Page images
PDF
EPUB

Et il prit la plume pour écrire une ordonnance | rières de Paris. Il était huit heures et demie du qui n'était autre qu'une forte dose de sirop diacode dans de l'eau distillée.

Mais à peine avait-il écrit le dernier mot, que Mirabeau se dressa sur son lit, tendant la main et demandant la plume.

Gilbert se hâta de la lui donner.

Alors, sa main crispée par la mort se cramponna au papier, et, d'une écriture à peine lisible, il écrivit : « Fuir! fuir! fuir! ›

Il voulut signer; mais il put tracer tout au plus les quatre premières lettres de son nom, et, étendant son bras convulsif vers Gilbert :

- Pour elle, murmura-t-il.

Et il' retomba sur son oreiller sans mouvement, sans regard, sans souffle.

Il était mort.

Gilbert s'approcha du lit, le regarda, lui tâta le pouls, lui mit la main sur le cœur; puis, se retournant vers les spectateurs de cette scène suprême :

Messieurs, dit-il, Mirabeau ne souffre plus. Et, posant une dernière fois ses lèvres sur le front du mort, il prit le papier dont lui seul connaissait la destination, le plia soigneusement, le mit sur sa poitrine et sortit, ne pensant pas qu'il eût le droit de garder un instant de plus que le temps nécessaire pour aller de la Chaussée-d'Antin aux Tuileries la recommandation de l'illustre trépassé.

Quelques secondes après la sortie du docteur, de la chambre mortuaire, une grande clameur s'éleva dans la rue.

matin.

Le peuple jeta une clameur terrible; puis il se chargea de décréter le deuil.

Il courut aux théâtres, dont il déchira les affiches et dont il ferma les portes.

Un bal avait lieu le soir même dans un hôtel de la rue de la Chaussée-d'Antin; il envahit l'hôtel, dispersa les danseurs et brisa les instruments des musiciens.

La perte qu'elle venait de faire fut annoncée à l'Assemblée nationale par son président.

Aussitôt Barrère monta à la tribune et demanda que l'Assemblée déposât dans le procèsverbal de ce jour funèbre le témoignage des regrets qu'elle donnait à la perte de ce grand homme, et insista pour qu'il fût fait, au nom de la patrie, une invitation à tous les membres de l'Assemblée d'assister à ses funérailles.

Le lendemain, 3 avril, le département de Paris se présenta à l'Assemblée nationale, demanda et obtint que l'église Sainte-Geneviève fût érigée en panthéon, consacrée à la sépulture des grands hommes, et que, le premier, Mirabeau y fût inhumé.

Consignons ici ce magnifique décret de l'Assemblée. Il est bon qu'on retrouve dans ces livres que les hommes politiques tiennent pour frivoles, parce qu'ils ont le tort d'apprendre l'histoire sous une forme un peu moins lourde que celle qu'emploient les historiens; il est bon, disonsnous, qu'on rencontre le plus souvent possible. et n'importe où, pourvu que ce soit à la portée

C'était le bruit de la mort de Mirabeau qui des yeux, ces décrets d'autant plus grands, qu'ils commençait à se répandre. sont spontanément arrachés à la reconnaissance d'un peuple.

Bientôt un sculpteur entra: il était envoyé par Gilbert pour conserver à la postérité l'image du grand orateur au moment même où, dans sa lutte contre la mort, il venait de succomber.

Quelques minutes d'éternité avaient déjà rendu à ce masque la sérénité qu'une âme puissante reflète en quittant le corps sur la physionomie qu'elle a animée.

Mirabeau n'est pas mort, Mirabeau semble dormir d'un sommeil plein de vie et de songes riants.

LXXIX.

LES FUNÉRAILLES.

La douleur fut immense, universelle; en un instant elle se répandit du centre à la circonfé

[blocks in formation]

rence, de la rue de la Chaussée-d'Antin aux bar- cet honneur.

ART. IV.

La législature ne pourra pas à l'avenir décerner cet honneur à l'un de ses membres venant à décéder; il ne pourra être déféré que par la législature suivante.

ART. V.

Les exceptions qui pourront avoir lieu pour quelques grands hommes morts avant la révolution ne pourront être faites que par le corps législatif.

ART. VI.

Le directoire du département de Paris sera chargé de mettre promptement l'édifice SainteGeneviève en état de remplir sa nouvelle destination, et fera graver au-dessus du fronton ces mots :

Aux Grands Hommes la Patrie reconnaissante.

ART. VII.

En attendant que la nouvelle église Sainte

ART. 10.

› Le chapitre métropolitain de Notre-Dame, augmenté de six membres, sera chargé de desservir l'église de Sainte-Geneviève. La garde de cette église sera spécialement confiée à un archi-prêtre choisi parmi les chanoines.

ART. 11.

Il y sera officié solennellement le 3 janvier, fête de sainte Geneviève; le 15 août, fête de saint Napoléon et anniversaire de la conclusion du concordat; le jour des Morts, et le premier dimanche de décembre, anniversaire du couronnement et de la bataille d'Austerlitz, et toutes les fois qu'il y aura des inhumations en exécution du présent décret. Aucune autre fonction religieuse ne pourra être exercée dans ladite église qu'en vertu de notre approbation.

› Signé : NAPOLÉON. › Contre-signé : CHAMPAGNY. ›

Ordonnance du 12 décembre 1821 :

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre,

› A tous ceux qui ces présentes verront, salut.

› L'église que notre aïeul Louis XV avait commencé

Geneviève soit achevée, le corps de Riquetti- de faire élever, sous l'invocation de sainte Geneviève,

Mirabeau sera déposé à côté des cendres de Descartes, dans le caveau de l'église Sainte-Geneviève (1).

(1) Le Panthéon fut, depuis, l'objet de différents décrets; nous les citons sans commentaires les uns à côté des autres, ou plutôt les uns après les autres. Décret du 20 février 1806:

(Le titre 1er de ce décret consacre l'église de SaintDenis à la sépulture des empereurs.)

TITRE II. ART. 7.

L'église Sainte-Geneviève sera terminée et rendue au culte, conformément à l'intention de son fondateur, sous l'invocation de Sainte Geneviève, patronne de Paris.

ART. 8.

› Elle conservera la destination qui lui avait été donnée par l'Assemblée constituante, et sera consacrée à la sépulture des grands dignitaires, des grands officiers de l'empire et de la couronne, des sénateurs, des grands officiers de la légion d'honneur, et, en vertu de pos décrets spéciaux, des citoyens qui, dans la carrière des armes ou de l'administration et des lettres, auront rendu d'éminents services à la patrie; leurs corps, embaumés, seront inhumés dans l'église.

ART. 9.

> Les tombeaux déposés au musée des monuments français seront transportés dans cette église, pour y être rangés par ordre de siècles.

est heureusement terminée; si elle n'a pas encore reçu tous les ornements qui doivent couronner sa magnificence, elle est dans un état qui permet d'y célébrer le service divin. C'est pourquoi, afin de ne pas retarder davantage l'accomplissement des intentions de son fondateur, et de rétablir, conformément à ses vues et aux nôtres, le culte de la patronne dont notre bonne ville de Paris avait coutume d'implorer l'assistance dans tous ses besoins;

› Sur le rapport de notre ministre de l'intérieur, et notre conseil entendu,

› Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

ART. ler.

› La nouvelle église fondée par le roi Louis XV en l'honneur de sainte Geneviève, patronne de Paris, sera incessamment consacrée à l'exercice du culte divin sous l'invocation de cette sainte. A cet effet, elle sera mise à la disposition de l'archevêque de Paris, qui la fera provisoirement desservir par des ecclésiastiques qu'il désignera

ART. 2.

› Il sera ultérieurement statué sur le service régulier et perpétuel qui devra y être fait, et sur la nature du service.

Signé LOUIS.

› Contre-signé : SIMEON.

Ordonnance du 26 août 1830:

• Considérant qu'il est de la justice nationale et de l'honneur de la France que les grands hommes qui ont bien mérité de la patrie, en contribuant à son hon

neur et à sa gloire reçoivent après leur mort un témoignage éclatant de l'estime et de la reconnaissance publiques;

Considérant que, pour atteindre ce but, les lois qui avaient affecté le Panthéon à une pareille destination doivent être remises en vigueur;

› Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit:

ART. 1er.

du Manége pour se rendre à l'hôtel de Mira beau; elle Y était attendue par le directeur du département, par tous les ministres et par plus de cent mille personnes.

Mais de ces cent mille personnes, pas une n'était venue spécialement de la part de la reine. Le cortége se mit en marche.

La Fayette marchait en tête, comme com

› Le Panthéon sera rendu à sa destination primitive mandant général des gardes nationales du et légale. L'inscription

Aux grands hommes la patrie reconnaissante

sera rétablie sur le fronton. Les restes des grands hommes qui auront bien mérité de la patrie y seront déposés.

ART. 2.

› Il sera pris des mesures pour déterminer à quelles conditions et dans quelle forme ce témoignage de la reconnaissance nationale sera décerné au nom de la patrie. Une commission sera immédiatement chargée de préparer un projet de loi à cet effet.

ART. 3.

> Le décret du 20 février 1806 et l'ordonnance du 12 décembre 1821 sont rapportés.

› Signé : LOUIS-PHILIPPE. › Contre-signé : Guizot. ›

Décret du 6 décembre 1851 :

Le président de la République,

› Vu la loi du 4-10 avril 1791;

Vu le décret du 20 février 1806;
Vu l'ordonnance du 12 décembre 1821;
Vu l'ordonnance du 26 août 1830;
› Décrète :

ART. ler.

L'ancienne église de Sainte Geneviève est rendue au culte, conformément à l'intention de son fondateur, sous l'invocation de sainte Geneviève, patronne de Paris. Il sera pris ultérieurement des mesures pour régler l'exercice permanent du culte catholique dans cette église.

ART. 2.

L'ordonnance du 26 août 1830 est rapportée.
ART. 3.

› Le ministre de l'instruction publique et des cultes et le ministre des travaux publics sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera inséré au Bulletin des lois.

Signé : Louis-NAPOLÉON. › Contre-signé : FORTOUL. ›

Le lendemain, à quatre heures de l'après-midi, l'Assemblée nationale tout entière quitta la salle

royaume.

Puis le président de l'Assemblée nationale Tronchet, entouré royalement des douze huissiers de la Chaîne.

Puis les ministres.

Puis l'Assemblée, sans distinction de partis, Sieyès donnant le bras à Charles de Lameth.

Puis, après l'Assemblée, le club des Jacobins, comme une seconde Assemblée nationale; lui s'était signalé par sa douleur probablement plus fastueuse que vraie : il avait décrété huit jours de deuil, et Robespierre, trop pauvre pour faire la dépense d'un habit, en avait loué un, comme il avait déjà fait pour le deuil de Franklin.

Puis la population de Paris tout entière, enfermée dans deux lignes de gardes nationales montant à plus de trente mille hommes.

Une musique funèbre, dans laquelle on entendait pour la première fois deux instruments inconnus jusqu'alors, le trombone et le tamtam, marquait le pas à cette foule immense.

Ce fut à huit heures seulement que l'on arriva à Saint-Eustache. L'éloge funèbre fut prononcé par Cérutti; au dernier mot, dix mille gardes nationaux qui étaient dans l'église déchargèrent leurs fusils d'un seul coup. L'Assemblée, qui ne s'attendait pas à cette décharge, jeta un grand cri. La commotion avait été si violente, que pas un carreau n'était resté intact. On put croire un instant que la voûte du temple allait s'écrouler, et que l'église servirait de tombe au cercueil.

On se remit en marche aux flambeaux; l'ombre était descendue, et non-seulement avait envahi les rues par lesquelles on devait passer, mais encore la plupart des cœurs de ceux qui passaient.

La mort de Mirabeau, c'était en effet une obscurité politique. Mirabeau mort, savait-on dans quelle voie on allait entrer? L'habile dompteur n'était plus là pour diriger ces fougueux coursiers qu'on appelle l'ambition et la haine. On sentait qu'il emportait avec lui quelque chose qui désormais manquerait à l'Assemblée : l'esprit de paix veillant même au milieu de la

guerre, la bonté du cœur cachée sous la violence, du lieu de l'inhumation, sans croix, sans pierre, de l'esprit. Tout le monde avait perdu à cette sans inscription. mort; les royalistes n'avaient plus d'aiguillon, les révolutionnaires plus de frein. Désormais le char allait rouler plus rapide, et la descente était encore longue. Qui pouvait dire vers quoi on roulait, et si c'était vers le triomphe ou vers l'abîme?

On n'atteignit le Panthéon qu'au milieu de la nuit.

Seulement, plus tard, un vieux fossoyeur, interrogé par un de ces esprits curieux de savoir ce que les autres ignorent, conduisit un soir un homme à travers le cimetière désolé, et, s'arrêtant au milieu de l'enceinte et frappant du pied, lui dit :

C'est ici.

Puis, comme le curieux insistait pour avoir

Un seul homme avait manqué au cortége, Pé- une certitude: tion.

Pourquoi Pétion s'était-il abstenu? Il le dit lui-même le lendemain à ceux de ses amis qui lui faisaient un reproche de son absence.

Il avait lu, disait-il, un plan de conspiration contre-révolutionnaire écrit de la main de Mira

beau,

Trois ans après, dans une sombre journée d'automne, non plus dans la salle du Manége, mais dans la salle des Tuileries, quand la Convention, après avoir tué le roi, après avoir tué la reine, après avoir tué les girondins, après avoir tué les cordeliers, après avoir tué les jacobins, après avoir tué les montagnards, après s'être tuée elle-même, n'eut plus rien de vivant à tuer, elle se mit à tuer les morts. Ce fut alors qu'avec une joie sauvage elle déclara qu'elle s'était trompée dans le jugement qu'elle avait rendu sur Mirabeau, et qu'à ses yeux le génie ne pouvait faire pardonner à la corruption.

Un nouveau décret fut rendu qui excluait Mirabeau du Panthéon.

Un huissier vint, et, sur le seuil du temple, il fit lecture du décret qui déclarait Mirabeau indigne de partager la sépulture de Voltaire, de Rousseau et de Descartes, et qui sommait le gardien de l'église de lui remettre le cadavre.

Ainsi, une voix plus terrible que celle qui doit être entendue dans la vallée de Josaphat, criait avant l'heure :

Panthéon, rends tes morts!

Le Panthéon obéit; le cadavre de Mirabeau fut remis à l'huissier, qui fit, il le dit lui-même, conduire et déposer ledit cercueil dans le lieu ordinaire des sépultures.

- C'est ici, répéta-t-il, j'en réponds; car j'ai aidé à le descendre dans sa fosse, et même j'ai manqué d'y rouler, tant était lourd son maudit cercueil de plomb.

Cet homme, c'était Nodier. Un jour, il me conduisit aussi à Clamart, frappa du pied au même endroit, et me dit à son tour :

C'est ici.

Or, voilà plus de cinquante ans que les généra tions qui se sont succédées passent sur cette tombe inconnue de Mirabeau. N'est-ce pas une assez longue expiation pour un crime contestable, qui fut bien plus celui des ennemis de Mirabeau que celui de Mirabeau lui-même ? et ne sera-t-il pas temps, à la première occasion, de fouiller cette terre impure dans laquelle il repose, jusqu'à ce qu'on trouve ce cercueil de plomb qui pesait si fort aux bras du pauvre fossoyeur, et auquel on reconnaîtra le proscrit du Panthéon?

Peut-être Mirabeau ne mérite-t-il pas le Panthéon; mais, à coup sûr, beaucoup reposent et reposeront en terre chrétienne qui plus que lui méritent les gémonies.

France! entre les gémonies et le Panthéon, une tombe à Mirabeau! avec son nom pour toute épitaphe, avec son buste pour tout ornement, avec l'avenir pour tout juge!

LXXX.

LE MESSAGER.

Le matin même du 2 avril, une heure peutêtre avant que Mirabeau rendît le dernier soupir, un officier supérieur de la marine, revêtu de son grand uniforme de capitaine de vaisseau, et Or, le lieu ordinaire des sépultures, c'était venant de la rue Saint-Honoré, s'acheminait vers Clamart, le cimetière des suppliciés. les Tuileries par la rue Saint-Louis et la rue de l'Echelle.

Et, sans doute pour rendre encore plus terrible la punition qui l'allait chercher jusque dans la mort, ce fut nuitamment et sans cortége aucun que le cercueil fut inhumé, sans nul indice

A la hauteur de la cour des Ecuries, il laissa cette cour à droite, enjamba les chaînes qui le séparaient de la cour intérieure, rendit son salut

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Oh! qu'il entre ! qu'il entre ! dit le roi ; depuis hier, je l'attends.

Charny s'avança vivement, et, avec un respectueux empressement, s'approchant du roi :

Sire, dit-il, je suis en retard de quelques heures, à ce qu'il paraît, mais j'espère que, quand j'aurai dit à Sa Majesté les causes de ce retard, elle me le pardonnera.

[ocr errors]

Venez, venez, M. de Charny. Je vous attendais avec impatience, c'est vrai; mais d'avance, je suis de votre avis, une cause importante a pu seule faire votre voyage moins rapide qu'il n'aurait dû être. Vous voici, soyez le bien-venu. Et il tendit au comte une main que celui-ci baisa avec respect.

Sire, continua Charny, qui voyait l'impatience du roi, j'ai reçu votre ordre avant-hier dans la nuit, et je suis parti hier matin à trois heures de Montmédy.

Comment êtes-vous venu?
En voiture de poste.

Cela m'explique ces quelques heures de retard, dit le roi en souriant.

- Sire, dit Charny, j'eusse pu venir à franc étrier, c'est vrai, et, de cette façon, j'eusse été ici de dix à onze heures du soir, et même plus tôt, en prenant la route directe; mais j'ai voulu me rendre compte des chances bonnes ou mauvaises de la route que Votre Majesté a choisie; j'ai voulu connaître les postes bien montées et les postes mal servies; j'ai voulu surtout savoir précisément combien de temps, à la minute, à la seconde, on mettait pour aller de Montmédy à Paris, et, par conséquent, de Paris à Montmédy. J'ai tout noté, et suis en mesure, maintenant, de vous répondre sur tout.

- Bravo! M. de Charny, dit le roi, vous êtes un admirable serviteur; seulement, laissez-moi commencer par vous dire où nous en sommes ici; vous me direz ensuite où vous en êtes là

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]

Comme tout le monde, sire, mais sans aucun détail.

-Ah! mon Dieu, c'est bien simple. Vous savez que l'Assemblée ne nous permet plus que des prêtres assermentés. Eh bien! les pauvres femmes se sont effrayées à l'approche des Paques; elles ont cru qu'il y avait risque de leur âme à se confesser à un prêtre constitutionnel, et, sur mon avis, je dois le dire, elles sont parties pour Rome. Nulle loi ne mettait obstacle à ce voyage, et l'on ne devait pas craindre que deux pauvres vieilles femmes fortifiassent beaucoup le parti des émigrés. C'est Narbonne qu'elles avaient chargé de ce départ; mais je ne sais comment il s'y est pris: toute la mèche a été éventée, et une visite, dans le genre de celle qui nous est arrivée à Versailles les 5 et 6 octobre, leur est arrivée, à elles, à Bellevue, le soir même de leur départ. Heureusement, elles sortaient par une porte, tandis que toute cette canaille leur arrivait par l'autre. Comprenez

« PreviousContinue »