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la fin de 1795. Une armée allemande, cantonnée sur les bords du fleuve, tenait tous les postes aux environs de Kehl garnis de troupes et de batteries. Le moindre mouvement des troupes républicaines devait trahir les desseins de Moreau et faire porter des forces imposantes sur le point menacé; il fallait choisir un nouveau terrain. Du reste, le dénûment absolu de bateaux en faisait un impérieux besoin. L'embouchure de l'Ill, près Kilstett, était le seul point où pût être conduite une flottille, quoique les Autrichiens, de leur côté, en eussent défendu les approches. Aucun obstacle ne rebuta Moreau; le courage de son armée lui répondait de les surmonter tous, s'il parvenait à dérober à l'ennemi le point menacé sur l'autre rive. Le 20 avril est fixé pour l'entreprise. Pendant que le canon se ferait entendre depuis Brisach jusqu'au fort Vauban, et que de fausses attaques détourneraient l'at tention de l'ennemi, quarante bateaux sortant de l'Il devaient transporter à la fois 2,000 hommes sur un gravier voisin du village de Diersheim, séparé seulement du territoire allemand par de petits bras guéables, et continuer de pareils transports jusqu'après la construction d'un pont de bateaux.

Dès le 18, les troupes, sous divers prétextes, rapprochent leurs cantonnements du point d'embarquement. Les Autrichiens cependant, inquiétés de ces manœuvres, portent toute leur vigilance vers Brisach, où se trouvaient rassemblés 8 à 10,000 hommes. Le lendemain, la flottille quitte Strasbourg, et n'arrive au lieu d'embarquement que fort tard, et après avoir eu à surmonter toutes sortes d'obstacles.

Enfin on débouche à six heures du matin. Le canon des fausses attaques inférieures et supérieures se faisait entendre depuis longtemps. L'aide de camp Hénin devait seulement jeter quelques troupes sur une île. Il n'y avait pour cette opération que deux ou trois bateaux; cependant, avec d'aussi faibles moyens, ces braves débarquè rent, et se maintinrent assez longtemps sur la rive droite pour donner une in

quiétude sérieuse à l'ennemi. La véritable attaque était commandée par le général Duhesme, qui avait formé de ses troupes trois divisions, réparties sur trente-trois bateaux. La flottille avançait lentement. Au moment où elle fut aperçue au sortir de l'Ill par les postes et la batterie des Autrichiens, elle en essuya le feu assez longtemps sans y répondre. Il était pressant d'aborder pour chasser l'ennemi du rivage; toutes les embarcations se dirigent vers un gravier qui s'étend vis-à-vis de Diersheim. Trois cents Autrichiens qui l'occupaient l'évacuent; un bataillon de la 76 et deux compagnies de grenadiers se forment rapidement sur la grève, s'avancent sans tirer, malgré les balles et la mitraille, passent à gué deux petits bras, et donnent le temps à la 100o de venir à leur secours. Tous les bateaux sont renvoyés à la rive gauche pour pren dre d'autres troupes; les soldats, sans s'inquiéter de ce qu'on leur enlève tout moyen de retraite, n'en combattent qu'avec plus d'intrépidité. Vandamme se maintient derrière la digue, pendant que Duhesme et Davout forment les troupes à mesure qu'elles débarquent, et les disposent à emporter Diersheim. Les Autrichiens attaquent en nombre supérieur. Duhesme fait battre le pas de charge; son tambour tombe mort à ses côtés. Alors il saisit la caisse, la frappe avec le pommeau de son épée, et précède sa colonne au combat. Mais bientôt il a la main fracassée d'un coup de feu, et se trouve obligé de céder le commandement au général Vandamme. Deux fois les Français emportent le village et s'emparent d'un bois voisin. A onze heures, les Autrichiens ayant reçu du renfort, renouvellent leurs attaques, et cherchent à tourner notre droite, où Desaix et Davout font les plus grands efforts pour les repousser. Malgré un terrain marécageux et coupé, et un feu violent, ils parviennent à s'établir de nouveau sur la digue dont ils avaient été dépostés, rejettent l'ennemi en désordre dans le village d'Honau, et lui font deux cents prisonniers. Dans cette charge, le brave

Desaix tombe atteint d'une balle à la cuisse. Cependant les Autrichiens, occupant un plateau fortifié par la nature et recevant toujours des renforts, empêchaient, par leurs décharges continuelles, de déployer des troupes dans la plaine, gênaient l'établissement du pont, et ne permettaient pas aux Français de quitter leurs positions avant le passage de la cavalerie et de leur artillerie légère. Enfin, un pont volant venait d'être établi; mais il pouvait contenir à peine vingt-cinq chevaux et une pièce d'artillerie légère: aussi n'avionsnous avant la nuit, sur la rive droite, que quatre cents chevaux et quelques pièces de campagne.

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Une telle situation détermine nos généraux à tenter une troisième attaque sur Diersheim. Bientôt l'artillerie autrichienne démonte celle des Français, et incendie vingt et une maisons dans le village où leurs colonnes pénètrent, et où s'engage un combat d'infanterie très-violent. Accablées par la supériorité de l'artillerie ennemie nos troupes se retirent un moment. Alors Davout arrive d'Honau avec deux bataillons frais, l'infanterie se ranime et rentre dans Diersheim. Les Autrichiens, attaqués en même temps sur leurs deux ailes, sont repoussés dans la plaine, où ils ne se rallient qu'avec beaucoup de difficultés. Telle était à cinq heures du soir notre position, qui n'avait rien de rassurant, pendant tout le temps où le défaut de pont privait d'artillerie et de cavalerie les troupes placées sur la rive droite du fleuve; mais tandis qu'on travaillait avec une étonnante célérité à établir une communication assurée, les Autrichiens attaquèrent encore une fois notre gauche à l'entrée de la nuit. Une terreur panique s'empare de nos troupes, mais ce succès ne dure qu'un instant, et l'ardeur des pontonniers redouble. Un corps considérable aux ordres du général Dufour était près de traverser le Rhin; la réserve de cavalerie, commandée par le général Bourcier, allait arriver: tout promettait le succès le plus complet si on pouvait, avant le jour, faire franchir le fleuve à

ces troupes. Le pont est terminé à deux heures du matin; les troupes commencent à y défiler de suite, et se placent d'après le plan de bataille tracé par Moreau. Les Autrichiens rassemblent pendant la nuit seize bataillons, vingt escadrons et vingt-cinq bouches à feu. Le 21, dès six heures du matin, ils attaquent Honau et Diersheim, et remportent d'abord quelques succès, mais ils sont repoussés par les troupes fraîches qui viennent d'arriver. L'attaque du centre fut la plus terrible. Diersheim, investi par trois batteries considérables à portée de mitraille, fut exposé à un feu si terrible, que tous les canons français furent encore une fois démontés; alors s'engagea la plus terrible mêlée. Plusieurs fois la cavalerie française fut ramenée jusque dans les jardins du village; Moreau et Vandamme eurent leurs chevaux tués sous eux; mais le succès fut décidé par une charge heureuse d'un escadron de hussards, soutenu de quelques pelotons de dragons. Les Autrichiens rentrèrent dans leurs positions du matin, et leurs généraux ayant été blessés et voyant leurs troupes réduites de beaucoup, se décidèrent à la retraite. De leur côté, les Français reprirent l'offensive; les Autrichiens ne firent nulle résistance. Des dragons qui servaient d'éclaireurs à la division du général Dufour s'approchent de Kehl, et les Impériaux qui occupaient ce fort se rendirent prisonniers. Cette place, il est vrai, n'était plus en état de défense; mais on se souvient qu'elle venait de coûter à l'Autriche deux mois de siége, une immense quantité de munitions et dix mille hommes de ses meilleures troupes. L'armée française fit, dans ces mémorables journées, quatre mille prisonniers, au nombre desquels se trouvaient beaucoup d'officiers; elle enleva plusieurs drapeaux, vingt canons, les équipages et la chancellerie de l'état-major autrichien. Ainsi fut franchie une seconde fois cette barrière qui passait autrefois pour être presque insurmontable : les deux passages du Rhin à Kehl et à Diersheim seront également célèbres

dans l'histoire. Après ces succès, l'intention de Moreau était de repousser vivement les Autrichiens, d'abord derrière le Necker, puis en arrière du Danube. Le 25 avril, après quelques affaires d'avant-garde, l'armée de Rhin et Moselle allait poursuivre ses avantages, quand elle fut arrêtée par un courrier de l'armée d'Italie, annonçant la signature des préliminaires de la paix entre l'Autriche et la France. On fit sur-le-champ repasser le Rhin à une grande partie de l'armée pour faciliter ses subsistances. Ainsi se termina une campagne de trois jours, où l'on compta huit combats, une bataille et le passage d'un fleuve (20 au 25 avril 1797).

DIEULET, ancien pays de la Champagne, dont le chef-lieu était Vauxen-Dieulet (département des Ardennes).

DIEULOUARD, Deslonardum, bourg du département de la Meurthe, arrondissement de Nancy; pop. : 1,335 hab. C'était anciennement une place forte qui appartenait aux évêques de Verdun à la fin du seizième siècle; elle resta ensuite au pouvoir des ducs de Lorraine jusqu'en 1736. Elle faisait partie du Verdunois, du diocèse, du bailliage et de la recette de Verdun, du parlement et de l'intendance de Metz.

DIEUZE, ancienne ville du département de la Meurthe, arrondissement de Château-Salins, pop. 3,892 hab. César fait mention de Dieuze, qui, par sa position sur la voie militaire de Metz à Strasbourg, devint pour les Romains un poste important. Du temps d'Attila, elle portait le nom de Decempagi, et fut brûlée par le roi des Huns. Sous les rois de la première race, elle servait de magasin. En 1657, des aventuriers lorrains s'y introduisirent déguisés en femmes, et s'en emparèrent. Elle est, aujourd'hui encore, remarquable par ses salines importantes, qui existaient déjà en 893, et qui appartenaient à l'abbaye de SaintMaximin de Trèves. Dieuze faisait anciennement partie du duché et de l'intendance de Lorraine, et du diocèse de Metz.

DIGNE, Dea Augusta, Dinia Ci

vitas Diniensium. Petite et très-ancienne ville du département des Basses Alpes, chef-lieu du département, évêché. Pop. : 3,932 habitants. Digne, qui était primitivement la capitale des Bodiontici, fut érigée en évêché dans la première moitié du quatrième siècle. Du moins, le plus ancien évêque que l'on connaisse est saint Domnín, qui vivait vers 340. Douze siècles plus tard, la ville fut prise et saccagée plusieurs fois par les religionnnaires, notamment en 1562 et en 1591. En 1414, il se tint un concile à Digne, qui faisait jadis partie de la généralité et de l'intendance d'Aix.

DIGONNET (Antoine), général de brigade, est né à Crest (Drôme) en 1762. Entré comme soldat dans le régiment de l'Ile de France en 1779, il fit dans ce corps, sous les ordres du général Rochambeau, les campagnes de 1780 et 1783, fut blessé à la jambe droite au siége d'York, et promu sur le champ de bataille à tous les grades de sous-officier.

Rentré en France avec son régiment après le traité de Versailles, il se trouvait en garnison à Brest à l'époque de la révolution. Digonnet, alors âgé de vingt-sept ans, embrassa avec chaleur la cause de la liberté, et entra en 1792 comme adjudant sous-officier dans le 2 bataillon de volontaires du département des Landes. La valeur qu'il déploya à l'armée des Pyrénées-Orientales lui mérita le grade de chef de bataillon, puis celui de colonel, et bientôt après, le 14 avril 1794, le brevet de général de brigade.

Passé sous les ordres du général Willot, commandant l'armée des Pyrénées-Occidentales, il justifia un avancement si rapide par ses succès et ses talents. Le général Digonnet rendit ensuite des services non moins éclatants dans les rangs des armées de l'Ouest (1795 à 1799), du Rhin, d'Italie; il combattit vaillamment à la bataille de Marengo, se signala au passage du Mincio, et fut honorablement mentionné dans les rapports du général Oudinot.

De 1802 à 1805, il eut le comman

dement d'une brigade d'infanterie détachée à Bologne et à Reno, et acquit dans cette position de nouveaux titres à la reconnaissance du pays.

Dans la campagne de 1806, il commanda une brigade de l'armée de Naples; fut successivement envoyé dans les Abruzzes en 1807, et dans les Calabres en 1808 et 1809. Il commandait le département du Tanaro depuis 1810, lorsque le 17 mars 1811 il mourut à Modène.

DIJON

Divio, Divionense castrum, grande, riche et ancienne ville, chef-lieu du département de la Côted'Or, d'un évêché et d'une académie universitaire, avec faculté de droit, des sciences et des lettres. Population: 25,552 habitants.

L'origine de cette ville remonte, dit-on, aux temps qui ont précédé la domination romaine. Mais alors elle ne pouvait être que fort peu considé rable. Sous Marc-Aurèle, elle fut entourée de murailles et de trente-trois tours. Aurélien l'embellit et en augmenta l'étendue, vers 274. Les Sarrasins s'en emparèrent et la livrèrent aux flammes, en 731, et les Normands la saccagèrent en 888. Robert de Vermandois l'enleva à Otton en 959; mais elle fut reprise par Lothaire l'année suivante. En 1127, un incendie la consuma presque entièrement. En 1357, Philippe de Rouvres, dernier duc de Bourgogne de la première race, fit commencer la nouvelle enceinte, for tifiée telle qu'on la voit aujourd'hui. Les ducs de la seconde race entretinrent ces fortifications, et les augmentèrent de seize tours et de plusieurs bastions. Au quinzième siècle, Louis XI y fit construire un château entouré de fossés et flanqué de quatre tours qui existent encore en partie, et servent aujourd'hui de caserne de gendarmerie. En 1513, les Suisses vinrent mettre le siége devant Dijon, et la ville ne fut sauvée que par un traité humiliant. (Voyez Traité de DIJON.)

Il s'est tenu à Dijon plusieurs conciles, savoir en 1020, 1115, 1117, 1199 ou 1200. (Voyez CONCILES.) Dijon renferme un très-grand nombre

de monuments remarquables, dont les principaux sont l'église cathédrale, dédiée à saint Bénigne, consacrée en 535, reconstruite en 1106, détruite en 1271, et rebâtie en 1291; 2o l'église Notre-Dame; 3° l'église Saint-Michel, construction du seizième siècle; 4° le palais des états, où se trouve un des plus beaux musées que possèdent les départements.

Cette ville a produit un grand nombre d'hommes célèbres. Nous nous bornerons à citer: H. Aubriot, prévôt de Paris; Cl. Bazire, conventionnel; Bossuet, Bouhier, Ch. de Brosses, Buffon, Crébillon père, Daubenton, Fevret de Fontette, Larcher, Liébaut, Longepierre, Cl. le Ménétrier, B. de la Monnoie, Guyton-Morveau, Philippe le Bon, A. Piron, J. P. Rameau, Cl. Saumaise, Senecai.

Dijon était anciennement la capitale du duché de Bourgogne et du Dijonnais.

DIJON (monnaies de). Cette ville possédait déjà, sous la première race, un atelier monétaire. M. Cartier a publié dans la Revue de Numismatique deux tiers de sous d'or qui en sont sortis. Il est probable que le privilége de battre monnaie ne fut pas enlevé à Dijon sous la seconde race; cependant on n'a pas encore trouvé de deniers d'argent qui aient été frappés dans cette ville à cette époque.

Mais au commencement de la troisième race, Dijon devint le siége de la puissance des ducs de Bourgogne, et posséda le principal atelier de monnaies de ces grands feudataires. La plus ancienne peut-être de toutes les monnaies des ducs de Bourgogne frappée à Dijon et retrouvée de nos jours, porte le nom d'Eudes Ie (1078-1102). D'un côté, elle présente une croix cantonnée de quatre besants, et l'on y lit pour légende DIVION CASTRI. On voit de l'autre côté une croix fichée avec trois annelets, et en légende les mots: 000 DVX BVRG. Cette pièce est remarquable, parce qu'elle est une copie du type carlovingien de Langres, et qu'on peut y voir une nouvelle preuve de ce fait, que les villes secon

daires marquaient souvent leurs monnaies du type de leur métropole.

Hugues II et Robert II, successeurs d'Eudes I, altérèrent le type que nous venons de décrire; mais ils en conservèrent le sens. Ainsi leur monnaie présenta toujours une croix de chaque côté; et si l'un de ces princes remplaça ce signe par la sigle

V

DX, ce ne fut que momentanément,

et l'on revint bientôt à l'ancien usage. Plus tard, les deux croix furent remplacées par deux crosses diversement combinées, accompagnées du soleil et de la lune, de besants et d'autres fig res variées; quelquefois le duc inscrivait longitudinalement son nom sur une croix qui coupait le champ en deux parties. Enfin, vers la fin du treizième siècle, Robert II (1272-1305) abandonna le type local pour imiter les espèces royales. Nous avons de lui des florins et des tournois, avec la légende: ROBERTVS DVX TVRONVS DVCIS. Hu

gues V, son successeur (1305-1315), forcé par l'ordonnance de Lagny de renoncer à copier les monnaies royales, se contenta, pour distinguer ses deniers, d'y mettre l'empreinte de ses

armes.

Cette ordonnance avait fixé le titre des espèces de Bourgogne à 2 deniers 18 grains, leur taille à 240 au marc; mais elle ne fut pas longtemps observée, et Eudes IV (1315-1350) recommença à copier les petits tournois de France, au bas desquels il mettait seulement pour les distinguer, un B et un G, initiales du mot Burgundia. Une autre particularité digne d'être signalée, c'est que le nom de ce prince est inscrit sur ces monnaies en langue vulgaire EVDES DVX.

Les ducs de Bourgogne de la dernière race copièrent plus ouvertement encore les monnaies royales. Nous avons un gros blanc de Philippe le Hardi, qui est identiquement semblable à ceux de Jean le Bon. Nous n'entreprendrons point ici de décrire les innombrables monnaies des princes de cette maison. Quand ils furent maîtres de la Flandre, ce fut principale

ment dans cette province qu'ils firent frapper monnaie; mais l'atelier monétaire de Dijon ne fut pas fermé pour cela; il était encore en activité lorsque Louis XI réunit à la couronne les États de Charles le Téméraire. Dijon fut alors classée au nombre des villes qui devaient posséder un hôtel des monnaies, et on lui donna pour marque la lettre P. (Voyez, pour plus de détails sur la monnaie des ducs de Bourgogne, l'article FLANDRE [monnaie de].)

DIJON (traité de). En 1513, lorsque la France était engagée dans une guerre sanglante contre l'Angleterre, l'Autriche et l'Espagne, la Bourgogne fut attaquée par la gouvernante des PaysBas, de concert avec les Suisses. « Ceux-ci arrivèrent au nombre de vingt mille devant Dijon, qui était incapable de se défendre. La Trémoille n'avait à leur opposer que quatre à cinq mille hommes, dispersés dans les places. Il négocia avec les Suisses, les corrompit, les trompa, et enfin les amena à conclure un traité merveil leusement étrange, dit le roi en l'apprenant; car ces gens simples traitèrent, sans l'aveu de personne, pour la paix générale. Louis XII devait leur donner 400,000 écus d'or, abandonner le Milanais, dissoudre le concile de Pise, etc. Contents de cette belle œuvre, de l'argent qu'on leur distribua en à-compte, des promesses qu'on leur fit, ils ne demandèrent rien de plus, et s'en allèrent. « Sans cette honeste défaite, dit la Trémoille, le royaume de France étoit lors affole; car, assailli en toutes ses extrémités par ses voisins, il n'eust, sans grand hasard de finale ruine, pu soutenir le faix de tant de batailles. » Cependant Louis XII fut très-mécontent de ce traité, refusa de le ratifier, et augmenta ainsi le ressentiment des Suisses (*).

́DIJONNAIS, Divionensis pagus. C'était anciennement le premier bailliage et pays du duché de Bourgogne. Il comprenait les bailliages de Dijon,

(*) Histoire des Français, par Th. Lavallée, t. II, p. 303.

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