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CRITIQUES DU PREMIER VOLUME

DE LA DEUXIÈME PARTIE.

J'ai pris, dans mon Prospectus, l'engagement de publier les critiques impartiales et consciencieuses qu'on voudrait bien m'adresser au sujet de mon Histoire de Bordeaux. Jusqu'ici j'ai tenu ma parole, et j'espère m'y montrer toujours fidèle. Si j'ai avancé des erreurs, je voudrais que les hommes instruits les relevassent et me les fissent connaître; il se peut que je ne m'aperçoive pas de mes fautes et de mes défauts, mais une puérile vanité ne me portera jamais à désirer qu'on les cache; si des hommes savants découvrent dans mon travail des erreurs, des inexactitudes, comme j'écris pour le public, je désire qu'il les connaisse ; c'est le seul et le meilleur moyen de s'assurer de la vérité, que je recherche dans mes pénibles labeurs et que je serai heureux de publier. Personne, que je sache du moins, n'a relevé une seule inexactitude de quelque valeur dans mon travail; il y en a cependant deux qui se sont glissées dans le second volume (1re partie) et que je m'empresse de porter à la connaissance du public, moi-même; elles sont sans importance, et mes lecteurs, au moins en général, s'en seront aperçus facilement ; c'est pour moi un devoir de les signaler.

2e volume, 4e partie, page 21, ligne 4, on lit que Jeanne Darc était des environs d'Orléans. C'est une erreur. Jeanne Darc naquit, en 4412, à Domremy, près de Vaucouleurs, en Lorraine.

A la page 151, note, on lit: Louis XII, père de François Ier, il faut lire Louis XII, beau-père.

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A la page 156, ligne 9, il y a une faute typographique : Au lieu de Gaulois, il faut lire Gantois (les habitants de Gand).

J'ai reçu des lettres de plusieurs savants de Bordeaux et des départements voisins, au sujet du premier volume de la deuxième partie, par lequel j'ai commencé la serie de mes publications. L'éloge forme le caractère distinctif de ces lettres; elles n'ont rien de particulier, rien de remarquable, sous le rapport historique; on n'y trouve que quelques rares observations sur le plan, sans portée, sans intérêt réel pour les lecteurs; je ne crois pas devoir les faire imprimer.

Il y en a une surtout que j'ai promis de publier; je m'empresse de

le faire. C'est une réclamation inspirée par un sentiment que j'honore. et quoique ma responsabilité puisse s'abriter derrière le Courrier Français, 7 juin 1793, qui raconte le fait, la publication de la lettre suivante prouvera à l'honorable M. Fasileau-Duplantier mon empressement à désavouer toute intention de vouloir le blesser ou de lui déplaire. Si le fait est vrai, la sévérité de mon appréciation, comme historien, serait facilement comprise et aussi facilement défendue; le petit-fils, jaloux, à juste titre, de l'honneur de son grand-père, s'inscrit en faux contre le fait. Mon appréciation n'ayant plus, par conséquent, de raison d'être, je dois savoir bon gré à l'auteur de cette lettre des efforts qu'il fait pour modifier, à cet égard, mes idées et celles du public. Voici la lettre :

MONSIEUR O'REILLY,

Dans le premier volume de la 2me partie de votre Histoire de Bordeaux, je lis ces mots : « Duplantier fut traité de lâche par Ducos, et >> cette injure est restée sur la mémoire de ce député, comme l'empreinte » du fer sur l'épaule du criminel. »>

Duplantier est mon grand-père; je dois donc, à ce titre, rectifier une erreur que je veux bien croire involontaire. Le fait auquel vous faites allusion est rapporté dans le Moniteur du 7 juin 1793. Mon grand-père, repoussant les idées de fédéralisme, qu'il croyait aussi désastreuses pour le pays que les théories sanglantes des Jacobins, donne sa démission. Ducos monte à la tribune et s'exprime ainsi : « Le citoyen qui a eu la faiblesse d'âme de donner sa démission dans un instant où de nouveaux dangers viennent assaillir la patrie, a l'âme honnête et pure, mais il n'est pas, par son courage, au niveau des difficiles fonctions qui lui ont été confiées. >>>

En étudiant les causes des événements qui s'accomplissaient à cette époque, il serait facile d'expliquer tout à la fois la démission de Duplantier et l'exaltation de Ducos à l'égard de ce dernier, qui ne voulait ni du fédéralisme ni de la terreur, et qui néanmoins (tant est grande la force de la vertu), obligeait son adversaire politique à rendre hommage à son âme honnête et pure.

Remarquez, au surplus, la parfaite convenance des reproches de Ducos, dans une assemblée où les orateurs s'adressaient constamment des injures aussi grossières que blessantes. En l'absence de Duplantier, Paganel, dont il ne partageait certes pas les convictions, répliqua im

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médiatement : « Il est important de détruire les impressions que pourrait faire le discours du préopinant, « et qui, continuant, s'écria: «Non, Duplantier n'est point un lâche, etc. »

Moins que tout autre, Monsieur, vous auriez dù méconnaître le caractère énergique de Duplantier et son dévoûment à la république; ses antécédents à la Convention nationale devaient vous être connus. Devant continuer l'histoire de Bordeaux, son nom doit revenir bien souvent sous votre plume. En 1795, 96 et 97, il fut nommé Président du département de la Gironde; par son énergie et ses talents, il comprima les menées des royalistes, et la tranquillité ne fut pas troublée un seul instant. Homme de science, il créa plusieurs sociétés savantes, constitua l'Académie de Bordeaux, etc., etc. En 1798, élu député, il fut peut-être le membre le plus important du conseil des Cinq-Cents; le Moniteur fait foi de ses travaux.

Jose espérer, Monsieur, que ces explications modifieront vos idées sur le caractère de mon grand-père, et qu'on ne pourra pas taxer de faible le conventionnel qui, fidèle à ses convictions républicaines, fut proscrit par Robespierre, président du département de la Gironde, député au conseil des Cinq-Cents, le quatrième en nom sur la liste de proscription du 48 brumaire, et qui préféra finir sa vie dans l'obscurité et le travail que de souiller sa bouche par un parjure.

Daignez agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.

FASILEAU-DUPLANTIER.

Après la publication du premier volume (2me partie), Son Eminence le Cardinal Donnet m'a fait l'honneur de m'adresser une lettre que la Guienne, journal de Bordeaux, a publiée dans ses colonnes. M'étant engagé à donner au public un ouvrage sérieux, impartial et consciencieux, je désire que ce même public sache ce qu'en disent des hommes de mérite. La publication des critiques n'est pas seulement un acte de loyauté et de franchise de ma part; c'est un devoir; je le remplirai de mon mieux. Voici la lettre de Son Éminence le Cardinal-Archevêque :

MONSIEUR LE CURE,

Bordeaux, 15 janvier 1857.

Dans une lettre insérée au troisième volume de mes Actes, je parlais des travaux historiques dus à votre plume infatigable. Je veux faire

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