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» C'est précisément parce qu'il s'agit, pour la première fois, de la mise en action des articles 33 et 34 de la Charte; parce que la personne de l'accusé est plus illustre ; que le crime qui lui est imputé est plus odieux; que l'accusation est portée devant une cour plus auguste : c'est précisément parce que cette accusation par sa nature, par les circonstances dont elle est environnée, fixe les regards de toute la France, et même, dit-on, de toute l'Europe; c'est précisément enfin parce que cette cause se liera essentiellement à notre histoire, qu'aucun détail n'en demeurera ignoré, que tout sera transmis par l'histoire à la postérité, opinions, discours, procédures, votes, lois, accusations et défenses, qu'il importe davantage (pour nous servir ici des expressions d'AYRAULT), de ne pas procéder à la chaude, c'est-à-dire, avec trop de précipitation, mais avec maturité, et en se conformant scrupuleusement aux règles établies par la Charte.'

la foule des dépositions à charge contre lui, de la part de témoins inconnus, demanda quelque temps pour se mettre à portée de fournir des reproches, oubliant que lui-même s'était privé de cette ressource par l'art. 154 de l'ordonnance de 1539.

Le juge d'instruction lui dit : Patere legem quam ipse uleris: Souffre la loi que toi-même as faite.

» Henri IV donna, le 3 juillet 1602, des lettres patentes relatives au jugement du procès du maréchal de Biron. Ces lettres n'établissent pas une procédure particulière; elles portent, au contraire, textuellement ce qui suit : « Vous mandons » et ordonnons de suivre pour ce regard l'ordre » qui, de tout temps et anciennement, a été » observé. »

>> Le même esprit de justice anime l'illustre descendant du bon Henri. Cet auguste prince veut aussi que, sous son règne, « personne ne puisse » être poursuivi ni arrêté que dans les cas prévus » par la loi et dans les formes qu'elle prescrit. » >> Telle est la règle constitutionnelle dont nous réclamons l'application en faveur de M. le maréchal Ney.

» Paris, ce 20 novembre 1815.

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Quelques traits rapprochés du caractère moral du maréchal Ney, de sa conduite soutenue envers les émigrés, de son inflexible franchise vis-à-vis de Bonaparte, et de ce qu'il avait à en redouter.

༥ En 1792 le maréchal Ney, commandant une

avant-garde qui suivait les Prussiens dans leur retraite sur Longwy, fit prisonniers une grande quantité d'émigrés, et particulièrement du régiment de la couronne; il fut assez heureux pour leur sauver la vie à tous, malgré les lois qui existaient alors.

» Au passage du Rhin, exécuté par le général Kléber vis-à-vis Dusseldorf, le maréchal fit encore un grand nombre de prisonniers des régimens de Saxe, Royal-Allemand, Bussy et Carneville; il parvint, de concert avec le général Kléber, à les faire tous absoudre par un conseil de posé d'hommes sûrs.

guerre com

» Dans le cours de ces guerres sur les bords du Rhin, en 1795, le maréchal Ney, commandant à l'armée de Sambre-et-Meuse l'avant-garde du général Colaud, fit prisonniers nombre d'émigrés; il parvint fort adroitement à éluder l'ordre de les faire fusiller. Ce mélange de bravoure et de générosité en impose au représentant du peuple en mission lui-même, qui dit au général Kléber: << Votre ami Ney s'est conduit en homme d'hon» neur pendant le combat et après la victoire; témoignez-lui ma reconnaissance de ce qu'il sait

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» répandre et épargner si à propos le sang fran

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Extrait de l'Histoire de la Guerre de Russie et d'Allemagne, par Sarrazin, , pag. 112.

Discours adressé par le maréchal NEY à BONAPARte, dans un

conseil de guerre tenu à Smolensk au moment de ntarcher sur Moscow, et lorsqu'aucuu n'osait prendre sur lui de contrarier cette folle entreprise.

<< Sire, la confiance dont vous nous honorez, »> nous impose l'obligation de vous dire notre » façon de penser sans le moindre déguisement. » La guerre que nous venons de commencer me paraît d'une nature extraordinaire les » Russes ne se sont jamais battus avec autant » d'intrépidité; nous n'avons pas encore pu les » déloger de leurs positions; ils s'y sont main

tenus contre toute l'impétuosité de nos atta»ques, et ils ne s'en sont retirés qu'à la faveur » de la nuit. Nous avons déjà perdu bien des » 'braves gens; et parce que vous avez vaincu » le général russe par l'habileté de vos manœuvres, » T'armée n'est pas battue, elle est intacte; nous » n'avons pas encore réussi à rompre un seul de » leurs bataillons. Il y a près de cent lieues » d'ici à Moscow; le pays est couvert de vastes » forêts, et très-peu de villages: comment se >> procurera-t-on les vivres nécessaires pour » une armée de cent cinquante mille hommes?

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QUE DEVIENDRONT NOS BLESSÉS; car d'après » les dernières affaires, nous devons nous attendre » à une vive résistance? La première bataille » générale que nous aurons à livrer, nous réduira » au tiers de notre force actuelle; et, si nous » déduisons les troupes nécessaires pour main>> tenir nos communications de Moscow jusqu'à >> Wilna, votre armée, Sire, ne sera plus en >> état d'agir offensivement, et vous serez obligé » de vous replier sur le Niémen, surtout si les paysans russes s'unissent avec les Cosaques » pour nous enlever nos convois, et harceler nos >> cantonnemens. D'ailleurs, je dois vous dire » que le soldat perd de sa gaíté; en général >> les Français se découragent facilement quand >>> ils sont si éloignés de leur patrie, et l'expérience » la plus réfléchie m'a convaincu qu'un revers » leur fait oublier tous les succès passés, et les jette dans le plus grand abattement. D'après » ces données, je pense que l'armée doit s'éta» blir sur les bords de la Dwina et du Dniéper, » occupant Smolensk et les environs par une » forte avant-garde. Je suis aussi jaloux de con>> tribuer à la gloire de Votre Majesté que M. le » duc de ***; aussi ai-je pris la liberté de vous parler avec la franchise d'un de vos soldats » les plus dévoués. M. le duc juge des paysans

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