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cette convention, dit l'auteur des Mémoires d'un homme d'Etat, d'autant plus qu'elle opérait, sans autre combát, l'évacuation de la Belgique.

Le général Clairfayt, ignorant cette convention, renouvela le lendemain 23, sur les hauteurs de Pellemberg, son attaque contre la division Champmorin, dont l'avant-garde était commandée par le général Lamarche. Champmorin reçut les Autrichiens avec la même vigueur et le même succès que la veille. Mais, au moment où l'armée allait remporter peut-être un avantage décisif, Lamarche, quittant le combat, se replia derrière la Dyle, en deçà de Louvain, et Champmorin, forcé à son tour de battre en retraite, abandonna, malgré lui, un terrain où il venait de cueillir ses plus beaux lauriers. « En ce moment, le désespoir des soldats éclata en violents murmures; ils se demandaient par quelle fatalité leur bravoure tournait toujours à leur ruine? pourquoi l'on quittait la bataille, lorsqu'elle était à moitié gagnée? à quoi servait le sang versé? Par suite de ces réflexions, ils tombèrent dans un fatal découragement; la désertion se glissa dans leurs rangs; toutefois, ils ne passaient pas à l'ennemi, mais ils rentraient en France avec armes et bagages, se plaignant hautement d'avoir vu leur courage trompé par l'incapacité ou la trahison de leurs généraux (*). »

(*) Tissot, Histoire de la révolution française, t. IV, p. 210. C'est alors qu'un général écrivit à son père cette lettre qui peint bien la situation déplorable où la trahison avait réduit l'armée, et qui peut, en même temps, donner une idée de la manière dont l'état-major de Dumouriez comprenait la puissance du sentiment national en France, et les ressources qu'un gouvernement populaire peut toujours trouver dans le dévouement des citoyens.

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Je vous écris de Louvain, cher

рара,

« le 21; c'est le premier instant dont j'aie pu disposer après la malheureuse bataille « de Neer-Winden.... On n'a pas d'idée de la promptitude avec laquelle les adminis«trations de la poste font leur retraite..... Il y a dans ces bureaux-là, comme dans a tout le reste, un désordre admirable. »

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« La retraite de l'armée française s'effectuait, quand, le surlendemain de l'occupation de Bruxelles par les Impériaux (le 27 mars), le colonel Mack se rendit à Ath, pour s'aboucher de nouveau avec Dumouriez le général Thouvenot, le duc de Chartres et le colonel Montjoie assistèrent à cette conférence. Sans rien écrire, on y arrêta une seconde convention, plus formelle que la première, pour cacher aux deux armées la connivence entre les généraux; on convint que l'armée française s'arrêterait quelque temps sur la frontière, dans la position de Mons, Tournay et Courtray, sans être inquiétée.

Dumouriez ayant révélé au colonel Mack, son projet tout entier de marcher sur Paris, on convint également qu'il réglerait lui-même, quand il en serait temps, les mouvements des Impériaux, qui n'agiraient que comme auxiliaires; que s'il n'avait pas besoin de secours, les Impériaux resteraient sur les frontières, sans s'avancer, et que l'évacuation totale de la Belgique serait le prix de cette condescendance; que si, au contraire, Dumouriez ne pouvait pas opérer tout seul, non la contre- révolution, mais la réformation, c'est-à-dire, le rétablissement de

«

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« Mon couleur de rose est à présent bien passé, et il est changé dans le noir le plus profond; je vois la liberté perdue; je vois la Convention nationale perdre tout << à fait la France, par l'oubli de tous les principes; je vois la guerre civile allumée; je vois des armées innombrables fondre « de tous côtés..... et je ne vois pas d'armée «à leur opposer; nos troupes de ligne sont « presque détruites; les bataillons les plus « forts sont de quatre cents hommes..... Les « volontaires désertent et fuient de toutes << parts; on ne peut les arrêter; et la Con«vention croit qu'avec de tels soldats elle « peut faire la guerre à toute l'Europe?..... << Ma sœur ne se rendra pas à Lille, où on pourrait l'inquiéter sur son émigration; je à préfère qu'elle aille habiter un village aux « environs de Saint-Amand. »

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«

Cette lettre fut interceptée et lue, le 4 avril, à la Convention. Nous avons extrait du procès-verbal de la séance de ce jour, les passages qu'on vient d'en lire.

la monarchie constitutionnelle, il indiquerait lui-même le nombre et l'espèce de troupes dont il aurait besoin pour réussir dans son projet, et qu'on ne les ferait marcher que sous sa direction. Il fut enfin décidé que lors du mouvement de Dumouriez sur Paris, la place de Condé serait remise aux Autrichiens, pour lier les opérations entre les deux corps d'armée du prince de Cobourg et du prince de Hohenlohe, et en outre comme place de garantie, avec la condition qu'elle serait rendue à la France après la guerre, et après le règlement des indemnités; que d'ailleurs toutes les autres places, si le parti constitutionnel était dans le cas d'avoir besoin d'être secondé par les Impériaux, recevraient garnison mi-partie sous les ordres des Français (*).

Nous ne ferons sur ces conventions aucun commentaire; il suffit d'avoir du sang français dans les veines, pour apprécier à sa juste valeur la conduite d'un général qui, envoyé pour repousser les ennemis du sol de la patrie, s'allie avec ces mêmes ennemis, leur ouvre le territoire, en leur livrant les forteresses qui en sont comme les clefs, et revient avec eux attaquer le gouvernement qu'il a juré de défendre.

Le même jour, 27 mars, trois membres de la société des Jacobins, Proly, Dubuisson et Pereira, envoyés par le ministre des relations extérieures, pour s'assurer des véritables intentions de Dumouriez, arrivèrent à Tournay. Il les admit dans une conférence secrète, leur dévoila tous ses projets, leur déclara qu'il allait marcher contre Paris, pour y rétablir de vive force la constitution de 1791; que peu lui importait que le roi s'appelât Louis, Jacques ou Philippe; que quand même la famille de Louis XVI manquerait, la France ne manquerait

(*) Extrait des Mémoires d'un homme d'Etat. On sait que ces Mémoires, publiés par le prince de Hardenberg, ont été écrits dans l'esprit et sur les notes des négociateurs étrangers qui avaient traité,

pas de roi; qu'après avoir opéré la dispersion et même plus des membres de la Convention, il ferait ratifier par les cinq cents présidents des cinq cents districts tout ce qu'il aurait fait avec son armée. Il avoua qu'il avait pensé à enlever la Belgique à la maison d'Autriche pour s'en faire le chef; que c'était la haine et la jalousie des Français qui avaient empêché la réussite de ce projet ; mais qu'il avait encore d'autres moyens de le réaliser.

Sa confiance était telle, que loin de chercher à retenir des hommes auxquels il avait fait de semblables confidences, il les chargea pour la Convention d'une lettre où, sans cependant se démasquer encore, il dictait des lois à l'Assemblée, se plaignait de la marche du gouvernement, vantait sans pudeur la discipline, la loyauté des troupes autrichiennes, ne semblait voir dans les troupes françaises que des déserteurs et des brigands; enfin, annonçait en termes clairs et précis, qu'il allait employer tous les moyens pour ramener la paix et l'ordre dans le ROYAUME (sic).

Proly et ses deux collègues rencontrèrent à Lille les députés Lacroix, Robert et Gossuin; sans leur dévoiler tout ce qu'ils avaient appris par les confidences de Dumouriez, ils leur firent entendre que le salut public exigeait que la ville de Lille fût à l'instant déclarée en état de siége et soumise de leur part à la surveillance la plus active; qu'il était de la plus haute importance d'en faire autant pour toutes les autres places frontières, que défendrait mal une armée en partie dispersée, ou à la disposition d'un homme qui leur paraissait très-dangereux pour la liberté. Les députés prirent des mesures en conséquence.

Le 30 mars, Dumouriez passa la frontière et rentra en France, avec l'intention de s'emparer des places de Lille, Condé et Valenciennes ; à cet effet, il partagea son armée en deux corps qu'il concentra l'un à Maulde, l'autre à Bruille. Cependant le bruit de sa trahison se répandait dans l'ar

mée; les soldats partaient en foule avec armes et bagages, et allaient se ranger, au Quesnoy, sous les drapeaux du brave Dampierre, dont le patriotisme était connu; six volontaires firent plus : ils se présentèrent, le 31, au quartier général pour arrêter le général parjure.

Dumouriez vit alors qu'il n'avait plus de temps à perdre; il fit partir à l'instant le général Miacsinski, avec sa division, pour aller prendre possession de Lille. Il espérait que le colonel Saint-George, qui commandait un régiment de la garnison, lui livrerait la place. Mais les représentants du peuple y étaient le général fut arrêté, et la division qu'il commandait enlevee et dispersée.

Dumouriez ne fut pas plus heureux dans sa tentative contre Valenciennes. Un autre général envoyé par lui pour surprendre cette ville n'y fut pas plutôt arrivé qu'il se mit à la disposition des représentants du peuple, et prit, de concert avec eux et avec le brave général Ferrand, les mesures les plus promptes pour mettre la place

en état de défense.

Sans se laisser décourager par ce double mécompte, mais ne se fiant plus désormais qu'à lui-même, Dumouriez alla le lendemain, 1er avril, camper à St-Amand, pour être plus près de Condé, seule place dont il crut pouvoir encore s'emparer sans coup férir. Le fils du représentant Lecointre de Versailles, qui se trouvait dans cette ville, fut arrêté par son ordre et livré aux Autrichiens.

Cependant la Convention avertie avait décrété que le traître serait traduit à sa barre. Quatre députés, Lamarque, Camus, Bancal et Quinette, avaient été chargés de l'exécution dé ce décret. Le ministre de la guerre, Beurnonville, qui leur avait été adjoint, devait prendre le commandement de l'armée après le départ du général. Ils arrivèrent le 2 avril au camp de Saint-Amand. Dumouriez, qu'ils trouvèrent entouré de son étatmajor, leur demanda audacieusement quelle était leur mission. Les députés

refusèrent de s'expliquer devant un aussi grand nombre d'officiers et demandèrent à passer dans une pièce voisine. Dumouriez y consentit; mais les officiers exigèrent que la porte restât ouverte. Camus lui lut alors le décret de la Convention. Dumouriez répondit qu'il ne pouvait quitter son armée dans l'état de désorganisation où elle se trouvait, que son premier

devoir était de la rallier et de la reformer; qu'après avoir rendu ce service à la patrie, il savait ce qu'il lui restait à faire... Camus lui déclara que l'ordre était impératif. Dumouriez répondit qu'il ne serait jamais assez sot pour se livrer lui-même aux tigres qui brûlaient de l'immoler à Paris. Puis il engagea les commissaires à considérer les difficultés de sa position, à le ménager et à prendre un arrêté par lequel ils déclareraient qu'obéissant à une impérieuse nécessité, ils avaient jugé qu'il était dangereux d'enlever un général en chef à une armée battue et en retraite. Il les quitta ensuite, en les priant de se décider promptement, et passa avec Beurnonville dans la

salle où étaient les officiers de son état-major.

Les commissaires s'y présentèrent un instant après. —Voulez-vous obéir à la Convention? dit Camus, en s'adressant au transfuge. Non. - Eh bien! vous êtes suspendu de vos fonctions, vos papiers vont étre saisis, et votre personne est arrétée. - C'est trop fort, s'écria Dumouriez. A moi hussards! Les hussards de Berchiny se présentèrent: Arrêtez ces hommes-là, leur dit-il en allemand. Beurnonville demanda à partager le sort des députés.—Qui, répondit-il, je vous rends un service, je vous sauve du tribunal révolutionnaire. Puis, après avoir offert quelques aliments à ses prisonniers, il les envoya à Tournay, au quartier général des Autrichiens.

Le lendemain, il harangua ses troupes, et fit une proclamation dans laquelle il se représentait comme environné de leur confiance et assuré de leur concours. Mais les troupes, et

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surtout l'artillerie, restèrent muettes. Il avait été convenu lors de la conférence qui avait eu lieu à Ath, le 27 mars, que le prince de Cobourg, l'archiduc Charles et le baron de Mack se trouveraient, le 4 avril au matin, entre Bossu et Condé, où le général français se rendrait, de son côté, pour régler avec eux son attaque sur Lille et sa marche sur Paris. Il était parti pour le lieu du rendez-vous avec son neveu Schomberg, plusieurs officiers, quelques domestiques, et quinze à vingt hussards, lorsqu'il rencontra deux bataillons de volontaires envoyés par le général Dampierre au secours de Condé. Je vous commande, leur dit Dumouriez, de retourner au camp de Beuille, et d'y attendre mes ordres. Dumouriez est un traitre, s'écrient à ces mots les volontaires, il faut larréter! et aussitôt ils se mettent en mouvement; Dumouriez tourne bride, et s'enfuit avec son escorte. Tandis qu'une partie des volontaires font sur lui des décharges d'artillerie et de mousqueterie, les autres le poursuivent vivement, et le forcent à se jeter dans l'eau et dans la boue pour traverser un fossé que son cheval refuse de franchir. Il arriva le soir à Bury, auprès du baron de Mack, qui était déjà instruit de l'événement. Il passa une partie de la nuit à faire entrer cet officier dans ses vues, en lui dissimulant l'état réel de son armée, et rédigea de concert avec luis une proclamation qui devait être signée par le prince de Cobourg, imprimée et publiée le lendemain à la suite de son adresse à la nation française. Cette adresse était une sorte de manifeste contre la Convention; il y annonçait qu'il allait entreprendre, sous les auspices de l'Europe, le rétablissement de la constitution de

1791.

A peine cette proclamation fut-elle rédigée qu'il monta à cheval, et se porta, avec une escorte de 50 dragons autrichiens, vers le camp de Maulde. Il y arriva dans la matinée du 5 avril. La vue des soldats étran

gers qui l'accompagnaient fit com

prendre à celles de ses troupes qui, jusque-là, avaient conservé quelque attachement pour lui, toute l'horreur de sa trahison; elles le reçurent avec une extrême froideur. Désappointé par cet accueil, il se rendit au camp de Saint-Amand; mais il apprit, avant d'y arriver, que l'artillerie venait de partir pour rejoindre le général Dampierre, et que ce mouvement allait être imité par toute l'armée. Il ne lui restait plus que la triste ressource de la fuite et de l'exil. Voyant enfin arriver l'heure de sa destinée, il tourna bride et parvint, non sans peine, à gagner le quartier général de l'armée ennemie. Il y fut suivi par le général Thouvenot, par le duc de Chartres, par un assez grand nombre d'officiers, et par les hussards de Berchiny. Ce fut alors que Dumouriez vit combien il avait eu tort d'ajouter foi aux promesses des ennemis de la France et de cette même constitution de 1791 contre laquelle ils s'étaient coalisés à Pilnitz. Les ministres des puissances alliées réunis à Anvers décidèrent que la proclamation du prince de Saxe-Cobourg serait désavouée; et l'Autriche déclara en même temps, dans un manifeste, qu'elle ferait désormais la guerre pour son propre compte, et qu'elle s'emparerait, à titre d'indemnité et de conquêtes, de toutes les places qu'elle pourrait réduire. Dumouriez eut une explication avec le prince de Cobourg. Celui-ci lui répondit qu'il était forcé d'obéir aux ordres de son gouvernement. Dumouriez déclara alors qu'il ne resterait point dans le camp autrichien, et, après avoir recommandé ses camarades à la générosité du prince, il partit pour Merguesheim en Franconie, où il espérait que l'électeur de Cologne lui accorderait un asile; mais il n'en reçut qu'un refus exprimé en termes fort durs; de là, il se rendit à Stuttgard, où il ne fut pas mieux accueilli, et se vit forcé de parcourir, sous un nom supposé, la Suisse, l'Italie et l'Angleterre, car, dès qu'il était reconnu, tout séjour lui était interdit partout. Lord Grenville lui fit signi

fier l'ordre de quitter l'Angleterre, et il fut enfin obligé de se fixer dans la petite ville de Neriss, sur le territoire danois, près de Hambourg, où, dénué de toute ressource, il ne vécut longtemps que du produit de ses écrits.

Lors de l'élévation de Bonaparte au consulat, il se crut de nouveau appelé à jouer un rôle, et sa haine pour le premier consul, auquel il se croyait supérieur, le porta faire un voyage en Russie, en 1800, la dernière année du règne de Paul Ier. Il avait, avec l'approbation de Louis XVIII, offert ses services à ce prince contre la France. Le moment paraissait favorable pour susciter un puissant ennemi à Napoléon, et Dumouriez étant parvenu à parler à Paul, s'en fit goûter, et lui présenta, pour envahir la France, l'ébauche d'un plan qui paraissait avoir quelques chances de succès; mais les ministres, redoutant l'ascendant qu'un homme tel que Dumouriez pouvait prendre sur l'autocrate, firent tous leurs efforts pour l'éloigner de Pétersbourg; toutefois, il est à croire que Dumouriez aurait fini par triompher si Paul, mécontent du cabinet britannique, ne se fut tout à coup prononcé pour la France contre l'Angleterre. Dumouriez fut donc congédié. Le gouvernement britannique, à l'instigation duquel il s'était rendu à Saint-Pétersbourg, lui payait alors fort cher les conseils qu'il en recevait dans la guerre acharnée qu'il faisait à la France. Versé, comme l'était Dumouriez, dans toutes les parties de l'art militaire, et avec la connaissance qu'il avait acquise des ressources de la France, il dut rendre aux ennemis de sa patrie de très-grands services; ils surent bien en apprécier l'importance, et, depuis 1800 jusqu'à sa mort, ils ne cessèrent de lui payer une pension considérable. Il n'alla cependant habiter l'Angleterre qu'en 1803, à l'époque du camp de Boulogne. Le ministère anglais, effrayé des menaces d'invasion de la France, l'appela alors à Londres, afin de pouvoir recourir plus souvent à ses conseils. Dumouriez concourut aux projets de ce

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ministère avec tout le zèle que la haine peut donner. Et cependant alors le prétexte dont il avait essayé de couvrir sa trahison en 1793, avait été anéanti avec la république. On se rappelle qu'il ne demandait alors que la constitution de 1791, et un roi, s'appelât-il Louis, Jacques ou Philippe. Or, maintenant la France avait une constitution moins libérale encore que celle de 1791, elle était une monarchie, et jamais, peut-être, elle n'avait eu un chef aussi grand que celui qu'elle venait d'élever sur le pavois. Mais Dumouriez conservait rancune aux Français qui ne l'avaient point laissé devenir duc de Brabant, et d'ailleurs, il voulait gagner en conscience l'argent qu'il recevait des ennemis de sa patrie.

Aussi le vit-on partout où il s'agissait de combattre la France. Il était secrètement en Prusse, en 1805, correspondant avec tous les hommes en crédit, et donnant partout des avis et des plans sur les opérations auxquelles mit fin la bataille d'Austerlitz. En 1807, il s'était lié avec le successeur de Gustave, et il était question de lui donner le commandement de l'armée suédoise, lorsque la paix de Tilsitt le força de retourner en Angleterre. En 1808, il alla offrir ses services au Portugal, menacé par la France; il parcourut l'Espagne, donna aux Espagnols le système des guerillas, et composa, pour les officiers de la Péninsule un ouvrage qui, traduit dans leur langue sous le titre de Pardidas de guerillas, fut longtemps leur guide et leur manuel. Enfin, de 1812 à 1814, Dumouriez fut l'un des conseillers les plus actifs du ministère Castlereagh; il parut même à plusieurs reprises sur le continent, et, ne pouvant plus se servir de son épée, il rédigea et répandit des brochures, des manifestes, des plans de campagne; ce fut lui qui traça à Wellington la marche à suivre pour envahir nos provinces méridionales; en un mot, il concourut de toutes ses forces au triomphe de la Grande-Bretagne et à l'abaissement de la France.

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