783), Alexis et Jur lienne (1785), la Cinquantaine, les Deux pages, Ferdinand. Dans ces opéras comiques, Dézède est créateur

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* D'HOZIER (Pierre), lieutenant de la Garde, né à Marseille en 1592, fut le créateur de la science généalogique. Après avoir servi quelque temps dans les chevau - légers, il fut, en 1620, nommé l'un des cent gentilshommes de la maison du roi, chevalier de SaintMichel en 1628 juge d'armes de France en 1641, maître d'hôtel du roi en 1642, conseiller d'État en 1654. « De véritables grands hommes, dit Voltaire, ont été bien moins récompensés. Leurs travaux n'étaient pas si nécessaires à la vanité humaine. »>< D'Hozier était un homme d'une mémoire prodigieuse et d'une probité irréprochable. Il mourut à Paris en 1660. De ses nombreux ouvrages imprimés ou manuscrits, nous ne citerons que : 19 Histoire et milice du benoit SaintEsprit, Paris, 1634, in-fol. ; 2° Généalogie des principales familles de France, 150 vol. in-fol., manuscrits conservés à la bibliothèque du roi.

Dans le nombre des restitutions funestes qu'exigèrent les alliés vainqueurs en 1815, et après eux les seigneurs de l'ancien régime rentrés avec leur secours, la remise la plus inconcevable fut celle qu'on fit des papiers de d'Hozier à un neveu du célèbre généalogiste, lequel neveu, dit-on, les a vendus depuis. Ces papiers avaient été déposés aux archives dans la série M; leur enlèvement forme une lacune qu'on ne comblera probablement jamais...

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D'HOZIER (C. R), fils de Pierre, conseiller du roi, généalogiste de sa maison, juge d'armes, etc., né en 1640, mort en 1732. On lui doit Recherches sur la maison de Champagne, Châlons, 1673, 2 vol. grand in-fol.; et les Généalogies des maisons de Conflans et de la Fare.

DIABLE.. Le premier article de foi du moyen âge, c'est la croyance au diable. Il intervient alors dans toutes les choses de ce monde, plus souvent encore que Dieu et les saints. Le peu

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ple, en croyant au diable, résout à sa manière le grand problème de l'origine du mal, qu'on retrouve dans toutes les religions. L'Église qui condamna l'hérésie des manichéens, produisant la vieille doctrine persane de l'opposition des deux principes, vit cependant le manichéisme s'établir partout dans la foi des nations. Chaque siècle apporta son tribut pour construire la personne de Satan. Au cinquième siècle, c'est encore l'esprit malin qui entre dans le corps des pé cheurs pour les posséder; plus tard, il prend lui-même un corps. Au onzième siècle, Raoul Glaber reçoit sa visite. «< Du temps que j'habitais le « monastère de Saint-Léger Martyr, « je vis une nuit, avant matines, pa«raître devant moi, au pied de mon

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lit un petit monstre hideux qui « avait à peine figure humaine. Il me « semblait avoir, autant que je pus « m'en assurer, une taille médiocre, « un cou grêle, une figure maigre, « les yeux très-noirs, le front étroit et

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ride, le nez plat, la bouche grande, a les lèvres gonflées, le menton court « et effilé, une barbe de bouc, les <«< oreilles droites et pointues, les che« veux sales et roides, les dents d'un chien, l'occiput aigu, la poitrine protubérante, une bosse sur le dos, « les fesses pendantes, les vêtements malpropres, enfin, tout son corps. paraissait d'une activité convulsive « et précipitée. Il saisit le bord du lit « où j'étais couché, le secoua tout en<< tier avec une violence terrible, et se << mit à me dire: Tu ne resteras pas plus longtemps ici. Aussitôt je m'é, « veille épouvanté, et, en ouvrant les << yeux, j'aperçois cette figure que je «viens de décrire. Le fourbe grinçait des dents en répétant : Tu ne reste« ras pas plus longtemps ici. »

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Ces apparitions allèrent chaque jour se multipliant; aussi l'on put bientôt faire de Satan des descriptions plus détaillées; l'on s'aperçut qu'il portait cornes et pieds de bouc, et que son approche s'annonçait par des exhalaisons sulfureuses qu'il apportait du sombre empire. « Alors, dit un spiri

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