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quit vers 1320 au château de la MotteBron, près de Rennes. D'après l'aveu de tous ses historiens, il était fort laid, avait la tête monstrueuse, la taillé épaisse, les épaules larges, et, dès son enfance, il répandait autour de lui le trouble et la terreur. Les châtiments ne faisaient que rendre encore plus farouche son naturel rude, intraitable. Jamais il ne voulut apprendre à lire. Cependant une religieuse avait prédit qu'il serait un fameux chevalier.

Dès l'âge de dix-sept ans il commença, dit-on, par diverses prouesses, à justifier cette prophétie, et ne cessa depuis cette époque d'avoir des armes à la main. Les sanglantes querelles de Jean de Montfort avec Charles de Blois pour le duché de Bretagne, et la désastreuse invasion des Anglais donnaient assez de carrière à son humeur inquiète et batailleuse. Il se fit bientôt un nom redoutable, enlevant les convois, s'emparant des châteaux, signalant sa valeur soit dans des combats singuliers, soit à la tête de quelques braves compagnons aussi pillards, aussi aventureux que lui.

Il avait presque constamment guerroyé pour le parti de Charles de Blois ou pour son propre compte, quand, en 1357, il entra au service du roi et combattit pour la France. Il débuta par se mesurer en Normandie contre les troupes du roi de Navarre et contre les Anglais, auxquels il devait faire une si rude guerre, les battit dans de nombreuses rencontres et leur enleva plusieurs places fortes. Dans les hos tilités qui se continuaient entre les deux prétendants au duché de Bretagne, il avait rendu à Charles de Blois d'immenses services, et quand le traité des Landes leur fit pour peu de temps poser les armes, il fut donné en otage à Montfort. A la rupture de la trêve, celui-ci ayant refusé de lui rendre la liberté, du Guesclin s'échappa et alla trouver Charles V, qui venait de succéder au roi Jean (1364), et qui l'accueillit très-honorablement. Il ne tarda pas à estrenner le nouveau règne par une victoire. Les Navarrais,

fortifiés d'Anglais et de Gascons commandés par le fameux captal de Buch, étaient campés à Cocherel sur un monticule. Par une tactique adroite, du Guesclin les attire dans la plaine et les défait complétement; le captal luimême est fait prisonnier. Ce fut après cette journée que, d'un commun accord, les troupes françaises adoptèrent le cri de guerre Notre-Dame du Guesclin. Pour récompenser le valeureux capitaine breton, le roi lui donna le comté de Longueville-Lagiffard, héritage du frère du roi de Navarre.

Cependant Charles et Montfort se préparaient à terminer, par une bataille décisive, leurs longs démêlés. Charles V prêta au premier du Guesclin et 1,000 lances, le deuxième était soutenu par les Anglais et par le redoutable Chandos, le vainqueur de Poitiers.

On en vint aux mains à Auray. Malgré ses sages dispositions, du Guesclin fut vaincu et fait prisonnier. Charles de Blois était tombé sur le champ de bataille. Ainsi se terminèrent presqu'en même temps la guerre de Bretagne et celle du roi de Navarre.

Mais il restait à la France si malheureuse, si désolée, une plaie bien plus effroyable encore que ces guerres: c'était le brigandage des grandes compagnies, bandes de pillards formées d'hommes de toutes nations, mais surtout d'Anglais et de Gascons, qui s'étaient depuis plusieurs années répandues dans les provinces et y portaient le ravage et la terreur. Sur ces entrefaites, Henri de Transtamare vint solliciter les secours du roi de France contre son frère Pierre le Cruel, roi de Castille. Charles V lui donna de bon cœur les grandes compagnies : mais du Guesclin, qui devait être leur chef, était encore prisonnier des Anglais, à Niort. Le roi, le pape et Henri se cotisèrent et payèrent 100,000 florins pour sa rançon. Du Guesclin alla donc trouver les grandes compagnies alors rassemblées dans les plaines de Châlons-sur-Saône, au nombre de 30,000 hommes, les décida à le suivre et les mena en Espagne, non sans ti

rer encore du pape, en passant par Avignon, 200,000 florins d'or et une absolution générale pour les siens.

Arrivé avec ses gens en Castille, au lieu de les mener guerroyer contre les Sarrasins, comme il le leur avait annoncé, il marcha contre Pierre le Cruel, qui fut bientôt chassé et réduit à se réfugier à Bordeaux auprès des Anglais. Mais du Guesclin, décoré des titres de connétable et de duc de Molina et gratifié de deux comtés par le roi Henri, était à peine revenu en France qu'il dut repasser les monts en toute hâte. Le prince de Galles avait pris à sa solde les aventuriers anglais et gascons des grandes compagnies sortis du service de Transtamare, et était arrivé sur l'Ebre pour rétablir Pierre. Contre l'avis de du Guesclin, Henri livra la bataille à Najara et la perdit. Tout fut tué ou pris, et, pour la deuxième fois, Chandos se trouva maître de la liberté de son illustre émule de bravoure et de gloire.

Mais bientôt le prince de Galles commit, par orgueil, la faute de relâcher le prisonnier moyennant une forte rançon que, par orgueil aussi, le Breton avait fixée lui-même. Envoyé par Charles V au delà des Pyrénées avec quelques gens des grandes compagnies, du Guesclin releva le parti de Transtamare, et Pierre, avec ses auxiliaires maures et juifs, fut vaincu et fait prisonnier à Monteil. Peu après, dans une entrevue des deux frères, ces furieux s'étant jetés l'un sur l'autre, Henri, aidé, dit-on, par du Guesclin, parvint à mettre Pierre sous lui et le poignarda.

La guerre ainsi terminée en Castille, du Guesclin reçut du roi de France l'épée de connétable, et l'ordre de poursuivre les Anglais qui dévastaient le royaume. C'était, en effet, le seul homme de guerre qui sût comment il fallait s'y prendre pour les battre. Ils étaient venus porter l'incendie et le ravage jusqu'aux portes de Paris. Mais, en peu de temps, secondé par leurs propres fautes, il les eut dispersés et chassés de la Normandie, de la Guienne presque entière, du Maine, de l'Anjou,

du Poitou, etc. Par la prise de la Rochelle, par celle de Thouars, il leur porta des coups décisifs; enfin il tailla en pièces, à Chizay, ce qui restait de leur armée. Le tour de la Bretagne vint ensuite; le connétable ne ménagea pas ses compatriotes: ce fut l'affaire de quelques siéges.

Le duc de Lancastre ayant de nouveau fait débarquer à Calais une armée considérable, du Guesclin poursuivit les ennemis, les harcela; la faim et les maladies firent le reste; de sorte que, partis avec 30,000 chevaux, ils arrivèrent en Guienne à pied, et réduits à 6,000 hommes. Enfin, en 1374, il ne restait aux Anglais, en France, que Calais, Bayonne et Bordeaux.

Cependant, la fin d'une carrière si bien fournie ne devait pas arriver sans disgrâce pour le brave connétable. Charles V ayant confisqué la Bretagne par arrêt du parlement, la noblesse confédérée rappela Montfort d'Angleterre, et l'accueillit avec enthousiasme. Du Guesclin se rendit avec Clisson à

l'armée que le duc d'Anjou rassemblait. Mais, à la première approche des troupes bretonnes, cette armée se dissipa. Du Guesclin, en butte aux soupçons du roi, lui renvoya l'épée de connétable disant qu'il se retirait en Espagne, où il avait aussi le titre de connetable. Le roi, sentant combien il avait besoin de lui, envoya, pour l'apaiser, les ducs d'Anjou et de Bourbon. Mais, selon toute apparence, le vieux capitaine, qui ne se souciait pas de s'armer encore contre la Bretagne, et préférait gagner du temps, ne consentit pas, diton, à reprendre le titre auquel il avait renoncé (*). Il est cependant avéré par les actes, qu'il alla remplacer le duc d'Anjou dans le commandement des provinces méridionales. Il avait mis le siége devant le château de Randon (Gévaudan), où se tenait une compa

(*) Dans son testament daté du 9 juillet 1380, Duguesclin prend le titre de connétable (t. II, p. 286 de l'Histoire de Bretagne, par D. Morice), ce qui détruit l'assertion des historiens qui prétendent qu'il était disgracié.

gnie qui désolait le pays, lorsqu'il tomba malade devant cette place, et mourut, le 13 juillet 1380. On assure que le gouverneur, qui avait promis de se rendre dans quinze jours, s'il n'était secouru, tint parole, et vint remettre les clefs sur le lit du mort. Le roi fit enterrer le connétable aux caveaux de Saint-Denis, où il ne tarda pas à le suivre.

en

Le cœur du connétable fut envoyé à Dinan, et placé dans l'église des Dominicains, d'où il a été transféré, 1810, à celle de Saint-Sauveur. Neuf ans après la mort de du Guesclin, le 7 mai 1389, Charles VI fit célébrer un service en son honneur, avec une pompe extraordinaire. L'évêque d'Auxerre prononça l'oraison funèbre en présence de toute la cour (*).

DU HAILLAN (Bernard de Girard, seigneur), né à Bordeaux, en 1535, est le premier écrivain français qui, renonçant à la manière des chroniqueurs, composa un corps d'histoire nationale où les événements sont rapportés, non pas d'après un ordre chronologique rigoureux, mais d'après leur liaison naturelle. Son Histoire générale des rois de France, depuis Pharamond jusqu'à la mort de Charles VII, Paris, 1576, 1584, in-fol., et ses quatre livres des Affaires de France, ibid., 1570, 1571, in-8°, sont des ouvrages remarquables. Il est évident qu'il a consulté beaucoup de documents inédits, et conversé avec des personnes instruites. S'il n'a pas fait preuve de critique en adoptant les fables de la première période de l'histoire des Francs, et quelques préjugés de son temps, il a en revanche rejeté comme privées de fondement une foule de traditions alors généralement reçues. De ce nombre sont la publication d'une loi salique par Pharamond, l'établissement des douze pairs par Charlemagne, etc. Il a même montré une certaine hardiesse

(*) Les deux derniers feuillets du manuscrit 7224 de la bibliothèque du roi contiennent sept pièces de poésie, ballades et rondeaux, qui expriment les regrets des contemporains sur la perte du héros breton,

dans son récit de l'épisode de Jeanne d'Arc, qu'il traite de comédie politique. Aussi ne faut-il pas s'étonner que le sceptique Bayle, dans son dictionnaire, ait consacré à du Haillan un article très-curieux.

Notre historien, après avoir été secrétaire de légation à Londres et à Venise, avait été nommé secrétaire des finances du duc d'Anjou, depuis Henri III, historiographe de France en 1571, et généalogiste de l'ordre du Saint-Esprit en 1595. Il mourut à Paris, en 1610. Outre les ouvrages dont nous venons de parler, il a laissé : le Tombeau du roi T. C. Henri II, poëme, in-8°; Regum gallorum icones à Pharamundo ad Francisc. II, item ducum Lotharing. icon., Paris, 1559, in-4°; et plusieurs autres écrits dont on trouvera la liste dans les Mémoires de Nicéron, t. XIV. Sa vie a été écrite par le P. le Long, dans sa Bibl. hist. de France.

DUHALDE (J.-B.), jésuite, né à Paris, en 1674, devint le secrétaire du fameux P. Letellier, confesseur de Louis XIV, et fut chargé de recueillir et de classer les lettres écrites de divers pays par les missionnaires de sa compagnie. Il a publié: 1o Lettres édifiantes et curieuses écrites des Missions étrangères; on y trouve des renseignements curieux et intéressants, mêlés de récits oiseux et de pieuses relations de miracles et de conversions; 2o Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l'empire de la Chine et de la Tartarie chinoise Paris, 1735, 4 vol. in-fol., figures et atlas par Danville, réimprimé et traduit en diverses langues. Cet ouvrage est le premier dans lequel la Chine ait été décrite avec détail et exactitude. Le P. Duhalde mourut en 1743.

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DUHAMEL (J.-B.), membre de l'Académie des sciences, né à Vire, en 1624, entra en 1643 à l'Oratoire, et fut ensuite curé de Neuilly-sur-Marne, où il se fit chérir de ses paroissiens par sa charité et ses vertus. Nommé à plusieurs bénéfices, il n'en conserva aucun, et s'en dépouilla en faveur de

DUHEM

L'UNIVERS.

ses amis. Les travaux scientifiques auxquels il s'était livré le firent choisir par Colbert pour être secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, lors de la création de ce corps savant, et nul ne pouvait mieux remplir cette place. Il mourut en 1706. Ses principaux ouvrages sont: 1° De consensu veteris et novæ philosophiæ libri IV, Paris, 1663, in-4°; 2° Regiæ scientiarum Academiæ historia, Paris, 1698, in-4°. Il a aussi publié quelques ouvrages de théologie.

DUHAMEL (J.-P.-F.-G.), savant ingénieur, né à Nicorps, près Coutances, en 1730, fut un des hommes qui contribuèrent le plus à développer et à améliorer en France l'exploitation des mines, livrée jusqu'alors à une aveugle routine. Dès l'établissement de l'école des mines, il y obtint la chaire d'exploitation et de métallurgie. Il fut élu membre de l'Académie des sciences en 1786, et fit aussi, plus tard, partie de l'Institut. Il mourut en 1816, inspecteur général des mines. Outre plusieurs mémoires relatifs aux mines d'Allemagne, on a de lui: Géométrie souterraine, 1787; un seul volume a paru.

DUHAMEL DU MONCEAU (H.-L.), l'un des savants qui ont le plus illustré la France pendant le dix-huitième siècle, naquit à Paris en 1700, fut reçu membre de l'Académie des sciences en 1728, et mourut en 1782. Voici la liste de ses ouvrages: 1° Éléments de l'architecture navale, 1757, 2 vol. in-4°; 2o Traité général des péches mariti mes et fluviatiles, 1769, 3 vol. in-fol.; 3° Traité de la fabrique des manœuvres, 1747, in-4°; 4° Traité de la conservation de la santé des équipages des vaisseaux; 5° Traité de la culture des terres, 6 vol. in-12; 6° Traité des arbres et arbustes qui se cultivent en France en pleine terre, Paris, 1755, 1 vol. in-4°; 7° la Physique des arbres, Paris, 1738, vol. in-4°; 8° Traité des arbres frui2 tiers, Paris, 1768, 2 vol. in-4°.

DUHEM (Pierre-Joseph), né à Lille, en 1760, exerçait dans cette ville, avec quelque succès, la profession de méde

DUHEM

citoyens lui conférèrent le titre de juge cin, lorsque les suffrages de ses con choisirent, en 1791, pour leur repréde paix. Les électeurs de Douai le sentant à l'Assemblée législative. Il s'y blicaines, et vota constamment avec fit remarquer par ses opinions répules membres de l'extrême gauche. Réélu à la Convention nationale, il alla siéger parmi les membres qui formaient le parti de la Montagne. Dans le procès de Louis XVI, il s'opposa à ce qu'on accordât un conseil à l'accusé, attaqua vivement les partisans ple, et vota la mort sans sursis. Le 8 de l'ajournement et de l'appel au peurigueur contre les journaux, et demanmars 1793, il da que les députés journalistes fussent proposa des mesures de expulsés de l'assemblée; mais la Convention passa à l'ordre du jour sur sa proposition. Il reprit la parole dans la nal criminel extraordinaire, et s'opposa discussion sur l'organisation du tribuvainement à ce qu'on y admît des jurés. Il contribua, au 31 mai, au triomphe de la Montagne sur la Gironde, et fut envoyé, peu de temps après, en mission l'armée du Nord, où il se rendit coupable de quelques abus d'auparti de Danton. A son retour, il fitorité. Il s'était dès lors attaché au parmi les témoins à charge, et, plus gura dans le procès des girondins club des Jacobins, Robespierre le fit tard, lors du scrutin épuratoire, exclure de cette société. Ses liaisons avec les dantonistes devaient naturellement le placer parmi les adversaires de ce représentant du peuple, au 9 thermidor. Mais il reconnut bientôt la premier des montagnards qui firent faute qu'il avait commise, et fut le éclater leurs regrets de la part qu'ils les plus purs de la Convention. A la avaient prise à la perte des hommes tribune de cette assemblée, comme à celle des Jacobins, il combattit avec vigueur le système de persécution organisé contre les patriotes et les républicains, et s'opposa de toutes ses forces aux mesures réactionnaires adoptées gendre, pour avoir entretenu des corpar les vainqueurs. Dénoncé par Le

au

respondances avec les républicains du Midi, il fut compris dans la proscription du 12 germinal, et conduit à la tour de Ham, puis transféré, avec Chasles et Choudieu, au château de Sedan, d'où l'amnistie du 4 brumaire an Iv le fit sortir. Il reprit alors l'exercice de sa première profession, et obtint plus tard la place de médecin en chef de l'hôpital de Mayence. Il mourut dans cette ville, en octobre 1807.

DUHESME (Guillaume Philibert, comte), général de division, né à Bourgneuf (Saône-et-Loire) en 1766. Nomine, en 1790, commandant des gardes nationales de son canton, il équipa à ses frais, l'année suivante, l'une des compagnies franches qui se créaient à cette époque; puis, ce corps se recrutant de nouveaux volontaires, il finit par en former un bataillon dont il prit le commandement, et qui servit avec distinction à l'armée du général la Fayette et à celle de Dumouriez. La conduite de Duhesme, et la discipline qu'il sut introduire dans son corps, lui acquirent l'estime du général Lamarlière, qui lui confia la défense de la place de Ruremonde. Placé à l'arrière-garde de l'armée, dans la retraite qui suivit la défaite de Nerwinde, il brûla devant l'ennemi le pont de Loo, sauva ainsi l'armée d'une déroute qui eût inévitablement amené sa perte, et passa l'Escaut à Anvers. Il apaisa ensuite, par sa fermeté et son courage, une révolte des soldats qu'il avait empêchés de se livrer au pillage, ramena l'ordre et la discipline dans les rangs, et contribua à faire reprendre l'offensive aux troupes, démoralisées par la défaite qu'elles venaient d'éprouver. Le 6 juillet 1793, les grenadiers français, arrivés au bois de Villeneuve (foret de Marmale), se découragèrent et abandonnèrent leurs rangs. Duhesme, blessé de deux coups de feu, mit un genou en terre pour se soutenir, présenta la pointe de son sabre aux fuyards, et parvint à rétablir l'ordre et à obtenir quelques avantages sur l'ennemi. Ce trait de courage et de fermeté lui valut le grade de général de brigade.

Lorsqu'il fut guéri de ses blessures (1794), il fut placé à la tête de l'avantgarde destinée à marcher sur la Flandre, et se signala par de nouveaux faits d'armes. Il faisait partie de la division Marceau, lorsque, près de Charleroi, il aperçut parmi les grenadiers une hésitation qui pouvait compromettre toute la ligne d'opération; saisissant aussitôt le fusil d'un soldat, et descendant de cheval, il se mit à la tête d'un peloton, chargea l'ennemi à la baïonnette, et fit prendre à ses troupes une position d'où elles pouvaient protéger la colonne française.

La veille de la bataille de Fleurus, il imagina une manœuvre dont il confia l'exécution à Bernadotte, alors colonel, et qui, habilement conduite, eut pour résultat la défaite de l'aile droite des Autrichiens. Placé au centre de l'armée, il contribua lui-même plus directement encore à cette victoire.

Kléber venait de quitter momentanément les troupes chargées de l'investissement de Maestricht (octobre 1794); il était important de le remplacer par un officier d'une habileté reconnue ce fut Duhesme qu'on choisit. Il s'acquitta de cette mission avec une rare intelligence, et il en fut récompensé par le grade de général de division (8 novembre 1794).

Le 25 janvier 1795, il passa à l'armée des côtes de Brest avec un corps de vingt mille hommes. Après avoir commandé avec distinction trois divisions de l'armée de Sambre-et-Meuse, sous les ordres du général Hoche, il servit successivement sous les ordres de Pichegru et de Moreau, se fit re marquer devant Manheim, et effectus avec beaucoup de talent une retraite durant laquelle des colonnes ennemies, supérieures en nombre, l'attaquèrent sans relâche, et sans jamais entamer ses rangs.

Il prit une part active à la bataille de Biberach (2 octobre 1796), assista, le 20 avril 1797, au fameux passage du Rhin devant Diersheim, et contribua à la belle défense du fort de Kehl. Cher chant à ranimer l'ardeur de ses trou pes qui venaient d'être repoussées du

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