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étaient venus à leur secours. Il enleva même aux ennemis un drapeau dans une sortie. Mais, n'ayant plus que quatorze hommes, il fut forcé de capituler, et sortit de la place avec les honneurs de la guerre. Sa conduite dans cette circonstance lui valut le grade de chef d'escadron dans un régiment de hussards. Il assista ensuite au passage du Mincio, à la bataille d'Austerlitz, où il commandait le 5o régiment d'infanterie légère, et fut envoyé, 1809, à l'armée de Portugal; il passa ensuite en Espagne, où il fut promu, en 1811, au grade de général de brigade. Il était comte de l'empire et général de division en 1814; nommé alors chevalier de Saint-Louis, il refusa de prendre du service pendant les cent jours, et fut, à la seconde restauration, récompensé de cette fidélité à ses nouveaux maîtres, par le titre de lieutenant commandant de la compagnie des gardes du corps d'Havré. Il fut chargé, en 1817, du commandement de la 17 division militaire, et mourut à Paris en 1828.

DULORENS (Jacques), poëte français, né vers 1583 à Châteauneuf en Thimerais, mort lieutenant général du bailliage de cette ville, suivant les uns, en 1648, ou, suivant d'autres, en 1655, a laissé un Recueil de satires, Paris, 1624, in-8°, et des Annotations sur les coutumes de Châteauneuf, Chartres et Évreux, Paris, 1645,in-4°. DULOT (N.), mauvais poëte du dixseptième siècle, fut, suivant Ménage, l'inventeur des bouts rimés. Sarrazin, qui n'avait pu réussir dans ce genre, s'en vengea en publiant, sous le titre de Dulot vaincu ou la Défaite des bouts rimés, un petit poëme fort ingénieux, auquel seul Dulot est sans doute redevable du privilége d'avoir transmis son nom à la postérité.

DU LYON, en latin de Leone, en dialecte gascon deu Leu et deu Leon. Ce nom est celui d'une ancienne maison, originaire du Béarn, mais qui, dans le treizième siècle, s'établit en Guienne, dans la sénéchaussée de Lannes. On en fait remonter la filiation à un Arnaud Raymond, qui vivait au

milieu du douzième siècle. Mais le premier seigneur du Lyon, dont la descendance puisse se prouver diplomatiquement, est Espaing du Lyon, l'un des chevaliers de Gaston Phoebus, comte de Foix, à qui il fit hommage de sa terre deu Leu. Froissard parle plusieurs fois de lui dans son histoire. Parmi ses descendants, nous remar quons un conseiller de Louis XI, sénéchal de Saintonge, puis de Guienne, Lannes et Bazadois, et de Toulouse et Alby; des capitaines au service du roi de Navarre, de fidèles serviteurs de Henri IV, des officiers dans les armées royales au dix-septième et au dix-huitième siècle. A cette dernière époque, les membres de la famille du Lyon portaient les titres de marquis de Campet, Geloux, seigneurs de Gareing, Ucharq, etc.

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DULYS (famille). Les frères de Jeanne d'Arc prirent le nom de Dulys, lorsque, au mois de décembre 1429, le roi l'eut anoblie avec tous les siens. Les armes de cette famille étaient d'azur, à une épée d'argent en pal, croisée et pommetée d'or, soutenant de la pointe une couronne d'or, et côtoyée de fleurs de lys d'or.

Les Dulys, pillés peut-être par les Anglais ou par les Bourguignons, n'avaient pas une fortune qui les mît en état de soutenir la gloire de leur nom. Vingt ans apres la mort de la Pucelle, la ville d'Orléans payait à sa mère Isabeau trois francs par mois pour lui aider à vivre (*). Vers le temps de la révision du procès de la Pucelle (1455), Jean d'Arc (ou plutôt Darc), son frère, était simple prévôt de Vaucouleurs. C'est seulement en 1550 que les Dulys semblent être entrés en jouissance des avantages attachés à leurs titres de noblesse, qui furent alors confirmés par Henri II. Mais un arrêt du parlement restreignit, en 1614, leur noblesse aux seuls descendants mâles. Les Dulys se sont éteints, dit-on, en la personne de messire Henri-François de Coulombes Dulys, chanoine de

(*) Préface de la collection des mémoires de M. Buchon.

Champeaux, et prieur de Coutras, mort en 1760. On a réclamé cependant

contre cette assertion.

Suivant un chroniqueur contemporain de Jeanne d'Arc, le doyen de Saint-Thiébault de Metz (*), une aventurière du quinzième siècle se fit passer pour la Pucelle, dont le peuple s'obstinait à révoquer en doute le supplice et la mort. Elle se faisait appeler Jeanne Dulys. De retour en France après le séjour qu'elle prétendait avoir fait, depuis sa captivité, à Luxembourg, à Cologne et à Metz, elle épousa le chevalier Robert des Hermoises.

DUMAREST (Rambert), né à SaintEtienne, en 1750, remporta, en 1800, le premier grand prix pour la gravure des médailles. Recu, peu de temps après, membre de l'Institut, il mourut à Paris en 1806. Parmi les ouvrages qui font le plus d'honneur à cet artiste, il faut citer deux médailles du Poussin; celle du Conservatoire de musique, qui porte la figure en pied d'Apollon; celle que l'Institut distribue à chacun de ses membres, et qui représente Minerve; la petite médaille d'Esculape pour l'École de médecine, et enfin la médaille de la paix d'A

miens.

DUMARSAIS (César Chesneau) naquit à Marseille, le 17 juillet 1676. De bonne heure privé de son père, il le fut bientôt aussi du modeste héritage paternel, rapidement dissipé par sa mère, ainsi que d'une précieuse bibliothèque, legs de deux oncles, dont l'intelligente douleur de l'enfant ne put empêcher la vente. Il suivit les cours de l'Oratoire de Marseille, et fut même sur le point d'entrer dans cette congrégation; mais il changea ensuite d'idée, et vint à Paris, où il se maria, et fut reçu avocat. L'humeur difficile de sa femme lui rendit bientôt cette union insupportable. Il lui abandonna le peu qu'il possédait, et, renonçant au barreau, où son esprit, plus solide que brillant, ne lui promettait peut-être pas du reste de grands succès, il en

(*) Cité par D. Calmet, Histoire de Lorraine, t. II, livre xxvi1, p. 702.

tra, en qualité de précepteur, chez le président de Maisons. Ce fut à la demande de celui-ci qu'il commença son Exposition de la doctrine de l'Eglise gallicane, terminée ensuite pour le duc de la Feuillade, quand il fut nommé à l'ambassade de Rome. Du. marsais dirigeait depuis douze ans les études du jeune de Maisons (celui qui mérita, à 27 ans, le fauteuil académique), lorsque la mort du père lui enleva à la fois un protecteur et un ami. Il remplit alors les mêmes fonctions chez le célèbre Law, dont le départ précipité le laissa de nouveau sans emploi et presque sans ressources. Il trouva cependant à se charger d'une nouvelle éducation, celle des enfants du marquis de Beaufremont. Il essaya sur eux une méthode pour l'enseignement du latin, dont il publia une Exposition en 1722, et qu'il développa de nouveau en 1729, dans la préface de ses Véritables principes de la grammaire, ou nouvelle grammaire raisonnée pour apprendre la langue latine, seule partie de l'ouvrage qui ait vu le jour.

Cette méthode, que Rollin semble avoir conseillée, que Condillac adopta pour l'instruction de son élève, et que l'on a reproduite de nos jours sous divers noms, consistait à faire précéder la règle par l'exemple, ou, pour nous servir des expressions mêmes de Dumarsais, la raison par la routine. Les traductions interlinéaires en étaient comme la clef. Vivement attaquée par les écrivains de Trévoux et par le Journal des savants, cette innovation ne fut défendue que par le seul Journal de Verdun, mais les répliques de l'auteur à ses adversaires prouvèrent qu'il pouvait, dans cette lice, se passer de second. Dumarsais ne devait malheureusement pas recueillir lui-même le fruit de ses savantes veilles. Ce fut en vain qu'il fit imprimer, en 1730, son excellent Traité des tropes, où il fait ressortir, avec un art si admirable, l'importance de ces figures de mots; l'édition resta presque entière dans la boutique du libraire, jusqu'a ce que, trente ans après, les éloges de Fréron

fissent rendre à l'ouvrage une trop tardive justice. Cependant, Dumarsais avait ouvert, dans le faubourg SaintVictor, une pension où il espérait faire, sur une plus large échelle, l'application de ses principes. Le peu de succès de l'entreprise l'ayant forcé à l'abandonner, il se vit réduit à donner, pour subsister, des leçons en ville.

Enfin, les éditeurs de l'Encyclopédie le distinguèrent et lui confierent la rédaction des articles de leur recueil sur la grammaire et la psychologie. Dumarsais en écrivit un

assez

grand nombre, qui furent insérés dans les six premiers volumes, et dont le dernier, dans l'ordre alphabétique, fut l'article Grammairien. Ces morceaux forment une des parties les plus remarquables de l'Encyclopédie. Le sujet est profondément étudié; mais on doit convenir que l'expression manque parfois de clarté, faute de concision. L'auteur n'en demeurera pas moins l'un des créateurs de la grammaire générale, et le réformateur de la grammaire française. Le premier peut-être parmi les modernes, il a bien connu la philosophie du langage, et su comprendre qu'il fallait chercher les lois de la syntaxe dans celles de la pensée. Voulant concilier dans l'orthographe les exigences de l'usage avec les indications de la raison, il avait proposé la suppression de toutes les lettres doubles que ne motivent ni la prononciation ni l'étymologie.

Mais ces utiles travaux avaient peu amélioré sa position de fortune la vieillesse arrivait avec ses infirmités. Heureusement que le comte de Lauraguais, de l'Académie des sciences, répara l'injustice de ses contemporains, en assurant à Dumarsais une pension de 1,000 livres, dont il jouit jusqu'à sa mort, arrivée le 11 juin 1756. On a donné, en 1797, sous le titre de ses OEuvres complètes, 7 vol. in-8°, où l'on remarque, avec les écrits dont nous avons eu déjà occasion de parler, sa Logique ou réflexions sur les opérations de l'esprit humain. On y voit l'auteur, fondant ensemble les systèmes d'Aristote, de Descartes et

de Bacon, donner le premier exemple de cet éclectisme qui fait le principal mérite de l'école moderne. Quant aux écrits d'une philosophie hardie, que les éditeurs ont réunis dans leur septième volume, il paraît aujourd'hui démontré, qu'à l'exception peut-être de celui qui est intitulé le Philosophe, ils appartiennent à d'Holbach, qui emprunta plus d'une fois, comme on sait, des noms contemporains pour servir comme de laissez-passer à ses idées. Un esprit juste, des mœurs simples et douces, une force d'âme supérieure à l'adversité, firent de Dumarsais un des plus parfaits modèles du véritable philosophe. Son éloge a été mis au concours en l'an VIII par la seconde classe de l'Institut, et le grammairien psychologue a trouvé, dans M. de Gérando, un digne panégyriste.

DUMAS (Alexandre Davy de la Pailleterie ), homme de couleur, naquit à Jérémie (Saint-Domingue), le 25 mars 1762, du marquis Alexandre Davy de la Pailleterie et d'une négresse africaine. Il s'engagea à quatorze ans dans le régiment de la Reine, et, sous le nom de Dumas, obtint tous ses grades sur le champ de bataille. Il n'était que simple brigadier lorsque au camp de Maulde, il tomba dans une embuscade de chasseurs tyroliens qu'il intimida par sa contenance, et dont treize furent amenés par lui au général Dumouriez, qui le nomma maréchal des logis, et peu après lieutenant des hussards. Elevé ensuite au grade de lieutenant-colonel, Dumas, à la tête d'une légion franche d'hommes de couleur et de noirs, se distingua surtout à Mouvian, près de Lille, où, à la tête d'une patrouille de quatorze hommes, il surprit un poste de quarante soldats hollandais, dont trois furent tués de sa main, et seize faits prisonniers. Créé général de brigade à la suite de ce brillant coup de main, il fut chargé de la défense du Pont-àMarque, par lequel communiquaient deux ailes de l'armée française. Il repoussa les colonnes qui vinrent l'assaillir, et fut promu au grade de général de division, le 13 septembre 1793.

Appelé au commandement en chef de l'armée des Pyrénées-Orientales, il la quitta presque aussitôt, passa à celle des Alpes. Il monta au pas de charge le mont Saint-Bernard hérissé de redoutes, s'empara des canons qu'il dirigea sur-le-champ contre l'ennemi. Cette opération terminée, il exécuta l'attaque du mont Cenis, qu'il emporta d'assaut, s'empara de tout le bagage des ennemis et de trente pièces de canon, et fit 1,700 prisonniers. Nommé, en 1794, général en chef de l'armée de l'Ouest, il fut employé, en 1796, au siége de Mantoue, battit le général Wurmser qui avait tenté une sortie, le força à rentrer en désordre dans la forteresse, et passa ensuite dans le Tyrol avec sa dívision noire.

A l'affaire de Brixen, l'ennemi était près de s'emparer d'un pont nécessaire au passage de l'armée française ; Dumas s'en aperçoit, court en toute hâte, et arrive seul au lieu du danger ; aussitôt il se place en travers avec son cheval, soutient les efforts de la cavalerie ennemie, tue trois hommes, en met plusieurs autres hors de combat, reçoit plusieurs blessures, et donne aux siens le temps d'arriver. Mis à l'ordre du jour pour l'intrépidité qu'il avait déployée dans cette circonstance, et surnommé par le général en chef l'Horatius Coclès du Tyrol, il concourut ensuite à l'attaque de la gorge d'Inspruck, et harcela l'ennemi jusqu'à Sterzing, à quinze lieues du champ de bataille.

Après le traité de Campo-Formio, i revint en France, et s'embarqua bientôt pour l'Égypte ; il y prit_part anx affaires de Chebreiss, des Pyramides. Menacé de faire naufrage lors de son retour en Europe, il fut forcé de relâcher à Tarente; mais le gouver. nement de Naples l'y retint deux ans prisonnier avec le célèbre Dolomieu, qui l'avait suivi. Dix hommes entrèrent dans son cachot pour l'assassiner. Dumas, saisissant sa canne à dard, menaça de mort le premier qui l'approcherait, et de la vengeance de Bonaparte ceux qui oseraient attenter à ses jours. Son regard et sa voix avaient

produit leur effet sur les dix brigands; ils s'enfuirent épouvantés comme le soldat cimbre à l'aspect de Marius.

Aussi mauvais courtisan que bon guerrier, Dumas, à son retour en France, laissa éclater l'indignation que lui causait l'ambition de Bonaparte; sa franchise, son républicanisme ardent et aussi sa couleur, l'écartèrent de la nouvelle cour. Il ne reçut même pas la décoration de la Légion d'honneur, et l'Horatius Cocles français, apres trois années de souffrances, causées par ses blessures, abreuvé de dégoûts et plongé dans le plus profond oubli, mourut à Villers-Cotterets, le

26 février 1806.

DUMAS ( Alexandre), fils du précédent, naquit à Villers-Cotterets en 1803. Son père, en mourant, avait laissé à sa veuve, pour tout héritage, des droits à une pension qui ne fut jamais payée. Madame Dumas se trouva réduite à un état voisin de l'indigence, et tout ce qu'elle put faire pour l'instruction de son fils, ce fut de recourir à l'amitié d'un bon prêtre du pays, qui enseigna au jeune homme ce qu'il savait en fait d'humanités. Alexandre Dumas vint à Paris en 1823; il comptait y être recommandé pour quelque modeste place par d'anciens amis de son père. C'était là sa seule ressource et son seul espoir. Il a raconté d'une manière charmante les émotions de son arrivée et de ses premières démarches, dans un article publié par la Revue des deux mondes, sous ce titre Comment je devins auteur dramatique. Ce fut la protection du général Foi qui le tira d'embarras. Il obtint, sur sa recommandation, une place de commis dans l'administration de la maison du duc d'Orléans. Quand il avait quitté son bureau le soir, il n'avait rien de plus pressé que d'aller au spectacle entendre les chefsd'œuvre de nos poëtes. Un jour, il fut saisi d'un enthousiasme nouveau en voyant les comédiens anglais qui étaient venus faire une tournée en France, représenter les drames les plus émouvants de Shakspeare. Il devint fou de Shakspeare, et se mit à le

lire et à l'étudier avec passion. C'était l'époque où commençaient à se manifester les premiers symptômes d'une révolution littéraire. On se dégoûtait de la tragédie classique, telle que l'avait faite l'empire partout régnait un besoin d'innovation, excité par des rapports de plus en plus familiers avec les littératures étrangères. Alexandre Dumas sentit naître en lui le désir et la puissance de donner le signal de la réforme par une œuvre dramatique signée de son nom inconnu. Il se mit au travail, et composa en peu de temps Henri III et sa cour. Les comédiens du Théâtre-Français accueillirent son drame avec une bienveillance à laquelle il ne s'attendait pas, et le jouèrent en 1829. Dès lors, le commis obscur devint un des princes de la littérature contemporaine. Peu d'ouvrages ont été autant applaudis de nos jours que le fut à son apparition Henri III. Mais une partie de ce succès fut due aux circonstances littéraires au milieu desquelles l'ouvrage se produisait la séduction de la nouveauté exerça une grande influence sur le jugement du public. Aujourd'hui on admire encore dans Henri III des situations vives et vraiment dramatiques, des mots spirituels et frappants, une verve de composition qui fait toujours paraître la scène animée et remplie. Mais ces mille petits accessoires de couleur locale prodigués par l'auteur, ces minuties historiques dont on était charmé alors, paraissent pué riles aujourd'hui; mais, surtout, on est frappe d'une faute énorme commise dans la structure de la pièce, et qui consiste dans la duplicité d'intérêt. Emporté par son ardeur de réforme, Alexandre Dumas crut devoir s'affranchir de l'unité d'action, d'intérêt, comme il s'affranchissait de celles de temps et de lieu. Rien n'est plus contraire au plaisir du spectateur, qui ne sait plus à quoi se prendre, dont l'âme ne sait plus où s'attacher A quoi doiton s'intéresser dans Henri III, à la politique du prince ou à la passion de la duchesse de Guise, aux complots des ligueurs ou à l'intrigue amoureuse

de Saint-Mégrin ? Les mêmes défauts se trouvent dans l'ouvrage qui suivit Henri III, dans le vaste drame de Christine. A quoi bon toutes ces peintures accessoires de mœurs, à quoi bon les conversations de Descartes à la cour de Suède, à quoi bon la présentation de la Calprenède à Fontainebleau ? et puis, quel est le véritable sujet? est-ce l'abdication de Christine, ou la mort de Monaldeschi? Du reste, nous en convenons volontiers, cette pièce atteste beaucoup d'imagination et d'esprit on y trouve de très-beaux vers. Dans le drame de Charles VII et ses grands vassaux, la règle de l'unité d'intérêt, règle si nécessaire, était violée d'une manière encore plus complète : l'action en était si vicieuse, que le succès fut médiocre et contesté. Nous préférons aux grandes compositions d'Alexandre Dumas, à celles qu'il fit jouer au Théâtre-Français ou à l'Odéon, plusieurs des drames qu'il donna à la Porte-Saint-Martin. Antony n'est pas, sans doute, un ouvrage de premier ordre; l'abus du genre romanesque s'y fait sentir; mais l'intérêt en est réel et puissant; l'action en est forte, pressante, serrée ; tout y marche au dénoùment, tout y est fait pour saisir et entraîner le spectateur. On doit encore signaler de hautes qualités dramatiques dans deux pièces dont la composition, il est vrai, n'appartient pas tout entière a Alexandre Dumas: ce sont Richard d'Arlington et la Tour de Nesle, où le mouvement et la terreur tournent sans doute quelquefois au melodrame, mais dont les ressorts sont habilement combinés, et dont la représentation, sinon la lecture, produit une émotion irrésistible. Après s'être fait un nom au théâtre, Alexandre Dumas s'est essayé dans le roman, et a utilisé, dans des compositions d'un genre nouveau, les souvenirs, les tableaux, les anecdotes qu'il avait recueillis dans plusieurs voyages en Suisse et en Italie. Les premiers volumes des Impressions de voyage ont obtenu un succès mérité par la gaieté, l'entrain, l'esprit qui y étincellent à chaque page. Le style de

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