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- Allons, dit-il se parlant à lui-même, je suis battu; mais le jugement n'est point encore prononcé peut-être doute-t-il encore...

Et, ne voulant pas réveiller le malheureux qu'un si long et si profond sommeil attendait dans quelques jours, il prit la plume et écrivit sur une feuille de papier blanc :

Quand le jugement sera prononcé, quand M. de Favras sera condamné à mort, quand il n'aura plus d'espoir, ni dans ses juges, ni dans Monsieur, ni dans le roi, s'il change d'avis, il n'aura qu'à appeler le guichetier Louis et lui dire Je suis décidé à fuir! et l'on trouvera moyen de favoriser sa fuite.

› Quand M. de Favras sera dans le tombereau fatal, quand M. de Favras fera amende honorable devant Notre-Dame, quand M. de Favras traversera, pieds nus et les mains liées, le court espace qui sépare les marches de l'hôtel de ville, où il aura été faire son testament de mort, du gibet dressé sur la Grève, il n'aura qu'à prononcer à haute voix ces paroles: Je veux être sauvé et il sera sauvé.

› CAGLIOSTRO. ›

Sur quoi, le visiteur prit la lampe, s'approcha une seconde fois du prisonnier pour s'assurer s'il était réveillé, et, voyant qu'il dormait toujours, il regagna, non sans se retourner plusieurs fois, la porte de la cellule, derrière laquelle, avec l'impassible résignation de ces adeptes prêts à tous les sacrifices pour arriver à l'accomplissement du grand œuvre qu'ils avaient entrepris, se tenait debout et immobile le guichetier Louis. - Eh bien, maître, demanda celui-ci, que dois-je faire ?

Rester dans la prison et obéir à tout ce que te commandera M. de Favras.

Le guichetier s'inclina, reprit la lampe des mains de Cagliostro, et marcha respectueusement devant lui, comme un valet qui éclaire son maître.

XLVII.

nuit de cette circonstance par Cagliostro, et, vers les neuf heures de la matinée, par le sousdirecteur du Châtelet.

Le rapport général du procès avait commencé à neuf heures et demie du matin, et à trois heures de l'après-midi durait encore.

Depuis neuf heures du matin, la salle était encombrée de curieux qui s'y étaient entassés pour voir celui dont la sentence allait être prononcée.

Nous disons celui dont la sentence allait être prononcée, attendu que personne ne doutait de la condamnation de l'accusé.

Il y a, dans les conspirations politiques, de ces malheureux qui sont dévoués d'avance; on sent qu'il faut une victime expiatoire, et qu'ils sont fatalement désignés pour être cette victime.

Quarante juges étaient rangés en cercle au haut de la salle; le président sous un dais; un tableau représentant Jésus crucifié, derrière lui, et devant lui, à l'autre extrémité de la salle, le portrait du roi.

Une haie de grenadiers nationaux garnissait le pourtour du prétoire, intérieurement et extérieurement; la porte était gardée par quatre hommes.

A trois heures un quart, les juges donnèrent l'ordre d'aller chercher l'accusé.

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Un détachement de douze grenadiers qui, le fusil au pied, attendait cet ordre au milieu de la salle, se mit en marche.

Dès lors, toutes les têtes, même celles des juges, se tournèrent vers la porte par laquelle M. de Favras devait entrer.

Au bout de dix minutes à peu près, on vit reparaitre quatre grenadiers.

Derrière eux, marchait le marquis de Favras. Les huit autres grenadiers le suivaient.

Le prisonnier entra au milieu d'un de ces silences effrayants que savent faire deux mille personnes entassées dans la même chambre, quand apparaît enfin l'homme ou la chose qur est l'objet de l'attente générale.

Sa physionomie était parfaitement calme; sa toilette était faite avec le plus grand soin: il

OU LA PRÉDICTION DE CAGLIOSTRO S'ACCOMPLIT. portait un habit de soie brodé gris-clair, une

Le même jour, à une heure de l'après-midi, le greffier du Châtelet descendit avec quatre hommes armés dans la prison de M. de Favras, et lui annonça qu'il allait paraître devant ses juges.

veste de satin blanc, une culotte pareille à l'habit, des bas de soie, des souliers à boucles, et la croix de Saint-Louis à sa boutonnière.

Il était surtout coiffé avec une rare coquetterie, poudré à blanc, et un cheveu ne dépassait point l'autre, disent, dans leur histoire de la ré

M. de Favras avait été prévenu pendant la volution, les deux Amis de la liberté.

Pendant le court espace de temps que mit | avait fait assigner quatorze témoins à décharge.

M. de Favras à franchir l'intervalle qui s'étendait de la porte au banc des accusés, toutes les respirations demeurèrent suspendues.

Quelques secondes s'écoulèrent entre l'arrivée de l'accusé et les premiers mots que lui adressa le président.

Enfin, faisant de la main, ce qui était inutile, le geste habituel aux juges pour recommander le silence :

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Alors seulement, la respiration sembla revenir aux assistants: il passa dans l'air comme un souffle terrible, comme un souffle de vengeance.

L'accusé ne s'y trompa point; il regarda autour de lui; tous les yeux brillaient du feu de la haine; tous les poings menaçaient; on sentait qu'il fallait une victime à ce peuple, aux mains duquel on venait d'arracher Augeard et Besenval, et qui demandait tous les jours à grands cris qu'on pendit, en effigie du moins, le prince de Lambesc.

Au milieu de tous ces visages irrités, au milieu de tous ces regards flamboyants, l'accusé reconnut la figure calme et l'œil sympathique de son visiteur nocturne.

Les témoins à charge entendus, il s'attendait à voir venir les siens, lorsque, tout à coup, le président prononça ces paroles :

- Messieurs, les débats sont clos.

- Pardon, monsieur, dit Favras avec sa courtoisie habituelle, vous oubliez une chose, il est vrai qu'elle est de peu d'importance : vous oubliez de faire déposer les quatorze témoins assignés à ma requête.

La cour, répondit le président, a décidé qu'ils ne seraient point entendus.

Quelque chose comme un nuage passa sur le front de l'accusé; puis un éclair jaillit de ses yeux.

Je croyais être jugé par le Châtelet de Paris, dit-il, je me trompais: je suis jugé, à ce qu'il paraît, par l'inquisition d'Espagne !

-Emmenez l'accusé, dit le président.

Favras fut reconduit à sa prison. Son calme, sa courtoisie, son courage, avaient fait une certaine impression sur ceux des spectateurs qui étaient venus là sans préjugés.

Mais il faut le dire, c'était le petit nombre. La retraite de Favras fut accompagnée de cris, de menaces, de huées.

-Pas de grâce! pas de grâce! criaient cinq cents voix sur son passage.

Ces vociférations le suivirent de l'autre côté des portes de sa prison.

Alors, comme se parlant à lui-même :

- Voilà ce que c'est que de conspirer avec les princes! murmura-t-il.

Aussitôt la sortie de l'accusé, les juges entrèrent en délibération.

A son heure habituelle, Favras se coucha. Vers une heure du matin, on entra dans sa prison et on le réveilla.

C'était le porte-clefs Louis.

Il avait pris le prétexte d'apporter au prisonnier une bouteille de vin de Bordeaux que celui

Il le salua d'un geste imperceptible et conti- ci n'avait pas demandée.

nua sa revue.

-M. le marquis, lui dit-il, les juges pronon

-Accusé, dit le président, tenez-vous prêt cent en ce moment-ci votre jugement. à répondre.

Favras s'inclina.

- Je suis à vos ordres, M. le président, dit-il. Alors commença un second interrogatoire que l'accusé soutint avec le même calme que le premier.

Puis vint l'audition des témoins à charge. Favras, qui refusait de sauver sa vie par la fuite, voulait la défendre par la discussion; il

--

- Mon ami, dit Favras, si c'est pour cela que tu m'as réveillé, tu pouvais me laisser dormir.

-Non, M. le marquis, je vous ai réveillé pour vous demander si vous n'avez rien à faire dire à la personne qui est venue vous visiter la nuit dernière.

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et, si puissante que soit cette personne-là, peut- | d'avoir été obligé de condamner un homme sur
être sa volonté sera-t-elle enchaînée par l'impos- de pareilles preuves!
sibilité.

Merci, mon ami, dit Favras; mais je n'ai rien à lui demander, ni maintenant ni plus tard. Alors, dit le guichetier, j'ai le regret de vous avoir réveillé ; mais vous l'eussiez été dans une heure...

Si bien, dit Favras en souriant, qu'à ton avis, ce n'est point la peine que je me rendorme, n'est-ce pas ?

-Tenez, dit le porte-clefs, jugez-en vous

même.

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Le rapporteur éluda la réponse :

Monsieur, lui dit-il, vous savez qu'il ne de la religion. vous reste plus d'autres consolations que celles

Vous vous trompez, monsieur, répondit le dans ma conscience. condamné, il me reste encore celles que je puise

Sur quoi, M. de Favras salua le rapporteur, qui, n'ayant plus rien à faire près de lui, se retira.

Cependant, à la porte, il se retourna :

- Voulez-vous que je vous envoie un confesseur? demanda-t-il au condamné.

Un confesseur de la main de ceux qui m'assassinent? non, monsieur, il me serait suspect. Je veux bien vous livrer ma vie, mais je réserve mon salut!... Je demande le curé de Saint

On vient vous lire votre jugement, M. le Paul. marquis.

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- Diable! veillez à ce que M. le rapporteur me donne le temps de passer mes culottes.

Le guichetier, en effet, sortit et tira la porte derrière lui.

Pendant ce temps M. de Favras mit ses bas de soie, ses souliers à boucles et sa culotte.

Il en était là de sa toilette, lorsque la porte se rouvrit.

Il ne jugea point à propos de la pousser plus loin, et attendit. Il était vraiment beau, la tête rejetée en arrière, ses cheveux à moitié décoiffés, son jabot de dentelle ouvert sur sa poitrine. Au moment où le rapporteur entra, il rabattit le col de sa chemise sur ses épaules.

Vous le voyez, monsieur, dit-il au rapporteur, je vous attendais, et en tenue de combat. Et il passa la main sur son cou découvert, prêt à l'épée aristocratique ou au lacet roturier. Parlez, monsieur, dit-il, je vous écoute. Le rapporteur lut ou plutôt balbutia le jugement.

Le marquis était condamné à mort; il devait faire amende honorable devant Notre-Dame, et ensuite être pendu en Grève.

Favras écouta toute cette lecture avec le plus grand calme, et ne fronça pas même le sourcil à ce mot pendu, mot si dur à l'oreille d'un gentilhomme.

Seulement, après un moment de silence, regardant en face le rapporteur :

Deux heures après, le vénérable ecclésiastique qu'il avait demandé était près de lui.

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Suivez-nous! avait dit un de ces deux

hommes.
Favras s'était incliné en signe d'assentiment.
Puis, montrant de la main le reste de ses vê-
tements qui attendait sur une chaise :

demanda-t-il.
-Me donnez-vous le temps de m'habiller?

Prenez-le, dit un des hommes.

Favras, alors, s'avança vers la table où étaient étalées les différentes pièces de son nécessaires, raille, il boutonna le col de sa chemise, fit prenet, à l'aide de la petite glace qui ornait la mutour le plus aristocratique qu'il put au nœud de dre un pli convenable à son jabot, et donna le

sa cravate.

Puis il

passa sa veste et son habit.

- Dois-je prendre mon chapeau, messieurs?

- Oh! monsieur, lui dit-il, que je vous plains demanda le prisonnier.

C'est inutile, répondit le même homme qui avait déjà parlé.

Celui des deux qui s'était tu avait regardé Favras avec une fixité qui avait attiré l'attention du marquis.

Il lui semblait même que cet homme lui avait fait de l'œil un signe imperceptible.

Il n'avait pas achevé ces mots que les deux hommes qui le suivaient se jetèrent sur lui, lui arrachèrent son habit et son gilet, dénouèrent sa cravate si artistement mise, et lui lièrent les mains derrière le dos.

Seulement, en remplissant son office de compte à demi avec son camarade, le tortureur qu'il

Mais ce signe avait été si rapide, que M. de avait cru voir lui faire un signe murmura tout Favras était resté dans le doute.

D'ailleurs, qu'avait à lui dire cet homme ? Il ne s'en occupa donc pas davantage, et, faisant de la main au guichetier Louis un geste amical :

bas à son oreille :

Voulez-vous être sauvé? Il en est temps

encore!

Cette offre ramena le sourire sur les lèvres de Favras en lui rappelant la grandeur de sa mis

C'est bien, messieurs, dit-il, marchez devant, sion. je vous suis.

A la porte attendait un huissier.

L'huissier marcha le premier, puis Favras, puis vinrent les deux hommes funèbres.

Le sinistre cortége se dirigea vers le rez-dechaussée.

Entre les deux guichets, un peloton de garde nationale attendait.

Alors l'huissier, se sentant soutenu :

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C'est bien, dit l'huissier, sans insister autrement pour que la croix lui fût personnellement remise; maintenant, suivez-moi.

On remonta une vingtaine de marches, et l'on s'arrêta devant une porte de chêne toute bardée de fer; une de ces portes qui font, lorsqu'ils les regardent, froid jusqu'au fond des veines des condamnés; une de ces portes comme il y en a

deux ou trois sur le chemin du sépulcre, derrière lesquelles, sans savoir quelle chose vous attend, on devine que c'est une chose terrible.

La porte s'ouvrit.

On ne laissa pas même à Favras le temps d'entrer; on le poussa.

Puis la porte se referma soudain, comme sous l'impulsion d'un bras de fer.

Favras se trouva dans la chambre de la torture.

— Ah! ah! messieurs, dit-il en pâlissant légèrement, quand on conduit les gens dans ces endroits-là, que diable, on les prévient!

Il secoua doucement et négativement la tête. Un chevalet était là tout prêt. On étendit le condamné sur ce chevalet.

Le tortureur s'approcha avec des coins de chêne plein son tablier, et un maillet de fer à la main.

Favras tendit de lui-même à cet homme sa jambe fine, chaussée de son soulier à talon rouge et de son bas de soie.

Mais, alors, l'huissier leva la main.

Cela suffit, dit-il; la cour fait grâce au condamné de la torture.

Ah! dit Favras, il paraît que la cour a moins. Je marcherai à la potence sur deux bonpeur que je ne parle; je ne l'en remercie pas nes jambes, ce qui est quelque chose; et maintenant, messieurs, vous savez que je suis à votre disposition.

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Ce n'est pas récréatif, mais c'est curieux, dit Favras.

examinant les uns après les autres tous ces hiEt il commença à faire le tour de la salle, deux instruments semblables à de colossales araignées de fer, à de gigantesques scorpions.

On sentait qu'à un moment donné, et aux ordres d'une voix fatale, tout cela s'animait, prenait vie et mordait cruellement.

Il y en avait de toutes les formes et de tous les temps, depuis Philippe-Auguste jusqu'à Louis XVI; il y avait les crocs avec lesquels on avait déchiré les juifs au XIIIe siècle; il y avait ! les roues avec lesquelles on avait broyé les protestants au XVII.

Favras s'arrêta devant chaque trophée, demandant le nom de chaque instrument.

Ce sang-froid finit par étonner jusqu'aux tor

tureurs eux-mêmes, gens qui, comme on le sait, de ces larmes que son cœur avait amassées et devait avoir besoin de répandre sur les objets

ne s'étonnent pas facilement.

Dans quel but faites-vous toutes ces ques- chéris qu'il allait laisser seuls et abandonnés tions? demanda l'un d'eux à Favras. dans ce monde qu'il quittait? C'est ce que ne

Celui-ci le regarda de cet air goguenard fami- purent révéler ceux qui entrèrent vers trois lier aux gentilhommes. heures de l'après-midi dans son cachot, et qui le trouvèrent la bouche souriante, les paupières sèches et le cœur fermé.

Monsieur, lui dit-il, il se peut que je rencontre Satan sur la route que je vais accomplir, et je ne serais pas fâché de m'en faire un ami en lui indiquant, pour torturer ses damnés, des machines qu'il ne connaît pas.

Le prisonnier avait justement achevé sa tournée comme cinq heures sonnaient à l'horloge du Châtelet.

Il y avait deux heures qu'il était sorti de son cachot.

On l'y ramena.

Il y trouva le curé de Saint-Paul qui l'attendait.

On a pu voir qu'il n'avait pas perdu les deux heures d'attente, et que, si quelque chose pouvait convenablement le disposer à la mort, c'était le spectacle qu'il venait de contempler.

En l'apercevant, le curé lui ouvrit les bras. Mon père, lui dit Favras, excusez-moi si je ne puis vous ouvrir que mon cœur ; ces messieurs ont mis bon ordre à ce que je ne vous ouvrisse que lui.

Et il montra ses mains garrottées derrière son dos.

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On venait lui annoncer qu'il était l'heure de mourir.

Messieurs, dit-il, je vous en demande pardon, mais c'est vous qui m'avez fait attendre. Alors, comme il était déjà sans habit et sans veste, et qu'il avait les mains liées, on lui enleva ses souliers et ses bas, et on lui passa une chemise blanche par-dessus le reste de ses vêtements.

Puis on lui mit sur la poitrine un écriteau portant ces mots :

CONSPIRATEUR CONTRE L'ÉTAT!

A la porte du Châtelet, un tombereau entouré d'une garde nombreuse l'attendait. Il y avait dans ce tombereau une torche allu

mée.

En apercevant le condamné, la multitude battit des mains.

Depuis six heures du matin, le jugement était connu, et la multitude trouvait qu'il s'écoulait un temps bien long entre le jugement et le supplice.

Des gens couraient les rues, réclamant des

Cela n'est pas en notre pouvoir, répondit pourboire aux passants. l'huissier.

- Mon père, dit Favras, demandez-leur s'ils ne pourraient pas me les lier devant au lieu de les lier derrière; ce serait autant de fait pour le moment où j'aurai un cierge à tenir et mon jugement à lire.

Les deux aides regardèrent l'huissier, lequel fit de la tête un signe qui voulait dire qu'il n'y voyait aucun inconvénient, et la faveur demandée fut accordée au marquis.

Puis on le laissa seul avec le prêtre. Ce qui se passa pendant ce tête-à-tête suprême de l'homme du monde avec l'homme de Dieu, c'est ce que nul ne sait. Devant la sainteté de la religion, Favras descella-t-il son cœur, qui était resté fermé devant la majesté de la justice? devant les consolations que lui offrait cet autre monde dans lequel il allait entrer, ses yeux, séchés par l'ironie, se mouillèrent-il d'une

- Et à quel propos des pourboire? demandaient ceux-ci.

A propos de l'exécution de M. de Favras, répondaient ces mendiants de la mort.

Favras monta d'un pas ferme dans le tombereau; il s'assit du côté où la torche était appuyée, comprenant bien que cette torche était là à son intention.

Le curé de Saint-Paul monta ensuite et s'assit à sa gauche.

L'exécuteur monta le dernier et s'assit derrière lui.

C'était ce même homme au regard triste et doux que nous avons vu assister, dans la cour de Bicêtre, à l'essai de la machine de M. Guillotin.

Nous l'avons vu, nous le voyons, nous aurons l'occasion de le revoir. C'est le véritable héros de l'époque dans laquelle nous entrons.

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