l'officier: «< Capitaine, je me borne à vous » rappeler que je vous ai donné ma pa» role d'honneur de me rendre avec vous » à Paris; si, contre mon attente, et contre » toute vraisemblance, on voulait essayer » de m'enlever, alors je vous demande>> rais des armes pour m'opposer aux ten>>tatives qu'on prétendrait faire sur ma » personne, et pour remplir jusqu'au >>bout la promesse sacrée que je vous ai >> faite. >> Les voyageurs continuèrent leur route, et aucune tentative ne fut faite pour enlever le maréchal. Arrivé à quatre lieues de Paris, le maréchal Ney trouva dans une auberge madame la Maréchale, qui était venue à sa rencontre dans une voiture de place. Ils eurent ensemble un entretien de deux heures; au bout de ce temps, le maréchal avertit le capitaine de gendarmerie qu'il était prêt à partir; quelques larmes coulaient de ses yeux. « Ne vous étonnez pas, » dit-il à l'officier, si je n'ai retenir les pu pleurs que vous voyez couler; ce n'est >> point pour moi que je pleure, c'est sur » le sort de mes enfans; quand il s'agit de » mes enfans, je ne suis plus le maître de >> retenir mes larmes. » Le maréchal et sa femme montèrent dans le fiacre, l'officier de gendarmerie s'y plaça; un domestique de madame la Maréchale était monté derrière la voiture. Ce fut ainsi qu'ils arrivèrent à Paris, le 19 août. Après avoir traversé les rues de la capitale, lorsque la voiture arriva au bout de la rue de Sèvres, l'officier de gendarmerie descendit pour aller chercher une autre võiture, placée à soixante ou quatre-vingts pas de distance. Le maréchal fit ses adieux à sa femme, monta dans le second fiacre, et fut descendre dans la prison militaire de l'Abbaye. Quelques jours après, il fut transféré à la Conciergerie; il y a demeuré jusqu'au moment où, traduit devant la Cour des Pairs, son sort a été décidé par l'arrêt du 6 décembre 1815. DU MARECHAL NEY. CONSEIL DE GUERRE. UNE ordonnance royale, rendue au château des Tuileries, le 24 juillet 1815; porte : « Les généraux et officiers qui ont trahi le Roi avant le 23 mars, ou qui ont attaqué la France et lé gouvernement à main armée; et ceux qui par violence se sont emparés du pouvoir, seront arrêtés et traduits devant les conseils de guerre compétens, dans leurs divisions respectives. » Le maréchal Ney, étant au nombre des individus désignés dans cette ordonnance, a été traduit devant un conseil de guerre, dont les membres ont été désignés par le ministre de la guerre, et composé, savoir: PRÉSIDENT: Le maréchal comte Jourdan. J JUGES Le maréchal Masséna, duc de Rivoli, prince d'Essling; Le maréchal Augereau, duc de Castiglione; Le lieutenant-général comte Gazan; RAPPORTEUR! Le maréchal de camp comte Grundler. PROCUREUR DU ROI : L'ordonnateur en chef Joinville. GREFFIER: M. Boudin, greffier ordinaire du premier conseil de guerre permanent de la première division militaire. Le conseil s'est réuni à Paris, dans la grande salle de la Cour d'assises, au Palais de Justice, le novembre 1815. 9 La première séance a été consacrée à la lecture des pièces de la procédure, qui a été faite par le rapporteur (1). été (1) Les faits contenus dans ces pièces ayant reproduits aux audiences de la cour des pairs, où le lecteur |