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s'accrocher les uns les autres, & faire ferme fur fon bord comme dans un champ de bataille; il falloit manier fon vaiffeau avec la même dexterité qu'un cavalier manie fon cheval; ce qui dépendoit particulierement de l'adreffe & de l'habileté des rameurs. Il n'eft donc pas furprenant que les Anciens aïent défigné leurs vaiffeaux de guerre par le nombre ou par la difpoition des rames.

Il y avoit à la poupe un plancher élevé, qui vrai-femblablement occupoit la plus grande partie du vaisseau entre la poupe & le mast du milieu. Ce plancher le nommoit κατάρωμα. Dans les commencemens de la navigation il n'y en avoit qu'à la poupe & à la prouë, ainfi que Thucidide & Pline l'ont remarqué, & c'eft à cette partie du vaiffeau que le mot spaua a d'abord été particulierement affecté. Dans la fuite quoique le plancher fût ordinairement continué dans toute la longueur des grands vaiffeaux, cependant les Uniremes, Biremes, Triremes, n'en avoient fouvent qu'aux deux bouts, comme il paroît par plufieurs paffages de Polybe, de Cefar, de Tite-Live, de Diodore de Sicile. C'étoit là qu'étoient & que com

battoient les foldats pour

la plûpart,

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Кутафината Ε νεως μέρος ἐν ᾧ ἐςώτες να

maso. Hefych. Tosas. Plutar. &c. Il y avoit fouvent fur ce plancher d'autres étages & en particulier la chambre du Capitaine. Quelquefois même on y élevoit des tours. Cette partie étant la plus élevée & la plus honorable, étoit regardée comme le haut bout du vaiffeau > σε καταρώματος ανωθεν § νεως. Plutarch. où il faut remarquer que apua тos ne fignifie autre chofe que l'eftrade qui étoit à la poupe. ἐκτὸς τῶν ἄνω ελατῶν ὅσοι ἂν εἰσὶν ἀπὸ τὸ κεντάρχου καὶ ἐφεξῆς ἕως T8 8. Leon Tact. Outre les rameurs d'enbaut, tous ceux qui font depuis le Capitaine jufqu'au dernier. Ces mots depuis le Capitaine fignifient depuis la chambre du Capitaine qui étoit fur la poupe, το κεντάρχου κράββατος ἐπὶ πρύμνης γενέα πω. id. τὰ τὸ κυβερνήτες ερώματα ἐπὶ κατα τρώματος ύποςρεύεπς. Theophr. Το κατα ρώσ ματος ἢ τὸ ἐν τῇ πρύμνη μέρος ένθα το και BERVÁTY TOTS. Euftat. Par où on voit que na úspora & spun fe prennent inκατάστρωμα πρύμνη differemment pour marquer la poupe. Quand le plancher étoit continué dans toute la longueur du vaiffeau il étoit toûjours plus elevé à la poupe. Quand

même

même on fuppoferoit que dans les plus grands vaiffeaux les rameurs euffent un pont au-deffus d'eux, cela ne changeroit rien ni à l'élevation de cet eftrade de la poupe, ni à la fituation des rameurs qui fe trouvoient à cet endroit & qui étoient toûjours un peu plus élevez que les autres,

ΤΟ

C'eft fur ce plancher fuperieur qu'étoient placez les bancs appellez θράνοι, οι étoient affis les rameurs appellez auffi Thranites, τὸ ἢ περὶ τὸ κατάστωμα θράνος. oi Spaviru. Pollux. C'eft à la poupe que Euftathe met la place des Thranites, πράνιον. ἄφλαςον, τὸ ἐπὶ πρύμνης ἀνατεταμένον εἰς ὕψος• οι κρεμάννυ) ἢ ἐκ τῶν κανονίων ἢ τὸ θρανία ταινία εἷς παράσημον ο νηός. L'Auteur parle des ornemens, comme des flames & des banderoles, qu'on mettoit à la poupe. Auffi le Scholiafte d'Ariftophane & Suidas placent-ils les Thranites à la poupe. Ils difent de même, qu'ils étoient au haut du vaiffeau; en quoi il eft étonnant que quelques Auteurs trouvent de la contradiction. Voici les paroles du Scholiafte, our ageis τάξεις τῶν ἐρετῶν. καὶ ἡ μὲ κάτω, θαλαμῖται ἡ δὲ μέση, ζυγίται ἡ ἢ άνω, πραίτω. θρανίτης ἂν ὁ πρὸς τῶν πρύμναν ζυγίτης, ο μέσος και zauimus, o we's apleg. Il y a, dit-il, trois

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B

que

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les

ordres de rameurs ; les Thalamites au bas du vaiffeau, les Zygites au milieu, & les Thranites en haut. Puis il ajoute comme une confequence neceffaire Thranites font donc à la poupe, les Zygites au milieu, les Thalamites à la pronë. C'eft fur premiere partie de ce paffage les défenfeurs des rangs à étages ont principalement bâti leur fyfteme, mais comme la feconde partie le renverfe de fond en comble, il leur a plû de s'infcrire en faux, & de la faire paffer pour un lambeau mal afforti, ajoûté à l'ancien Scholiafte par un compilateur ignorant. Prétention frivole, s'il en fut jamais, deftituée de toute preu ve, & qui n'a pour appui qu'une prétendue contradiction fondée sur l'explication qu'il leur plaît de donner aux paroles précedentes, contre le veritable fens de leur Auteur. Ce paffage, tel que nous l'avons rapporté, eft tout entier dans l'édition d'Alde Manuce de 1498. où l'on ne trouve que les anciennes fcholies publiées par Marc Mufurus, fans alteration & fans mélange de toutes les additions qu'on y a faites dans les éditions pofterieures. Auffi M. Kufter qui nous a donné une fort belle édition d'Ariftophane, quoiqu'il fût parti

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fant du fyfteme de ces Meffieurs, n'a cependant pas ofé mettre en cet endroit du Scholiafte la marque qu'il met aux autres endroits qu'on doit regarder comme fuppofez. Ce ton décifif,cette cenfure hautaine n'appartenoit qu'au grand Scaliger; & fon autorité, fans autre examen, a entraîné dans la fuite les fuffrages d'une infinité d'autres Ecrivains. Suidas n'étoit pas fi clair-voïant. Il n'a point fait de difficulté de joindre enfemble les deux définitions du Commentateur Grec. On peut le confulter fur les mots de Thranites & de Thalamites. Ces Grammairiens qui n'ignoroient apparemment pas la ftructure des anciens bâtimens, ont-ils été affez ftupides pour nous en faire deux defcriptions qui fe combattent mutuellement? S'ils l'ont ignoré ou s'ils fe font trompez, y a-t-il de la bonne foi à vouloir établir fur une partie de leurs paroles une hypothefe, que l'autre partie détruit vifiblement ?

Mais nous fommes en état de produire, s'il le faut, un témoin plus refpectable. Examinons ce paffage d'Homere : ἀλλ' ἀνεχάζετο τυτθὸν, οϊόμινος Darées, Opĥyou v. 728. 729. Sed recedebat paululum,

a. Iliad. O.

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